dimanche 25 novembre 2012

La Lituanie et les hydrocarbures de schiste



De tous temps, la possession de l’énergie a été la clé de la puissance et de la richesse. Ce fut le cas du charbon en Angleterre au XIXe siècle et du pétrole aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Si l’économie russe fait encore illusion aujourd’hui, et lui permet de garder dans la sujétion la plupart des Etats de l’est de l’Europe, c’est grâce à son gaz et à son pétrole.

Un rapport récent de l’Agence Internationale pour l’Energie (AIE), même s’il doit être pris avec une certaine circonspection, souligne une évidence : les pays qui pourront dans l’avenir exploiter les gaz de schiste (gaz naturel extrait de terrains schisteux) augmenteront leur indépendance énergétique. L’AIE prédit que, grâce à ça, les Etats-Unis deviendront en 2015 les premiers producteurs de gaz au monde, devant la Russie, et, en 2017, les premiers producteurs de pétrole, devant même l’Arabie Saoudite. Couplée à des mesures de réduction de consommation, l’exploitation des hydrocarbures de schiste devrait permettre aux Etats-Unis d’atteindre l’indépendance énergétique vers 2030, alors qu’ils importent aujourd’hui 20 % de leur consommation.


Pour le réseau d’audit KPMG, en Europe centrale et orientale, ce sont la Pologne, la Roumanie et l’Ukraine qui ont le plus fort potentiel de développement grâce au gaz de schiste. Elles sont suivies de la Lituanie, de la Hongrie et de la Bulgarie. La Pologne aurait, avec la France, les réserves les plus importantes en Europe. La Lituanie aurait quant à elle des réserves qualifiées de significatives, dans un environnement favorable aux investissements.

Selon les estimations, la Lituanie pourrait receler dans son sous-sol 113 milliards de m3 de gaz de schiste. A l’aune de la consommation actuelle de gaz (3,4 milliards de m3), la Lituanie pourrait se passer de fournisseur actuel et unique de gaz, Gazprom, pendant une bonne trentaine d’années. L’exploration a déjà commencé en Mai 2012 dans la région de Šilutė (ouest de la Lituanie) par la société Minijos nafta (joint venture entre la Lituanie et le Danemark).

La Lituanie pourrait annoncer un appel d’offre international pour explorer et exploiter le gaz de schiste dans d’autres zones. L’américain Chevron (deuxième producteur des Etats-Unis derrière Exxon, qui a acheté dans ce but 50 % de la compagnie d’extraction lituanienne LL Investicijos), la  deuxième société lituanienne, Lotos Geonafta, contrôlée par le Polonais Lotos, et la troisième société lituanienne, Manifoldas, sont intéressées. 

En France, le gaz de schiste est tabou que ce soit à droite ou à gauche, la fracturation hydraulique menaçant de pollution les nappes phréatiques. Non seulement son exploitation est interdite par la loi (Juillet 2011), mais toute étude pour améliorer l’extraction est et reste interdite, en dépit des recommandations du rapport Gallois. Les pays exportateurs de gaz naturel en France (Norvège : 36,8 %, Pays-Bas : 16,8 %, Russie : 16,1 %, Algérie : 15,4 % - chiffres de 2010) se frottent les mains !   

Les opinions publiques européennes sont en fait divisées entre celles qui redoutent la technique de fracturation et celles qui redoutent Gazprom. Mais le futur gouvernement lituanien, réputé plus  russophile que le précédent, gardera-t-il le même cap ?  

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