dimanche 30 décembre 2012

30 Décembre 1812 : A la Convention de Tauragė, la Prusse change de camp

Le Maréchal Macdonald


Lorsque Napoléon 1er et la Grande Armée pénètrent en Russie dans la nuit du 23 au 24 Juin 1812, franchissant le Niémen à hauteur de Kaunas, le Xe Corps d’Armée du Maréchal Etienne Macdonald a pour objectif de s’emparer de Riga, en attendant de poursuivre éventuellement vers Saint-Pétersbourg.

D’un effectif officiel de 51 507 hommes et 6 386 chevaux, ce Corps d’Armée est composé de la 7ème Division, formée majoritairement d’unités polonaises et de la Confédération du Rhin, aux ordres du Général baron Charles-Louis Grandjean, et de la 27e Division d’Infanterie prussienne, initialement aux ordres du Général Julius von Grawert. C’est que, déjà humilié par les conditions du traité de Tilsit (Juillet 1807), le Roi Frédéric-Guillaume III de Prusse a été contraint de signer, le 5 Mars 1812, un traité faisant de facto de son pays un vassal de l’Empire napoléonien.  

L'église Saint-Pierre à Riga


L’action du Xe Corps se limitera à mettre le siège à Riga et à répondre à quelques escarmouches qui n’ont jamais été de réelles batailles. Pour l’anecdote, un guetteur perché dans le clocher de l’église Saint-Pierre à Riga donna l’alarme, croyant que les « Français » arrivaient. Le gouverneur, le Général  Johann Magnus Gustav von Essen, donna alors l’ordre de mettre le feu aux faubourgs au sud de la Daugava. Mais il ne s’agissait que de la poussière soulevée par un troupeau de vaches……  

Tenu au courant des déboires de la Grande Armée lors du retour de Moscou, Macdonald offrit en vain ses services, et ses troupes, bien nourries et habillées chaudement, restèrent quasiment inactives. On faillit même l’oublier face à Riga, car ce n’est qu’en quittant Vilnius (le 10 Décembre) que Murat, qui avait reçu le commandement de Napoléon le 5 Décembre, pensa à lui donner l’ordre de se replier sur Tilsit. L’ordre parviendra à Macdonald le 18 Décembre et les colonnes s’ébranleront le 19.

Le Générak Yorck

Macdonald atteint Tilsit le 29 Décembre et s’y établit. Il y attend l’arrière-garde du Lieutenant-Général comte Ludwig Yorck von Wartenburg (qui avait remplacé le Général Grawert au début de la campagne), qui est censé se déplacer à un jour d’intervalle avec ses 17 000 Prussiens. Au bout de quatre jours, il doit se rentre à l’évidence : Yorck n’arrivera jamais car il a trahi ! Le Général prussien a en effet signé avec le Général « russe » Hans Karl von Diebitsch, le 30 Décembre, au moulin de Požerūnu, près de Tauragė, la Convention de Tauragė, par laquelle il déclare sa neutralité. Ce qui ne l’empêchera pas d’occuper Königsberg (Kaliningrad) le 8 Janvier 1813, après que les Français l’aient évacuée le 4.

Le Général Diebitsch 

Cette décision du Général Yorck a été prise a priori sans l’accord du Roi Frédéric-Guillaume III. Celui-ci en effet, en dépit de l’accueil enthousiaste que la décision avait reçu de la part de la population prussienne, estima qu’il était trop tôt pour jeter le masque. Il suspendit Yorck de son commandement, en attendant qu’il passe en cour martiale. Mais le Général Yorck resta avec ses troupes car le Général Diebitsch refuse de le laisser passer ses lignes.

Le Général Yorck fut de facto absout le 28 Février 1813 par le Traité de Kalisz, entre la Russie et la Prusse, par lequel cette dernière rejoignait le camp des Alliés contre Napoléon 1er.  Le 17 Mars 1813, Yorck faisait une entrée triomphale à Berlin et, le même jour, le Roi déclarait la guerre à la France. Ses unités dissidentes furent le noyau de la nouvelle armée prussienne.

Monument commémoratif à Tauragė

La Convention de Tauragė fut donc un tournant décisif, non seulement dans la chute de l’empire  napoléonien, mais aussi pour le devenir de la Prusse.

Pour plus de détails sur la Campagne de Russie en général, mais aussi sur cet épisode en particulier, on pourra lire « La campagne de Russie en 1812 » de Carl von Clausewitz, Officier prussien, mais surtout théoricien militaire, passé au service de la Russie et qui fera la liaison entre Yorck et Diebitsch en amont de la Convention de Tauragė.    

Carl von Clausewitz

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