Je reprends demain mon
bâton de pèlerin pour aller parler, en Région parisienne, du comte lituanien Liudvikas Mykolas Pacas (en polonais Ludwik Michał Pac), et notamment de son parcours comme
Officier dans les armées napoléoniennes, à l’occasion de l’Assemblée Générale
du Centre d’Etudes Napoléoniennes.
Le point de départ de ma recherche a été l’inscription « Pac –
1780 » sur une des plaques qui, sur la façade du mess des
officiers de Strasbourg, recense les « généraux
strasbourgeois » depuis le XVIIe siècle jusqu’en 1874. Or, il s’avère que,
dans la mesure où l’acte de naissance du général Pacas est introuvable depuis
longtemps, il pourrait très bien être né ailleurs qu’à Strasbourg (par exemple
à Lingolsheim) et que, s’il a bien été baptisé a priori le 19 Mai 1780, il
serait plutôt né en 1778 !
Le jeune Liudvikas étudia en France jusqu’à la Révolution, puis en
Angleterre et à Vilnius, avant de voyager comme tous les jeunes nobles de son
époque. Car la
famille Pacas était une grande famille nobiliaire du Grand-duché de Lituanie
qui avait donné notamment Mykolas
Kazimieras Pacas (1624 – 1682), constructeur de l’église
Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Vilnius et Kristupas
Zigmantas Pacas (1621 – 1684), constructeur du monastère de Pažaislis, près
de Kaunas.
Les guerres de la
quatrième coalition contre la France, qui rapprochent les armées napoléoniennes
du Niémen, ramènent le comte Pacas vers la Lituanie. Il rejoint l’armée
napoléonienne en 1806 (à 28 ans) pour la campagne de Prusse, au sein de
l’escadron de chevau-légers polonais inséré dans la garde impériale. Après la
victoire décisive de Friedland (14
Juin 1807), alors que les négociations de paix se préparent à Tilsit, une délégation lituanienne,
composée de « notre » comte Pacas, et des comtes Sierakowskis et Tiškevičius vient proposer d’organiser en Lituanie la révolte
contre la Russie, à la condition que la France aide les insurgés. L’Empereur
Napoléon 1er n’y est pas favorable et les envoyés repartent très
déprimés.
Officier du 1er Régiment de Chevau-légers lanciers polonais de la Garde Impériale |
En 1808, Pacas est en
Espagne en tant que chef d’État-major du Maréchal Bessières et il s’illustre à tête
d’un escadron à la bataille de Medina de
Rioseco (14 Juillet 1808). Il est blessé à la cuisse d’un coup de
baïonnette, mais repart à l’assaut et repousse l’ennemi, ce qui lui vaut de
recevoir la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur et d’être nommé
Lieutenant-colonel. Il a 30 ans. Un an plus tard, il combat à Essling (20-22 Mai 1809), puis à Wagram (5-6 Juillet 1809), chargeant à
la tête du 15e Lanciers de la Garde, dont il est désormais Colonel. Wagram
mettant fin à la guerre de la cinquième coalition, le comte Pacas est dans
l’escorte qui raccompagne l’Empereur vers Paris. Il est fait Officier de la
Légion d’Honneur le 13 Décembre 1809.
Indigné que Napoléon 1er
ne recrée pas la Pologne, prétextant des ennuis de santé, Pacas envoie sa
démission à l’Empereur le 12 Octobre 1809. Il entre au service du Duché de
Varsovie, commande le 2e régiment de Ulans, puis est nommé
Gouverneur du département de Lomza, organisant une milice de 3 000 hommes
équipés à ses frais.
Lorsque la Grande Armée
franchit le Niémen le 24 Juin 1812,
le comte Pacas accourt de Pologne à Vilnius. Il donne un grand bal dans un de
ses palais, à l’actuel n° 7 de la rue Didžioji, où il héberge Murat, bal auquel
l’Empereur fera une apparition. Napoléon le prend comme aide-de-camp avec le
grade de Général de brigade. Il est à Moscou
quand la ville s’embrase, il est blessé au passage de la Bérézina et c’est sous la garde des lanciers de Pacas, dont le
capitaine comte lituanien Stanislovas Dunin-Wasowicz, que l’Empereur quitte la
Grande Armée à Smorgoni le 5 Décembre 1812 pour rejoindre Paris où le général
Mallet conspire.
Resté fidèle à l’Empereur,
Pacas participe, pendant la campagne d’Allemagne, aux batailles de Lützen (2 Mai 1813) et de Leipzig (19 Octobre 1813), où il
commande la cavalerie polonaise. Il est fait Commandeur de la Légion d’Honneur
le 24 Octobre 1813.
Le n° 7 de la rue Didžioji |
Nommé Général de Division
le 12 Janvier 1814, il se distingue pendant la campagne de France, d’abord à Berry-au-Bac (5 Mars 1814), puis il est
blessé sous Laon (9 – 10 Mars 1814) à
la main et au visage, ce qui ne l’empêche pas de charger, faisant des centaines
de prisonniers russes, dont le Prince Gagarine. Restant fidèle à l’Empereur
jusqu’au bout, il conduira personnellement, malgré son bras encore en écharpe,
la dernière charge de cavalerie de la défense de Paris, en avant de la Barrière
de Pantin, sur le plateau de La Villette
(30 Mars 1814), Général de Division à la tête de 4 escadrons. Rappelons que
Napoléon 1er abdiquera le 4 Avril, et que le 20 Avril, ce seront les
adieux de Fontainebleau.
Ne se résolvant ni à
rejoindre l’armée française de Louis XVIII, ni à entrer dans l’armée polonaise
aux ordres de la Russie, Le général Pacas offre sa démission qui est agréée le
26 Mai 1814. Il fera une deuxième « carrière » comme leader de l’insurrection
à Varsovie fin 1830. Mais c’est une autre histoire.
Le 6 août 1835, se déplaçant
en Grèce nouvellement indépendante, il doit s’arrêter à Smyrne (aujourd’hui Izmir en Turquie) en
raison d’une inflammation des intestins et de l’estomac. Il en meurt le 31 août
1835 et est enterré à l’abbaye Saint-Polykarpe de Smyrne.
Le tombeau du Général Pacas à Smyrne, a priori aujoourd'hui détruit |
Je ferai des
conférences sur le même sujet, mais adaptées à l’auditoire, le 12 Mars à l’Institut français de Vilnius
et 17 Mai au château de
Brienne-le-Château.