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vendredi 28 avril 2017

Avril 2007 : l'affaire du soldat de bronze à Tallinn






Du 26 au 28 avril 2007, la capitale estonienne a connu des émeutes qui, avec le recul, de dix années, peuvent être interprétées comme la première manifestation d'une guerre hybride.

En septembre 1944, puis en avril 1945, les restes de soldats soviétiques sont enterrés sur la colline de Tonismägi, dans le centre de Tallinn. Le 12 juin 1945, la place est renommée « Square des Libérateurs », Un mémorial, commandé à l'architecte Arnold Alas, est inauguré le 22 septembre 1947 ; sa statue centrale est un soldat de bronze, œuvre du sculpteur Enn Roos. En 1964, il est ajouté une « flamme éternelle ».

Le problème est que ce soldat « libérateur » apparaissait, aux yeux des Estoniens, comme le symbole de 50 ans d'occupation.

Le 4 mai 2006, les partis conservateurs de centre droit Union de la patrie et Res Publica demandent à la municipalité de Tallinn de prévoir le déplacement du monuments à un endroit moins central et la ré-inhumation des restes de soldats dans un cimetière militaire. C'est le Parti de la Constitution, soutenu par le Kremlin, dont le leader est Andrei Zarenkov, qui exprime le premier son opposition au déplacement.

Le site du monument sur Tõnismägi devint rapidement le point de fixation à la fois des nationalistes estoniens et des groupes extrémistes russes. « Nochnoy Dozor », la Garde Nocturne , est créée, avec pour objectif la protection du monument. Ça n'empêche pas celui-ci d'être vandalisé le 22 mai 2006, Le 26 mai, le Ministre de l'Intérieur interdit tout rassemblement aux alentours immédiats du monument, lequel est gardé 24 heures sur 24 par la police.

Le 10 janvier 2007, le Riigikogu (parlement) vota le « Décret de protection des tombes de guerre » qui stipule que le Premier Ministre peut décider du déplacement des restes de soldats si leur lieu d'inhumation est inapproprié. Le 9 mars 2007, le Ministère de la défense recommanda de déplacer les restes des soldats de Tõnismägi. Les travaux préparatoires commencèrent le 26 avril. À 04H30 du matin.

Mais, rapidement, la tension monta, notamment à partir de 9H du matin ce 26 avril. Les manifestants lancèrent des pavés sur les policiers (ce qui n'est pas vraiment dans les mœurs locales) qui durent faire usage de lacrymogènes et de canons à eau. Des voitures furent endommagées et des boutiques pillées. Il fut procédé à 300 arrestations, la plupart des prévenus ayant moins de 20 ans. Les manifestations reprirent le 27 avril soir, s'étonnant même à Narva et Jöhvi, dans l'extrême nord-est russophone de l'Estonie.


Dans la nuit du 27 au 28 avril, devant la gravité de la situation, le gouvernement réuni dans la nuit décide de faire enlever le soldat de bronze le lendemain matin, d'un seul tenant. En outre, la vente de l'alcool est interdite sur tout le territoire estonien du 28 avril au 2 mai. Mais la situation ne reviendra au calme qu'à partir du 9 mai. Ces manifestations auront toutefois fait un mort, Dmitri Ganin, 20 ans, poignardé dans des conditions non encore élucidées à ce jour. Les centaines d'arrestations ne conduiront qu'à 91 inculpations et 6 emprisonnements.



Il est aujourd'hui certain que des agents des forces spéciales russes, en provenance a priori de la Brigade de Spetsnaz de Pskov (de l'autre côté de la frontière) , on coordonné les manifestations, ravitaillant en outre les insurgés en liquide inflammable et en …… vodka.

En outre, l'Estonie a eu à subir le 9 mai la première cyberattaque par déni de service (DoS attack) d'envergure sur les sites des journaux, les banques et les organismes gouvernementaux. L'attaque ayant eu lieu le jour où la Russie célèbre la victoire de 1945, le 9 mai et non pas le 8 mai comme les autres pays, tous les regards accusateurs se tournèrent vers Moscou …...

Ces événements de 2007 contenaient donc déjà tous les ingrédients d'une attaque hybride (manipulation des masses par des agents sur le terrain et cyberattaques) que l'Estonie pourrait bien subir à nouveau dans un futur plus ou moins proche.

Le soldat de bronze à son emplacement actuel, dans le Cimetière des Forces de Défense de Tallinn






vendredi 21 avril 2017

Débuts officiels du groupement inter-armes franco-britannique en Estonie

Prise d'armes à Tapa (Estonie)
Le groupement inter-armes franco-britannique de l'OTAN, stationné en Estonie a marqué le début de ses activités officielles par une cérémonie et un défilé militaire sur la base de Tapa, hier jeudi 20 avril après-midi.

Près de 1 500 soldats de Grande-Bretagne., de France et d'Estonie ont participé au défilé militaire, dont la cérémonie d'ouverture comprenait des discours du secrétaire d'État britannique à la Défense Sir Michael Fallon, du ministre danois de la Défense Claus Hjort Frederiksen et du ministre estonien de la Défense Margus Tsahkna. Des soldats britanniques, français et danois ont également procédé au lever de leurs drapeaux nationaux respectifs lors de la cérémonie.

Au sein du détachement français

En plus des trois ministres de la Défense, on notait la présence de la Présidente estonienne Kersti Kaljulaid, du Premier ministre Jüri Ratas, du président du Riigikogu (Parlement) Eiki Nestor et du commandant des forces de défense estonienne, le général Riho Terras. Le Général d'Armée Didier Castres, Inspecteur des Armées, représentait la France.

La Présidente estonienne face au détachement français

Dans son discours, M, Margus Tsahkna a déclaré que l'arrivée du groupe de combat allié marquait clairement que l'Estonie n'était désormais plus seule et qu'elle ne serait plus jamais seule pour se défendre contre les menaces,

Il y a environ 1 200 soldats alliés dans le groupement de combat stationné à Tapa. La Grande-Bretagne contribue avec plus de 800 soldats et des chars Challenger 2, des véhicules de combat d'infanterie Warrior (IFV), de l'artillerie automotrice AS90 ainsi que d'autres véhicules blindés. La France contribue avec 300 personnels et chars Leclerc, des VBCI et des VAB.



Les détachement français de Tapa sera remplacé au bout de quatre mois par d'autres français, après quoi ils passeront la main à un contingent danois de taille similaire.







dimanche 16 avril 2017

Les traditions de Pâques en Lituanie



La majorité des Lituaniens (80%) étant des catholiques romains pratiquants, ce n'est pas une surprise que Pâques, fête la plus importante du christianisme car commémorant la résurrection de Jésus, prenne en Lituanie un relief particulier. Avec quelques traditions spécifiques.

Le rituel de Pâques commence 40 jours avant avec le Carême, appelé Gavėnia en Lituanien. Mais c'est avec le dimanche des Rameaux (Verbų Sekmadienis), le dimanche avant Pâques, que commence la Semaine Sainte. Ce dimanche commémore l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem. Les gens venus l'accueillir déposaient devant Lui leurs manteaux et des branches de palmiers. Comme, compte tenu du climat, il n'y a pas de palmiers en Lituanie, on a fait il y a bien longtemps des « Palmes de Pâques » spécifiques ou Verbos. Ces Verbos sont constituées de différentes fleurs colorées séchées, de tiges et d'épis de céréales, de branches de saules.

Le jeudi saint (Didysis ketvirtadienis) est, selon la coutume, le jour du grand nettoyage. Non seulement il est impératif de nettoyer sa propre personne, mais aussi la maison en entier et tout ce qui s'y trouve : fenêtres, poêles, murs, vêtements, etc …...

Le vendredi saint (Didysis Penktadienis), les gens essaient de se taire et on interdit aux enfants de faire du bruit, par respect pour Jésus qui a été crucifié ce jour-là. Lke nettoyage de la maison, entrepris le jeudi saint, doit être terminé car la poussière pourrait entrer dans les yeux de Jésus qui a déjà suffisamment souffert comme ça.

Le samedi saint (Didysis Šeštadienis) on décore les œufs, les célèbres Margučiai (singulier : Margutis), soit en les teignant naturellement avec des peaux d'oignons, des pétales de fleurs, du foin, de l'écorce d'arbre, etc.….., soit par par gravure avec un outil pointu. En outre, un panier d'aliments de Pâques (œufs, sel, pain, gâteaux, jambon, saucisse, beurre, fromage, etc.…..) est apporté à l'église pour être béni. Enfin, le soir et la nuit de Pâques, les jeunes gens célibataires déambulent à travers les villages en jouant de la musique. Ils s’arrêtent dans chaque famille pour lui souhaiter une bonne année, une bonne récolte et une bonne santé. Là où il y a une jeune fille à marier, ils entonnent un chant spécial et ils sont le plus souvent remerciés avec des Margučiai.


Le matin de Pâques (Velykos), le gens vont à la messe puis font ensuite un repas somptueux car tous les interdits alimentaires du Carême sont levés. Une des plus anciennes traditions païenne consiste en quelque sorte à trinquer avec des œufs peints. On tape les pointes des œufs les unes contre les autres et forcément l’une des deux casse Si votre coquille d’œuf reste intacte, vous êtes destiné à avoir une longue vie. 

Linksmų Šventų Velykų visiems


vendredi 14 avril 2017

Telšiai et le Musée Samogitien « Alka »



Telšiai ne fait pas partie des étapes traditionnelle des touristes en Lituanie et c'est dommage. Car, outre que c'est une ville agréable, au bord d'un lac, capitale historique de la Samogitie, elle abrite un musée très intéressant.

Telšiai est une ville de 30 000 habitants, capitale de l'apskritis ( = canton, arrondissement) éponyme, mais surtout capitale historique de la Samogitie, province aux particularismes très marqués, notamment un dialecte (ou langue ?) original, le Samogitien. Installée sur les rives du lac Mastis, Telšiai ( en Samogitien : Telšē ) a , comme Rome, sept collines dont la formation est due au géant légendaire Džiugas ! La première mention écrite de la ville remonte aux années 1450, mais les fouilles archéologiques ont montré que la région était habitée dès l'âge de pierre.

Le Musée "Alka" au bord du lac Mastis

La première église catholique date de 1536 et, aujourd'hui, Telšiai est le siège d'un évêché, avec la cathédrale saint-Antoine de Padoue, et elle possède un séminaire. Mais, en 1897, les Juifs représentaient 51 % de la population. Ce sont les soviétiques qui, d'abord, fermèrent la Yeshiva (école talmudique) en 1940, puis la population juive fut massacrée par les nazis. Miraculeusement, une rre synagogue en bois survécut jusqu'à nos jours.

Pranas Genys, premier directeur du Musée "Alka"

Tout ça, et bien d'autres choses, on le retouve au Musée Samogitien « Alka ». C'est le 24 janvier 1931 que se tint la première réunion de la Société d'Ethnographie Régionale dont le poète Pranas Genys fut élu président. Genys imaginait qu' « Alka » deviendrait un centre culturel non seulement pour Telšiai mais pour toute la Samogitie. Le Musée fut inauguré le 16 février 1932 dans trois pièces louées dans une maison en bois. Ce n'est que le 6 octobre 1938 qu'il ouvrit dans son bâtiment actuel, sur la Colline Verte.

Devant la photo  de Sophie de Choiseul-Gouffier, avec Regina Bartkienė du Département Histoire  (à droite)

Aujourd'hui, le Musée « Alka » est célèbre dans toute la Lituanie pour ses 62 000 objets présentés, ses 70 000 documents d'archives et sa bibliothèque riche de 12 000 livres, Certainns des objets et documents proviennent du manoir de Plateliai, aujourd'hui détruit, qui a appartenu de 1800 à 1945 à la famille noble d'origine française de Choiseul-Gouffier. C'est ce dernier point qui a fait que je me suis rapproché depuis plusieurs mois du Musée « Alka » et que je lui ai rendu visite le 24 mars dernier.

Au pied du Musée « Alka », au bord du lac Mastis, il y a également une Musée en plein-air regroupant 16 maisons authentiques, typiques de la Samogitie du XIXe siècle, Il n'était malheureusement pas encore ouvert lors de mon passage.

Il y a donc de quoi largement s'occuper intelligemment à Telšiai , et nul doute que j'y retournerai !

Armoiries de la Samogitie








mercredi 12 avril 2017

Pažaislis, « Monte Pacis » et Claire-Isabelle de Mailly-Lascaris


Lors de mon récent périple en Lettonie – Lituanie, après la conférence que j'ai donnée à Kaunas, j'ai été hébergé à l'hôtel-restaurant « Monte Pacis », installé dans une aile du monastère de Pažaislis. (http://montepacis.lt/?lang=en_us)

Bien que ma nuit ait été courte, je tiens à souligner le caractère hautement recommandable de cet hôtel, compte tenu de son environnement, du décor intérieur et de la serviabilité du personnel. A titre d'exemple, comme je partais avant l'heure normale du petit déjeuner, un petit-déjeuner m'a été apporté en chambre à l'heure pile souhaitée et le taxi (offert) pour m'emmener à la gare routière était largement en avance.



En plus, j'ai eu droit à un clin d'oeil personnalisé car j'ai été hébergé dans la chambre « Claire-Isabelle de Mailly-Lascaris » (Klara Izabelė de Maijly), la manager ayant été manifestement mise au courant que j'avais écrit sur les Français en Lituanie

Claire-Isabelle de Mailly-Lascaris (ci-dessous) était dame d'honneur de Louise-Marie de Gonzague-Nevers, laquelle avait été couronnée Reine de Pologne et Grande-duchesse de Lituanie le 10 mars 1646 à Cracovie. Claire-Isabelle épouse le 28 juin 1654 le comte Kristupas Zigmantas Pacas (1621 – 1684) qui sera Chancelier du Grand-duché de Lituanie de 1658 jusqu'à sa mort en 1684.



Kristupas Zigmantas Pacas était un homme instruit, ayant étudié à Cracovie, Liège et surtout 8 ans à Florence. C'est suite à ce séjour en Italie qu'il obtient la permission du Pape de construire un monastère pour l'ordre des Camaldules près de Kaunas. Ce sera Pažaislis. La construction débute le 20 octobre 1667 (pose de la première pierre), l'église est sanctifiée en 1674 et consacrée en 1712.

Pacas, qui admirait beaucoup le baroque italien, a fait appel pour la construction du monastère à des architectes italiens, et à des artistes également italiens pour sa décoration. Parmi les fresques, on peut remarquer près de la sacristie celle concernant Saint Brunon de Querfurt venu évangéliser les païens baltes. C'est dans le texte relatant sa décapitation, le 14 février 1009, qu'apparaîtra pour la première fois le nom de « Lituanie ».

On notera que le nom officiel du monastère, Eremus Montis Pacis (l'hermitage de la colline de la paix) est un jeu mots entre le nom latin de paix (pacis) et le nom de la famille Pacas ; jeu de mots que l'on retrouve au fronton de l'église Saint-Pierre-et-Paul de Vilnius, construite par son frère, Mykolas Kazimieras Pacas : « Regina Pacis, funda nos in pace ».



Le monastère sera pillé par l'armée napoléonienne en 1812. Occupé par des moines orthodoxes après l'insurrection de 1831, ceux-ci emporteront œuvre d'art et archives quand ils fuiront devant l'armée allemande en 1915. A partir de 1920, les sœurs de Saint-Casimir le remontèrent avant d'en être chassées par le pouvoir soviétique. Les sœurs revinrent en 1992 et sont aujourd'hui une cinquantaine.

Le comte Pacas, son épouse Isabelle et leur face décédé en très bas âge avaient été enterrés dans le cimetière de Pažaislis. Leurs tombent ayant été plusieurs fois profanées lors des tourments de l'histoire, ils ont été solennellement ré-enterrés en 2003.



L'Hôtel « Monte Pacis », installé dans une (confortable) dépendance où il ne dépare nullement le site, vaut bien la peine qu'on s'y arrête pour se pencher sur cette page d'histoire lituano-française.




Merci à la très francophile manager de l'hôtel « Monte Pacis », Madame Indra Ramanauskienė, de m'avoir permis de connaître ce lieu remarquable où je me promets de revenir pour apprécier ses talents de sommelière ……. 





vendredi 7 avril 2017

Lielais Kristaps et la légende de la création de Riga





Comme promis lors de mon récent voyage, notamment en Lettonie, une explication sur la statue de « Lielais Kristaps » (le Grand Christophe) que l'on peut voir à Riga sur les bords de la Daugava.



Il était une fois ……., il y a bien longtemps, avant que la cité de Riga ne soit construite, un homme grand et fort, nommé Lielais Kristaps, habitait dans une cabane sur la rive droite de la Daugava. Faute de pont ou de gué, il transportait les personnes sur son dos pour leur faire traverser la rivière.

Un soir qu'il dormait, Kristaps a entendu un petit enfant pleurer de l'autre côté de la rivière. Il se leva immédiatement pour aller chercher l'enfant et commença à le faire traverser sur son dos. Mais, petit à petit, l'enfant s'alourdissait et Kristaps eut toutes les peines du monde à atteindre la rive. Exténué, il coucha l'enfant dans sa hutte et s'endormit à son tour.

Au matin, quand Kristaps se réveilla, il constata que l'enfant avait disparu mais, à sa place, il trouva un grand coffre rempli de pièces d'or, Jusqu'à sa mort, Kristaps utilisa l'argent pour construire Riga, la première maison étant élevée là où se trouvait sa cabane.

(Il ne vous aura pas échappé qu'il s'agit là d'une variante de la légende de Saint-Christophe)



Une sculpture, œuvre de Michael Brinkman, fut érigée en 1683, Elle a été remplacée en 1997 par une copie de Gints Upitis, l'original étant déposé au Musée de Riga et de la Navigation où on peut toujours la voir aujourd'hui.


Pour mémoire le Festival du film letton porte le nom de Lielais Kristaps et distribue des statuettes éponymes, équivalents des Oscars ou des Césars.






mercredi 5 avril 2017

Les unités OTAN en Estonie



NB : Toutes les informations ci-dessous sont ouvertes et proviennent soit des médias, soit des réseaux sociaux.

Avec l'arrivée hier 4 avril des derniers éléments français et britanniques, il me paraît utile de faire un rappel sur la présence de l'OTAN en Estonie.



Le contexte

A partir du 26 février 2014, les forces russes occupent la Crimée ukrainienne puis l'annexent illégalement le 18 mars 2014, suite à un référendum - tenu sous la menace des troupes d'occupation – non reconnu par la communauté internationale (résolution 68:262 de l'Assemblée Générale des Nations Unies).

Les 4 – 5 septembre 2014, au sommet de Newport (Pays de Galles), les États membres de l'OTAN prirent en compte le changement de l'environnement sécuritaire en Europe. Ils décidèrent – entre autres – de créer dans les États baltes, en Pologne et en Roumanie, des bases logistiques avancées avec des équipements et des munitions prépositionnées, afin de faciliter l'éventuelle intervention dans ces États de la NRF (NATO Response Force, portée à 40 000 hommes) et surtout de la VJTF (Very High Readiness Joint Task Force, environ 5 000 hommes).

Il était également décidé de créer des petits PC, les NFIU (NATO Force Integration Units) chargés de faciliter le déploiement des forces alliées en lien avec les forces nationales. La plupart des NFIU, dont celui de Tallinn, sont sous contrôle opérationnel (OPCON) du MNC NE (Multinational Corps Northeast à Szczecin en Pologne).



Les 8 – 9 juillet 2016, au sommet de Varsovie, les États membres de l'OTAN décidèrent d'établir une présence avancée renforcée (enhanced Forward Presence – eFP) dans les Etats baltes et en Pologne pour (je cite) « démontrer sans équivoque {…...} la solidarité des pays de l'Alliance, ainsi que leur détermination et leur aptitude à réagir en déclenchant une réponse alliée immédiate face à toute agression ».

Le dispositif OTAN

Afin d'assurer cette enhanced Forward Presence, des nations cadres se sont engagées, avec l'aide des autres alliés, à mettre sur pied des « Battle Groups » d'un millier d'hommes :

# En Pologne (Orzysz) : les Etats Unis (2nd Squadron « Cougars », 2nd Cavalry Regiment)
# En Lituanie (Rukla) : l'Allemagne (Panzergrenadierbataillon 122)
# En Lettonie (Adaži) : le Canada (1st Battalion, Princess Patricia's Canadian Light Infantry)
# En Estonie (Tapa) : la Grande-Bretagne (5th Battalion The Rifles)



Pour 2017, le 5 Rifles (doté de chars Challengers 2 et de VBCI chenillés Warriors), est renforcé à Tapa d'un Sous-Groupement Interarmes français, d'environ 300 hommes, constitué de :

# Une compagnie sur VBCI du 2ème Régiment d'Infanterie de Marine (Le Mans)
# Un peloton de chars Leclerc du 1er Régiment de Chasseurs (Verdun)
# Une section du 6ème Régiment du Génie (Angers)
# Des observateurs d'artillerie du 11ème Régiment d'Artillerie de Marine (La La nde d'Ouée)
# des éléments de logistique et de transmission

Le Représentant National français avec le Ministre estonien de la Défense, M. Margus TSAHKNA


A noter que, pour autant que je le sache, le mandat des Britanniques est de 6 mois, celui des Français de 4 mois.

Sur le camp et le polygone estoniens de Tapa, les éléments britanniques et français cohabiteront avec une compagnie US, la Compagnie C (« Chaos ») du 1st Battalion / 68th Armor Regiment dépendant du 3rd Armored Brigade Combat Team, venu pour 9 mois depuis début février 2017 dans le cadre de l'opération « Atlantic Resolve », mais avec le même objectif que les unités de l'eFP OTAN.



On ne saurait oublier les aéronefs de la Baltic Air Policing stationnés sur les bases aériennes de Zokniai / Šiauliai (Lituanie) depuis avril 2004 et d'Ämari (Estonie) depuis mai 2014.





Divers

Avant leur départ, j'ai assuré au profit des militaires français partant en Estonie, deux séances d'information de 4 heures chacune, une le 8 mars au Mans (2ème régiment d'Infanterie de Marine) et une le 14 mars à Auxonne (511ème Régiment du Train). Il n'est pas impossible que je renouvelle la prestation au profit du mandat suivant. J'effectue ces prestations au titre de l'EMSOME (Etat-Major Spécialisé pour l'Outre-Mer et l’Étranger).





mardi 4 avril 2017

Célébration du Centenaire de l'Indépendance de la Lettonie



Le 18 novembre 1918, la Lettonie, constituée par le regroupement de la Courlande, du sud de la Livonie et de la Latgale proclama son indépendance. La séquence avait débuté le 17 novembre 1917 par la première réunion secrète, à Valka, d'un Conseil national provisoire.

Mais la Lettonie était toujours occupée par l'Allemagne. Une des clauses de l’armistice du 11 novembre 1918 ordonnait bien l'évacuation par les forces allemandes de tous les territoires ayant autrefois appartenu à la Russie. Mais il précisait aussi que les troupes allemandes encore stationnées dans les pays baltes y resteraient jusqu'à nouvel ordre, avec pour mission d'empêcher que la région ne passe sous le contrôle de l'armée bolchevique.

Il s'en suivra jusqu'en 1920 une guerre entre Allemands (jouant souvent un double jeu vis-à-vis du gouvernement letton légitime) et bolcheviques, les Lettons ne jouant au début qu'un rôle mineur. Ce n'est que le 18 mars 1921, par le Traité de Riga, que la Russie bolchevique reconnaîtra l'indépendance de la Lettonie, renonçant à toute occupation du pays (on sait ce qu'il en advint en 1940).

Il est donc logique que la célébration de son indépendance par la Lettonie s'étale sur cinq ans, de 2017 à 2021. Les ambassades étrangères ont été sollicitées pour participer à ces célébrations.

Sans doute renseignée par l’Attaché Défense, S.E. Madame Odile Soupison, Ambassadeur de France à Riga m'a contacté pour participer au volet historico-militaire de la participation française à ces célébrations.

Le Capitaine de Vaisseau Brisson

Lors d'une première rencontre le 15 décembre 2016, j'ai proposé à Madame l'Ambassadeur de mettre en exergue quatre Officiers français qui, à mon sens, ont eu une action réellement déterminante lors de la guerre d'indépendance lettone, il s'agit :
# du Lieutenant-colonel du Parquet, chef de la Mission Militaire Française en Lettonie de mai 1919 à juillet 1920 ;
# du Capitaine de Vaisseau Brisson, commandant la flotte alliée devant Riga en octobre 1919 ;
# du Général Niessel, Président de la Commission interalliée des Pays baltiques, grâce à qui les Allemands évacueront les Pays baltes (novembre – décembre 1919 ;
# du Général Janin qui, depuis la Sibérie, organisera le retour dans leur pays d'unités lettones qui combattaient du côté des Russes « blancs »

Le Général Janin

J'évoquais également au cours de cette réunion les militaires français qui, au sein de l'armée polonaise, combattirent lors de la bataille de Daugavoils (janvier 1920). Mes propositions furent acceptées.

Chars renault FT-17 à la bataille de Daugavopils

Une deuxième réunion, en présence du Conseiller Culturel et de l'Attaché Défense, eut lieu le 22 mars 2017 à l'Ambassade, après que j'eus rencontré le staff du Musée letton de la guerre de Riga. Nous y avons listé les actions à mener.


Ma participation à ces commémoration pourraient se matérialiser par une exposition à co-organiser et des conférences à prononcer. Ce sera en tout état de cause mon fil rouge jusqu'en 2019.