La
bataille de Saulė eut lieu le 22 Septembre 1236 et opposa
les Chevaliers Porte Glaive (Fratres
militiæ Christi Livoniae) aux Samogitiens
et Semigalliens. L’ordre des Chevalier Porte Glaive avait été
créé à Riga en 1202 par l’archevêque Albert afin de protéger
d’une façon permanente les colons germaniques, mais aussi pour
convertir les tribus païennes au Christianisme, le plus souvent au
fil de l'épée.
Le
19 Février 1236, le Pape Grégoire IX avait publié une bulle
appelant à la croisade contre la Lituanie païenne. Son objectif
était de conquérir le littoral de la Baltique afin d’assurer une
continuité entre le territoire des Chevaliers Teutoniques et celui
des Porte Glaives. Par contre, l’objectif des Porte Glaive était
de s’agrandir le long de la rivière Daugava et c’est la raison
pour laquelle ils se dirigèrent vers la Samogitie.
Le
Maître des Porte Glaive, Volkwin, réunit environ 3 000
hommes, parmi lesquels des troupes de la République de Pskov, des
Livoniens, des Latgalliens et des Estoniens. Ils firent un raid en
Samogitie, pillant le pays, mais sans l’occuper selon les habitudes
de l’époque. C’est en se retirant qu’ils tombèrent sur un
groupe déterminé de Samogitiens qui les empêcha de traverser la
rivière Mūša.
Le lendemain matin, alors que les Chevaliers lourdement armés
pataugeaient dans les marais, le Duc samogitien Vykintas,
qui avait eu le temps de ramener des renforts (en tout 4 à 5 000
hommes), fit un véritable massacre, les troupes samogitiennes, plus
légèrement armées, étant plus mobiles. En outre, les alliés
locaux des Porte Glaives se débandèrent, notamment quand le Maître
Volkwin fut tué. Enfin, les chevaliers qui s’enfuyaient en
direction de Riga furent tués par les Semigalliens.
Cette
défaite est importante dans la mesure où elle obligea l’Ordre des
Porte Glaives à fusionner en 1237 avec l’Ordre Teutonique, bien
que demeurant une branche autonome sous le nom de Chevaliers
Livoniens. Mais surtout, cette victoire des Samogitiens (Lituaniens)
et Semigalliens (Lettons) donna des idées aux autres peuples
« Lettons » (Curoniens, Seloniens, Oeseliens) qui se
révoltèrent à leur tour contre l’Ordre Livonien.
Le
problème, est qu’on ne sait pas où s’est déroulée la bataille
de Saulė (en Lituanien Saulės
mūšis,
ou Saules
kauja en Letton, ce qui, comme
chacun sait, veut dire dans les deux cas « Bataille du
soleil »). Le recueil Chronicon Livoniae, écrit
par le chroniqueur westphalien Hermanni de Wartberge, mentionne que
la bataille fit rage en terram Sauleorum.
Traditionnellement,
le lieu est identifié comme étant Šiauliai en
Lituanie (Šiaulē en
samogitien, Saule en
live, Schaulen en
allemand des Chevaliers Teutoniques),
sans que le lien formel avec la ville actuelle ne soit prouvé.
Car Vecsaule,
près de Bauska (Lettonie) lui dispute cet honneur, ainsi qu’un
des Pamūšis sur
la rivière Mūša.
En
l’absence de quelque trace que ce soit, est-ce bien important de
savoir où s’est réellement déroulée cette bataille ?
Peut-être pas, sinon pour les historiens, toujours pointilleux. Ce
qui est à mon sens important, c’est que cette date du 22 Septembre
soit devenue le Jour
de l’unité des Baltes (comprendre
Lituaniens et Lettons).