Pages vues le mois dernier

samedi 15 février 2020

Le 16 février 1918, la Lituanie restaure son indépendance



Le 16 Février 1918, sous occupation allemande, le Conseil de Lituanie proclamait la restauration d’un État indépendant de Lituanie, régi par des principes démocratiques, ayant Vilnius pour capitale. La déclaration d’indépendance de la Lituanie (Lietuvos Nepriklausomybės Aktas - ci-dessous) fut signée ce jour-là par vingt représentants, présidés par Jonas Basanavičius



Je souligne qu'il s’agissait bien d’une restauration de l’État lituanien, dans la mesure où celui-ci avait déjà existé depuis 1253 (couronnement du roi Mindaugas) jusqu'à son occupation, principalement par la Russie tsariste, suite aux trois partages de la Pologne – Lituanie (1772, 1793, 1795).

Jonas Basanavicius

Pour voir son indépendance réellement reconnue, la Lituanie devra mener, à partir de 1918, trois guerres :


      # Une guerre contre les armées bolcheviques de décembre 1918 à août 1919 ;

      # Une guerre contre les « bermontininkai » (volontaires germano-russo-baltes du pseudo prince russe Pavel Bermondt-Avalov, en étroite collaboration avec le Général allemand Rüdiger von der Goltz) de juin à décembre 1919 ;

     # Une guerre contre la Pologne d’août à novembre 1920, celle-ci occupant militairement la partie est de la Lituanie, y compris la capitale Vilnius, jusqu’en 1939.

On pourrait également ajouter de brefs conflits armés contre la Lettonie (été 1919 – octobre 1920) et même la France (janvier 1923), cette dernière administrant le territoire de Memel/Klaipėda au nom de la communauté internationale, suite au Traité de Versailles.

Les signataires de l'acte d'indépendance

Du fait de ces conflits, et notamment de celui contre la Pologne, il fallut attendre le 14 décembre 1922 pour que l’indépendance de la Lituanie fut juridiquement reconnue au niveau international, alors que celle de l’Estonie et de la Lettonie l’avait été dès le 26 Janvier 1921.

Le 16 février est désormais un jour férié en Lituanie et de nombreuses cérémonies se déroulent dans le pays. La principale a lieu à Vilnius, dans la Maison des Signatures, là où la déclaration d’indépendance a été signée en 1918.









dimanche 9 février 2020

8 - 15 février 1920 : mise en place du 21e BCP à Memel (Klaipeda)

Le Traité de Versailles, signé dans la galerie des glaces le 28 juin 1919, déterminait les sanctions prises à l'encontre de l’Allemagne, et notamment fixait un certain nombre de territoires dont elle était amputée. Le court article 99 traitait de Memel (aujourd'hui Klaipeda en Lituanie) et précisait : "L'Allemagne renonce, en faveur des principales puissances alliées et associées, à tous ses droits et titres sur les territoires compris entre la mer Baltique, la frontière nord-est de la Prusse orientale {...} et les anciennes frontières entre l'Allemagne et la Russie."  


Le territoire de Memel (en allemand Memelland), partie de la Prusse Orientale, était un long morceau de terre étroit de 140 km de long sur 15 à 20 km de large, sur la rive droite de Niémen, d'une surface de 2 848 km2 (moins que le département du Rhône !). Il était peuplé d'environ 140 000 habitants, en majorité germanophones, avec une forte minorité de Lietuvininkai (Lituaniens de Prusse) dans les campagnes. Sa "capitale" Memel était une petite ville de 32 000 habitants au débouché du Niémen sur la Baltique. Son moment de gloire avait été en 1807 - 1808 quand, Napoléon occupant le reste du Royaume, le couple royal vint y trouver refuge et en fit de facto la capitale de la Prusse. 



Mais, si le Traité de Versailles disait que le territoire de Memel était retiré à l'Allemagne, il ne précisait pas à qui il allait être attribué ! 

En attendant que la dévolution du territoire fut décidée, il fallait l'administrer. Après bien des atermoiements, les Britanniques se désistant au dernier moment, la France se retrouva seule des grandes puissances pour fournir la composante des forces d'occupation du territoire. Le Général de Brigade Dominique ODRY fut désigné pour exercer le commandement des forces alliées d'occupation, et c'est le 21ème Bataillon de Chasseurs à Pied qui fut choisi pour assurer le fonctionnement et le maintien de l'ordre (Ordre n° 612 B du 22 janvier 1920). 
Insigne du 21e Bataillon de Chasseurs à Pied

Le Général Odry et son staff à Memel

La mise en place

A l'issue de la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il avait subi de lourdes pertes, (Le Bataillon avait perdu au total 64 Officiers, 137 Sous-officiers et 1729 Caporaux et Chasseurs), le 21e BCP était en garnison à Gérardmer (Vosges). N'étant constitué que de 3 compagnies de combat plus une compagnie de mitrailleuses, il reçut avant son départ le renfort d'une compagnie de combat et d'une demi-compagnie de mitrailleuses du 3e BCP qui arrivèrent le 5 février 1920 à Gérardmer  par voie ferrée (4 Officiers, 200 hommes).

L'embarquement du bataillon sur les trains se fit à partir du 7 février 1920. La mise en place se fera suivant l'itinéraire Épinal - Nancy - Leipzig - Posen (Poznan) - Eylau (Bagrationovsk) - Allenstein (Olsztyn). Le 1er train (chef de train : Chef de Bataillon GUILLAUD, commandant le 21e BCP depuis le 1er avril 1919) quitta Gérardmer le 8 février et arriva à Memel le 13 février à 8H du matin. le 2ème train (Capitaine Loisy, avec à son bord le Général Odry pris au passage à Trèves) partit le 9 février et arriva à Memel le 14. Enfin, le 3ème train (Adjudant-major Pretet) partit le 10 février et arriva le 15, après avoir laissé la 4ème compagnie et une compagnie de mitrailleuses à Heydekrug (aujourd'hui Siluté) aux ordres du Capitaine Viciot. 

Le 28 février 1920, un détachement aux ordres du Capitaine Fischer ira s'installer à Pogegen (Pagégiai). 

Le gros du Bataillon prit ses quartiers dans une ancienne caserne allemande, au nord de la ville, aujourd'hui Université de Klaipéda (ci-dessous).    

(A suivre)