Au
cours de ma recherche sur Michel Jonval, un des promoteurs de la
culture lettone en France, qui publia en
1929 le premier recueil de « Chansons
mythologiques lettonnes ». les dainas,
avec une traduction française,
je n'ai pu que m'intéresser à son inspirateur, Krišjānis
Barons
(1835
– 1923).
Krišjānis Barons |
Les dainas sont
des chants traditionnels lettons, qui, chantés de génération en
génération, sont considérés comme ayant été les vecteurs de la
culture lettone au travers des siècles d'occupation et de servage.
Les dainas ont été mises par écrit au cours du XIXe siècle
principalement par l'écrivain Krišjānis Barons, le “père des
dainas”, qui les a collectées (à partir de 1878 alors qu'il
réside à Moscou) puis publiées à partir de 1894.
« Latvju Dainas » |
Entre
1894 et 1915, Barons publie six tomes de « Latvju
Dainas »,
qui représentent exactement 217 996 de ces poèmes typiquement
lettons, transmis oralement, généralement par les femmes, depuis
mille ans. Mais leur nombre exact dépasse l'imagination !
Ces dainas sont d’ailleurs beaucoup plus qu’une
tradition littéraire. Ce sont des chants de résistance et
d’affirmation identitaire, reprenant des thèmes et des légendes
pré-chrétiens, au cœur donc de l’identité lettone.
Les
dainas étaient écrites sur des petits bouts de papiers de 3cm sur
11cm, soit qu’on lui envoyait soit écrits par Krišjānis Barons
lui-même, papiers qui étaient rangés dans un cabinet créé exprès
en 1880 à Moscou, le cabinet des Dainas (Dainu
skapis),
transporté en Lettonie en 1893. Les « petits bouts de papier »
ont été microfilmés dans les années 1940 et scannés en 1997. En
reconnaissance du travail de Krišjānis Barons et de la valeur
historique du Dainu
skapis,
ce travail a été inscrit en 2001 au registre de l’UNESCO de la
mémoire du monde.
Dainu skapis |
Cette
initiative de Krišjānis Barons coïncidait avec la période d'éveil
national letton (Tautas
atmoda);
Barons avait d'ailleurs rejoint le mouvement des “Jeunes
Lettons” ("Jaunlatvieši" )
dès ses années d'université à Tartu (aujourd'hui en Estonie). Le
27 juin 1873 avait marqué un tournant avec le Premier Festival de
chant de Riga. Pendant
la période de domination soviétique, « la Fête du chant
représentait une manifestation politique rassemblant des milliers de
gens. Je n’ai jamais compris pourquoi l’Union soviétique ne
l’avait pas interdite. Il fallait être sourd et aveugle pour ne
pas comprendre qu’en chantant, notre unité et notre pouvoir
grandissaient. »
(Sandra Kalniete, ex-ambassadeur
de Lettonie en France)
Krišjānis
Barons était né il y a 184 ans, le 31 octobre 1835, au
manoir de Strutele (Kurzeme / Courlande) dont son père était
régisseur.
Voir
également « La collecte des « Dainas » par
Krišjānis Barons » de Julien Gueslin
https://journals.openedition.org/rbnu/688