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samedi 26 septembre 2015

11 octobre 2015 : « élection » présidentielle au Bélarus


Vous l’ignoriez, mais il ne peut vous en être fait reproche car aucun média français n’en a parlé. Le dimanche 11 octobre 2015 aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle bélarusse. Il est vrai que l’issue du scrutin ne fait aucun doute. 

Le 10 septembre, la Commission Centrale Electorale du Bélarus a validé la candidature de quatre candidats, dans l’ordre alphabétique : Siarhej Hajdukievič, Tacciana Karatkievič, Aliaksandr Lukashenka et Mikalaj Ulachovič. Hajdukievič et Ulachovič sont les leaders de deux partis pro-gouvernementaux et Tacciana Karatkievič représente un mouvement d’opposition marginal, Havary Pravdu (Dites la Vérité). Deux candidats n’ont pas été acceptés, Viktor Tereshchenko and Zhanna Romanovskaya.



En fait l’opposition, par la voix d’un de ses leaders,
Mikalay Statkevich

Mikalay Statkevich, a appelé au boycott du vote du 11 octobre. Statkevich avait été candidat contre Lukashenka en 2010 mais avait été emprisonné juste après le vote ! Il a fait partie des 6 leaders de l’opposition libérés le 22 août 2015, dans un geste manifestement destiné à amadouer l’ouest avant la présidentielle.



Car la guerre dans l’est de l’Ukraine a obligé Lukashenka à se livrer à un délicat numéro d’équilibriste  et amène en amont deux faits nouveaux :

    # L’Union Européenne envisage de réduire les sanctions qui pèsent sur Minsk.

    # Poutine a ordonné que le Ministre de la Défense russe ouvre des négociations avec le Bélarus pour l’installation d’une base aérienne près de Babruysk (au sud-est de Minsk). Dire que ça enchante les leaders bélarusses serait mentir. Mais Lukashenka n’a pas le choix : soit il accepte et il ruine ses efforts de rapprochement avec l’ouest. Soit il n’accepte pas, et il s’expose à un scénario à l’ukrainienne.   

A noter qu’Aliaksandr Lukashenka a refusé de participer à des débats télévisés avec les autres candidats.

En 2010, Lukashenka, au pouvoir depuis 1994, avait été réélu le 19 décembre 2010 avec 79,65 % des suffrages exprimés, face à son suivant immédiat, Andreï Sannikov, 2,43 % …… Ces résultats furent contestés dès le soir même par des milliers de personnes dans Minsk mais la manifestation fut brutalement réprimée et la plupart des candidats de l’opposition avaient été arrêtés. L’Union Européenne n’avait pas reconnu les résultats.

Le fait que la manifestation du 23 septembre dernier, appelant au boycott, n’ait pas été réprimée apparaît donc comme un nouveauté …….








mardi 22 septembre 2015

22 septembre : journée de l’Unité des Baltes


Depuis 2000, le 22 septembre est la journée de l’Unité des Baltes. De quoi s’agit-il ? Comme souvent dans la région, il faut se replonger dans l’Histoire.

Chevaliers porte-glaive

Les Chevaliers Porte-Glaive avaient été créés en 1202 à Dünamünde (aujourd’hui Daugavgrīva, un quartier de Riga) par l’évêque Albert von Buxhoeveden, afin d’assurer la défense de la colonie germanique arrivée dès 1099 par la Daugava. Chargés incidemment de christianiser les populations baltes, les Porte-Glaive avaient soumis la Livonie et l’Estonie dès 1223.

Chevalier teutonique


De son côté l’Ordre Teutonique, fondé à Saint-Jean d’Acre en tant que communauté religieuse charitable, est reconnu comme ordre militaire par la Pape Innocent III en 1198. En 1226, Conrad de Mazovie appelle les Chevaliers Teutoniques pour qu’ils protègent ses terres contre les incursions des tribus prussiennes païennes. En 1231, les Teutoniques commencent leur guerre contre les Vieux-Prussiens.

Le 19 Février 1236, le Pape Grégoire IX publia une bulle papale déclarant la croisade contre la Lituanie. Son but était de conquérir les terres le long de la Baltique afin d’unir les possessions des Porte-Glaive et des Teutoniques. Les Porte-Glaive auraient préférer s’enfoncer dans les terres le long de la Daugava et traînent un peu des pieds pour aller effectuer un raid en Samogitie en compagnie de chevaliers du Holstein, de troupes de la République de Pskov, de Livoniens, de Latgalliens et d’Estoniens. Le raid, suivi de pillage, se déroule bien mais, suivant les habitudes de l’époque, il n’est pas suivi d’une occupation.

La région baltique en 1260

C’est en se retirant que les Porte-Glaive tombent sur un groupe de Samogitiens qui les empêchent de traverser la rivière Mūša (rivière du nord de la Lituanie qui se jette dans la Mėmele à Bauska en Lettonie pour former la Lielupe). Le lendemain matin, alors que les Chevaliers lourdement armés pataugeaient dans les marais, le Duc samogitien Vykintas, qui avait eu le temps de ramener des renforts (en tout 4 à 5 000 hommes), fit un véritable massacre, les troupes samogitiennes, plus légèrement armées, étant plus mobiles. En outre, les alliés locaux des Porte Glaive se débandèrent, notamment quand le Maître Volkwin fut tué. Enfin, les chevaliers qui s’enfuyaient en direction de Riga furent tués par les Semigalliens.

C’est la défaite de Saulė (Saulės Mūšis en Lituanien, Saules kauja en Letton), qui a peu de chance de s’être déroulée près de la ville lituanienne de Šiauliai, là où les exigences touristiques l’ont située. En effet, le recueil Chronicum Livoniae par Hermann de Wartberge mentionne que la bataille fit rage en terram Sauleorum, sans qu'il ait été prouvé que terram Sauleorum soit Šiauliai.

En tout état de cause, cette défaite fut importante dans la mesure où elle obligea l’Ordre des Porte Glaive à fusionner en 1237 avec l’Ordre Teutonique, bien que demeurant une branche autonome de celui-ci sous le nom de Chevaliers Livoniens. Mais surtout, cette victoire des Samogitiens (Lituaniens) et Semigalliens (Lettons) donna des idées aux autres  peuples « Lettons » (Curoniens, Seloniens, Oeseliens) qui se révoltèrent à leur tour contre l’Ordre Livonien.

Voilà donc la raison pour laquelle, en 2000, les Parlements letton et lituanien prirent la décision de faire du 22 Septembre la Journée de l’Unité des Baltes (On se rappellera que les Estoniens sont des Finno-Ougriens et que les deux seules nations baltes actuelles sont la Lettonie et la Lituanie).











samedi 19 septembre 2015

La Lituanie, l’autre pays du basket



Demain soir, dimanche 20 septembre 2015, la Lituanie disputera sa deuxième finale d’affilé des Championnats d’Europe de basket. En 2013, elle avait perdu face à la France, en 2015 elle affronte l’Espagne.



Encore plus caractéristique : la Lituanie est la seule nation européenne à avoir participé à tous les tournois de basket olympique depuis 1992 et les JO de Barcelone (auparavant, elle était occupée par la Russie soviétique). Ça avait d’ailleurs été un retour gagnant puisqu’elle y avait gagné la médaille de bronze avec dans l’équipe des joueurs de légende comme Arvydas Sabonis et Šarūnas Marčiulionis.

Ce n’était d’ailleurs pas un accident puisque la Lituanie remporta encore la médaille de bronze aux JO de 1996 (Atlanta), à ceux de 2000 (Sydney, où elle ne perd que de 2 points en demi-finale face aux Etats-Unis) et aux Championnats du monde 2010 (en Turquie). Aux Championnats d’Europe, elle a été championne en 1937, 1939 et 2003, deuxième en 1995 et 2013, et troisième en 2007. Il n’y a donc pas à s’étonner de la retrouver en finale demain.

Steponas Darius et Stasys Girenas

On considère que c’est l’aviateur Steponas Darius, dont la famille avait émigré aux Etats-Unis en 1907, qui a introduit le base-ball et le basket-ball en Lituanie lors de son retour entre 1920 et 1927. La fédération Lietuvos Krepsinio Federacija/LKF a été fondée en 1932. Mais c’est surtout Pranas Lubinas (1910 – 1999, connu aux USA comme Frank Lubin), un joueur de basket lituano-américain, né à Los Angeles, qui a fait prendre son envol au basket. Membre de l’équipe américaine championne olympique aux J.O. de Berlin de 1936, il fut invité à venir en Lituanie et devint l’entraîneur de l’équipe lituanienne à partir de 1938. Celle-ci apprit vite car elle devint championne d’Europe en 1937 et 1939 (à Kaunas), catapultant le basket au niveau de sport national.

Pranas Lubinas

Le championnat d’Europe 1941 aurait dû se dérouler de nouveau en Lituanie, mais l’occupation soviétique à partir de 1940 l’en empêcha et la Lituanie disparut de la planète basket. Mais, dans les années 80, les joueurs lituaniens formaient 50 % de l’équipe soviétique et les duels entre le « Kauno Žalgiris » et le « CSA Moscou » pour le titre de champion d’URSS dépassaient le cadre du sport.

Après le retour à l’indépendance, le basket est redevenu en Lituanie plus que le sport national, plus qu’un phénomène de société, une deuxième religion ! Dont le pape est un certain Arvydas Sabonis, président de la fédération lituanienne de basket-ball.  

Arvydas Sabonis, 51 ans, 2m21, et Domantas Sabonis, 19 ans, 2m08 (et déjà en équipe nationale)





mardi 15 septembre 2015

La bataille des Eaux Bleues


Peu connue, mais ayant eu des conséquences importantes, on ne sait paradoxalement pas quand a eu lieu exactement la bataille des Eaux Bleues (en Lituanien, Mūšis prie Mėlynųjų Vandenų, en Ukrainien Битва на Синіх Водах) : automne 1362 ou 1363.


L'Empire Mongol avec, en jaune, la Horde d'Or 

Le contexte. La Horde d’Or est un khanat issu de l’Empire Mongol de Gengis Khan. Elel connaît son âge d’or entre 1241 et 1359. Mais après la mort du Khan Berdi Beg, assassiné par son frère Qulpa, la Horde va changer 14 fois de Khan entre 1360 et 1380, le pouvoir étant de facto détenu par un émir, Mamaï (à ne pas confondre avec le légendaire Cosaque Mamaï ukrainien qui aurait vécu au Vie siècle).

Le Grand-duc de Lituanie Algirdas

Le Grand-duc de Lituanie Algirdas va profiter de l’affaiblissement de la Horde d’Or pour organiser une campagne contre les territoires de celle-ci et sécuriser le flanc sud du Grand-duché, en particulier la Principauté de Kiev.

En 1362 ou 1363, Algirdas s’engage donc entre le Dniepr et le Boug méridional, conquérant ce qui lui manquait de la Principauté de Chernigov puis la Principauté de Pereslavl. A l’automne, il franchit le Don et entre en Podolie. Trois Beys de Podolie rassemblent une armée pour résister à l’invasion. On pense que les armées s’affrontent à proximité de Torhovytsia, au sud d’Ivano-Frankivsk.

La bataille des Eaux Blueues

Les circonstances de la bataille ne sont connues que par un récit publié en 1582 et sujet à caution. Il semble toutefois que la bataille fut courte et que les Tatars refluèrent dans une retraite désordonnée.


La bataille est toutefois importante dans ses conséquences. Elle permit au Grand-duché de Lituanie de prendre le contrôle de la ville de Kiev et de la plus grande partie de l’Ukraine actuelle. Elle lui donna également accès à la Mer Noire. Mais elle en fit aussi un voisin direct et un rival de la Grande-Principauté de Moscou. 

Le Grand-duché de Lituanie, de la Baltique à la Mer Noire

dimanche 6 septembre 2015

5 septembre 1725 : mariage de Louis XV et de Marie Leszczynska


C’est à la mort de son arrière-grand-père Louis XIV, le 1er septembre 1715, que Louis XV monte officiellement sur le trône de France à l’âge de 5 ans et 9 mois ! Le 2 septembre 1715, Philippe d’Orléans, petit-fils de Louis XIII et neveu de Louis XIV, est proclamé Régent du Royaume durant la minorité du jeune Louis XV. A sa majorité (il sera déclaré majeur le 15 février 1723), Louis XV laisse le pouvoir à Philippe d’Orléans. Mais celui-ci meurt le 2 décembre 1723.

Louis XV, jeune

C’est le duc de Bourbon (Louis IV Henri de Bourbon-Condé), prince du sang, qui devient alors le principal conseil du jeune Roi. Il me met rapidement en devoir de trouver une épouse pour le souverain de façon à assurer sa postérité (Celle qui était prévue, une infante d’Espagne, n’a que trois ans !! Or, le Roi, 15 ans, est de santé fragile et, en cas de décès, la couronne reviendrait à un Orléans, ce qu’un Bourbon ne saurait admettre !). Sur un « casting » initial de cent princesses, 17 sont retenues, et le choix se porte finalement sur Marie Leszczynska, 22 ans, fille du Roi détrôné de Pologne, Stanislas Leszczynski.

Depuis l’Union de Lublin (1er juillet 1569), le trône de Pologne – Lituanie est électif. Le premier bénéficiaire (éphémère) fut Henri de Valois, futur Roi de France Henri III. A la mort du grand Roi Jan III Sobieski (17 juin 1696), c’est l’électeur de Saxe, Frédéric-Auguste, candidat du Tsar Pierre 1er, qui est élu le 27 juin 1697, face au candidat de Louis XIV, le Prince de Conti. Mais il est chassé du trône par la Suède de Charles XII en 1704. Le 12 juillet 1704, le Roi de Suède installe à sa place Stanislas Leszczynski (né à Lviv en 1677).

Mais, après la défaite de Charles XII à la bataille de Poltava (8 juillet 1709), Stanislas est chassé du trône qui repasse à Auguste II. En 1714, Charles XII lui donne la jouissance de la Principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken). A la mort du Roi de Suède en 1718, il trouve refuge à Wissembourg, en Alsace, sur les terres du Roi de France. Il s’y ennuie ferme et sa cour se réduit petit à petit.

C’est donc une « divine surprise » quand il reçoit, le 2 avril 1725 quand il reçoit un pli du Duc de Bourbon lui demandant la main de sa fille Marie pour le Roi Louis XV.

Marie Leszczynska, un an après son mariage

Le 4 juillet, la famille s’installe à Strasbourg, où a lieu le mariage par procuration le 15 août 1725, mariage célébré par le Cardinal de Rohan, le Duc d’Orléans représentant le Roi Louis XV. Le 4 septembre, Marie rencontre Louis XV et le 5 septembre, ils sont mariés à Fontainebleau. Le Roi, qui n’a que 15 ans, consomme le mariage le soir même. Son ardeur permet à Marie d’avoir 10 enfants en 10 ans, mais seulement deux garçons dont un seul survivra à l’âge adulte, le Dauphin Louis-Ferdinand qui ne ceindra pas la couronne mais qui sera le père de trois Rois : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.

Mariage de Louis XV et de Marie Leszczynska

A la mort du Roi de Pologne Auguste II (1er février 1733), la France essaye de remettre Stanislas sur le trône. Mais la Russie veille et prend le parti du fils de l’ancien Roi. C’est la guerre de succession de Pologne. Stanislas est finalement assiégé dans Danzig (Gdansk), mais comme il n’entend pas risquer sa vie « pour si peu », il s’enfuit et trouva refuge à Königsberg, où il se lia d’amitié avec le futur Frédéric II de Prusse. En 1736, il quitte Königsberg pour Meudon, à l’ouest de Paris.

Sur ses entrefaites, L’Empereur Charles VI de Habsbourg, du Saint-Empire Romain Germanique, étant en situation militaire délicate, il signe un traité de paix avec Louis XV par lequel Stanislas reçoit les Duchés de Lorraine et de Bar, qui reviendront à la France à son décès. En contrepartie, Stanislas abdique officiellement du trône de Pologne – Lituanie, le 30 septembre 1736. Le 3 avril 1737, il arrive à Lunéville. Il n’avait que très peu de pouvoir, mais disposait de revenus confortables. Il entretint une cour brillante et artiste et gens de lettres. On lui doit la place Stanislas à Nancy et la rénovation du château  de Lunéville.

Stanislas Leszczynski meurt à Lunéville le 23 février 1766. Comme prévu, la Lorraine et le Barrois reviennent à la France. Sa fille Marie meurt peu de temps après, le 24 juin 1768 à Versailles.

Stanislas Leszczynski