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vendredi 31 août 2012

31 Août 1559 : la Courlande devient (presque) lituanienne



Depuis 1228, la majeure partie de ce qui constitue aujourd’hui la Lettonie et l’Estonie formait la Confédération Livonienne, qui regroupait 5 petits Etats :
      # L’Ordre Livonien, capitale Fellin (aujourd’hui Viljandi)
      # L’archevêché de Riga, capitale Riga
      # L’évêché de Dorpat, capitale Dorpat (aujourd’hui Tartu)  
      # L’évêché d’Ösel-Wiek, capitale Hapsal (aujourd’hui Haapsalu)
      # L’évêché de Courlande, capitale Pilten (aujourd’hui Piltene)



Pour résoudre les conflits entre ces Etats, la Diète (Landtag) de Livonie est créée en 1419 à Walk (ville aujourd’hui partagée entre Valga en Estonie et Valka en Lettonie).

Ivan IV, le Terrible 

Mais cette Confédération ne va pas survivre à la Guerre de Livonie qui va opposer, de 1558 à 1582, d’une part le Tsarat de Russie (Царство Русское) d’Ivan IV dit le Terrible, d’autre part une alliance formée du Danemark, de la Suède, du Grand-duché de Lituanie et du Royaume de Pologne. Conscient des visées expansionnistes de la Russie, Sigismond II Auguste, Roi de Pologne et Grand-duc de Lituanie avait signé les Traités de Pasvalys (5 et 14 Septembre 1557) avec la Confédération Livonienne, prévoyant une alliance militaire offensive et défensive entre les deux Etats. Ce traité est perçu par Ivan IV comme un casus belli et, en Janvier 1558, il décide d’envahir la Livonie.

Sigismond II Auguste


Devant l’avance russe, Gotthard Kettler, qui a remplacé comme Landmeister livonien Wilhelm von Fürstenburg qui s’était enfui, se tourne vers la Pologne – Lituanie pour lui demander son aide. Le 31 Août 1559 est signé entre Gotthard Kettler et Sigismond II Auguste (Zygimantas Augustas), Roi de Pologne et Grand-duc de Lituanie (qui gouverne à partir de Vilnius), le Premier Traité de Vilnius qui place la Confédération livonienne sous la protection de la Pologne – Lituanie. Le Sejm (assemblée) polonais refuse toutefois de ratifier le Traité, considérant que la question ne concerne que le Grand-duché de Lituanie.

Gotthard Kettler

Le traité n’empêche pas les Russes d’infliger de nouvelles défaites aux Livoniens (notamment à Ergeme, près de Valga / Valka, le 2 Août 1560). La Confédération Livonienne et Sigismond II Auguste signent le Second Traité de Vilnius (28 Novembre 1561). Par ce Traité, la Confédération Livonienne reconnaît la suzeraineté du Roi de Pologne (Pacta subiectionis). En retour, le Roi s’engage à protéger ses nouveaux sujets contre les armées du Tsar et reconnait les privilèges de la Diète livonienne (Privilegium Sigismundi Augusti). Le territoire est scindé entre le duché de Courlande et le duché de Livonie.

Gotthard Kettler, converti au luthéranisme, sécularise ses moines-soldats, et devient duc héréditaire de Courlande et Sémigalle. La capitale est fixée à Mitau (aujourd’hui Jelgava). Le 5 Mars 1562, Gotthard dépose solennellement le manteau des chevaliers porte-glaives en prêtant hommage au Roi de Pologne Grand-duc de Lituanie, et il épouse en 1566 la princesse Anne von Mecklembourg-Schwerin. Les chevaliers de l’ordre imitent le duc, se taillant des fiefs nobiliaires dans le duché, créant la noblesse locale : les barons baltes.

Le duché de Courlande existera jusqu’au 28 Mars 1795, quand le duc Peter von Biron, contraint et forcé, devra signer une renonciation par laquelle il remet tous ses droits et prérogatives à la Russie de Catherine II.



jeudi 30 août 2012

28 Août 1709 : mort d’Ivan Mazepa



D’Ivan Mazepa, les plus érudits d’entre nous connaissent généralement le tableau qu’Horace Vernet a peint en 1826 : « Mazepa et les loups » (ci-dessous). Au service d’un noble polonais, il est surpris par celui-ci en flagrant délit d’adultère avec sa femme. Attaché nu sur le dos d’un cheval sauvage, il est emmené par celui-ci au fin fond des steppes ukrainiennes. Recueilli par des paysans, il s’établit parmi eux, découvrant leur vie guerrière. Cette aventure inspira également, entre autres, Victor Hugo, Tchaïkovski, Lord Byron, Pouchkine et Frantz Liszt.


Ivan Mazepa (en Ukrainien Іван Степанович Мазепа) était né vraisemblablement le 20 Mars 1639 dans une famille ruthène noble mais pauvre de Podolie (région sud-ouest de l’actuelle Ukraine, entre Dniepr et Dniestr). Il fut d’abord éduqué à Kyiv, puis dans un collège de Jésuite à Varsovie, avant de voyager en Europe de l’Ouest de 1656 à 1659. En 1659, il devient page du Roi de Pologne – Grand duc de Lituanie, Jean II Casimir Vasa (pour l’anecdote : ancien cardinal des Jésuite, Jean II épousera sa belle-sœur Louise-Marie de Gonzague-Nevers, veuve de Ladislas IV Vasa !).

Après l’épisode adultère, il sert de 1669 à 1673 l’Hetman Petro Doroshenko, Hetman ( = Chef d’Etat) de la Rive Droite du Dniepr, puis le rival de celui-ci de 1674 à 1681, l’Hetman des Cosaques de la Rive Gauche, Ivan Samoylovych, élu en 1672. Bien éduqué, Ivan Mazepa monte rapidement dans la hiérarchie cosaque, devenant General Yesaul (Генеральный есаул), un des deux adjoints militaires de l’Hetman.

Ivan Mazepa

Le 20 Juin 1987 Ivan Mazepa dépose Ivan Samoylovych, l’accusant de conspiration, et il se fait élire  Hetman de la Rive Gauche à sa place. Il devient rapidement un des plus grands propriétaires d’Europe, mais,  simultanément, il développe l’éducation, fait construire des églises et des imprimeries.

En 1702, les Cosaques de la Rive Droite s’étant révoltés contre les Polonais, Mazepa intervient avec l’accord du Tsar Pierre 1er et s’empare de la plus grande partie des territoires cosaques de la rive droite du Dniepr. Mais le Tsar Pierre 1er ayant décidé de reprendre en main son armée après les premières pertes de la Grande Guerre du Nord (1700 – 1721), les Cosaques se retrouvent à combattre les Livoniens et les Lituaniens, laissant leur propre territoire à la merci des Tatars et des Polonais. Mazepa décide alors de changer de camp et il s’allie avec les Suédois et les Polonais le 28 Octobre 1708, espérant sans doute gagner son indépendance vis-à-vis de la Russie. Mais seuls 3 000 Cosaques le suivent, les autres élisant un nouvel Hetman, Ivan Skoropadsky.
    
Finalement, la bataille de Poltava (8 Juillet 1709) scella le destin du Roi de Suède Charles XII et de son allié Ivan Mazepa. Après la défaite, Charles XII et Mazepa réussirent à s’enfuir avec 1 500 hommes et à se réfugier dans la forteresse de Bender en Moldavie, alors contrôlée par l’Empire Ottoman. Ivan Mazepa y mourut rapidement, le 28 Août 1709.

Charles XII et Ivan Mazepa après la défaite de Poltava

L’image du traître poursuivit Ivan Mazepa pendant la période de la Russie tsariste puis soviétique. L’Ukraine moderne en fit dès 1991 un héros qui avait combattu pour l’indépendance ukrainienne. Aujourd’hui, il est encore un symbole de l’opposition entre la Russie et l’Ukraine.

Ivan Mazepa sur les billets de 10 Hrryven

  

lundi 27 août 2012

Questions de vocabulaire



C’est une tautologie de dire qu’aujourd’hui en France les gens en général et la presse en particulier prennent de très grandes libertés avec la syntaxe, l’orthographe et la grammaire. Mais c’est erreurs ne sont peut-être pas toujours innocentes quand il s’agit de toponymie dans l’est de l’Europe.

Prenez mon combat permanent, le Bélarus. Le 19 Septembre 1991, ça fait donc bientôt 21 ans, la Biélorussie a informé l’Organisation des Nations Unies que son nom serait le Bélarus. Ce pour différencier cet Etat de la République Socialiste soviétique de Biélorussie. Si ont n’est pas surpris de trouver le terme de Biélorussie par exemple dans les dépêches en Français de l’agence RIA-Novosti, on l’est plus de le retrouver sous la plume de journalistes français. On m’argumente que c’est la force de l’habitude. Mais appelle-t-on encore Leningrad la ville qui est devenue Saint-Pétersbourg à la même époque ? Je suis désabusé quand je vois le Centre Robert-Schuman, association sérieuse s’il en est, toujours parler de Biélorussie 21 ans après !  
Minsk : statue de Lénine et drapeau historique du Bélarus
    
Autre sujet sensible en ce moment, après que le Parlement ukrainien ait autorisé les régions dont plus de 10 % des habitants parlent une langue minoritaire (comprendre le Russe) à ce que celle-ci devienne langue officielle parallèlement à l’Ukrainien. On l’a vu lors des récents championnats d’Europe de football : alors que les médias français utilisaient généralement (mais pas toujours) les noms de Lviv et Kharkiv, c’est-à-dire la graphie ukrainienne,  ils ont continué à appeler Kyiv – Kiev, c’est-à-dire à la Russe !


La langue est souvent la forme la plus visible de l’identité nationale, aussi ne faut-il pas s’étonner de voir les habitants des Etats où celle-ci semble en danger (Ukraine, Etats Baltes) très sensibles sur les questions linguistiques.

Je passe sciemment sur la confusion, encore récurrente, entre Lituanie et Lettonie ; j’avoue que ça ne me fait plus rire. De même cette désagréable habitude de mettre dans le même sac « Pays Baltes » trois Etats que l’histoire, la religion, l’ethnologie sépare.  Point de détail me dira-t-on. Vieille lubie d’un vieux rabat-joie (c’est de moi dont il s’agit ……). Ne pas oublier que « le diable est dans les détails » !



vendredi 24 août 2012

Les 23 Août en Lituanie



Le 23 Août 2008, le Parlement Européen proclamait le 23 Août « journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme » (cf. http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT+TA+P6-TA-2008-0439+0+DOC+XML+V0%2F%2FFR). C’est un euphémisme de dire que les commémorations (si elles ont eu lieu) de ce 23 Août 2012 ont été, en France, très discrètes, surtout au regard d’autres commémorations plus communautaristes.

Heureusement qu’en Europe, d’autres Etats se souviennent. C’est le cas notamment des Etats baltes qui ont eu à souffrir dans leur chair de ces deux totalitarismes.

Devant cette absence française de mémoire, il n’est donc sans doute pas inutile de rappeler que le 23 Août 1939, il y a 73 ans,  fut signé le Pacte Molotov – Ribbentrop (officiellement « Pacte de non-agression entre le Troisième Reich allemand et l’Union des Républiques socialistes soviétiques ») qui, dans trois protocoles secrets, « distribuait » la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie, tous Etats souverains, entre les sphères d’influences de l’Allemagne nazie et de la Russie soviétique. Ce pacte scellait le destin de ces Etats pour plus de 50 ans, avec son cortège d’exécutions et de déportations.


Le 23 Août 1989, en protestation contre leur occupation (effective en Juin 1940) issue du dit-Pacte Molotov – Ribbentrop, environ deux millions de Baltes formèrent une chaîne humaine de 600 kilomètres de Tallinn à Vilnius via Riga. Ils demandaient la reconnaissance des protocoles secrets du Pacte et leur retour à l’indépendance. Que l’on imagine l’exploit humain et logistique de former une telle chaîne, au nez et à la barbe de l’occupant !


Mais cette chaîne, qui a pu rappeler au monde libre que des Etats jadis libres et indépendants étaient toujours asservis par l’Union soviétique du « bon » M. Gorbatchev, avait été précédée en Lituanie d’un événement encore plus courageux.

En effet, le 23 Août 1987, il y a juste 25 ans, environ 3 000 Lituaniens se sont rassemblés à Vilnius devant la statue d’Adomas Mickevičius (en polonais Adam Mickiewicz), à côté de l’église Sainte-Anne, à l’appel de la Ligue Lituanienne pour la Liberté (Lietuvos Laisves Lyga). On soulignera le courage des participants, scandant « Liberté, liberté », chantant l’hymne national lituanien interdit, dénonçant là aussi le pacte Molotov – Ribbentrop et réclamant la liquidation de ses conséquences.


Aujourd’hui, autant les crimes des nazis ne sont pas – à juste titre - restés impunis, autant l’Allemagne, notamment avec le chancelier Willy Brandt dès 1970, a demandé pardon pour les crimes des nazis, autant la plupart des crimes commis par les soviétiques sont restés, eux, sans sanction. Pire : la Russie d’aujourd’hui nie toujours qu’il y ait eu occupation des Etats baltes, et accuse même ceux-ci de glorifier le nazisme (sic) sous prétexte qu’ils accusent l’Union soviétique d’avoir attenté à leur liberté !

Une journée de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme n’est donc pas superflue. Dommage que certains pays semblent rechigner à s’y associer.  


  

mercredi 15 août 2012

Le pouvoir de la dérision contre la paranoïa ?



La paranoïa est un trouble mental qui se manifeste notamment par un sentiment de persécution pouvant aller jusqu’à l’irrationalité et le délire. Les patients ne se considèrent généralement pas comme des malades, leurs capacités d’introspection et de remise en question étant faibles.

L’actualité récente nous a offert deux cas caractéristiques de paranoïa que certains ont décidé de traiter par la dérision.

Le 4 Juillet, un petit avion affrété par société de relations publiques suédoise, appelée « Studio Total », a franchi la frontière entre la Lituanie et le Bélarus pour larguer au-dessus des faubourgs de Minsk plus de 800 ours en peluche portant des slogans demandant la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme.


Les autorités ont d’abord nié l’évidence (des photos et des vidéos ont été mises immédiatement en ligne sur internet). Ce n’est que le 26 Juillet que le Président bélarusse, Alexandre Loukachenka, a reconnu de facto les faits et le 31 a limogé le chef de la défense aérienne, le Général Dmitri Pakhmelkine et le patron des gardes-frontières, le Général Igor Ratchkovski. Il faut dire que ce petit avion se jouant de la défense aérienne, mise en place à grands frais par le Bélarus et la Russie, ça faisait un peu désordre et l’incident a été perçu comme une humiliation !

Depuis, le Bélarus et la Suède s’expulsent leurs diplomates à tour de bras, et le Comité Politique et de Sécurité de l’UE s’est réuni le 10 Août pour décider …… qu’il allait peut-être revoir les sanctions imposées au Bélarus en Octobre. En attendant, un étudiant en photo journalisme, Anton Suryapin, est détenu depuis le 13 Juillet (à l’époque où les autorités bélarusses affirmaient qu’il ne s’était rien passé !) pour avoir publié des photos des nounours sur son site internet !! De même un autre Bélarusse, Sergei Basharimov, accusé de complicité dans le cadre d’une « intrusion illégale » au Bélarus, pour avoir loué une chambre à un Suédois chargé de manager le « bombardement » au sol !

En marge, on ajoutera que Loukachenka (qui préside aussi le Comité olympique bélarusse) avait exigé que ses athlètes ramènent 25 médailles des JO de Londres. Comme la moisson n’a été que de 13 médailles, il a accusé les juges de favoriser « ceux qui payent plus. Ils détruisent les sportifs et humilient les Etats ». Sans doute que le cas de dopage, qui a privé la lanceuse de poids Nadezhda Astapchuk de sa médaille d’or, est également un complot des juges……  

Vous avez dit paranoïaque ?

Un autre exemple est donné en Russie.

Le 21 Février 2012, 5 jeunes femmes d’un obscur groupe de punk-rock féministe, « Pussy Riot », pénètrent masquées dans l’église du Christ Rédempteur à Moscou et interprètent devant l’autel une chanson demandant « Marie mère de Dieu – chasse Poutine », un happening destiné à dénoncer la collusion de l’Eglise orthodoxe avec le pouvoir politique. La police est rapidement intervenue, a pris les identités de trois des chanteuses (les 2 autres s’étant échappées), mais n’a procédé à aucune arrestation, n’a pas confisquée la vidéo tournée à cette occasion et n’a ouvert d’enquête contre personne. Car c’était sans doute de mauvais goût aux yeux de certains, mais il n’y avait peut-être pas de quoi fouetter un chat.  


Ce n’est que 15 jours plus tard, quand la vidéo est devenue virale sur You Tube que les choses se sont gâtées, et que les trois jeunes femmes arrêtées. Elles sont depuis en détention préventives et risquent 7 ans de camp ! Alors que les personnes accusées de crimes non-violents sont très rarement mises en préventive.

Mais il semblerait que le Patriarche Kirill lui-même ait appelé Poutine pour que le « sacrilège » et ce « crime pire qu’un meurtre » soient punis. Ce qui est dans la droite ligne de ses déclarations passées, estimant que manifester était antichrétien et que l’ère Poutine était un « miracle de Dieu ». Certains au sein même de l’Eglise orthodoxe contestent toutefois cette attitude et rappellent que « la foi chrétienne, c’est la miséricorde et l’amour ». D’autant que le mode de vie luxueux du patriarche n’en fait pas un parangon de vertu !

Vladimir Poutine lui-même semble avoir pris la mesure du risque qu’il y aurait à faire des punkettes des martyres, allant jusqu’à déclarer : »… à mon avis, il ne faut pas les juger trop sévèrement ». Résultats – en principe – ce 17 Août. Mais, à voir les réactions, il se pourrait que le « mal » soit déjà fait pour le régime poutinien.  

Paranoïa : « sentiment de persécution pouvant aller jusqu’à l’irrationalité ». On est en plein dedans ! 

mardi 14 août 2012

JO de Londres : les médaillés lituaniens et lettons



Quelle que soit la taille d’un Etat, les résultats de ses athlètes aux Jeux Olympiques sont scrutés à la loupe par ses dirigeants. Qu’on se souvienne de la réaction du Président Medvedev après l’échec des sportifs russes aux JO d’hiver de Vancouver (Le Président du Comité olympique avait été démissionné), où la Russie avait terminée à une humiliante 11e place.

En tant que « petits pays », les Etats baltes ne font pas exception.

La Lituanie a réalisé à Londres ses meilleurs Jeux, ramenant 2 médailles d’or, 1 médaille d’argent et 2 de bronze. 56e à Pékin, elle finit 34e au classement général à Londres, devant des pays comme le Canada, la Suède et l’Irlande. 

Indubitablement, une des grandes surprises de ces Jeux fut la médaille d’or de la jeune nageuse Rūta Meilutytė, 15 ans, en 100 mètres brasse. Vivant et s’entraînant en Grande-Bretagne, elle a eu le bon goût de préciser qu’elle n’abandonnerait jamais la citoyenneté lituanienne.



L’autre médaille d’or a été gagnée (au demeurant haut la main) par la pentathlète Laura Asadauskaitė, 28 ans, qui apparaissait dans la liste des sportifs lituaniens susceptibles de rapporter une médaille :
Laura Asadauskaitė a obtenu l’an dernier un Masters en politique et administration de l’Union Européenne à l’Université Mykolas Romeris de Vilnius.


Jevgenijus Šuklinas, 26 ans, a remporté, lui, la médaille d’argent en canoë monoplace sprint (200 mètres). Jevgenijus Šuklinas est étudiant à l’Université Mykolas Romeris……


Les médailles de bronze sont à mettre à l’actif du lutteur Aleksandras Kazakevičius, 26 ans (lutte gréco-romaine – 74 kg) et du boxeur (poids légers)  Evaldas Petrauskas, 20 ans.





La Lettonie, avec une médaille d’or et une de bronze, est légèrement en deçà de sa moisson de Pékin, mais Māris Štrombergs a, une fois de plus, sauvé la mise. Elle termine 49e sur 85 pays ayant reçu des médailles et 204 pays participant. 

Tout comme à Pékin, Māris Štrombergs, 25 ans, a été sacré champion olympique de BMX. On notera que, depuis sa première participation en 1924, la Lettonie a rapporté en tout 3 médailles d’or, dont deux grâce à Māris Štrombergs !  


La paire lettone de beach volley, Mārtiņš Pļaviņš et Jānis Šmēdiņš, a été une des sensations du tournoi pour avoir battu la paire américaine en quart de finale. Battus par les Brésiliens en demi, ils ont disposé des Néerlandais pour la médaille de bronze.



Je laisse à d’autres plus compétents que moi le soin de commenter le résultat de l’Estonie, qui est apparemment décevant. Mais les Estoniens peuvent toujours se consoler en se disant qu’ils font mieux que les Autrichiens ou les Israéliens qui, eux, n’ont rapporté aucune médaille !

jeudi 2 août 2012

Ma présence bientôt en pointillés !


A partir de ce lundi 6 Août, je vais être par les monts et par les plaines, jouant les guides touristiques au profit d’un ami letton.

D’abord à Paris (6 – 13 Août) :


Puis en Touraine (13 – 22 Août) :



Puis, histoire de ne pas m’arrêter brusquement, un mariage (pas le mien !) le week-end 25 – 26 Août dans la région de Saint-Etienne.



Vous l’avez compris, la mise à jour du présent blog pendant cette période relèvera au minimum du hasard, voire du miracle ! Je resterai toutefois joignable sur mes médias habituels.  

2 Août 1945 : fin de la Conférence de Postdam


A la Conférence de Yalta (4 – 11 Février 1945), les trois grands alliés contre l’Allemagne (Grande-Bretagne, Etats-Unis et U.R.S.S.) s’étaient mis d’accord pour adopter une stratégie commune pour hâter la fin de la guerre et pour régler le sort de l’Europe après la défaite – prévisible – de l’Allemagne.  On y décide notamment que les Etats libérés pourront choisir le système politique qu’ils souhaitent. Promesse que Staline n’a nullement l’intention de tenir, mais promesse à laquelle Roosevelt, naïf et déjà malade, croit. D’ailleurs, Staline violera très rapidement les accords (par exemple, coup d’état en Roumanie le 6 Mars 1945).

Conférence de Yalta : Churchill, Roosevelt, Staline

Les trois alliés se retrouvent à la Conférence de Postdam, dans la grande banlieue de Berlin, du 17 Juillet au 2 Août, période pendant laquelle se tiendront 9 réunions au sommet, afin d’éclaircir certains points jugés flous à Yalta. Mais Harry Truman a remplacé Franklin Roosevelt, décédé le 12 Avril 1945, et Winston Churchill, battu aux élections, est remplacé par Clement Attlee en pleine conférence. Staline, lui, reste inamovible.

Conférence de Postdam : Attlee, Truman, Staline

Vis-à-vis de l’Allemagne, les alliés se mettent d’accord pour qu’elle « ne puisse plus jamais constituer une menace pour ses voisins ou pour la paix du monde ». Elles fixent les réparations qui profitent surtout à l’URSS puisqu’en plus des prélèvements qu’elle peut effectuer dans sa zone d’occupation, elle bénéficie de 10 à 15 % des prélèvements en zone occidentale. On institue en outre les 4 D : démilitarisation, dénazification, décartellisation et démocratisation. L’occupation de l’ Allemagne,  divisée en quatre zones, est confirmée.

Les zones d'occupation de l'Allemagne

Le territoire de la Pologne est déplacé profondément vers l’ouest, la frontière occidentale avec l’Allemagne étant constituée par la ligne Oder – Neisse. Cette ligne Oder – Neisse sera longtemps considérée en Allemagne de l’Ouest comme inacceptable et le problème ne sera réglé, du moins sur le papier, que le 16 Janvier 1992, par la ratification des traités de bon voisinage et de frontières.  Ces changements territoriaux s’accompagnent de transferts démographiques à grande échelle. Presque tous les Allemands (11 millions) sont expulsés du nouveau territoire de la Pologne. Le nord de la Prusse orientale (Königsberg) revient à l’URSS, le sud à la Pologne.  

Le déplacement de la Pologne vers l'ouest

Par ailleurs, la conférence se séparera sans avoir clarifié le sort du Japon.   

« Curieusement », les accords n’évoquent à aucun moment le devenir des Etats baltes qui, est-il nécessaire de le rappeler, étaient des Etats souverains jusqu’à leur occupation et leur annexion par l’Union  soviétique à l’été 1940. Au contraire, un paragraphe de l’article VI du communiqué final indique implicitement qu’il n’y a rien entre la Pologne et l’Union soviétique !

Toutes les décisions prises étaient en principe provisoire, en attendant l’établissement d’un traité de paix. Mais ce codicille était bien dérisoire quand on voit que l’article XIII s’intitule « Transfert méthodique des populations allemandes » ……

On peut d’ailleurs considérer que la conférence de Postdam contient les prémisses de la guerre froide. A Yalta, Roosevelt espérait encore une évolution démocratique du régime soviétique. De plus, il avait besoin de l’URSS pour terminer la guerre contre le Japon et fit donc des concessions. Truman ne partageait pas l’optimisme, on peut même dire la naïveté de Roosevelt. Mais la conférence de Postdam consacrera néanmoins le triomphe de Staline, dont on a oublié le pacte de non-agression du 23 Août 1939 avec Hitler.  

mercredi 1 août 2012

Débats musclés sur le statut de la langue russe en Ukraine


Au moment où j’écris ces lignes, l’Ukrainien est la seule langue officielle de l’Ukraine, ce qui ne devrait pas constituer une surprise. Et pourtant !.....

L’Ukrainien est une des quatre langues de la famille des langues slaves orientales, avec le Russe, le Biélorusse et le Ruthène. (Le groupe slave de la famille des langues indo-européennes comporte, outre la famille orientale, la famille occidentale – polonais, tchèque, slovaque, etc.… -  et la famille méridionale – croate, bosnien, serbe, monténégrin, bulgare, macédonien, slovène, etc.…

Historiquement, après la chute de la Rus’, on assista en Ukraine au même phénomène qu’en Lituanie. Les aristocrates et la classe moyenne s’étant polonisés ou russifiés, seuls les paysans continuaient à s’exprimer dans la langue vernaculaire. Une exception notable fut le Hetmanat cosaque (XVIIe – XVIIIe siècles). Tout comme le Lituanien, l’Ukrainien ne renaquit qu’au XIXe, mais son expansion fut freinée par la politique de russification menée par l’Empire russe. Un décret du 18 Juillet 1863 interdit même son utilisation.

En 1917, l’Ukrainien devint la langue officielle de d’une éphémère République Populaire Ukrainienne. Mais, après la chute de celle-ci, l’Ukrainien et le Russe devinrent les deux langues officielles de la République Socialiste Soviétique d’Ukraine. Les tentatives d’ukrainisation furent toutefois stoppées par Staline dans les années 1930. A l’indépendance, l’Ukrainien devint la seul langue officielle. Il n’en demeure pas moins que les grandes villes de l’est de l’Ukraine sont russophones, alors que tout est réglementairement écrit en Ukrainien. On a là un exemple de diglossie (Etat dans lequel deux variétés linguistiques coexistent sur un même territoire).  


L’adoption du Russe comme seconde langue officielle fit l’objet de promesses électorales en 1994 (Koutchma) et 2004 (Ianoukovytch). C’est une promesse qui revient aujourd’hui dans l’actualité.

Le 3 Juillet, après un mois de calme dû au Championnat d’Europe de football, la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien, ou plutôt la majorité du Parti des Régions du Président Ianukovytch, a voté par surprise, voire illégalement,  un projet de  loi controversé. Cette loi autoriserait les parlements régionaux à donner à toute langue le statut de langue officielle, à partir du moment où elle est utilisée par au moins 10 % de la population. Le Russe aurait ainsi le statut de langue nationale dans 13 régions d’Ukraine sur 27.  

Volodymyr Lytvyn

Pour être validée, cette loi doit être signée par le Président de la Rada, puis par le Président de la République. Le Président de la Rada, Volodymyr Lytvyn, Président du … Bloc Lytvyn, et le vice-président Mykola Tomenko, leader adjoint du parti Batkivschyna de Ioulia Tymochenko, annoncèrent leur démission le 4 Juillet. Mais le 6 Juillet, dernier jour de la session parlementaire avant les vacances, la Rada refusa d’inscrire la démission de Lytvyn et Tomenko à l’ordre du jour. Des manifestations éclatèrent un peu partout, notamment à Kyiv (y compris au sein même de l’hémicycle de la Rada), certains manifestants entamant une grève de la faim.

Bagarre à l'intérieur de la Rada

Le 31 Juillet, on apprenait que Lytvyn avait finalement signé la loi et que celle-ci avait été adressée au Président Ianoukovytch. Le parti Batkivschyna (Tymochenko) accusait immédiatement Lytvyn d’avoir « pris part au crime » en signant une loi anticonstitutionnelle. On en est actuellement là.

Bagarre à l'extérieur de la Rada

La question est très sensible en Ukraine. Pour beaucoup, le Russe c’est la langue de l’occupant, des  responsables de millions de morts notamment par l’Holodomor (extermination par la faim). D’autres, nés en Ukraine, ne comprennent pas pourquoi on ne les autorise pas à utiliser leur langue maternelle, le Russe. Le problème est le même en Estonie et en Lettonie. Autant dire qu’on n’est pas prêt de solder les problèmes créés par l’occupation soviétique.

Comme souvent : à suivre !