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mardi 8 février 2022

Publication de « Bons baisers de Moscou » d'Hélène Blanc


 

Hélène Blanc, docteur ès études slaves, a fait l'essentiel de sa carrière au CNRS.Elle est reconnue de longue date comme l’un des experts des mondes slave et est-européen. Ses travaux et ses documents politiques sur l’Est, la criminalité organisée (mafias, oligarchies) et les services secrets soviéto-russes, font autorité. Dès 2014, immédiatement après l'occupation et l'annexion de la Crimée, elle affirmait que Poutine ne s'arrêterait pas là ! Elle avait raison. Elle avait d'ailleurs déjà tiré la sonnette d'alarme dès 2004 dans KGB Connexion: Le système Poutine.

Certains de ses ouvrages ont été cosignés avec la regrettée politologue moldave Renata Lesnik, comme Les prédateurs du Kremlin, 1917-2009 en 2009 ou Russia Blues en 2012. J'avais particulièrement aimé Goodbye Poutine : Union européenne, Russie, Ukraine (2015), un ouvrage collectif écrit sous sa direction, avec encore Renata Lesnik mais aussi Françoise Thom. Hélène Blanc est tellement persuasive qu'elle a même réussi à me faire participer à son futur ouvrage sur les Russes blancs, à paraître en mars, "Les enfants de la Garde blanche..."

Aujourd'hui (ou plutôt samedi prochain 12 février 2022), en collaboration avec Claude André, « pseudonyme d'un grand connaisseur du monde slave », Hélène Blanc publie un thriller où réalité et fiction s'entremêlent, « Bons baisers de Moscou » (Ginkgo éditeur). Au-delà de l’intrigue policière, c’est un coup de projecteur très actuel sur la Russie d'aujourd'hui et son influence sur notre société française. Sur fond d’analyse géopolitique, c'est une plongée dans un monde étrange où des officines (les fameuses usines à trolls) ayant pignon sur rue œuvrent à manipuler l’opinion publique. Un thriller où, in fine, on ne sait plus très bien qui, entre la fiction et le réel, nourrit l'autre tellement il est réaliste ! 



vendredi 4 février 2022

4 février 1746 : naissance de Tadeusz Kościuszko

 


Il est vraisemblable que l'anniversaire passera inaperçu en France. Il n'est donc pas inutile de rappeler brièvement qui était Tadeusz Kościuszko, héros dans plusieurs pays (y compris aux États-Unis) et ses rapports particuliers avec la France, dont il avait été fait citoyen d'honneur en 1792. C'est d'autant plus justifié qu'il y a exactement trois ans, avec un groupe d'amis, j'avais visité sa maison natale près de Kossova au Bélarus (ci-dessous).

Tadeusz Kościuszko est donc né le 4 février 1746 dans une famille aristocratique du Grand-duché de Lituanie. Fils d'Officier, il intègre en 1765 une académie, fondée à Varsovie par le Roi Stanislas Poniatowski, destinée à former les Officiers et les haut-fonctionnaires. Dès 1768, il est déjà Capitaine. Quittant la Pologne-Lituanie au moment où la Confédération de Bar essaye de renverser le Roi Stanislas, il s’installe à Paris le 5 octobre 1769. Il y restera 5 ans, fréquentant principalement l'Académie Royale de peinture et de sculpture.



De retour en Pologne-Lituanie en 1774, donc après le premier partage de 1772 au profit de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie, Kościuszko s'aperçoit que son frère a dilapidé une grande partie de la maigre fortune familiale et qu'il ne peut donc obtenir un « office » dans l'armée. Il décide donc de repartir à Paris à l'automne 1775. C'est là qu'il apprend la révolte des Treize colonies américaines contre la domination britannique.

Il s'engagea alors comme volontaire dans la guerre d'Indépendance des États-Unis. Il s'y illustra par son héroïsme et fit montre de talent militaire, surtout dans les travaux de fortification (Philadelphie, West Point, Rhode Island, Yorktown, New York). George Washington le promut au grade de colonel du génie, puis, à la fin de la guerre, général de brigade. La nation américaine lui exprima sa reconnaissance en le faisant citoyen d'honneur et en lui octroyant des terres et une pension annuelle. 



Le 15 juillet 1784, Kościuszko embarque pour l'Europe. Le 26 août, il est de nouveau à Paris, puis s'installe à Siechnowicze aujourd'hui  au Bélarus. Ce n'est qu'en 1790, grâce à l'augmentation des effectifs militaires pour défendre les frontières de la Pologne contre ses voisins agressifs, que  le roi lui accorde un office de général, assorti d'un important salaire annuel de 12 000 zlotys.

On passera sur la guerre russo-polonaise (au cours de laquelle Kościuszko reçoit le commandement d'une division près de Kyiv) et sur l'insurrection dite de Kościuszko pour laquelle il se rend à Paris pour essayer d'obtenir le soutien de la France lors du soulèvement à venir. Il y reste jusqu'à l'été 1792. Mais les Français refusent de s'engager. Il est d’ailleurs globalement déçu par la Révolution française.

Le 10 octobre 1794, Kościuszko est blessé et capturé par les Russes à la bataille de Maciejowice . Il est emprisonné à Saint-Pétersbourg dans la forteresse Pierre-et-Paul. L'insurrection prend fin peu après avec la bataille de Praga, le 4 novembre 1794, et le massacre de près de 20 000 habitants de Varsovie par les troupes russes.

Gracié le 28 novembre 1796 par le nouveau Tsar Paul 1er, il part pour les États-Unis où il est considéré avec méfiance par le nouveau gouvernement fédéraliste. Il décide donc de retourner en France. Il arrive à Bayonne le 28 juin 1798 et rejoint les groupes d'immigrés polonais. Il refuse néanmoins le commandement des légions polonaises  au sein de l'armée française. Il rencontre le Premier Consul Napoléon Bonaparte le 17 octobre et le 6 novembre 1799  mais ne parvient pas à un accord avec lui. Il faut dire que Kościuszko déteste les ambitions dictatoriales de Napoléon qu'il qualifie de « fossoyeur de la république [française] ». En 1801, il s'installe à La Genevraye près de Paris dans la résidence de l'ambassadeur suisse et se tient à l'écart des questions politiques.

Après la chute de l'Empire en 1814 et 1815, Kościuszko rencontre le tsar Alexandre 1er une première fois à Paris puis à Braunau en Suisse.  Apprenant que le Royaume de Pologne, créé par le Congrès de Vienne, sera encore plus petit que le Duché de Varsovie, il qualifie cette entité de « plaisanterie ». Il s'installe en Suisse à Soleure. Il y succombe suite à un accident vasculaire cérébral le 15 octobre 1817, quelques jours après une chute de cheval.



Un monument à Tadeusz Kościuszko est érigé à Montigny-sur-Loing (France), à côté de La Genevraye où il a vécu une quinzaine d'années (ci-dessus).

A noter pour terminer, comme je le faisais remarquer en 2012, que Tadeusz Kościuszko fait partie de ces Lituaniens biélorusses que l’on croit polonais :

http://gillesenlettonie.blogspot.com/2012/04/ces-lituaniens-bielorusses-que-lon.html