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lundi 30 avril 2012

Calendrier culturel autour de la Lituanie

Le 9 Février 2012, j’avais assisté, au Ministère de la Culture français, au lancement d’un cycle de manifestations, regroupées sous le nom de « Voyage en Lituanie », destinées à mieux faire connaître les richesses culturelles du pays.



En espérant que la météo va bientôt inciter à sortir, voici un rappel de ces manifestations, auxquelles j’ai adjoint une journée concernant l’Ukraine, afin que ces événements ne restent pas connus que de quelques « happy few ». (A suivre également sur le site de l’Ambassade de Lituanie à Paris : http://fr.mfa.lt/index.php?1442159541)

29 Avril au 24 Mai 2012 – Eglise de la Madeleine à Paris – Exposition photographique « Vilnius » de Kęstutis Stoškus

6 Mai 2012 – Senlis – Journée Anne de Kyiv, Reine de France – www.ukraineartfrance.free.fr  

Jusqu’au 13 Mai 2012 – Sélestat  - Art contemporain – Exposition « Affinités, déchirures et attractions » au FRAC Alsace - http://www.culture-alsace.org/exposition-en-cours-affinites-dechirures-attractions,46815,fr.html

31 Mai 2012 – Salle Gaveau à Paris – Concert « Chœur à cœur » Enfants d’Europe / Paris-Vilnius, avec notamment la création mondiale de « Eglė la reine des serpents » pour récitant, chœur d’enfants et orchestre.  Réservation salle Gaveau et FNAC : http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musique-classique-ORCHESTRE-EXCELLENCE-FRANCE-GA315.htm

1er au 3 Juin 2012 – Fontainebleau – Le Festival de l’histoire de l’art, sur le thème des voyages, met la Lituanie à l’honneur – http://festivaldelhistoiredelart.com

7 au 10 Juin 2012 – Place Saint-Sulpice à Paris – La Lituanie au Marché de la poésie – http://poesie.evous.fr

7 au 10 Juin 2012 – Théâtre Les Ateliers à Lyon – L’écrivain lituanien Marius Ivaškevičius au Festival Text’Appeal

11 au 14 Octobre 2012 – Saint-Dié-des-Vosges  - Festival international de géographie  www.saint-die.eu/accueilfig - La Lituanie sera présentée par le biais d’une exposition « La Lituanie. Indépendance »

De l’automne 2012 à l’été 2013 – Centre Pompidou à Paris – Rétrospective intégrale des films de Jonas Mekas – http://jonasmekasfilms.com/diary/

Fin d’année 2012 – Cinémathèque française à Paris – L’intégralité de l’œuvre de Šarūnas Bartas

A partir du 11 décembre 2012 – Hôtel de Soubise à Paris  - Exposition « L’histoire méconnue des frontières de la Lituanie » au Musée des Archives nationales

NB : cette liste n’a aucunement la prétention d’être exhaustive. Les associations qui organisent des manifestations en rapport avec la Lituanie, mais aussi la Lettonie et l’Ukraine, peuvent toujours m’adresser leurs communiqués qui seront repris dans la revue de presse et sur la page Facebook de la Coordination des Associations France - Lituanie.

Jonas Mekas



samedi 28 avril 2012

Les Tatars lituaniens

La tenue à Riga, du 27 au 29 Avril, du Premier Forum Européen  des jeunes Tatars me donne un prétexte pour parler des Tatars en Lituanie.

Tout d’abord, une précision s’impose : il convient bien de parler de Tatars et non pas de Tartares. Tatars est un nom collectif donné à des peuples nomades d’origine turque qui envahirent une partie de l’Asie et de l’Europe au XIIIe siècle. Par exemple, la Horde d’Or de notamment Batu Khan (1243 – 1255), petit-fils de Gengis Khan, qui domina les principautés russes du XIIIe au XVe siècle. Quand au mot Tartare il désigne, dans la mythologie grecque, une prison située dans les Enfers ! Sans doute que, dans le passé, l’analogie a été faite pour montrer la cruauté des Tatars.

Les premiers Tatars furent amenés en Lituanie en tant que prisonniers à l’époque des Grands-ducs Mindaugas (1236 – 1263) et Traidenis (1269 – 1282). Plus tard, les Grands-ducs Gediminas (1316 – 1341), Algirdas (1345 – 1377) et Kęstutis (1381 – 1382) combattirent les Chevaliers Teutoniques avec l’aide de mercenaires Tatars qui s’installèrent avec leur famille et se virent accorder des terres et des privilèges. Mais c’est surtout le Grand-duc Vytautas (1392 – 1430) qui, lors de ses expéditions aux confins des steppes du Kiptchak en 1397, fit des milliers de prisonniers tatars.



On reparle des Tatars en 1812 lorsque, au cours de son séjour à Vilnius (28 Juin – 16 Juillet), Napoléon 1er crée le 3ème Régiment (lituanien) de Chevau-légers lanciers de la Garde Impériale, auquel est adjoint un Escadron de cavaliers tatars. Cet escadron, créé le 8 Octobre 1812, sera au départ commandé par le Lieutenant-colonel Mustapha Mura Achrnatowicz et sera fidèle jusqu’au bout de l’épopée impériale.


Aujourd’hui, il y aurait 3 235 Tatars en Lituanie. Principalement dans les régions de Visaginas, Vilnius, Kaunas et Trakai. Seuls environ 500 utiliseraient quotidiennement la langue tatare. La toponymie lituanienne reste toutefois marquée par les Tatars, car il y a à Vilnius une Totorių gatvė (rue des Tatars) et, à quelques kilomètres au sud de Vilnius, il y a un village qui s’appelle Keturiasdešimt Totorių (Quarante Tatars). 130 Tatars y vivent encore, la mosquée (ci-dessus), mentionnée pour la première fois en 1558, est toujours ouverte aux croyants et on y compte quatre cimetières tatars.  

    
Il existait au moins un Tatar lituanien mondialement connu : il s’agit de Charles Bronson (1921 – 2003), né aux Etats-Unis de père tatar lituanien (originaire de Druskininkai) et de mère lituanienne.




jeudi 26 avril 2012

Tchernobyl, le Bélarus et la Lituanie

Le 26 Avril 1986, à 1H23 du matin, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, alors dans la RSS d’Ukraine, explosait.


Des erreurs de manipulation, couplées avec de vraisemblables erreurs de conception du réacteur RMBK, ont provoqué des rejets d'éléments radioactifs d'une intensité équivalente à au moins 200 bombes d’Hiroshima et contaminant une bonne partie de l'Europe. 

Après l'explosion, l'URSS a envoyé en quatre ans 600 000 "liquidateurs", venant de toutes les Républiques, pour éteindre l'incendie et nettoyer la zone autour de la centrale. Des hommes et des femmes exposés à de fortes doses de radiation avec une protection minime, parfois même à main nue. La moitié d'entre eux étaient des militaires en service ou réservistes, obligés de participer. Les autres, des professionnels de la construction, divers métiers, incités financièrement. Aujourd'hui, bon nombre d'entre eux sont décédés, atteints de maladies diverses et souvent d'abord les plus jeunes. Les estimations de leurs associations et de certains scientifiques dépassent les 100 000 décès mais ce n'est pas reconnu par les organisations internationales. 

Aujourd'hui encore, soit 26 ans après, ce territoire est toujours interdit, gardé et surveillé en permanence par l'armée. L'air, l'eau, le sol, la faune et la flore sont contaminés pour des décennies, voire pour des siècles. L'équivalent du tiers de la France soit 160 000 km², est devenu impropre à l'agriculture.

Le Bélarus (alors RSS de Biélorussie) a été comparativement plus touché que l’Ukraine, 70 % des retombées du nuage radioactif s’étant effectuées sur le quart sud-est du pays. Mais les autorités se sont toujours efforcées de minimiser la portée des dommages. Le Un professeur de médecine nucléaire Iouri Bandajevsky, qui avait tenté de rétablir la vérité, a été envoyé pour huit ans de prison en 2001.

En 2007, en pleine guerre du gaz avec Moscou, le régime de Lukashenka a décidé de construire une centrale nucléaire à deux réacteurs, de 1 200 mégawatts chacun, à Astravets, sur la Neris, à environ une quarantaine de kilomètres en amont de Vilnius. Le paradoxe est que la construction doit être effectuée par la Russie. Moscou a accordé en 2011 à son voisin un prêt 10 milliards de dollars, avec une échéance sur 15 ans, pour ce projet qui prévoit qu'un premier réacteur entrera en exploitation en 2017 et un deuxième en 2018. Nul doute qu’en échange la Russie s’est assurée la loyauté politique de Minsk.

Le problème est que, même si Rosatom, le constructeur russe, assure que ses centrales ont sûres, le projet se déroule dans l’opacité la plus complète. Ni la Lituanie ni la Direction générale pour l’énergie de la Commission européenne n’ont été informées en détail du projet, alors la Convention d’Espoo sur l'évaluation de l’impact sur l’environnement dans un contexte transfrontalier de 1991 l’y oblige.

Il est même question que le Bélarus construise une deuxième centrale, selon une déclaration de Lukashenka début Avril 2012, lors d’une rencontre avec le Directeur général de l’AIEA (Agence internationale à l'énergie atomique). Si l’on ajoute que la Russie a posé en Février 2010 la première pierre d’une centrale de 2 x 1 250 mégawatts (VVER-1200) à quelques kilomètres de la frontière lituanienne dans l’exclave de Kaliningrad, tranches qui devraient entrer en activité en 2016 et 2018, on comprend que la Lituanie soit inquiète pour sa sécurité, mais aussi que certains se posent la question de l’utilité d’une autre centrale à Ignalina, qui a bien du mal a prendre forme. D’autant que l’oblast de Kaliningrad ne comptant environ que 930 000 habitants, un quart de la production de la future centrale suffira à la consommation interne……

Ecole de Toulogvitchi au Bélarus : "Le parti c'est l'esprit, l'honneur et la conscience de notre époque"

mercredi 25 avril 2012

6 Mai 2012 : Journée Anne de Kyiv à Senlis


Le Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne en France (CRCUF), en collaboration avec le comité de jumelage Senlis – Kyiv Petchersk organise à Senlis le 6 Mai une commémoration en  souvenir de la plus ukrainienne des reines de France : Anne de Kyiv.


Veuf de Mathilde de Frise, le Roi des Francs Henri 1er (1008 – 1060) se mit en quête d’une nouvelle épouse. Ce n’est qu’au bout de 4 ans qu’on lui signala Anne, fille de Iaroslav Vladimirovitch dit le Sage, Grand Prince de Kyiv, qui, favorable à l’ouverture, accepta la proposition.

Anne, dont on ne connaît pas avec exactitude l’année de naissance, arriva à Reims au printemps 1051 et le mariage eut lieu le 19 Mai 1051. Ils eurent quatre enfants, mais Henri Ier mourut brusquement à Vitry-aux-Loges le 4 août 1060. Aussitôt, Anne se retira au château de Senlis avec son fils Philippe, qui avait été sacré roi du vivant de son père. Baudouin V, oncle du roi mineur, fut désigné tuteur-régent. Anne vécut dès lors libre de tout souci politique, se retirant d’abord à l’abbaye de Saint-Vincent de Senlis. Un chroniqueur nous dit qu’elle aimait beaucoup Senlis, « tant par la bonté de l’air qu’on y respirait que pour les agréables divertissements de la chasse à laquelle elle prenait un singulier plaisir ».

En 1063, elle se remaria avec Raoul le Grand, comte de Crépy-en-Valois, qui venait de répudier sa femme, ce qui entraîna son excommunication. Les deux époux semblant si amoureux qu’on s’habitua finalement à leur union et qu’ils furent réadmis à la cour de Philippe 1er

Anne meurt … entre 1076 et 1089 et on ne sait pas non plus où elle a été enterrée. Depuis le XVIIe siècle, les érudits se posent la question de savoir si elle est rentrée en « Ukraine » pour terminer ses jours ou si elle a été inhumée en France. L’hypothèse la plus crédible pourrait être celle d’une inhumation en l’abbaye Saint-Vincent de Senlis (ci-dessous), qui était en quelque sorte son abbaye.  

Une statue à l’effigie d’Anne de Kyiv a été inaugurée à Senlis le 22 Juin 2005 par le Président ukrainien Viktor Iouchtchenko, lors de ce qui fut sa première visite officielle en France.





dimanche 22 avril 2012

22 Avril 1724 : naissance d’Emmanuel Kant à Königsberg


Depuis le IIe ou le IIIe siècle, des Baltes habitaient la région entre Vistule et Niémen : les Prūsai, ou Prussiens, ou encore Borusses. Au XIIIe siècle, le Duc Conrad 1er de Mazovie (Konrad I Mazowiecki) invita les Chevaliers Teutoniques à s’installer autour de Chełmno (en Allemand Kulm) en 1226 et à pénétrer sur les territoires prussiens. En 1231 commence une guerre de conquête qui sera le départ de la création de l’Etat monastique des Chevaliers teutoniques, après l’extermination des populations baltes. La Prusse devient alors une terre de colonisation allemande, les colons venant de tout le Saint-Empire prenant le nom du peuple qu’ils avaient exterminé, les Prussiens.


En 1255, l’Ordre Teutonique rase le vieux village borusse de Tvankste et édifie à son emplacement une ville du nom de Königsberg (Mont du Roi) dont les premiers édifices en pierre datent de 1257. Königsberg obtient une charte en 1286, rejoint la Ligue Hanséatique en 1340, devient la capitale de l’Ordre Teutonique en 1457, après la chute de Marienburg, puis capitale du Duché de Prusse en 1525, lorsque le Grand-Maître de l’Ordre Teutonique, Albrecht von Brandenburg-Ansbach, sécularise l’Etat monastique et se convertit au Luthéranisme. La première université de Königsberg, l’Albertina, ouvre ses portes en 1544.

Le Brandebourg et la Prusse sont réunis en 1618 sous l’égide de la branche protestante des Hohenzollern, et le Royaume de Prusse naît en 1701. C’est donc dans le Royaume de Prusse que naît à Königsberg, le 22 Avril 1724, dans une famille modeste, le jeune Emmanuel Kant. Sa jeunesse sera très marquée par le piétisme, mouvement religieux protestant dans lequel la piété personnelle et le sentiment religieux individuel sont préférable à la stricte connaissance de l’orthodoxie doctrinale. Il étudie la théologie, les mathématiques, la physique et la philosophie à l’Université de Königsberg mais doit devenir précepteur à la mort de son père en 1746. Il enseignera à cette même université de Königsberg à partir de 1755 et sera nommé professeur titulaire en 1770.
Statue d'Emmanuel Kant
C’est en 1781 que paraît la « Critique de la raison pure » (Kritik der reinen Vernunft), œuvre majeure de Kant pour laquelle j’ai un petit faible car elle était au programme de mon année de philo au lycée. Je reconnais qu’aujourd’hui, quand je lis ne serait-ce que les titres de chapitre, je n’y comprends plus grand-chose…… Kant meurt à Königsberg, dont il n’a jamais quitté la région, le 12 Février 1804. 

Le 13 Janvier 1945, l’Armée rouge lance son offensive vers Königsberg, qui résistera jusqu’au 11 Avril. Des atrocités sont commises de part et d’autre. Les accords de Postdam du 26 Juillet 1945 officialisent le partage de la Prusse orientale : le sud revient à la Pologne, le nord à l’URSS, Königsberg devenant Kaliningrad, du nom d’un proche de Staline, Mikhail Kalinin, membre du Politburo de 1926 à 1946, et Président du Présidium du Soviet suprême de 1922 à 1946. 

Mikhail Kalinin
En 2005, la Russie a fêté les 750 ans de Kaliningrad (sic), avec une affiche improbable : Poutine-Schröder-Chirac, les Présidents voisins, polonais et baltes, n’ayant pas été invités. La ville a gardé le nom de son hiérarque stalinien, même si des tentatives de lui redonner son ancien nom ou de l’appeler Kantgrad ont été faites dans les années 1991 - 1995.  

La tombe d’Emmanuel Kant a survécu à toutes ces vicissitudes et le philosophe repose toujours dans un mausolée au coin nord-est de la cathédrale.

Tombe d’Emmanuel Kant

On lira avec profit « De Königsberg à Kaliningrad » de Viviane du Castel, aux éditions de L’Harmattan.
   

samedi 21 avril 2012

A la Bibliothèque Polonaise de Paris

Je travaille (entre autres) actuellement sur le Général Liudvikas Mykolas Pacas (en Polonais Ludwik Michał Pac) qui, bien que relativement méconnu, a eu un destin peu ordinaire. On aura sans doute l’occasion d’en reparler.
Général Liudvikas Mykolas Pacas

Cette recherche m’a donné l’occasion d’entrer en contact et d’aller à plusieurs reprises à la Bibliothèque Polonaise de Paris, installée dans un ancien hôtel particulier du XVIIe siècle, 6 quai d’Orléans, à Paris IVe (dans l’île Saint-Louis) - http://www.bibliotheque-polonaise-paris-shlp.fr/. C’est en 1838 qu’est née cette bibliothèque, sous l’égide de la Société Littéraire (elle-même créée en 1832), à l’instigation de deux parrains prestigieux, Adam Mickiewicz et le Général La Fayette. 
La Bibliothèque Polonaise de Paris

Jeudi dernier, en attendant qu’une dame bénévole, ancienne professeur de Français, arrive pour me traduire un texte, on a mis entre mes mains un ouvrage pour moi extraordinaire. Quand je dis « entre mes mains », je devrais dire « entre mes mains gantées de blanc », tant le texte était vénérable, même s’il avait subi une restauration. Il s’agissait de « Les Chroniques et annales de Poloigne (sic) », publié en 1573 à Paris et édité avec privilège du Roi, ouvrage de circonstance écrit par le diplomate Blaise de Vigenère (1523 – 1596). Le texte des Chroniques est sur « Gallica » : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5455294n . Il a en outre laissé son nom à un système de chiffrement polyalphabétique.
Blaise de Vigenère

Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l’histoire de la Pologne et de la Lituanie, 1573 est la date de l’élection, le 11 Mai, d’Henri de Valois, duc d’Anjou, futur Roi Henri III de France, comme Roi de Pologne, Grand-duc de Lituanie, sous le nom d’Henryk Walesy en Polonais. Le livre de de Vigenère a pour objet de décrire le royaume sur lequel le nouveau Roi de Pologne est appelé à régner. Il contient d’abord une description de la géographie du pays, de ses institutions et des itinéraires que l’on peut emprunter pour se rendre de France en Pologne. En outre, la partie historique résume l’histoire des « Polaques » depuis leur origine jusqu’à l’élection d’Henri de Valois.
Henryk Walezy, Roi de Pologne, par Jan Matejko

Pour moi, qui suis un tant soit peu littéraire, tenir dans mes mains un ouvrage vieux de plus de 400 ans est quelque chose qui me remplit d’émotion, émotion que ceux qui ne voient la vie qu’à travers Internet, Facebook ou Twitter, ne peuvent sans doute pas ressentir. 

Merci donc à la Bibliothèque Polonaise, et surtout à sa bibliothécaire Magdalena pour sa disponibilité, sa compétence et sa convivialité. Et qui garde le sourire même quand je lui rappelle effrontément qu’Adam Mickiewicz ou Tadeusz Kościusko sont Lituaniens ……         

mercredi 18 avril 2012

La photo de la veille : rencontre


Arvydas Sabonis, Président de la Fédération Lituanienne de Basket-ball (2m20), et Dalia Grybauskaitė, Président de la République de Lituanie.



dimanche 15 avril 2012

Rappel opportun : M. Mélenchon et les Lituaniens


Les médias français ont en ce moment les yeux de Chimène pour une relique surréaliste du totalitarisme : M. Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle. Le but de ce post est de rappeler quelques saillies de ce dinosaure trotskiste (il a milité dans la mouvance « lambertiste » avant d’être sénateur, député européen et ministre PS, puis de revenir en 2008 à ses premières amours) contre les Baltes en général et les Lituaniens en particulier.

Donc M. Mélenchon, partisan du « non » au référendum du 29 Mai 2005 sur la Constitution européenne, a, dans le feu de l’action de la campagne, sorti péremptoirement à un contradicteur : « Les nouveaux entrants …… Qu’ils aillent se faire foutre. Les Lituaniens ?... T’en connais un, toi, de Lituanien ? Moi, j’en connais pas ! ».  Ce n’était pas très gentil, surtout venant d’un partisan du non, dont l’argument était de construire une Europe plus fraternelle. Bonjour la fraternité !!

Quelque temps plus tard, celui qui avait été Ministre de l’enseignement professionnel de 2000 à 2002, se prenait les pieds dans le tapis en confondant manifestement Lituanie et Lettonie sur son blog. Je cite : « En Lituanie, membre de l’Union Européenne, les autorités ont refusé leur carte d’identité à 400 000 personnes au motif qu’elles sont russophones ». Il emploie même à ce propos le terme de « purification ethnique », excusez du peu. Mais, manque de chance, la Lituanie a donné la citoyenneté lituanienne à tous ceux qui résidaient sur son territoire en 1991 !

Et il continuait : « En Lituanie, membre de l’Union Européenne, le parlement a décidé de verser des retraites aux anciens SS lituaniens ». Encore raté : il n’y a jamais eu, au contraire de la Lettonie et de l’Estonie, d’unité de SS lituaniens !  
L’affaire avait fait grand bruit en Lituanie. Un parlementaire avait demandé au Ministre des Affaires Etrangères que celui-ci exige des excuses en raison de « cette honte pour l’image de la Lituanie à la face du monde {…} basée sur le mensonge et la diffamation ». Le Président de la Communauté Lituanienne en France, qui avait écrit au Sénateur pour relever son erreur, avait reçu en réponse une lettre, je le cite, impubliable ! Seul le Lietuvos Rytas avait eu droit à une lettre d’excuse dans laquelle Mélenchon reconnaissait son faux pas et s’excusait, invoquant une « source sûre » qui l’aurait informé. Manifestement, il est plus préoccupé de son image dans la presse que de politesse vis-à-vis des Lituaniens. Encore que, plus récemment, divers journalistes se soient faits traiter de « connard de journaliste », de « petite cervelle », membre d’une « sale corporation voyeuriste et vendeuse de papier » ou encore de « perruches médiatiques », pour terminer par un récent (Mars 2012) « Vous êtes des imbéciles ! ». 
  
Mais, pour revenir aux Etats baltes, cette sortie de 2005 – 2006 ne lui a manifestement pas servi de leçon. En Mai 2010, dans un post où il vantait ses recettes (évidemment les seuls valables à ses yeux) pour sortir de la crise, il confondait encore les chiffres de la Lettonie et de l’Estonie. Au passage, ne pouvant pas s’empêcher d’être méprisant, il écrivait : « Ce sont les milliards injectés par notre chère « Union qui protège » dans l’économie lilliputienne de l’Estonie…… ». Là encore, pas de chance ; c’est la seule Lettonie qui a bénéficié d’un prêt du FMI, de l’UE, de la Banque mondiale, de la BERD, et de divers pays dont ……l’Estonie !
On notera qu’au Parlement Européen, M. Mélenchon siège au sein du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL), aux côtés de – notamment – l’eurodéputé letton Alfreds Rubiks, interdit de Parlement national en raison de ses efforts pour renverser par la force le gouvernement letton et ramener cette république sous contrôle soviétique...... 

Je dois beaucoup à M. Mélenchon, car c’est en réaction à ses propos honteux et haineux qu’en Février 2006 j’ai créé ce blog qui s’appelait alors « Gilles en Lituanie ». Je reconnais que j’aurais préféré avoir une autre raison de parler au départ de la Lituanie. Mais il n’est pas inutile de temps en temps de ressortir les cadavres des placards (et encore, je ne parle pas de ses jugements expéditifs du Dalaï Lama ou d’Alexandre Soljenitsyne !).           

samedi 14 avril 2012

14 Avril 1917, mort de Ludwik Lejzer Zamenhof

Le 14 Avril 1917 décédait à Varsovie Ludwik Lejzer Zamenhof (ci-dessous), médecin ophtalmologiste. Son nom ne serait sans doute pas passé à la postérité s’il n’avait établi les bases d’une langue construite, l’espéranto.

Le fait que Ludwik Zamenhof soit né à Białystok (le 15 Décembre 1859), ville de cette partie du Grand-duché de Lituanie (Užnemunė) rattachée  au Royaume de Prusse en 1795 avant de devenir possession russe après la paix de Tilsit de 1807, a son importance. De famille juive, ses langues d’usage sont le yiddish, le russe et le polonais. La ville de Białystok présente une grande diversité de nationalités, de religions, de langues et de mœurs, et les tensions, conduisant souvent à de graves incidents, sont récurrentes.

Le jeune Zamenhof pense que l’impossibilité de communiquer joue un grand rôle dans cette situation de tensions et qu'une passerelle linguistique ouvrirait la voie à des relations plus constructives. Son père, Markus, étant professeur d’Allemand et de Français, Ludwik se passionne rapidement pour les langues. Dès l’âge de 19 ans, il présente un projet baptisé « Lingwe Uniwersala » à ses camarades de lycée. Mais son père l’envoie étudier la médecine à Moscou puis à Varsovie et détruit ses travaux.

Ce n’est qu’en 1887, après avoir surmonté la censure et les problèmes financiers, qu’il arrive à publier un manuel en Russe sous le titre « Langue internationale » (Lingvo Internacia), adoptant le pseudonyme de « Doktoro Esperanto ». Un premier congrès mondial d’espéranto aura lieu à Boulogne-sur-Mer du 5 au 12 août 1905. Il réunit 688 participants de 20 pays.

Zamenhof maîtrisait le Russe, le Polonais, l’Allemand, l’Hébreu et le Yiddish, connaissait bien le Latin, le Grec ancien, l’Anglais et le Français, assez bien l’Italien, et avait quelques connaissances d’Araméen. Il avait en outre étudié le Volapük, autre projet de langue internationale qui échoua après une courte période de succès (1879 – 1889).

Même si on peut en comprendre tout l’intérêt, on peut se poser la question de la viabilité d’une langue construite. On doit toutefois reconnaître que l’espéranto est la seule langue construite qui a dépassé le stade de projet pour devenir une langue vivante avec des locuteurs actifs répartis dans la plupart des pays du monde. On peut dire que Ludwik Zamenhof fut l’homme qui a défié Babel !   



jeudi 12 avril 2012

Ces Lituaniens biélorusses que l’on croit polonais

Pahonie de Biélorussie


Quiconque s’intéresse peu ou prou à la Lituanie sait que cet Etat, qui fut le plus grand empire européen au XVe siècle en tant que Grand-duché de Lituanie, a englobé du début du XIVe siècle à 1793 (deuxième partage de la Pologne – Lituanie) ce qui est aujourd’hui la République de Bélarusse (qu’en France vous continuez à appeler Biélorussie……). Ça fait donc près de 5 siècles d’histoire commune. On notera d’ailleurs qu’à partir du XIVe siècle, le vieux biélorusse, proche du slavon, était la langue officielle du Grand-duché de Lituanie et le resta jusqu’en 1550. C’est dans cette langue qu’est rédigée en 1520 la version finale des statuts lituaniens.

Le Grand-duché de Lituanie en Europe au XVe siècle

On soulignera par ailleurs que la Pologne et la Lituanie ont toujours formés deux Etats distincts, même si les liens se sont resserrés après l’Union de Lublin (1569). Etaient Lituaniens tous ceux qui, indépendamment de leur langue, habitaient le territoire du Grand-duché, que ce soit le paysan lituanophone de Samogitie, le paysan russophone ou biélorussophone des environs de Vilnius, un marchand juif Litwak, etc.……

Le Grand-duché de Lituanie après l'Union de Lublin (1569)

Quiconque né avant 1793 sur le territoire du Grand-duché de Lituanie était donc Lituanien, tout au moins au sens historique. Mais qu’en était-il sur les plans ethnique, culturel et linguistique ?

Tadeusz Kościuszko
Prenons le cas de Tadevush Kastsiushka. Son nom ne vous dit rien ? Né le 4 Février 1746 dans le village de Merachoushchyna dans la région de Brest (alors Brest-Litovsk, Brest la lituanienne, aujourd’hui au Bélarus), « vainqueur du despotisme dans les deux hémisphères », il reçoit la citoyenneté des Etats-Unis en 1783, celle de la France le 26 Août 1792. Il est le commandant en chef des forces polono-lituaniennes lors de l’insurrection de 1794, participe à la création des Légions polonaises, rencontre Napoléon Bonaparte en 1799, émigre aux Etats-Unis puis en … Seine-et-Marne, avant de mourir en Suisse le 15 Octobre 1817. Son nom alors ? Tadeusz Kościuszko bien sûr (en Lituanien Tadas Kosciuška). Peut-on le réduire, comme le fait Wikipédia, à « Général polonais » ? Certes non.  

Adam Mickiewicz
Adam Mickiewicz (en Lituanien Adomas Mickevičius) né lui aussi dans la région de Brest, mais en 1798, donc 3 ans après que celle-ci ait été annexée par l’empire russe, a un parcours semblable : il passe son enfance à Navahrudak (Nowogródek en Polonais, Naugardukas en Lituanien, actuellement au Bélarus), il étudie à l’Université de Vilnius, enseigne à Kaunas, est emprisonné en 1823 au monastère des Basiliens à Vilnius, avant de s’exiler en 1829 à Rome puis, en 1830 à Paris. Il meurt en 1855 à Istanbul, où il était parti lever une légion polonaise contre les Russes. Même s’il écrivait en Polonais, peut-on le réduire à « Poète et écrivain polonais » ? Une fois de plus, certes non ! N’a-t-il pas écrit en tête de son Pan Tadeusz : « Lituanie ! Ô ma patrie ! » ?

De nombreuses familles nobles lituaniennes étaient originaires de Ruthénie blanche, comme on appelait alors la Biélorussie, ou y avaient leurs attaches. C’est au château de Varuta, près de Navahrudak, que le Grand-duc de Lituanie Mindaugas, qui venait de se convertir au christianisme, reçut les envoyés du grand maître de l’Ordre Teutonique et l’évêque de Kulm, qui lui apportèrent une couronne de Grand-duc. Un an après, en 1253, il sera le seul Roi couronné de Lituanie.  

Les ruines du château de Navahrudak en 1916

La période du Grand-duché de Lituanie a marqué la Biélorussie. Il suffit de comparer les armoiries historiques des deux Etats pour s’en rendre compte. La prospérité du Grand-duché et son caractère original de mosaïque culturelle et religieuse ont rejailli sur la Biélorussie et beaucoup voient encore dans cette époque un âge d’or. A l’issue de la Première Guerre mondiale, les intellectuels biélorusses libéraux avaient d’ailleurs choisi massivement de recréer un Grand-duché de Lituanie, rejetant une union avec la Pologne. Peut-être cela se fera-t-il un jour, il est toujours possible de rêver……

Vytis de Lituanie