Depuis le IIe ou le IIIe siècle, des Baltes habitaient la région entre Vistule et Niémen : les Prūsai, ou Prussiens, ou encore Borusses. Au XIIIe siècle, le Duc Conrad 1er de Mazovie (Konrad I Mazowiecki) invita les Chevaliers Teutoniques à s’installer autour de Chełmno (en Allemand Kulm) en 1226 et à pénétrer sur les territoires prussiens. En 1231 commence une guerre de conquête qui sera le départ de la création de l’Etat monastique des Chevaliers teutoniques, après l’extermination des populations baltes. La Prusse devient alors une terre de colonisation allemande, les colons venant de tout le Saint-Empire prenant le nom du peuple qu’ils avaient exterminé, les Prussiens.
En 1255, l’Ordre Teutonique rase le vieux village borusse de Tvankste et édifie à son emplacement une ville du nom de Königsberg (Mont du Roi) dont les premiers édifices en pierre datent de 1257. Königsberg obtient une charte en 1286, rejoint la Ligue Hanséatique en 1340, devient la capitale de l’Ordre Teutonique en 1457, après la chute de Marienburg, puis capitale du Duché de Prusse en 1525, lorsque le Grand-Maître de l’Ordre Teutonique, Albrecht von Brandenburg-Ansbach, sécularise l’Etat monastique et se convertit au Luthéranisme. La première université de Königsberg, l’Albertina, ouvre ses portes en 1544.
Le Brandebourg et la Prusse sont réunis en 1618 sous l’égide de la branche protestante des Hohenzollern, et le Royaume de Prusse naît en 1701. C’est donc dans le Royaume de Prusse que naît à Königsberg, le 22 Avril 1724, dans une famille modeste, le jeune Emmanuel Kant. Sa jeunesse sera très marquée par le piétisme, mouvement religieux protestant dans lequel la piété personnelle et le sentiment religieux individuel sont préférable à la stricte connaissance de l’orthodoxie doctrinale. Il étudie la théologie, les mathématiques, la physique et la philosophie à l’Université de Königsberg mais doit devenir précepteur à la mort de son père en 1746. Il enseignera à cette même université de Königsberg à partir de 1755 et sera nommé professeur titulaire en 1770.
Statue d'Emmanuel Kant |
C’est en 1781 que paraît la « Critique de la raison pure » (Kritik der reinen Vernunft), œuvre majeure de Kant pour laquelle j’ai un petit faible car elle était au programme de mon année de philo au lycée. Je reconnais qu’aujourd’hui, quand je lis ne serait-ce que les titres de chapitre, je n’y comprends plus grand-chose…… Kant meurt à Königsberg, dont il n’a jamais quitté la région, le 12 Février 1804.
Le 13 Janvier 1945, l’Armée rouge lance son offensive vers Königsberg, qui résistera jusqu’au 11 Avril. Des atrocités sont commises de part et d’autre. Les accords de Postdam du 26 Juillet 1945 officialisent le partage de la Prusse orientale : le sud revient à la Pologne, le nord à l’URSS, Königsberg devenant Kaliningrad, du nom d’un proche de Staline, Mikhail Kalinin, membre du Politburo de 1926 à 1946, et Président du Présidium du Soviet suprême de 1922 à 1946.
Mikhail Kalinin |
En 2005, la Russie a fêté les 750 ans de Kaliningrad (sic), avec une affiche improbable : Poutine-Schröder-Chirac, les Présidents voisins, polonais et baltes, n’ayant pas été invités. La ville a gardé le nom de son hiérarque stalinien, même si des tentatives de lui redonner son ancien nom ou de l’appeler Kantgrad ont été faites dans les années 1991 - 1995.
La tombe d’Emmanuel Kant a survécu à toutes ces vicissitudes et le philosophe repose toujours dans un mausolée au coin nord-est de la cathédrale.
Tombe d’Emmanuel Kant |
On lira avec profit « De Königsberg à Kaliningrad » de Viviane du Castel, aux éditions de L’Harmattan.
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