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samedi 13 janvier 2018

13 Janvier 1991 : l’armée soviétique tue 14 civils à Vilnius !


"Je me souviens pourquoi nous sommes libres"

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le 13 Janvier 1991 ?

A moins d’un événement personnel exceptionnel, vraisemblablement pas. En ce qui me concerne, mon État-major était en plein psychodrame international car l’opération « Tempête du désert » allait se déclencher en Irak 3 jours plus tard !

En Lituanie, les Lituaniens, eux, se souviennent parfaitement de ce 13 janvier 1991 : un quart de la population était à Vilnius pour défendre sa liberté et son indépendance retrouvée, tout au moins proclamée le 11 Mars 1990, contre les chars soviétiques.

14 d’entre eux, civils lituaniens sans arme, y ont laissé la vie, tués par les OMON près de la tour de télévision, des centaines d’autres (officiellement 702) ont été blessés. On ne me fera pas croire que, dans un système aussi verrouillé, aussi hiérarchisé que l’Union soviétique, le « bon » M. Gorbatchev, Président désigné (non élu) de l’URSS, chouchou des Occidentaux, n’était pas au courant. D’autant que, du 17 au 20 Janvier, les mêmes exactions se répétèrent à Riga (Lettonie). D'ailleurs, le choix même de la date de l’attaque, après des mois de blocus économique, alors que le monde entier avait les yeux tournés vers l’Irak, ne pouvait pas être un hasard.

"Morts pour la Liberté"

Et pourtant, les Lituaniens ont gagné face au totalitarisme.

Les soviétiques n’ont pas osé donner l’assaut au Parlement, protégé par des milliers de Lituaniens qui faisaient de leur corps un rempart. Dès le 13 Janvier, Boris Eltsine, Président élu de Russie, condamna l’attaque et reconnut la souveraineté des États baltes. A Moscou, 100 000 personnes descendirent dans la rue pour condamner la répression dans les Républiques baltes. On peut dire que, quelque tragique qu’il fut pour les Baltes, ce 13 Janvier 1991 marqua le début de la fin de l’URSS, et on ne peut que s’en réjouir. Finalement le 9 Février, les Lituaniens, toujours occupés par les soviétiques, votèrent à 90,4 % pour leur indépendance. Mais les soviétiques continueront à tuer, jusqu’au 31 Juillet 1991 lorsque 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens, sans armes, seront assassinés à Medininkai.

Devant le Parlement, à Vilnius

Aujourd’hui, la Fédération de Russie refuse toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des États baltes pendant 50 ans. Aujourd’hui, la Fédération de Russie refuse que Gorbatchev aille témoigner au procès des assassins de Janvier 1991. Aujourd’hui, certains (cf. Jirinovski) réclament même le retour (sic) des États baltes dans le giron de la Russie, selon vraisemblablement un scénario à la criméenne. Aujourd’hui, certains, propagandistes zélés face à des milliers de témoins, proclament que ce ne sont pas les OMON qui ont tiré, mais des « provocateurs ». Réécriture de l'histoire et désinformation sont décidément les deux mamelles de la Russie !



On me dira que c’est le passé. Est-on sûr que ce passé ne se reproduira jamais ? Au Royaume des Bisounours, sans doute !....... Les précédents de la Géorgie et de l'Ukraine sont là pour témoigner du contraire. Et pourquoi laisse-t-on des criminels soviétiques en liberté alors que l’on continue à juger des criminels nazis octogénaires ?


La liberté a un prix. 14 Lituaniens, et quelques jours plus tard 5 Lettons, ont payé ce prix de leur vie. 

Soyons vigilants afin que de telles exactions ne se reproduisent pas.

 

mercredi 3 janvier 2018

Natalka : deux ans déjà !


Le 4 janvier 2016 s'éteignait Nathalie Pasternak, « Natalka », âgée de 50 ans, après une très longue et pénible maladie. Née en France d'ascendance ukrainienne, elle s'est battue jusqu'au bout pour la patrie de ses ancêtres.

Devenue Présidente du Conseil représentatif des Communautés Ukrainiennes en France (CRCUF) pendant la Révolution Orange de 2004, elle a milité pour une meilleure compréhension de l'Ukraine en France, notamment pour celle de son combat pour la liberté et la dignité. On lui doit de nombreuses initiatives, comme l'envoi d'observateurs internationaux lors de diverses élections en Ukraine. On lui doit également un combat incessant dans les médias français, en particulier depuis l'Euromaïdan de fin 2013, pour s'opposer aux mensonges de la propagande russe et de ceux qui la soutiennent en France.



On s'était connus en 2010, à l'occasion d'une conférence croisée qu'elle avait organisée à Montmartre sur la lutte armée des résistances ukrainienne et lituanienne à l'occupation soviétique. J’avais alors rejoint les rangs de ceux qui, au sein de la Coordination France – Lituanie, avaient des liens privilégiés avec elle, au nom de quelques siècles d’Histoire commune. Depuis, Nathalie n'avait cessé de me témoigner son amitié, allant même jusqu'à me prêter son appartement rue du Baigneur pendant une semaine, alors qu’elle et sa famille étaient en Ukraine, pour que je puisse faire visiter Paris à un ami letton.

Pour l'anecdote, c'est à elle si persuasive que je dois d'avoir participé à la seule manifestation de toute ma vie, sur le boulevard Saint-Germain jusqu'à la fontaine Saint-Michel, pour protester contre l'occupation russe de la Crimée et la guerre fomentée et soutenue par Poutine dans le Donbass.

Le 5 janvier 2016, j'écrivais sur mon blog : « Cette nuit j'ai perdu une amie et l'Ukraine a perdu une grande Dame » ! Trois ans après, elle nous manque toujours !

Ce 4 janvier 2018, ses amis se recueilleront devant sa tombe au cimetière de Montmartre à 16H30, avant une cérémonie en la cathédrale Saint Volodymyr le Grand à 18H00.



Que Jean-Pierre son mari, Demian, Lily et Ivan ses enfants, trouvent ici le témoignage de mon admiration pour leur épouse et mère. Pour elle, continuons le combat pour l'Ukraine !

Remise du Prix Grégoire Orlyk à la Mairie du 6e arrondissement en 2013