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samedi 27 avril 2019

Élections en Lituanie en mai 2019





En mai 2019, les électeurs lituaniens vont devoir se rendre deux fois aux urnes mais pour cinq scrutins différents ! Il s'agit :

# Le 12 mai : * 1er tour de l’élection présidentielle

* Référendum sur la double nationalité
* Référendum pour réduire le nombre de siège au Parlement

# Le 26 mai : 

 * 2ème tour (vraisemblable) de l'élection présidentielle
* Élection des députés au Parlement européen

Le Président lituanien est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.  La présidente sortante, Dalia Grybauskaitė , ayant été élue (au premier tour avec 69,04 % des voix), et réélue en 2014, elle ne peut pas se représenter.
Les candidats à l'élection présidentielle sont au nombre de neuf (source : Fondation Robert-Schuman)
Saulius Skvernelis, actuel Premier ministre. Il se présente en candidat indépendant mais est soutenu par le Parti paysan et vert (LVZS) ;
Ingrida Simonyte, députée, ancienne ministre des Finances (2009-2012). Elle se présente comme candidate indépendante, mais est soutenue par l'Union de la patrie-Chrétiens-démocrates (TS-LKD), parti dont elle a remporté l'élection primaire qui a permis de désigner le candidat du parti au scrutin présidentiel en s'imposant en face de l'ancien ambassadeur de Lituanie en Russie, Vygaudas Usackas ;
Vytenis Povilas Andriukaitis (Parti social-démocrate, LSP), commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire depuis 2014, ancien ministre de la Santé (2012-2014), candidat malheureux à la présidence de la République en 1997 et 2002 ;
Valentinas Mazuronis, député européen (ALDE), ancien ministre de l'Environnement (2012-2014). Il se présente en candidat indépendant ;
Naglis Puteikis, président du Parti du centre (LCP), député, siège comme non-inscrit ; Il s'était présenté à l'élection présidentielle de 2014 et avait obtenu 9,32% ;
Valdemar Tomasevski, président de l'Action électorale des Polonais en Lituanie (LLRA), député européen (ECR). Il s'était déjà présenté en 2014 et avait obtenu 8,22% ;
Mindaugas Puidokas, député, élu sous l'étiquette du Parti paysan et vert (LVZS), siège dorénavant comme non-inscrit ;
Gitanas Nauseda, économiste, candidat indépendant ;
Arvydas Juozaitis, ancien nageur, philosophe, candidat indépendant.

Le sondage le plus récent (4 – 13 avril) de l'Institut Vilmorus indique que Ingrida Simonyte et Gitanas Nauseda sont au coude à coude à 27 %, suivis du Premier Ministre Skvernelis à 20 % et d' Andriukaitis à 10 %.

Ingrida Simonyte
Gitanas Nauseda


Le 12 mai a également lieu un double référendum constitutionnel, légalement contraignant :

# L'Union Lituanienne Agraire et des Verts (Lietuvos valstiečių ir žaliųjų sąjunga) est à l'origine d'une initiative populaire visant à abaisser de 141 à 121 le nombre de députés composant le Parlement lituanien, le  Seimas. L'argument est que la population lituanienne a drastiquement baissé. Pour pouvoir être adoptée, la proposition doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés et au moins un tiers du total des inscrits ; en outre, un quorum de participation de 50 % des inscrits doit être atteint.

# La double nationalité n'est autorisé en Lituanie qu'à titre exceptionnel. Or, la Lituanie est confrontée à une importante émigration d'une partie de sa population, qui, obtenant par naturalisation la nationalité des pays d'accueil, perd celle lituanienne et ne la transmet pas à ses enfants. Pour que la double citoyenneté soit légalisée, suite en l’occurrence à une initiative parlementaire, la proposition doit obtenir en sa faveur la majorité absolue des électeurs inscrits. A noter que cet amendement constitutionnel aurait pu être adopté par le Seimas mais que la Présidente Dalia Grybauskaitė a opposé par deux fois son veto.


Les onze Députés européens lituaniens seront élus le 26 mai. Les sièges sont répartis proportionnellement entre les listes ayant dépassé 5 % des suffrages exprimés. En 2014, la participation avait été de 47,31 %, les Lituaniens s'étant bien plus rendus aux urnes qu'en 2009 (20,98 %), mais légèrement moins qu'en 2004 (48,3 %). Tėvynės sąjunga était arrivé en tête avec 17,39 %, de très peu devant le Lietuvos socialdemokratų partija 17,27 % et le Lietuvos Respublikos liberalų sąjūdis 16,52 %, ces trois partis, ainsi que Tvarka ir teisingumas obtenant chacun 2 sièges.



lundi 15 avril 2019

Hommage au Capitaine de Vaisseau Brisson à Cabara (Gironde)

Le Capitaine de Vaisseau Jean-Joseph Brisson


Le samedi 6 avril 2019 a eu lieu à Cabara, localité de l'Entre-deux-Mers en Gironde, sur les bords de la Dordogne, l'inauguration de la cale ( = le petit port) Jean-Joseph Brisson, en présence de S.E. M. Imants Liegis, ambassadeur de Lettonie en France.

S.E. M. Imants Liegis, ambassadeur de Lettonie en France

Ceux qui s’intéressent à la Lettonie connaissent au moins de nom le Capitaine de Vaisseau Brisson. Honoré en Lettonie, mais aussi en Arménie, il n'est peut-être pas inutile de rappeler sa carrière brillante qu'il a terminée comme Vice-amiral et Grand Officier de la Légion d'Honneur.

Jean-Joseph Brisson est né le 5 mai 1868 à Cabara et entre à l’École Navale en 1886. Entre autres affectations, il fait la campagne du Dahomey en 1895 sur la canonnière « Onyx ». C'est le génocide arménien qui, en septembre 1915, alors qu'il commande le croiseur « Guichen », lui permet de se mettre en valeur. En effet, le 12 septembre 1915, de concert avec le « Desaix », il va sauver d'une mort certaine 4 080 Arméniens, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, fuyant les exactions turques sur les contreforts du Moussa Dagh (mont Moïse).

Capitaine de Vaisseau en 1916, il est chef d’État-major de la 3ème escadre en Méditerranée et se distingue une nouvelle fois en juin 1917 pour ses opérations menées au canal de Corinthe.

Plaque inaugurée à Cabara le 6 avril 2019

En mars 1919, il est nommé commandant à la fois du « Dunois » et de la Division navale de la Baltique. Les navires français intervinrent à Libau (Liepaja) et Memel (Klaipėda – Lituanie), mais c’est leur intervention, conjointement avec les Britanniques, à Riga le 15 Octobre 1919 qui rendra la marine française très populaire dans la capitale lettone, et ce jusqu’à nos jours. Il faut dire que l'action conjointe des forces navales franco-britanniques, aux ordres du Capitaine de Vaisseau Brisson, et des Missions Militaires française (Lieutenant-colonel du Parquet), américaine et britannique, a vraisemblablement permis de sauver l'indépendance de la Lettonie.  

Par la suite, l'Amiral Brisson sera nommé Sous-chef d’État-major de la Marine en 1922 et Major Général en 1928. Il prendra sa retraite en 1930 et décédera à Bordeaux le 25 juillet 1957. Il est inhumé au cimetière de Cabara.

Dans le cadre du centenaire de la guerre d'indépendance lettone, l'Amiral Brisson et le Lieutenant-colonel du Parquet devraient être particulièrement mis à l'honneur à Riga à la mi-octobre 2019.

Le Lieutenant-colonel du Parquet



mardi 9 avril 2019

Kurapaty : le Bélarus réhabilite-t-il Staline ?



Le Président Bill Clinton s'était recueilli à Kurapaty en 1994. La plaque commémorative a été vandalisée le 1er février 2019

Kurapaty est un lieu dans la banlieue de Minsk, capitale du Bélarus, où les agents du NKVD soviétique ( Narodniï Komissariat Vnoutrennikh Diel ou Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) ont assassiné des milliers de civils, biélorusses et autres, entre 1937 et 1941.

Les charniers de Kurapaty ont été découverts et la vérité n'a été connue qu'en 1988, quand Zianon Pazniak (plus tard fondateur du Front Populaire Bélarusse) et Yauhen Šmyhaliou ont publié un article « Kurapaty – la route de la mort ». Cela déclencha les premières manifestations de masse anti-soviétique dans la Biélorussie moderne.

Si les premières autorités du Bélarus indépendant ont attribué le statut de site de mémoire à Kurapaty, l'affaire reste sujette à controverses. Il faut dire que les autorités bélarusses actuelles rechignent à évoquer les répressions staliniennes, le Grande Terreur n'est pas traitée dans les livres scolaires et les historiens n'ont pas accès à la totalité des archives. On ne connaît même pas le nombre exact des victimes, que les historiens estiment entre 40 000 et 250 000 ! Le périmètre de la zone n'est même pas clairement délimité. Dans la « grande tradition soviétique » (cf . Le massacre de  Katyń en 1940), on a essayé en 1994 de mettre le massacre sur le dos des Allemands.

Les premiers incidents avaient déjà éclaté de septembre 2001 à juin 2002 quand des activistes de l'opposition avaient campé sur le site pendant 8 mois pour s'opposer à la construction d'une voie express qui aurait traversé le site en plein milieu. C'est à cette époque qu'ils avaient érigé des croix pour délimiter le site.



En 2009, des tombes de victimes du NKVD avaient été vandalisées.

En 2012, les autorités de Minsk approuvèrent la construction d'un centre de loisir dans la zone protégée. Devant les protestations, le Ministre de la Culture ….. déplaça les limites de la zone protégée, au grand dam des historiens et de la société civile. La construction a été achevée en 2015 mais demeure fermée.

En février 2017, c'est la construction d'un business center qui a remis le feu aux poudres. Cette fois, la protestation a pris un tour nettement plus politique, clairement anti-Loukachenko, le Malady Front (Front de la Jeunesse) recevant le soutien, outre des résidents locaux et de groupes de la société civile, des Chrétiens Démocrates, du Parti Civil Uni et du mouvement « Pour la Liberté ».



Ce 4 avril 2019, la police a bouclé le périmètre de Kurapaty, et des ouvriers forestiers ont commencé l'enlèvement des croix qui avaient été mises en 2001-2002. Il faut dire que le mois dernier, Loukachenko s'était plaint (pour quelle raison?) de la présence de ces croix. 15 manifestants qui tentaient de s'opposer à l'enlèvement des croix ont été arrêtés.



On en est là pour l'instant. Nul doute que les forces de l'ordre de cet État policier sauront garder la situation en main. Et ce n'est pas une surprise que l'autocrate de Minsk, à l'instar de son mentor du Kremlin, fasse preuve d'un tropisme notoire pour le dictateur Staline. Car, dans le même temps, on fleurit le « petit père des peuples » à 15 km de Kurapaty.


Voir également mon article du 5 décembre 2012 : « Belarus : qui en veut au site de mémoire de Kurapaty ? » http://gillesenlettonie.blogspot.com/2012/12/belarus-qui-en-veut-au-site-de-memoire.html