Le Président Bill Clinton s'était recueilli à Kurapaty en 1994. La plaque commémorative a été vandalisée le 1er février 2019 |
Kurapaty
est un lieu dans la banlieue de Minsk, capitale du Bélarus, où les
agents du NKVD soviétique
( Narodniï Komissariat Vnoutrennikh Diel ou Commissariat
du peuple aux Affaires intérieures)
ont assassiné des milliers de civils, biélorusses et autres, entre
1937 et 1941.
Les
charniers de Kurapaty ont été découverts et la vérité n'a été
connue qu'en 1988, quand Zianon Pazniak
(plus
tard fondateur du Front Populaire Bélarusse) et Yauhen
Šmyhaliou
ont publié un article « Kurapaty – la route de la mort ».
Cela déclencha les premières manifestations de masse
anti-soviétique dans la Biélorussie moderne.
Si
les premières autorités du Bélarus indépendant ont attribué le
statut de site de mémoire à Kurapaty, l'affaire reste sujette à
controverses. Il faut dire que les autorités bélarusses actuelles
rechignent à évoquer les répressions staliniennes, le Grande
Terreur n'est pas traitée dans les livres scolaires et
les historiens n'ont pas accès à la totalité des archives. On ne
connaît même pas le nombre exact des victimes, que les historiens
estiment entre 40 000 et 250 000 ! Le périmètre de la zone
n'est même pas clairement délimité. Dans
la « grande tradition soviétique » (cf . Le
massacre de Katyń
en 1940), on a essayé en 1994 de mettre le massacre sur le dos des
Allemands.
Les
premiers incidents avaient déjà éclaté de septembre 2001 à juin
2002 quand des activistes de
l'opposition avaient campé sur le site pendant 8 mois pour s'opposer
à la construction d'une voie express qui aurait traversé le site en
plein milieu. C'est à cette époque qu'ils avaient érigé des croix
pour délimiter le site.
En
2009, des tombes de victimes du NKVD avaient été vandalisées.
En
2012, les autorités de Minsk approuvèrent la construction d'un
centre de loisir dans la zone protégée. Devant les protestations,
le Ministre de la Culture ….. déplaça les limites de la zone
protégée, au grand dam des historiens et de la société civile. La
construction a été achevée en 2015 mais demeure fermée.
En
février 2017, c'est la construction d'un business
center
qui a remis le feu aux poudres. Cette
fois, la protestation a pris un tour nettement plus politique,
clairement anti-Loukachenko, le Malady
Front
(Front
de la Jeunesse) recevant le soutien, outre des résidents locaux et
de groupes de la société civile, des Chrétiens Démocrates, du
Parti Civil Uni et du mouvement « Pour la Liberté ».
Ce
4 avril 2019, la police a bouclé le périmètre de Kurapaty, et des
ouvriers forestiers ont commencé l'enlèvement des croix qui avaient
été mises en 2001-2002. Il faut dire que le mois dernier,
Loukachenko s'était plaint (pour quelle raison?) de la présence de
ces croix. 15 manifestants qui tentaient de s'opposer à l'enlèvement
des croix ont été arrêtés.
On
en est là pour l'instant. Nul doute que les forces de l'ordre de cet
État policier sauront garder la situation en main. Et ce n'est pas
une surprise que l'autocrate de Minsk, à l'instar de son mentor du
Kremlin, fasse
preuve d'un tropisme notoire pour le dictateur Staline. Car, dans le
même temps, on fleurit le « petit père des peuples » à
15 km de Kurapaty.
Voir
également mon article du 5 décembre 2012 : « Belarus
: qui en veut au site de mémoire de Kurapaty ? »
http://gillesenlettonie.blogspot.com/2012/12/belarus-qui-en-veut-au-site-de-memoire.html
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