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mercredi 30 mai 2012

Encore absent !


Je vais être encore parti ces 30 et 31 Mai. Cette fois c’est pour Paris. Il faut dire qu’en toute objectivité il se passe plus de choses à Paris qu’à Langeais ……

Je me rends au Service Historique de la Défense (Vincennes) et à la Bibliothèque Polonaise (dans l’île Saint-Louis) afin de finaliser mes recherches sur le Général comte lituanien Liudvikas Mykolas Pacas (1778 – 1834), sur lequel j’écris un long article destiné à paraître dans les « Cahiers Lituaniens ». En ayant notamment un ultime espoir de lever l’ambiguïté sur sa date et son lieu de naissance. 

Le Général comte Liudvikas Mykolas Pacas


lundi 28 mai 2012

Les raisons de la campagne de Russie


Pour comprendre le pourquoi de la campagne de Russie, il faut remonter jusqu’en 1806. Le 1er Octobre 1806, l’Angleterre, la Russie, la Suède et la Prusse ont formé la quatrième coalition, cette dernière refusant la constitution par la France de la Confédération du Rhin. Après les victoires françaises d’Iéna et d’Auerstaedt (14 Octobre 1806), l’Empereur Napoléon 1er fait son entrée à Berlin le 27 Octobre 1806.

Entrée de Napoléon 1er à Berlin
C’est à Berlin, le 21 Novembre 1806, que Napoléon signe un décret lourd de conséquences pour l’avenir. Ce décret instaure en effet officiellement le blocus continental contre l’Angleterre, précisant notamment que tout commerce avec le Royaume-Uni est totalement interdit, que toutes marchandises britanniques présentes sur le continent seront confisquées et que tout navire ayant mouillé dans un port britannique sera dit « de bonne prise ».

Après les défaites russes d’Eylau (8 Février 1807) et surtout de Friedland (14 Juin 1807), les Français prennent Königsberg le 16 Juin et atteignent le Niémen le 19 Juin 1807. Le Tsar Alexandre 1er est pressé par son entourage de solliciter un armistice. Le 25 Juin 1807, entre 13H et 14H30, le Tsar de toutes les Russies et l’Empereur des Français se rencontrent sur un radeau de luxe au milieu du Niémen, à Tilsit. Par le traité qui est signé le 7 Juillet 1807, la Russie est contrainte de s’associer au blocus continental. 

Entrevue de Tilsit sur le Niémen

Mais les accords de Tilsit furent mal accueillis à Saint-Pétersbourg. Le Tsar Alexandre 1er craignit de subir le sort de son père, Paul 1er, assassiné le 12 Mars 1801 car jugé trop francophile par son entourage. Il voyait aussi d’un mauvais œil la reconstitution de facto, sous le nom de Duché de Varsovie, d’un Royaume de Pologne gouverné par le Roi de Saxe, allié de la France. Mais surtout, l’application du blocus continental ruinait le commerce de la Russie. Enfin, le renversement d’alliance, entraîné par le mariage en 1810 de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche, déplut fortement au Tsar.

De son côté, Napoléon accusait la Russie de ne montrer aucune volonté à appliquer les règles du blocus continental. Les deux souverains s’étaient pourtant revus à l’entrevue d’Erfurt (27 Septembre – 14 Octobre 1808) et avaient renouvelé alors leur alliance contre l’Angleterre.

Profitant de sa victoire sur les Turcs (voir http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/05/campagne-de-russie-28-mai-1812-traite.html), le Tsar envoya le comte Robert von Nesselrode pour essayer de convaincre Napoléon de ses intentions pacifiques. Mais l’Empereur refusa de recevoir Nesselrode, n’ayant pas oublié que ce jeune diplomate, alors en poste à Paris, avait eu connaissance d’armements secrets de la France en 1807 et avait transmis les renseignements au Tsar. Ayant compris que la guerre était inévitable, Alexandre 1er prit alors les dispositions défensives selon le plan établi par le Général allemand Pfühl, au service de la Russie.  
Le comte von Nesselrode

A la veille de la campagne de Russie, la majorité des diplomates européens croyaient à la victoire de Napoléon, car celui-ci est au faîte de sa gloire, malgré la suprématie navale anglaise et l’épine de la Guerre d’Espagne. En Europe continentale, seule la Russie, avec la Suède, contestait cette suprématie. On sait la campagne ne se déroulera pas comme espéré par l’Empereur des Français……

(à suivre)


dimanche 27 mai 2012

CAMPAGNE DE RUSSIE - 28 Mai 1812 : traité de Bucarest



C’est une tautologie d’écrire que 2012 est l’année du bicentenaire de la campagne de Russie…… Ce blog rappellera un certain nombre d’événements marquants de ce conflit. Le premier d’entre eux est le traité de Bucarest qui permit à la Russie d’entrer en guerre.  

Le traité de Bucarest, signé le 28 Mai 1812 entre l’Empire russe et l’Empire ottoman, mit fin en effet à la huitième guerre russo-turque et permit au Tsar Alexandre 1er d’avoir les mains libres au sud pour pouvoir se consacrer uniquement au conflit qui se profilait contre la France.
Karageorges

Suite à l’élimination physique de leurs leaders par les Ottomans, 300 chefs serbes décident, le 14 Février 1804, d’entreprendre de lutter contre les Turcs, se choisissant Đorđe Petrović Karađorđe (Karageorges - ci-dessus) comme chef. Cherchant des soutiens, le Tsar Alexandre 1er ne leur promet au départ qu’un appui financier. Mais le traité de Presbourg (26 Décembre 1805), signé entre l’Autriche et la France, permet à cette dernière de prendre pied dans les Balkans, sur la côte adriatique : ce sont les futures Provinces Illyriennes, d’abord occupées puis fondées par décret du 14 Octobre 1809.

Les provinces illyriennes

Or, pour se maintenir dans cette région, Napoléon cherche l’appui de l’Empire ottoman et envoie le Général Horace Sébastiani à Constantinople. Fort de ce nouveau soutien, le sultan Selîm III Djihândâr ferme les détroits permettant l’accès à la Mer Noire. En réaction, la Russie envahit les provinces danubiennes (principautés de Moldavie et de Valachie). En Novembre 1806, le sultan déclare la guerre à la Russie. Dès Janvier 1807, la flotte britannique menace Constantinople, puis Alexandrie, sans réussir à débarquer. Les Russes font leur jonction avec les troupes serbes en Juin 1807 et les Ottomans mettent le siège à Bucarest.
 
Le Sultan Sélim III
La paix de Tilsit (7 Juillet 1807) met fin au conflit, Napoléon 1er, par l’armistice de Slobozia, exigeant qu’Alexandre 1er évacue ses troupes des Balkans. Les serbes sont les grands sacrifiés de l’affaire et restent officiellement sous domination ottomane.

Mais la situation change à nouveau en 1808. Lors de l’entrevue d’Erfurt (Septembre – Octobre 1808), Napoléon promet au Tsar la Valachie et la Moldavie, de façon à avoir les mains libres en Espagne. La guerre entre la Russie (et son alliée serbe) et l’Empire ottoman reprend en Mars 1809. Les Ottomans menacent Belgrade. Les Serbes ne doivent leur salut qu’à l’intervention du Prince Bagration depuis la Moldavie. La Russie installe des garnisons en Serbie. Mais Alexandre 1er qui sent monter le conflit avec la France offre la paix au sultan Mahmoud II.
Le Tzar Alexandre 1er 

Le 28 Mai 1812 est donc signé le traité de Bucarest (le signataire pour la partie russe est Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov. Ce succès lui vaudra d’être élevé aux dignités de Prince et de feld-maréchal). La Russie évacue les provinces danubiennes mais conserve la Bessarabie (région aujourd’hui partagée entre la Moldavie et l’Ukraine). Les Serbes doivent accepter le rétablissement de la souveraineté ottomane, mais leur révolte continuera jusqu’en 1813.
Mikhail Koutouzov

Le Tsar Alexandre 1er avait donc désormais les mains libres au sud et pouvait envisager l’avenir avec plus de sérénité. 

Les provinces danubiennes

L'Empire français en 1811

vendredi 25 mai 2012

Le Riga Art Nouveau d’Eižens Laube

Eižens Laube


Entre 1858 et 1865, les remparts de la vieille ville de Riga (qui, rappelons-le, faisait partie çà l’époque de l’Empire russe tsariste) ont été détruits, ce qui fut le signe d’un nouvel essor de la ville. En même temps, comme était levée l’interdiction de construire en dur au-delà de la ceinture de boulevards qui avait remplacé les remparts, on assista à une frénésie de construction de bâtiments et d’infrastructures.

Or, le style dominant à l’époque en Europe était le style Art Nouveau, réaction à l’académisme du néo-classicisme. La période Art Nouveau commence aux environs de 1880 et se termine avant la Première Guerre Mondiale. A Riga, elle est circonscrite principalement entre 1900 et 1914.
Elizabetes iela (oeuvre de Mikhaïl Eisenstein)

L’Art Nouveau à Riga présente trois variantes :

# L’Art nouveau dit international, avec des représentations florales et animales, des figures symboliques, mythologiques, voire diaboliques. Cette variante est surtout illustrée par Mikhaïl Eisenstein (1867-1921), père du cinéaste Sergueï Eisenstein ;

# L’Art Nouveau nordique, plus sobre, avec des frises reprenant les motifs traditionnels scandinaves et sytématiquement une représentation du soleil ;

# La variante dite du Romantisme national, qui apparaît après la révolution de 1905, et qui met en exergue la symbolique lettone, avec feuilles de chênes (arbre sacré pour les Lettons), pommes de pain, et bestiaire dit forestier. Ce courant romantique national est surtout représenté par Konstantīns Pēkšens (1859-1928) et Eižens Laube (1880-1967).  

Eižens Laube, né le 25 Mai 1880, a été diplômé en 1907 du département d’architecture de l’Institut Polytechnique de Riga, où il a étudié de 1889 à 1906. Pendant le même temps, il travaille dans le bureau de Konstantīns Pēkšens. De 1909 à 1914, il est Conseiller à la Commission pour les problèmes artistiques dans l’architecture, à Riga. Il fut l’un des pionniers de l’Art Nouveau à Riga et construisit plus de 90 immeubles d’habitation dans ce style, dans la variante du romantisme national. En 1944, il émigra à Hambourg en République Fédérale d’Allemagne puis, en 1950, aux Etats-Unis. Il décédera à Portland, dans l’Oregon, le 21 Juillet 1967.   

Quelques oeuvres d'Eizens Laube







Riga est devenue entre 1900 et 1914 une véritable « Mecque » de l’Art Nouveau, mais pas uniquement dans les rues visitées par les touristes (Alberta iela, Elizabetes iela), mais partout en ville, puisqu’environ un tiers des bâtiments du centre de Riga sont construits dans ce style. En 1997, le centre de Riga a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, car on y trouve la plus forte concentration de bâtiments Art Nouveau en Europe.  
 


jeudi 24 mai 2012

24 Mai 1736 : pose de la première pierre du palais de Rundāle (Lettonie)


C’est en 1559 que le Grand-maître de l’Ordre livonien, Ordre qui dominait peu ou prou depuis le XIIIe siècle les territoires des actuelles Lettonie et Estonie, c’est en 1559 donc que le Grand-maître Gotthard Kettler se convertit au luthéranisme et sécularise les terres de l’Ordre. Le 28 Novembre 1561, il est reconnu comme Duc de Courlande et Sémigalle, vassal de la Pologne-Lituanie.

C’est au XVIIe siècle que le Duché connaît son âge d’or, sous le règne du Duc Jacob Kettler (1642 – 1681). Il possède une des principales flottes du monde, vend même des bateaux à la France de Louis XIV, et détient brièvement des colonies (l’île de Tobago dans les Caraïbes et l’île James dans le delta du fleuve Gambie).

En 1737, l’Impératrice de Russie Anna Ivanovna, veuve du Duc Frédéric (III) Guillaume Kettler depuis 1711, impose son favori Ernst Johann von Bühren (1690–1772, nom francisé par snobisme en von Biron) comme Duc de Courlande.
Le Duc Ernst Johann von Biron

Ayant anticipé sa nomination, von Biron avait demandé à l’architecte italien Bartolomeo Rastrelli (1700–1771) dès Août 1735 de lui construire une résidence d’été à Rundāle, un domaine au milieu de nulle part. Le projet, inspiré de Versailles, va devenir rapidement « royal ». La première pierre est posée le 24 Mai 1736, et les meilleurs artisans et artistes viennent de Saint-Pétersbourg, Moscou, d’Allemagne ou d’Italie. Parallèlement, la construction du palais de la capitale Mitau (aujourd’hui Jelgava) est également lancée le 14 Juin 1738.

Mais, le 28 Octobre 1740, la Tsarine Anna Ivanovna décède, et, dès le 20 Novembre 1740, von Biron est arrêté, jugé et condamné à mort, sentence commuée en exil à vie en Sibérie. Les travaux des palais s’arrêtent et ce n’est qu’en 1762 que Biron, gracié par la nouvelle Impératrice Catherine II, retrouvera ses titres.

Il faudra attendre 1764 pour que Rastrelli, désormais secondé par Severin Jensen, revienne et découvre son œuvre très détériorée. De nombreuses salles sont redessinées, et le style rococo est adopté car il est a priori plus en vogue à l’époque. Les peintures des plafonds et des murs sont l’œuvre des maîtres italiens Francesco Martini et Carlo Zucchi, le stuc celle du sculpteur allemand Johann Michael Graff. La construction du palais aura duré 33 ans, dont 20 ans d’interruption dus à l’exil de von Biron.




En 1795, Catherine (66 ans) annexe la Courlande dans le même "package" que la Pologne - Lituanie, dépossède le Duc Pierre von Biron (1724-1800), et offre Rundāle à son favori du moment, le comte Valerian Zoubov (24 ans – 1771-1804)), puis à son frère ainé Platon Zoubov (1767-1822). Après la mort de ce dernier, sa jeune veuve se remarie avec un comte Chouvalov. Rundāle appartiendra à la famille Chouvalov jusqu’à la réforme agraire de 1920. Très endommagé pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de Bermondt-Avalov, devenu Musée national d’histoire en 1933, la restauration du château ne commença qu’en 1972. C’est aujourd’hui avec Riga le lieu touristique incontournable de la Lettonie.
  


     

lundi 21 mai 2012

21 Mai 1674 : Jan Sobieski est élu Roi de Pologne, Grand-duc de Lituanie


Depuis 1572, date du décès de Sigismond II Auguste, et conformément à l’Acte de Lublin (1er Juillet 1569), la monarchie de la République des Deux Nations était devenue élective. On se souvient d’ailleurs que le premier souverain élu fut Henri de Valois (cf. http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/05/11-mai-1573-henri-duc-danjou-devient.html) auquel Stefan Batory succèdera en 1576 (cf. http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/05/1er-mai-1576-stefan-bathory-devient-roi.html).

Lassé des mauvaises expériences avec les rois étrangers, notamment ceux de la dynastie Vasa qui succédèrent à Stefan Batory, la petite noblesse élit en 1669 un Ruthène, lointain descendant du Grand-duc de Lituanie Algirdas, Michał Korybut Wiśniowiecki (élu face au Duc d’Enghien, fils du Grand Condé). Mais, alcoolique et impuissant, il meurt sans descendance 4 ans plus tard (le 10 Novembre 1673) à L’viv, a priori peu regretté de ses sujets.  

Jan III Sobieski

Né le 17 Août 1629 au château d’Olesko en Ruthénie (aujourd’hui dans l’oblast de L’viv en Ukraine), Jan Sobieski est le fils du voïvode (gouverneur de province) de Ruthénie et Sénateur castellan de Cracovie. Après des études de philosophie à Cracovie, il s’illustre dans toutes les guerres que la Pologne-Lituanie livre à ses voisins, notamment contre l’Empire ottoman, la Russie, les Tatars, les Cosaques et les Suédois. Il voyagera ensuite dans toute l’Europe et, attiré par la France, il épouse le 5 Juillet 1665 une Française, Marie Casimire Louise de La Grange d'Arquien, qui était venu en Pologne à l’âge de 5 ans, comme dame de compagnie de Louise-Marie de Gonzague-Nevers, devenue Reine de Pologne en épousant Ladislas IV Vasa.

Marie Casimire de la Grange d'Arquien

En 1668, Jan Sobieski est nommé Grand Hetman (Chef des forces militaires, remplissant les fonctions de Ministre de la Défense). Lorsque Michał Korybut Wiśniowiecki est élu Roi, il se range dans l’opposition, ce qui lui vaut une semi-disgrâce. Mais celle-ci est oubliée lorsqu’il s’agit d’aller combattre les Turcs, surtout après la victoire de Khotin (11 Novembre 1673 – plus connue sous le nom polonais de bataille de Chocim).
Cette victoire l’aidera sans doute à être élu Roi de Pologne – Grand-duc de Lituanie, à la quasi unanimité de la szlachta (petite noblesse, par opposition aux 200 à 300 familles de magnats), le 21 Mai 1674. Il est couronné le 2 Février 1676 dans la cathédrale du Wawel à Cracovie.

Bataille de Vienne (tableau de Jan Matejko)

Une des ambitions de Jan III est de réunir la chrétienté pour chasser les Ottomans hors d’Europe. Il remporte son plus grand succès le 12 Septembre 1683 quand, associé à Charles V Léopold de Lorraine qui commande les troupes impériales, il chasse de Vienne les Turcs du Grand Vizir Kara Mustapha. L’action décisive a lieu à 15H quand le Roi de Pologne charge personnellement à la tête de quatre groupes de cavalerie, dont trois de hussards ailés, atteignant le camp ottoman.

Monument Sobieski à Varsovie

Cette victoire valut à Jan Sobieski d’être surnommé par le Pape et les dignitaires occidentaux « Sauveur de Vienne et de la civilisation occidentale ».  Les soldats chrétiens ayant invoqué la Sainte Vierge avant de se lancer dans la bataille, le Pape Innocent III institua dès 1683 le 12 Septembre comme Fête du Saint Nom de Marie.

Enfin, pour l’anecdote, les boulangers de Vienne auraient reçu l’autorisation de confectionner des Hörnchen (petite corne), reprenant la forme du symbole du drapeau ottoman, pour les remercier d’avoir donné l’alerte de la préparation d’une attaque nocturne ottomane ; ce serait la naissance des  croissants.

Jan Sobieski en famille

Jan III Sobieski mourra au Palais de Wilanów à Varsovie le 17 Juin 1696. Son épouse, Marysienka pour les contemporains, meurt, elle, à Blois en 1716. Sa dépouille sera ramenée au Wawel et repose dans la crypte Saint-Léonard, en compagnie notamment de Józef Antoni Poniatowski et de Tadeusz Kościuszko auprès de celui qui fut sans doute le plus grand Roi de Pologne. 

Le tombeau de Jan III Sobieski dans la crypte Saint-Léonard au Wawel

dimanche 20 mai 2012

Honoré de Balzac, la Touraine et l’Ukraine



Le 1er Prairial de l’An VII de la République (20 Mai 1799) naît, au 25 de la rue de l’Armée d’Italie (devenue depuis 39 rue Nationale) à Tours, Honoré Balzac, fils de Bernard-François Balssa (devenu Balzac entre 1773 et 1783), originaire du Tarn, Directeur des vivres de la 22ème Division Militaire à Tours.


Il n’est pas question ici de retracer la vie de celui qui a laissé une des œuvres romanesques les plus importantes de la littérature française, mais de mettre en exergue ses liens avec la Touraine et l’Ukraine.  

Mis en nourrice jusqu’à l’âge de 4 ans à Saint-Cyr-sur-Loire, il retrouvera cette ville  entre Juin et Septembre 1830, lorsqu’il louera « La Grenadière » pour y séjourner avec Laure de Berny (de 23 ans son aînée, il donne des cours à ses fils depuis 1821), auprès de qui il trouvera l’amour d’une mère et qui sera sa confidente, sa conseillère et finalement son amante. C’est à cette époque qu’il commence à signer « de » Balzac ses articles dans différents journaux et que paraît son premier vrai roman, « Les Chouans » (Mars 1829).

La Grenadière

Mais c’est surtout le château de Saché qui est le lieu balzacien par excellence. Honoré de Balzac découvre Saché en 1823, son propriétaire, Monsieur de Margonne, ayant été l’amant de sa mère (décidemment ……) et s’étant pris d’affection pour le jeune homme. Balzac y fait plusieurs séjours prolongés entre 1823 et 1837. A Saché, il est à l’abri des huissiers qui, à Paris (où il habite depuis 1814), l’obligent à déménager fréquemment et à vivre sous des noms d’emprunt. Vingt-trois heures de diligence l’amènent de la capitale à Tours, et il parcourt parfois à pied, quand ses finances sont particulièrement basses, les 20 derniers kilomètres pour atteindre Saché. C’est là que naîtront « Le Père Goriot », « César Birotteau », mais surtout « Le Lys dans la vallée » dont les décors sont empruntés à la vallée de l’Indre.

Château de Saché


C’est en 1832 que la comtesse Ewelina Hańska entrera dans la vie de Balzac. Sœur du romancier Henryk Rzewuski, promoteur du roman historique en Pologne, d’une famille de la noblesse galicienne, retirée dans son domaine de Verkhovnia (dans l’oblast de Jytomyr en Ukraine), elle engagea avec le romancier français une correspondance qui dura 17 ans. Ils se rencontrèrent une première fois le 25 Septembre 1833 au bord du lac de Neuchâtel, puis se retrouvèrent à plusieurs reprises dans diverses villes d’Europe, notamment en 1843 à Saint-Pétersbourg. On sait d’ailleurs qu’au retour, il passa par Narva, Valka/Valga, Riga, Mitau (Jelgava) et Tauroggen (Tauragė).

La comtesse Hanska

Balzac séjournera en 1847 et 1848 chez la comtesse Hańska, veuve depuis 1841. Il l’épousera à Berditchev (Berdytchiv  en Ukrainien, toujours dans l’oblast de Jytomyr) le 14 Mai 1850. Les nouveaux époux s’installent à Paris le 21 Mai, mais Honoré de Balzac décédera trois mois plus tard,  le 19 Août 1850. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise (division 48). A ses obsèques, Victor Hugo déclarera : « Aujourd’hui, la nation pleure un écrivain de génie ! ».        

La pièce de travail de Balzac à Saché

dimanche 13 mai 2012

14 Mai 1972 : Romas Kalanta s’immole par le feu à Kaunas


Le 14 Mai 1972, à midi, le jeune étudiant de 19 ans (né le 22 Février 1953), Romas Kalanta, s’arrose de 3 litres d’essence et y met le feu. L’événement se déroule à Kaunas, près de Laisvės alėja (allée de la Liberté), sur la place devant le Théâtre de musique. Le geste de Romas Kalanta avait pour but de protester contre l’occupation de la Lituanie. A côté de lui, il avait déposé un carnet dont le contenu n’a été révélé qu’au retour à l’indépendance en 1990, après l’ouverture des archives du KGB. Il y était inscrit « Dėl mano mirties kaltinkite tik santvarką » (Seul le régime est responsable de ma mort).



L’endroit n’avait pas été choisi par hasard. C’est en effet dans ce théâtre que, le 21 Juillet 1940, le Seimas du peuple, parlement fantoche issu d’élection truquées pour légitimer l’occupation et l’annexion de la Lituanie par l’URSS, décida par acclamation de la création de la République Socialiste Soviétique de la Lituanie et demanda son admission dans l’Union Soviétique.

Le régime soviétique tenta d’étouffer l’incident, mais la nouvelle se diffusa de bouche à oreille. Le 18 Mai, les obsèques de Romas Kalanta furent avancées de plusieurs heures afin d’éviter de leur donner une trop grande publicité, mais cette initiative eut l’effet inverse. Le lendemain, 3 000 personnes défilèrent sur Laisvės alėja et 402 d’entre elles furent arrêtées, dont la moitié avait moins de 20 ans. Ces jeunes furent accusés de hooliganisme, terme encore en vigueur dans la Russie poutinienne, et parmi eux 8 furent condamnés à 1 ou 2 ans de prison.


La tension resta très vive à Kaunas et le KGB enregistra 3 à 4 fois plus d’incidents antisoviétiques dans les années 1972 – 1973. Pendant cette période, 13 autres Lituaniens se suicidèrent par le feu à travers toute la Lituanie.

Ces événements ne furent pas connus en Occident, tant l’URSS était un Etat-prison, et n’eurent pas le retentissement que le même geste de Jan Palach, le 16 Janvier 1969 à Prague, eut à l’ouest. Il y a malheureusement fort à parier que le 40ème anniversaire de ce geste, désespéré mais héroïque, ne recueillera pas une ligne dans nos médias et ne sera célébré nulle part en France.   

Monument en mémoire de Romas Kalanta, sur le lieu de son immolation

Départ pour Riga


Je pars ce dimanche en urgence pour Riga, pour des raisons personnelles. Retour à une date indéterminée, vraisemblablement à la fin de la semaine.



vendredi 11 mai 2012

11 mai 1573 – Henri, duc d’Anjou, devient Roi de Pologne


Quatrième fils du Roi de France Henri II et de Catherine de Médicis, d’abord baptisé sous le prénom d’Alexandre-Edouard, duc d’Angoulême (1551 – 1589), celui qui deviendra en 1566 duc d’Anjou, après avoir pris le prénom d’Henri en 1565, n’était normalement pas destiné à régner sur le trône de France.

Aussi sa mère, à qui un astrologue avait prédit qu’elle verrait tous ses fils sur un trône, se mit en devoir de lui trouver un royaume. Elle pensa même à un moment au royaume d’Alger.

Henri de Valois en 1570 (19 ans)

Or, Sigismond II Auguste (Zygmunt II August / Zygimantas Augustas), Roi de Pologne – Grand-duc de Lituanie, le dernier des Jogailaičiai (Jagellon) était toujours sans postérité après trois mariages. Il meurt le 7 Juillet 1572.

Catherine de Médicis envoie alors l’évêque de Valence, Jean de Monluc, en ambassade extraordinaire pour soutenir la candidature d’Henri devant la Diète. Henri est élu Roi de la Rzeczpospolita de Pologne – Lituanie le 9 Mai 1573 sous le nom d’Henryk IV Walezy. Mais, pour ce faire, le postulant avait dû accepter les conditions posées par la noblesse, notamment les « Articles d’Henri (Articuli Henriciani) par lesquels la nation recevait la pleine souveraineté.

En fait, Henri n’était guère pressé de quitter la France et il fit traîner son départ en longueur. Parti de Fontainebleau en Décembre 1573, il arriva à Cracovie le 18 Février 1574 et, le 21 Février 1574, le jeune prince de 23 ans est couronné Roi de Pologne, Grand-duc de Lituanie.

Mais, le 14 Juin 1574, Henri apprend la mort de son frère le Roi de France Charles IX et, après un règne de 148 jours, il s’enfuit nuitamment de Cracovie le 18 Juin 1574, dans des conditions rocambolesques. En fait, Henri ne s’était jamais fait à la Pologne et ne voulait surtout pas se faire souffler la place de Roi de France par son jeune frère François, duc d’Alençon.

La fuite de Cracovie

Il sera couronné Roi de France à Reims le 13 Février 1575 sous le nom d’Henri III. Il va se heurter à quatre guerres de religions avant d’être poignardé par un moine dominicain, le 2 Août 1589 à Saint-Cloud.

A la vérité, Henri de Valois n’est jamais venu en Lituanie même si, paraît-il, il en avait eu l’intention en 1574. Mais il avait le titre formel de Grand-duc de Lituanie, ce qui permet de faire le malin dans les salons lituaniens en disant « Savez-vous que vous avez eu un souverain français ? »  

Après un interrègne de 18 mois, les Polonais n’imaginant pas qu’Henri de Valois ne reviendrait pas, la Diète élira Stefan Báthory comme Roi de Pologne en 1575 (voir aussi

mardi 8 mai 2012

Pause !

Je suis absent jusqu'à - au moins - mercredi soir ! 



Et toujours le même Président ……en Russie


Hier 7 Mai 2012 s’est déroulé le xième épisode du pas de deux (pour ne pas dire du sketch) Poutine – Medvedev à la tête de la Fédération de Russie.

Elu une première fois en 2000 par 52,94 % des voix, après que le Président Boris Eltsine l’ait intronisé comme dauphin, réélu en 2004 avec 71,2 %, Vladimir Poutine ne pouvait pas se représenter une troisième fois d’affilé, conformément à la Constitution.

En 2008, il a donc choisi Dmitri Medvedev pour lui succéder, en fait pour lui garder la place au chaud. L’impétrant avait obtenu 70,28 % des voix. D’aucuns y avaient vu une alternance démocratique, d’autant que Medvedev était rapidement devenu le chouchou des dirigeants occidentaux qui voyaient en lui un réformateur. Pensez, il utilisait Twitter ! Ceux qui, dans mon genre, osaient dire que le nouveau Président n’était qu’une marionnette de son prédécesseur, se faisaient clouer au pilori.


Pourtant, la vérité a éclaté le 24 Septembre 2011 lorsque, lors du congrès du parti au pouvoir  «Russie Unie», le Président Medvedev et le Premier Ministre Poutine se sont auto-proposés d’échanger leur rôle en 2012. Cerise sur le gâteau : les protagonistes ont admis que cette décision avait été prise 4 ans auparavant, dès la prise de fonction de Medvedev. Comme, entre temps, le mandat présidentiel était passé opportunément de 4 à 6 ans, chacun a conclu que Poutine était au pouvoir au moins jusqu’en 2024.

Mais ça risque de ne pas être si simple. Le jeu de chaises musicales n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde en Russie. Comme, de plus, de nombreux cas de fraudes en faveur de « Russie Unie » ont été dénoncés par l’opposition et des médias indépendants lors des législatives du 4 Décembre 2011, d’importantes manifestations ont eu lieu dans tous le pays dans les jours qui ont suivi.

En outre, la corruption est plus que jamais vivace dans la maison Russie. L’ex-Président Medvedev a lui-même reconnu que les résultats de son « combat » contre elle ont été modestes (sic). Les grands chantiers, dont particulièrement celui des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, sont emblématiques des trous noirs qui engloutissent le budget de l’Etat. Aussi, on peut sourire quand, quelques heures après avoir repris son fauteuil au Kremlin, Poutine a décrété de multiplier «d'ici à 2018 les salaires réels par 1,4-1,5», d'équiper l'armée à 70% de systèmes militaires modernes, ou encore de créer «25 millions d'emplois à haute valeur ajoutée d'ici à 2020»... Il a ordonné que tout soit fait pour que la Russie passe de la 120e place à la 20e dans le classement de la Banque mondiale du climat des affaires. Enfin, pour l’anecdote, il s’est même engagé à ce que personne ne passe plus de 15 minutes dans les files d'attente des administrations publiques ! 

Cet état mafieux tenu par les héritiers du KGB, ne survit que grâce à la vente des matières premières, notamment le gaz et le pétrole. Mais les Russes ne supportent plus l’arbitraire d’une justice aux ordres et de la corruption généralisée. Un livre raconte leur révolte, il s’agit de « Russia Blues » de Renata Lesnik et Hélène Blanc (éditions Ginko), écrit à partir de documents et d’enquêtes d’un des rares journaux russes encore indépendant, Novaya Gazeta. S’il en était besoin, la liste des journalistes de Novaya Gazeta, dont Anna Politkovskaïa, dont l’assassinat est resté non élucidé témoigne de son indépendance. « Russia Blues » est donc à lire si l’on veut échapper au politiquement correct et au journalisme fast food, pour connaître la vérité sur la Russie d’aujourd’hui.