Le 23 Août 2008, le Parlement Européen proclamait le 23 Août « journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme » (cf. http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT+TA+P6-TA-2008-0439+0+DOC+XML+V0%2F%2FFR). C’est un euphémisme de dire que les commémorations (si elles ont eu lieu) de ce 23 Août 2012 ont été, en France, très discrètes, surtout au regard d’autres commémorations plus communautaristes.
Heureusement qu’en Europe, d’autres Etats se souviennent. C’est le cas notamment des Etats baltes qui ont eu à souffrir dans leur chair de ces deux totalitarismes.
Devant cette absence française de mémoire, il n’est donc sans doute pas inutile de rappeler que le 23 Août 1939, il y a 73 ans, fut signé le Pacte Molotov – Ribbentrop (officiellement « Pacte de non-agression entre le Troisième Reich allemand et l’Union des Républiques socialistes soviétiques ») qui, dans trois protocoles secrets, « distribuait » la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie, tous Etats souverains, entre les sphères d’influences de l’Allemagne nazie et de la Russie soviétique. Ce pacte scellait le destin de ces Etats pour plus de 50 ans, avec son cortège d’exécutions et de déportations.
Le 23 Août 1989, en protestation contre leur occupation (effective en Juin 1940) issue du dit-Pacte Molotov – Ribbentrop, environ deux millions de Baltes formèrent une chaîne humaine de 600 kilomètres de Tallinn à Vilnius via Riga. Ils demandaient la reconnaissance des protocoles secrets du Pacte et leur retour à l’indépendance. Que l’on imagine l’exploit humain et logistique de former une telle chaîne, au nez et à la barbe de l’occupant !
Mais cette chaîne, qui a pu rappeler au monde libre que des Etats jadis libres et indépendants étaient toujours asservis par l’Union soviétique du « bon » M. Gorbatchev, avait été précédée en Lituanie d’un événement encore plus courageux.
En effet, le 23 Août 1987, il y a juste 25 ans, environ 3 000 Lituaniens se sont rassemblés à Vilnius devant la statue d’Adomas Mickevičius (en polonais Adam Mickiewicz), à côté de l’église Sainte-Anne, à l’appel de la Ligue Lituanienne pour la Liberté (Lietuvos Laisves Lyga). On soulignera le courage des participants, scandant « Liberté, liberté », chantant l’hymne national lituanien interdit, dénonçant là aussi le pacte Molotov – Ribbentrop et réclamant la liquidation de ses conséquences.
Aujourd’hui, autant les crimes des nazis ne sont pas – à juste titre - restés impunis, autant l’Allemagne, notamment avec le chancelier Willy Brandt dès 1970, a demandé pardon pour les crimes des nazis, autant la plupart des crimes commis par les soviétiques sont restés, eux, sans sanction. Pire : la Russie d’aujourd’hui nie toujours qu’il y ait eu occupation des Etats baltes, et accuse même ceux-ci de glorifier le nazisme (sic) sous prétexte qu’ils accusent l’Union soviétique d’avoir attenté à leur liberté !
Une journée de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme n’est donc pas superflue. Dommage que certains pays semblent rechigner à s’y associer.
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