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vendredi 2 août 2013

2 Août 1914 : à l’est, rien de nouveau !


Le 28 Juin 1914, l’Archiduc d’Autriche François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois, et son épouse Sophie Chotek sont assassinés à Sarajevo par un étudiant serbe, Gavrilo Princip. Peu de gens à l’époque ont pu imaginer que c’était l’élément déclencheur d’une guerre qui a atteint une échelle et une intensité inconnues jusqu’alors. En effet, l’exigence de vengeance de l’Autriche-Hongrie qui entraîna mécaniquement l’activation d’une série d’alliances entre Etats européens qui avaient des empires outre-mer, faisant de cette guerre une guerre mondiale.

L'attentat de Sarajevo

(NB : ne pas confondre la Triple Alliance ou Triplice, qui lie l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne et l’Italie, et la Triple Entente entre le Royaume-Uni, la France et la Russie – cf. carte) 

Les alliances en 1914

Le 28 Juillet 1914, l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie. Le 29 Juillet 1914, la Russie, alliée de la Serbie, mais aussi par solidarité orthodoxe, décrète la mobilisation partielle contre l’Autriche Hongrie et le 30 la mobilisation générale contre l’Allemagne. Ce, sans se concerter avec ses alliés français et britanniques. Le 1er Août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie puis, le 3 Août, à la France. Faisant jouer les alliances, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne le 4 Août.  

A ce stade, il n’est sans doute pas inutile de rappeler que le Grand-duché de Lituanie est nolens volens, depuis le 3ème partage de 1795 de la Pologne - Lituanie, une partie de l’empire russe. Son nom va jusqu’à disparaître, puisque le Grand-duché est divisé en provinces (Gubernija) de Vilnius, Kaunas et Suvalkai, plus des parties des provinces de Gardinas (Grodno) et Minsk. Après l’insurrection de 1863, l’alphabet cyrillique remplace même l’alphabet latin pour écrire la langue lituanienne. Les précurseurs de la Lettonie et de la Lituanie, notamment la Livonie, était passés de la tutelle suédoise à la tutelle russe dès 1721 (Traité de Nystad), la Courlande n’étant annexée qu’en 1795. Au cours du XIXe siècle, les empires russes et allemands se font face, notamment en Lituanie, ce qui explique par exemple la construction par les Russes d’une ceinture de forts autour de Kaunas entre 1882 et 1915.

Le Grand-duc Nicolas

Au début de la guerre, le commandement suprême des armées russe est confié au Grand-duc Nicolas, 57 ans, oncle du Tsar, qui n’a pris aucune part aux plans qu’il est chargé de mettre en œuvre et qui n’a jamais commandé de troupes au combat. Les différentes armées manquaient de coordinations entre elles, le Grand-duc se contentant de choisir entre les diverses idées émises par les nombreux généraux, sans qu’elles soient l’objet d’un plan cohérent. En outre, les soldats russes (4 millions d’hommes sous les drapeaux + 27 millions de réservistes dont seulement la moitié sont mobilisables) sont mal équipés, mal entraînés et mal commandés.
En fait, à l’est, il ne se passe rien jusqu’au 17 Août 1914 !

Le Général von Rennenkampf

Le 17 Août la Russie lance deux armées contre la Prusse orientale, avec pour objectif Königsberg, et quatre autre contre la province autrichienne de Galicie. Pour envahir la Prusse orientale, la Première armée russe est commandée par le Général Pavel von Rennenkampf (un germano balte d’Estonie) et la deuxième armée par le Général Alexandre Samsonov. Or, ces deux généraux sont en conflit ouvert depuis 1905, Samsonov accusant von Rennekampf de ne pas lui avoir porté assistance à la bataille de Moukden.

Le Général Samsonov

Les Russes de von Rennenkampf remportent un succès initial à Gumbinnen (20 Août 1914), surtout parce que le Generaloberst Maximilian von Prittwitz, commandant la VIIIe armée allemande chargée de la défense de la Prusse orientale, décide de retraiter derrière la Vistule, ses arrières étant menacés. Décision inacceptable pour l’Etat-major allemand (von Moltke) qui le remplace à la tête de la VIIIe armée par le Generalfeldmarschall Paul von Hindenburg, 67 ans, à la retraite depuis 1911.

Le 23 Août 1914, von Hindenburg reprend l’offensive et profite du fait que les deux armées russes sont séparées, que leurs problèmes logistiques ne sont pas réglés (manque de rations et de munitions) et que leurs communications sont médiocres (ce qui permet aux Allemands de décrypter leurs codes). Laissant un rideau minimum face à von Renennkampf, Hindenburg tend un piège à Samsonov qui est encerclé près d’Allenstein (aujourd’hui Olsztyn). Les Russes ont 78 000 tués ou blessés (les Allemands 5 000 tués et 7 000 blessés) et 93 000 prisonniers. Incapable de  supporter une telle défaite, Samsonov se suicide le 29 Août. De son côté, Hindenburg obtient que cette bataille soit nommée bataille de Tannenberg, afin d’effacer l’humiliation de la bataille de Tannenberg / Žalgiris du 15 Juillet 1410, perdue par les chevaliers Teutoniques contre les Lituaniens et les Polonais !

Fantassins russes

Cette victoire de Tannenberg permet aux Allemands de se retourner contre la Première armée de Rennenkampf et de la battre à la première bataille des Lacs de Mazurie (7 – 15 Septembre 1914). L’offensive russe est brisée, les troupes russes se replient sur leurs frontières et le front se stabilisera jusqu’en 1917.       

     

1 commentaire:

  1. Mon grand père sibérien, mobilisé en 1916, dans sa lointaine Sretensk, à l'est d'Irkoutsk, et près de la frontière chinoise, alla renforcer la 2eme brigade russe sur le front d'Orient, cet été 1917, à Salonique. Le destin fit qu'après un détour dans la Légion étrangère, il échoua à Marseille, en 1919, où il se maria avec une italienne, ma grand-mère. Il ne retourna jamais dans sa chère Russie.

    http://tietie007.over-blog.com/article-pierre-gortchakoff-d-irkoutsk-a-l-estaque-48394459.html

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