Dans l’inconscient des
Occidentaux, quelque peu fâchés avec l’histoire, les exactions de l’Union
soviétique se sont arrêtées avec la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989.
Il n’en est évidemment rien puisque des Etats souverains, les Etats baltes, étaient
toujours occupés depuis le 17 juin 1940 (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2011/06/17-juin-1940-debut-de-loccupation-des.html)
Le 11
Mars 1990, à 22H44, le Soviet Suprême de
Lituanie, devenu Diète Reconstituante, adoptait l’Acte de rétablissement de
l’Etat indépendant de Lituanie. La Diète déclare également le retour en vigueur
de la Constitution de 1938, afin de bien monter la continuité de la souveraineté
de la Lituanie, occupée depuis 1940 par l’Union soviétique.
Pour
cause de Perestroïka, les autorités soviétiques ne réagissent pas tout de
suite, du moins jusqu’au début de 1991.
Le 2 Janvier 1991,
à Riga, capitale de la Lettonie, ce sont les troupes
spéciales du Ministère de l’Intérieur d’URSS qui investissent l’imprimerie d’où
sortent presque tous les journaux du pays. Le 7 Janvier, ce sont les
parachutistes du Ministère de la Défense d’URSS qui sont dépêchés dans les
trois Etats baltes pour contraindre les conscrits à rejoindre l’armée
soviétique. A Vilnius, où les blindés soviétiques patrouillent dans les rues,
le Président Vytautas Landsbergis, issu des élections démocratiques de
1990, appelle la population lituanienne à se rassembler pour exiger liberté et
indépendance.
Le 10
Janvier, Mikhaïl
Gorbatchev, président non élu d’URSS, exige du
« soviet suprême de Lituanie » la restauration de la Constitution
soviétique. Les dirigeants lituaniens se tournent vers les gouvernements
occidentaux à qui ils demandent d’être garants de l’indépendance de leur pays.
Ceux-ci pensent généralement que Gorbatchev ne bougera pas.
Les 12
et 13 Janvier à Vilnius, alors que le monde entier a les yeux
tournés vers l’Irak où la guerre va bientôt se déclencher (les premières
frappes aériennes auront lieu le 16 Janvier), les parachutistes de l’Armée
rouge tentent de prendre le contrôle de la tour de télévision lituanienne,
défendue par des civils sans arme. On y relèvera 14
morts et plus de 600 blessés. Le 13, Gorbatchev
s’entretient au téléphone avec Vytautas Landsbergis à qui il assure n’avoir
appris les faits qu’après coup. Qui peut croire ça une seule seconde dans une URSS
hyper centralisée ?! Une partie du monde ouvre enfin les yeux et découvre
le vrai visage du « gentil Gorby », lauréat du Prix Nobel de la paix,
tellement adulé à l’ouest.
Pendant
ces journées, des milliers de Lituaniens formeront un rempart humain pour
défendre le Parlement et empêcheront ainsi sa prise d’assaut.
A
Riga, c’est le 17 Janvier que les militaires
soviétiques se heurtent aux civils qui avaient mis en place des barrages pour
bloquer les accès de la ville. Un manifestant est tué. Le 20
Janvier, quatre personnes sont tuées lorsque
les forces spéciales du Ministère de l’intérieur d’URSS donnent l’assaut au
Ministère de l’Intérieur letton à Riga.
Dès
le 13 Janvier, Boris Eltsine, Président élu de la Fédération de Russie, avait condamné
l’attaque et avait reconnu la souveraineté des Etats baltes, tout en organisant
celle de la Russie. A Moscou, 100 000 personnes descendent dans la rue
pour protester contre la répression qui sévit dans les républiques baltes.
Gorbatchev recule, les Lituaniens ont fait reculer l’Union soviétique. Mais
celle-ci continuera à tuer : 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens
sans armes seront encore assassinés à Medininkai le 31 Juillet 1991.
On
me dira que tout ça c’est le passé. Outre que 24 ans, ce n’est pas si vieux que
ça, alors qu’on juge toujours des criminels nazis, la Russie d’aujourd’hui refuse
toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des Etats baltes. Et son
homme fort, Vladimir Poutine, a toujours considéré le démantèlement de l’URSS
comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ! On en a encore
la preuve aujourd’hui, où d’aucuns pensent que la Russie, après la Géorgie et l’Ukraine,
par sa politique revanchiste et révisionniste, pourrait une fois de plus
menacer la souveraineté des Etats baltes. Il appartient aux instances
euro-atlantique de réaffirmer, sans faiblesse, que la liberté et la sécurité
des Etats baltes seront garanties.
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