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mardi 12 janvier 2016

25e anniversaire des événements de janvier 1991 à Vilnius et à Riga


En préambule, il n’est pas inutile de rappeler que, le 23 août 1939, l’Allemagne nazie et la Russie soviétique avaient signé le pacte dit Molotov – Ribbentrop par lequel elles se partageaient les Etats souverains qui se trouvaient entre elles. C’est en vertu de ce pacte que, les 15 et 16 juin 1940, l’URSS procède à l’occupation puis à l’annexion les Etats baltes, avec leur cortège d’exécutions, d’emprisonnements et de déportations.

Le 11 mars 1990, à 22H44, le Soviet Suprême de Lituanie, devenu Diète Reconstituante, adoptait l’Acte de rétablissement de l’Etat indépendant de Lituanie. La Diète déclarait également le retour en vigueur de la Constitution de 1938, afin de bien monter la continuité de la souveraineté de la Lituanie, occupée depuis 50 ans par l’Union soviétique.

Janvier 1991 : la foule devant le Seimas (Parlement lituanien)
Pour cause de Perestroïka, les autorités soviétiques ne réagirent pas tout de suite, jusqu’au début de 1991.

Le 2 janvier 1991, à Riga, capitale de la Lettonie,  ce sont les troupes spéciales du Ministère de l’Intérieur d’URSS qui investissent l’imprimerie d’où sortent presque tous les journaux du pays. Le 7 Janvier, ce sont les parachutistes du Ministère de la Défense d’URSS qui sont dépêchés dans les trois Etats baltes pour contraindre les conscrits à rejoindre l’armée soviétique. A Vilnius, où les blindés soviétiques patrouillent dans les rues, le Président Vytautas Landsbergis, issu des élections démocratiques de 1990, appelle la population lituanienne à se rassembler pour exiger liberté et indépendance.

Le 10 janvierMikhaïl Gorbatchev, président non élu d’URSS, exige du « soviet suprême de Lituanie » la restauration de la Constitution soviétique. Les dirigeants lituaniens se tournent vers les gouvernements occidentaux à qui ils demandent d’être garants de l’indépendance de leur pays. Ceux-ci pensent généralement que Gorbatchev ne bougera pas.

Vytautas Landsbergis passant les sacs de sable protégeant le Seimas 

Les 12 et 13 janvier à Vilnius, alors que le monde entier a les yeux tournés vers l’Irak où la guerre va bientôt se déclencher (premières frappes aériennes le 16 Janvier), les parachutistes de l’Armée rouge tentent de prendre le contrôle de la tour de télévision lituanienne, défendue par des civils sans arme. On y relèvera 14 morts et plus de 600 blessés. Le 13, Gorbatchev s’entretient au téléphone avec Vytautas Landsbergis à qui il assure n’avoir appris les faits qu’après coup. Qui peut croire ça une seule seconde, dans l’URSS hyper centralisée ?! Une partie du monde a enfin ouvert les yeux et découvert le vrai visage du « gentil Gorby », lauréat du Prix Nobel de la paix, tellement adulé à l’ouest.

Des civils lituaniens face aux OMON soviétiques 

Pendant ces journées, des milliers de Lituaniens formeront un rempart humain pour défendre le Parlement et empêcheront ainsi sa prise d’assaut.



A Riga, c’est le 17 janvier que les militaires soviétiques se heurtent aux civils qui avaient mis en place des barrages pour bloquer les accès de la ville. Un manifestant est tué. Le 20 janvier, quatre personnes sont tuées lorsque les forces spéciales du Ministère de l’intérieur d’URSS donnent l’assaut au Ministère de l’Intérieur letton à Riga. 

Vytautas Landsbergis et Boris Eltsine à Moscou en 1991

Dès le 13 janvier, Boris Eltsine, Président élu de la Fédération de Russie, avait condamné l’attaque et avait reconnu la souveraineté des Etats baltes, tout en organisant celle de la Russie. A Moscou, 100 000 personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre la répression qui sévissait dans les républiques baltes. Gorbatchev recula, les Lituaniens avaient fait reculer l’Union soviétique. Mais celle-ci continuera à tuer : 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens sans armes seront assassinés à Medininkai le 31 Juillet 1991.

On me dira que tout ça c’est le passé. Outre que 25 ans, ce n’est pas si vieux que ça, alors qu’on juge toujours des criminels nazis, la Russie d’aujourd’hui refuse toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des Etats baltes. Et son autocrate, Vladimir Poutine, a toujours considéré le démantèlement de l’URSS comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ! D’autres, comme Vladimir Jirinovski, demandent ouvertement le « retour » des Etats baltes au sein de la Russie ! Aujourd’hui, on réhabilite même Staline !

Oui, il faut écouter les Lituaniens quand ils disent que la Russie est toujours un danger pour l’équilibre de la paix en Europe !   








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