La bataille d'Orcha; à première vue, un peu chaotique |
Au
XVIe siècle, le Grand Duché de Lituanie, uni à la Pologne depuis
1386, comprenait, en plus des terres ethniques lituaniennes, des
territoires ruthènes et russes. De son côté, la Grande Principauté
de Moscou, libérée du joug tatare depuis 1480, voulait unir tous
les territoires peuplés de populations parlant le russe ou le
ruthène, y compris ceux sous domination lituanienne.
En
guerre contre la Lituanie depuis novembre 1512, une armée moscovite
aux ordres du Grand Prince Vasili III prit Smolensk le 30 juillet
1514. En réaction, une force polono-lituanienne quitta la région de
Wilna/Vilnius pour reconquérir la ville. Cette force comprenait
environ 35 000 soldats repartis en 15 000 Lituaniens de l'armée
régulière, 17 000 mercenaires polonais (infanterie, cavalerie,
artillerie) et 3 000 cavaliers volontaires constitués par les
magnats polonais. Elle était commandée par le Duc Konstantin
Ostrogski, Grand Hetman de Lituanie, Castellan de Vilnius, futur
Voïvode de Trakai, son second étant le Voïvode de Kiev, Jerzy
Radziwiłł. Les
forces moscovites étaient deux fois plus nombreuses, aux ordres
d'Ivan Andreevitch Czeladnin.
L'Hetman Konstantin Ostrogski |
NB :
les chiffres sont ceux de Rerum
Moscoviticarum Commentarii
(Notes
sur les Affaires Moscovites) écrites en 1549 par Sigismund,
Freiherr von Herberstein. Ils ont été par la suite sujets à
caution.
Czeladnin
décida
de livrer bataille près d'Orcha (aujourd'hui
dans l'est du Bélarus),
là où le Dniepr s'oriente vers le sud. Il partagea ses troupes en
deux pour bloquer les ponts, mais les Polono-Lituaniens, qui
disposaient de sapeurs, réussirent à traverser le fleuve dans la
nuit du 7 septembre sur deux ponts reposant sur de grands barils.
La
tactique de Czeladnin
était
de déborder les Polono-Lituaniens pour les rejeter dans le fleuve.
A
la deuxième attaque, la cavalerie légère lituanienne de l'aile
droite fit semblant de fuir, mais, en fait, attira les Moscovites
vers un bois où était cachée l'artillerie polonaise. De tous les
côtés, les forces lituaniennes et polonaises surgirent et
encerclèrent les Moscovites. Ce fut la panique et la débandade dans
les rangs ceux-ci. Czeladnin fut fait prisonnier ainsi que 8 de ses
commandeurs et des milliers de soldats. Il y eut entre 30 et 40 000
Moscovites tués. Les Polono-Lituaniens s'emparèrent du camp
moscovite et de plus de 300 canons. Dans la foulée, il se
réapproprièrent les places fortes qu'ils avaient auparavant
perdues, à l'exception de Smolensk. La
progression des Moscovites était arrêtée pour quatre ans.
En
décembre 1514, l'Hetman Ostrogski
fit une entrée triomphale à Vilnius. Deux églises orthodoxes y
furent construites pour commémorer la victoire : l'église de
la Sainte Trinité et l'église Saint-Nicolas.
Eglise Saint-Nicolas à Vilnius |
Mais
la Pologne et la Lituanie adressèrent en Europe, et en particulier à
Rome, ce qu'on appellerait aujourd'hui de la propagande pour
améliorer leur image. Avec comme message : « Les
Moscovites ne sont pas des Chrétiens ; il sont cruels et
barbares ; ils sont Asiatiques et non Européens ; ils sont
alliés avec les Turcs et les Tatars pour détruire la Chrétienté ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire