Le
14 Mai 1972, à midi, le jeune étudiant de 19 ans (né le 22 Février
1953 à Alytus), Romas
Kalanta,
s’arrose de 3 litres d’essence et met le feu à ses vêtements.
L’événement se déroule à Kaunas, près de Laisvės
alėja
(allée de la Liberté), sur la place devant le Théâtre
de musique.
Le
geste de Romas Kalanta avait pour but de protester contre
l’occupation de la Lituanie par les soviétiques. A côté de lui,
il avait déposé un carnet dont le contenu n’a été révélé
qu’au retour de la Lituanie à l’indépendance en 1990, après
l’ouverture des archives du KGB. Il y était inscrit « Dėl
mano mirties kaltinkite tik santvarką »
(Seul le régime est responsable de ma mort). Il
meurt le lendemain 15 mai, à 4 heures du matin.
L’endroit
n’avait pas été choisi par hasard. C’est en effet dans ce
théâtre que, le 21 Juillet 1940, le Seimas du peuple, parlement
fantoche issu d’élections truquées pour légitimer l’occupation
et l’annexion de la Lituanie par l’URSS, décida par acclamation
de la création de la République Socialiste Soviétique de Lituanie
et demanda son admission dans l’Union Soviétique.
Le
régime soviétique tenta d’étouffer l’incident, mais la
nouvelle se diffusa de bouche à oreille. Le 18 Mai, les obsèques de
Romas Kalanta furent avancées de plusieurs heures afin d’éviter
de leur donner une trop grande publicité, mais cette initiative eut
l’effet inverse. Le lendemain, 3 000 personnes défilèrent
sur Laisvės alėja et 402 d’entre elles furent arrêtées, dont la
moitié avaient moins de 20 ans. Ces jeunes furent accusés de
hooliganisme, terme encore en vigueur aujourd'hui dans la Russie
poutinienne, et parmi eux 8 furent condamnés à 1 ou 2 ans de
prison.
La
tension resta très vive à Kaunas et le KGB enregistra 3 à 4 fois
plus d’incidents antisoviétiques dans les années 1972 – 1973.
Pendant cette période, 13 autres Lituaniens se suicidèrent par le
feu à travers toute la Lituanie.
Ces
événements ne furent pas connus en Occident, tant l’URSS était
un État-prison, et n’eurent pas le retentissement que le même
geste de Jan Palach, le 16 Janvier 1969 à Prague, eut à l’ouest.
Mais, même à rebours, ils font réfléchir sur le désespoir de ces
jeunes gens qui ont eu le courage de ces actes désespérés pour
attirer l’attention du monde sur l’asservissement de leur pays
par la Russie soviétique.
Et
dire qu’aujourd’hui certains justifient le pacte Molotov –
Ribbentrop et glorifient Staline !
Monument
du sculpteur Robertas Antinis sur Laisves aleja, inauguré en 2002
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