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vendredi 19 septembre 2014

Riga : dans l’immeuble de l’ancien siège du KGB


L’immeuble est situé à l’intersection de Brīvības iela et de Stabu iela. C’est pour cette raison qu’il a été baptisé Stūra Māja, la « Maison du coin ». Mais ça avait également l’intérêt, à partir de 1940, de ne pas avoir à prononcer le nom de son occupant : le KGB.  


L’immeuble de six étages, de style Art Nouveau, a été construit en 1912 par l’architecte très prolifique Aleksandrs Vanags (qui sera abattu sans procès par les bolcheviques lettons le 19 mars 1919 pour « activités contre révolutionnaires). C’est au départ un immeuble d’appartements avec des boutiques.

Mais, en 1935, sa destination change puisqu’il devient la propriété du Ministère de l’intérieur letton.

Le 17 juin 1940, l’Armée Rouge envahit la Lettonie. Le 21 juin, Vilis Lācis, le « Ministre de l’Intérieur » du gouvernement letton fantoche prend possession des lieux. Mais dès juillet-août, le structures du Ministère letton sont incorporées au Commissariat du Peuples des Affaires Intérieures soviétique, plus connu sous son acronyme de NKVD. Une prison interne est achevée le 9 novembre 1940 et les exécutions capitales commencent dès janvier 1941 sur un pas de tir construit au rez-de-chaussée. Il est estimé qu’environ 150 personnes seront exécutées de cette façon au cours des 6 premiers mois de 1941.

Le 14 juin 1941, 14 424 citoyens lettons, le plus souvent des membres de l’élite nationale et leurs familles, sont déportés en fonction de listes dressées par le NKVD. Environ 40 % mourront en prison ou en exil. Au total, ce sont 22 à 23 000 personnes qui, en 1940 – 41, seront exécutées, arrêtées ou déportées pour raison politiques par les autorités soviétiques d’occupation.



Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie attaque son ex-allié la Russie soviétique. Le 1er juillet, les Allemands entrent à Riga. Stūra Māja héberge notamment une organisation de jeunesse, la Garde Nationale, qui rassemble les preuves des activités et des victimes de la Tcheka (La Tcheka est la police politique créée en 1917. Elle a par la suite souvent changé de nom, GPU, NKVD, MVD, NKGB, MGB, KGB avant de devenir FSB en 1991. C’est la raison pour laquelle on continuait à l’appeler Tcheka et ses employés tchékistes.)

Le 13 octobre 1944, Riga est à nouveau capturée par l’Armée Rouge et Stūra Māja retrouve sa « vocation » au profit du NKGB et de ses successeurs jusqu’au 22 août 1991. Notamment en février-mars 1949 y sont établies les listes qui conduiront à la déportation, du 25 au 27 mars 1949, de 44 191 citoyens lettons, la plus grande déportation de la période d’occupation.

Après la mort de Staline, le 5 mars 1953, la mission de ce qui deviendra le 13 mars 1954 le KGB restera la même (traque et persécution des personnes déloyales au régime soviétique) mais les méthodes seront un peu moins brutales. L’immeuble redeviendra la possession de l’Etat letton le 24 août 1991, après l’échec de l’étrange coup d’Etat de Moscou, mais le KGB aura le temps d’évacuer librement la plus grande partie de ses archives vers Moscou. Le 11 février 2009,  Stūra Māja devient, au départ des derniers policiers lettons qui l’occupaient, un monument national protégé. Depuis, il est inoccupé.

Exceptionnellement, dans le cadre de Riga capitale européenne de la culture 2014, Stūra Māja a rouvert du 1er mai au 19 octobre 2014. Dans les étages, il renferme plusieurs expositions dont le rapport avec la destination passée de l’immeuble, ni même la période soviétique, n’est pas toujours évident. Les cellules au sous-sol présentent manifestement plus d’intérêt. Mais il faut réserver à l’avance, la visite se faisant sous la conduite d’un guide, et je n’ai pas pu les visiter.



La destination future de Stūra Māja n’est pas fixée. A mon sens, il serait indécent qu’elle ne soit pas liée à son tragique passé. L’immeuble pourrait abriter le Musée de l’Occupation dont la verrue soviétique défigure la Place des Tirailleurs lettons. Mais celui-ci est en cours de rénovation……  

(Photos prises par moi ......)

4 commentaires:

  1. Intéressant ! Juste une coquille : "en 1935, sa destination change puisqu’il devient la propriétaire du Ministère de l’intérieur letton." >>> propriété
    merci pour vos articles

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  2. Merci !
    Ca met en exergue le fait que ça me barbe de me relire après avoir passé "un certain temps" à écrire un texte original (je veux dire, "pas copier - coller")......

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  3. Labdien Gilles,

    Ce lundi 22 septembre, quelques médias lettons se penchent sur l'usage de "la maison du Coin" en titrant "Les raisons tragi-comiques de la fermeture".

    Des billets de visites auraient été vendus avec un mois d'avance, et la nouvelle fermeture "définitive" du batiment semble prévue pour le 19 octobre.
    Une inscription visible : "Pas de vente de billets pour visiter les caves du KGB aujourd'hui"
    Depuis l'ouverture le 1er mai 2014, ce sont 62 000 visiteurs en quatre mois et demi qui sont passés voir les expositions. Le flux de visiteurs ne cesse d'augmenter, et la raison invoquée pour la fermeture : "Pas de chauffage dans le bâtiment".

    Le systeme de chauffage central du batiment ne fonctionne pas. Le réparer coute cher. Mettre des expositions ouvertes au public dans des locaux non chauffés, risque d'abord de les abimer, et accueillir dans ces conditions des visiteurs de plus en plus nombreux n'apparait pas réalisable.

    Une ou des solutions seront-elles trouvées ? C'est à espèrer, car les médias européens n'ont commencé à diffuser l'information sur l'ouverture de "Stūra Māja" que depuis aout, l'intéret des visiteurs n'en est qu'au début.

    (sources : www.tvnet.lv/izklaide/notikumi/527649-stura_majas_slegsanas_iemesls_ir_tragikomisks )

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  4. Je crois me souvenir que, dès la parution des infos sur "Riga 2014", la fermeture de "Stūra Māja" était bien prévue au 19 octobre. Quand je vois l'état des pièces, il n'est pas étonnant qu'on y rencontre des problèmes de chauffage. Ce qui est par contre décevant, notamment dans mon cas, c'est de tomber sur le panneau "Sold out" pour les visites guidées des caves qui, a priori, présentent beaucoup plus d'intérêt que les expos dans les étages.

    Certains évoquent le transfer ici du Musée de l'occupation, mais lequel est en cours de rénovation (tout ou partie de ses collections sont dans l'ancienne ambassade américaine. D'autres proposent de créer un Musée du KGB. Il serait en tout état de cause choquant d'en faire un lieu de résidence classique, voire un lieu de récréation.

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