L’entrée de la Grande
Armée en Russie, le 24 juin 1812, par la traversée du Niémen à côté de Kaunas, s’était
faite sans pratiquement tirer un coup de feu. Napoléon 1er cherchait
LA bataille décisive qui forcerait le Tsar Alexandre 1er à déposer
les armes. Mais, selon une stratégie prônée par
le Ministre de la guerre, Michel Barclay de Tolly, qui commandait la
1ère armée de l’ouest pendant la campagne, les Russes
pratiquaient la tactique de la terre brûlée en se dérobant, attirant la Grande
Armée dans les profondeurs de la Russie.
Le Maréchal Koutouzov à Borodino / la Moskova |
Mais
cette stratégie étant combattue par l’entourage du Tsar, notamment par le
Prince Bagration, le Tsar est contraint de rappeler le 29 Août 1812 le
« vieux » prince Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov, tombé en disgrâce
après la défaite d’Austerlitz. Initialement, Koutouzov suivit la même stratégie
que Barclay, avant d’accepter la bataille à Borodino, appelée bataille de la
Moskova par les Français, 12 km à l’ouest de la ville de Mojaïsk.
La victoire
est française et elle permet à Napoléon d’entrer dans Moscou une semaine plus
tard, le 14 Septembre 1812 à 2 heures de l’après-midi. Le 12 Septembre, à la
« conférence de Fili », Koutouzov avait
décidé d’abandonner Moscou, en dépit de l’opposition de ses jeunes généraux.
Les
premiers incendies éclatèrent le 14 Septembre vers 5 heures du soir. Au début,
ils furent mis sur le compte de la négligence des soldats. Mais, plus tard dans
la soirée, et surtout le lendemain, les trois quarts de la ville brûlaient et
des mèches étaient retrouvées, attestant de mises à feu volontaires dans des
dizaines d’endroits. Le feu se développait rapidement, dans la mesure où la
plupart des maisons étaient en bois. L’incendie ravagera la ville pendant
quatre jours.
Il ne fait
aujourd’hui plus de doute que cet incendie avait été préparé et allumé selon
les ordres du gouverneur de la ville, le comte Fiodor Rostopchine. Le fait que toutes les pompes à incendies aient été détruites ou
emmenées, et les stocks de nourriture pillés ou détruits, était significatif.
De même, Rostopchine avait ouvert les portes des prisons, libérant 2 à
3 000 criminels à qui il avait dit : « Vous avez commis
quelques crimes ; mais vous n'en êtes pas moins de vrais Moscovites, et vous
expierez vos fautes en servant dignement votre patrie ».
Le comte Rostopchine |
Napoléon dut même quitter le
Kremlin menacé par les flammes le 16 septembre et se réinstaller en dehors de
la ville, au château de Petrovsky. Il y reviendra le 18 Septembre, attendant
toujours une demande de paix d’Alexandre, demande qui ne vint jamais.
La Grande Armée commencera à
quitter Moscou le 18 octobre, en direction de Kaluga (sud-ouest) où ils trouveraient
de la nourriture et du fourrage, ces régions fertiles n’ayant pas été touchées
par la guerre. Napoléon sort personnellement de la capitale russe le 19 octobre
et donne l’ordre au Maréchal Mortier,
qui avait été nommé gouverneur du Kremlin, de faire sauter celui-ci lors de son
départ, le 23 octobre.
Le Maréchal Mortier |
Le 24 Octobre, le détachement
d’avant-garde du prince Eugène de Beauharnais se heurte au Général Doctorov à Maloïaroslavets. Le village est pris et repris 6 fois. N’arrivant pas à établir
une tête de pont solide, Napoléon (qui avait failli être capturé par les
Cosaques) décide de rebrousser chemin et de reprendre la route de Mojaïsk, déjà
empruntée à l’aller. Mais celle-ci avait été saccagée et était dépourvu de
possibilités de ravitaillement. La catastrophique retraite de Russie commençait,
au cours de laquelle les débris de la Grande Armée seront continuellement
harcelés.
La campagne de Russie, pour
désastreuse qu’elle fut, aura toutefois montré deux principes qui restent
encore valables aujourd’hui : la logistique est dimensionnante et l’ennemi
ne joue pas toujours le rôle qu’on voudrait lui voir jouer.
Débris de la Grande Armée devant l'hôtel de ville de Vilnius |
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