Avec
un peu de retard …… Souvenons-nous de Renata Lesnik, dissidente
moldave russophone qui avait décidé de vivre librement dans un
régime totalitaire, décédée en France il y a cinq ans déjà, le
29 décembre 2013.
Née
en 1949 en Moldavie soviétique, dans une famille d’enseignants
russophones, Renata Lesnik était diplômée de l’université
Lomonossov de Moscou en philologie et en français. Guide-interprète,
puis journaliste à Radio Moscou Internationale, elle découvre que
son mari est un agent du KGB ! Prise dans l’engrenage de
l’espionnage et de la violence, la dissidente échappe de justesse
à la mort avant de se réfugier en 1981 en France, qui lui
accorde l’asile politique. En
1982, elle signe un best-seller, « Ici Moscou » (chez Hachette),
qui dévoile ses conditions de travail à la radio d’État,
entre les écueils de la censure et l’obsédante surveillance du
KGB. La riposte ne se fait pas attendre : en 1983, elle
est condamnée à mort, sous Andropov, pour haute trahison d’État.
Politologue
et criminologue, Renata Lesnik mène également une carrière
d’auteur, de documentaliste et de traductrice. Elle est notamment
la première à traduire en français un numéro intégral de « La
Pravda » soviétique en 1986, puis de « L’Étoile Rouge », le
journal de l’Armée, en 1987. La première aussi à publier
une revue de la presse soviétique, « L’Autre Pravda »,
formule reprise par Courrier International, élargie au monde
entier.
Reconnue
comme l’un des meilleurs spécialistes du soviétisme et du
post-soviétisme, Renata Lesnik était
régulièrement invitée par les médias français et étrangers en
tant qu’analyste politique. Elle
va notamment se consacrer au travers de ses livres à dévoiler les
liens occultes en Russie entre l’État, les services secrets et la
criminalité organisée, un sujet toujours d'actualité. « L'Empire
de toutes les mafias », coécrit en 1996 avec Hélène Blanc,
dénonçait les parrains, issus des services secrets, qui contrôlent
80 % de l'économie russe. En détaillant le KGB et ses
méthodes, elle s'attire les foudres de Vladimir Poutine qui voue un
culte absolu à Andropov (les
deux ont la même communauté de destin : patron du KGB/FSB puis
Chef de l’État URSS/Russie),
lequel avait condamné à mort Renata.
Sa consœur et amie la plus proche, la russologue Hélène Blanc,
co-auteur avec Renata Lesnik de nombreux ouvrages – dont « Les
prédateurs du Kremlin »(Le
Seuil, 2009) et « Russia
blues » (Ginkgo,
2012) - avait
rendu
hommage,
dans
« Le
roman de Renata » (Ginkgo, 2017)
,
à celle qui était
devenue
l’un des plus brillants experts de l’URSS et de la Russie
post-soviétique, et
qui n’avait
jamais accepté de compromis avec la vérité.
Aujourd'hui,
que ce soit sur le scène internationale comme en France, la Vérité
est mise à mal par les réseaux sociaux et par certains médias.
Elle a plus que jamais besoin de défenseurs de la trempe de Renata
Lesnik.
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