Dans
l'inconscient populaire, la Première Guerre mondiale a pris fin le
11 novembre 1918. En fait, il n'en est rien, puisque ce jour-là ne
fut signé à Rethondes qu'un armistice. Il faut attendre le 28 juin
1919 – soit 5 ans jour pour jour après l'attentat de Sarajevo –
pour que soit signé à Versailles un traité de paix avec
l'Allemagne, et encore n'était-ce que le premier, d'autres étant
signés ultérieurement :
-
Traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919, avec l’Autriche
-
Traité de Neuilly-sur-Seine, le 27 novembre 1919, avec la Bulgarie
-
Traité de Trianon, le 4 juin 1920, avec la Hongrie
-
Traité de Sèvres, le 10 août 1920, avec la Turquie (non ratifié, il sera remplacé par le Traité de Lausanne du 24 juillet 1923)
Les
négociations de paix s'étaient ouvertes à Paris le 18 janvier 1919
et réunissaient 27 délégations des puissances victorieuses. Les
plénipotentiaires allemands ont été tenus à l'écart des débats
sur la préparation du traité. Ils
ne prennent
connaissance du texte final du traité que
le 7 mai 1919 (sept semaines avant la séance de signature) sans
qu'ils aient pu négocier quoi que ce soit. C'est une première dans
les annales de la diplomatie européenne. Ils proposent des
modifications le 29 mai 1919 mais elles sont toutes rejetées sauf
l'une d'elles concernant la Silésie. En Allemagne, c'est
l'indignation. L'opinion publique qualifie le traité de Diktat.
Le
traité de Versailles a été pour l'essentiel arbitré par quatre
personnes : le Français Georges Clemenceau, le Britannique David
Lloyd George, l'Américain Thomas Woodrow Wilson et
l'Italien Vittorio Orlando. Le président Wilson est un idéaliste
qui veut imposer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
conformément à ses Quatorze Points de janvier 1918, au risque de
créer des États-croupions non viables en Europe centrale. Le
Premier ministre britannique Lloyd George, dans
le souci de maintenir un certain équilibre entre les puissances
européennes et aussi pour complaire au président Wilson, voudrait
éviter de trop écraser les puissances d'Europe centrale mais son
souhait est contrecarré par Georges Clemenceau. Car
le
«Tigre» veut punir l'Allemagne. Il y est poussé par les militaires
comme le général Foch et surtout par son opinion publique, qui a le
sentiment justifié d'avoir donné son sang plus qu'aucun autre dans
la Grande Guerre.
Le
Traité est finalement signé
dans la galerie des Glaces du château de Versailles, sur les lieux
mêmes où fut fondé l'empire allemand le 18 janvier 1871. En
rupture avec les traditions diplomatiques de l'ancienne Europe, les
plénipotentiaires allemands sont reçus de la plus mauvaise manière
qui soit. La séance dure cinquante minutes. Ni décorum, ni musique.
Clemenceau, debout, invite les Allemands à signer les premiers le
traité (L'assemblée
réunie à Weimar ne s'était résignée à approuver le traité que
le 22 juin 1919).
À leur suite, chaque délégation s’approche du bureau pour
signer.
Alors
que les Allemands s'indignent d'un Diktat,
la
majorité des Français jugent pour leur part le traité encore trop
indulgent à l'égard de l'Allemagne, au regard de ce qu'eux-mêmes
ont dû encaisser cinquante ans plus tôt avec le traité de
Francfort qui a conclu la guerre franco-prussienne. Ils en tiendront
rigueur à Clemenceau si bien que celui-ci sera empêché d'être élu
à la présidence de la République l'année suivante ! Quant aux
Américains, soucieux de concorde, ils s'indignent à l'égal des
Allemands de la trop grande sévérité du traité. Le 19 mars 1920,
le Sénat s'offre même le luxe de ne pas ratifier le texte signé
par le président Wilson.
En le rejetant, il refuse par la même occasion l'entrée des
États-Unis à la SDN !
Quant
aux États baltes, ils ne sont évoqués, sans être cités, que dans
l'article 99 du Traité. La présence des délégations baltes à la
Conférence de Paris n'était d'ailleurs qu'officieuse, et elles
n'ont pas participé aux négociations de paix. Il faut dire
qu'initialement le Quai d'Orsay, dans une note du 14 février 1919,
voyait dans la reconnaissance potentielle de l'indépendance des
« provinces baltiques » « un grave danger pour la
paix en Europe » !!
Texte
intégral du traité de Versailles :
https://www.herodote.net/Textes/tVersailles1919.pdf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire