Les entrefilets laconiques, parus dans la presse française à l’occasion de son décès le 26 Juin 2010, ne permettent pas de connaitre la vie atypique de celui qui fut le dernier Premier Secrétaire du Parti Communiste de Lituanie, avant d’en être le premier Président de la République élu.
Né le 22 Septembre 1932 à Rokiškis, en Lituanie indépendante, Algirdas Mykolas Brazauskas fait des études de génie civil, option hydrotechnique, à Kaunas. A partir de 1965, il est secrétaire d’Etat aux matériaux de construction de la République socialiste soviétique de Lituanie, première étape d’une carrière d’apparatchik qui le conduira, en 1988, au poste de Premier Secrétaire du Parti communiste de Lituanie. Mais, en Décembre 1989, le Parti communiste lituanien rompt ses liens avec le PC d’Union soviétique, ce qui aura un rôle crucial dans le retour de la Lituanie vers l’indépendance.
Alors que le mouvement vers un retour à l’indépendance avait été conduit par le centre droit, les élections parlementaires du 25 Octobre 1992 porte le Parti Lituanien démocrate du travail (nouveau nom du Parti communiste) au pouvoir et Algirdas Brazauskas devient Président du Parlement, puis Président de la République par intérim (25 Novembre 1992) avant d’être élu Président de la République « à plein temps » le 14 Février 1993, avec 60,2 % des voix. Il faut dire que, initialement partisan d’une plus grande autonomie de la Lituanie dans l’Union soviétique, il s’était rapidement rallié au mouvement indépendantiste, et que le mouvement Sajūdis, qui avait conduit la lutte pour l’indépendance, n’avait pas réussi à régler les problèmes économiques.
En 1998, il décide de ne pas se représenter aux élections présidentielles et Valdas Adamkus lui succède. Mais il sera encore Premier Ministre du 3 Juillet 2001 au 31 Mai 2006, son gouvernement étant obligé de démissionner sur des problèmes d’éthique. Il restera Président du Parti Social Démocrate jusqu’au 19 Mai 2007 et continuera à avoir une grande influence sur la vie politique lituanienne jusqu’à sa fin. Il était encore très populaire.
On notera que le fait que l’épiscopat lituanien ait refusé la présence du cercueil du défunt Président à une messe du souvenir a créé une polémique inutile. En effet, suivi le droit canon, tout divorcé remarié (ce qui était le cas d’Algirdas Brazauskas) n’a pas le droit aux sacrements religieux « puisqu’il est impossible de rompre les liens sacrés du mariage pour célébrer un second mariage ». Que l’on ait été Premier Secrétaire du Parti Communiste ou Président de la République.
Ah, vous voilà de retour!
RépondreSupprimerC'était quand même dommage de vous voir en vacances quand l'actualité baltique est aussi chargée :)
Donc voilà, le premier président d'après l'ère soviétique(eh oui car il y en a eu avant guerre des Présidents démocratiquement élus) est mort. Je me rappel encore de l'époque quand il était élu car mes parents le soutenaient. En bon môme qui a envie d'embêter ses parents je soutenais son concourant Stasys Lozoraitis, du haut de mes 5ans :D
C'était un grand politique et un homme d'Etat qui a su marquer son époque par son style volontaire et direct.
A noter que l'époque n'était pas des plus faciles. Il est bien connu qu'en ce moment la Lituanie traversait une crise bien plus grave que celle d'aujourd'hui avec la transition vers l'économie de marché et une position internationale très fragile et la mafia régnait en maître jusqu'en 1993. Il est moins connu que nous étions au bord de la guerre civile. En effet la victoire électorale des travaillistes(ex-communistes) n'a guère réjouit les nationalistes, et ils ont donc décidé de régler le problème à la façon d'une république bannière. Une partie de l'armée a "foutu le camp" pour aller se cacher dans les bois. En l'absence d'un leader "sauveur du peuple" et sans doute avec des négociations secrètes garantissant la continuité d'une république démocratique et pro-occidentale, la situation s'est normalisé et les "campeurs" sont revenus dans leurs casernes(sans leurs armes toutefois ce qui a donné lieu à une scandale retentissante).
C'est donc à cette époque que son Excellence Algirdas Brazauskas a mené la Lituanie vers ce quel est aujourd'hui : une réussite démocratique sinon économique (sa politique est controversée dans le domaine économique mais il n'est pas responsable de la crise actuelle)...
Enfin, je ne trouve pas la polémique sur la messe vaine. Certes on n'admet pas de cercueil dans l'église, et quand on est remarié que de manière civile ca complique quelque peu les choses. Il n'en demeure pas moins que l'une dogmes voire même la dogme principale du christianisme est le pardon. Considérant que, c'est lui qui a pris la décision de rendre la cathédrale de Vilnius aux croyants, un geste de bonne volonté aurait été plus indiqué.
P.S. Alors ca donne quoi la marche des anciens waffen-SS à Riga?
Comme vous le savez, je suis en France pour encore une semaine et j'étais même récemment en Bretagne à l'écart de tout ordinateur.
RépondreSupprimerJe trouve que vous vous francisez ! Pour une fois qu'une institution (l'Eglise lituanienne) applique sa loi (les divorcés remariés n'ont pas droit aux sacrements de l'Eglise), il faudrait plutôt s'en réjouir! Il y a quand même eu une messe à sa mémoire à la cathédrale.
Je préciserai au passage que c'est la première fois qu'un Président lituanien décédait en Lituanie.
Ceci dit, je n'ai connu in situ que la période Brazauskas Premier Ministre, où il était, je dirais, comme les autres. Je reconnais toutefois qu'il était "moins pire" que son successeur, Kirkilas, qui a nié jusqu'au bout que la crise pouvait atteindre la Lituanie !
En ce qui concerne Riga, je pense que vous voulez évoquer cette poignée de vieux néo-nazis qui ont voulu déposer des fleurs pour l'anniversaire de l'entrée des troupes allemandes en Lettonie ? C'est à mon sens un non-événement car, cette fois, tout le monde était d'accord ... pour être contre. Même l'organisateur principal, sans doute prudent, n'était pas là ! Et je n'ai pas vu que RIA-Novosti en ait parlé, c'est pour dire ...
Et vous trouverez aussi une excuse à Landsbergis de n'avoir sciemment pas assisté aux funérailles de Brazauskas? On a bien compris qu'avec vous il faut pas toucher à l'Eglise...
RépondreSupprimerJe me disais qu'il y avait longtemps que l'on ne m'avait pas prêté des intentions "malveillante" ......
RépondreSupprimerNous verrons vos commentaires lors des obseques de Landsbergis (puissent elles arriver aussi tard que possible), que vous saurez qualifier des épithètes les plus obséquieux. Dès qu'il y a le mot communiste, ça pose problème avec vous. Ici, en guise d'hommage, vous vous fendez d'un bien élogieux "moins pire" qu'un autre social démocrate.
RépondreSupprimerJe ne suis heureusement pas le seul à qui le communisme (et pas simplement le mot) pose problème !
RépondreSupprimerAlors comment répondre à votre question faisant office de titre "Qui était Brazauskas" ? Un affreux coco qui ne méritait pas d'obsèques religieuses pour avoir été un Apparatchik? Lorsqu'on veut refuser une telle chose à un grand homme, on sait très bien lire la loi religieuse. L'Eglise a la mémoire courte, et vous aussi semble-t-il, car un de vos commentateurs ci-dessus a fait référence au fait que Brazauskas a rendu à l'Eglise la Cathédrale de Vilnius Beau geste de gratitude n'est-ce pas?
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec le commentaire d’Audrius. J'ai personellement vécu le moment de la restitution de la cathédrale et la situation critique voire dangereuse au début des années '90. La décision de l'épiscopat lituanien me fait aussi penser à l'antagonisme Kaunas-Vilnius. (nikasto)
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec le commentaire d’Audrius. J'ai personellement vécu le moment de la restitution de la cathédrale et la situation critique voire dangereuse au début des années 90. La décision de l'épiscopat lituanien me fait aussi penser à l'antagonisme Kaunas-Vilnius. (nikasto)
RépondreSupprimerQue je me francise? Eh ben... Ma foi ce n'est pas impossible car cela fait 7 ans que je vis en France. Mais je ne vois pas en quoi mon opinion est francisée(sans doute je suis déjà trop francisé pour m'en apercevoir^^)?
RépondreSupprimerEnfin il serait intéressant de faire une thèse sur l'opposition Landsbergis-Brazauskas et comment elle a façonnée l'État lituanien dès avant sa naissance et qui continue à définir e grande partie ce qu'est la Lituanie aujourd'hui. Il faudrait un historien courageux pour faire ce travail, je le lirais avec plaisir.
Quant aux ex-nazis de Riga c'est bien grâve à Ria novosti que je l'ai su. Mais il est vrai qu'après coup ils n'ont pas commenté ce non-évènement.
Bonjour, je souhaite réagir car tout de même ! ne croyez vous pas que l'église catholique, qui sait pourtant être indulgente quand il s'agit des généraux tortionnaires d'amérique latine (je crois que pinochet a eu droit à des obsèques religieuses !!!) qui a eu de la "compréhension" pour certaines "faiblesses"...(en clair il vaut mieux être pédophile que divorcé!)pourrait parfois laisser sa rigueur de coté ? ne vous étonnez pas si les églises sont désertées. Denis, baptisé par habitude, athée par conviction.
RépondreSupprimer@ Denis
RépondreSupprimerAi-je pris position dans le post ? Je ne le crois pas. J'ai juste rappelé qu'en droit canon, un divorcé remarié est écarté des sacrements. Et que le fait qu'il ait été un apparatchik communiste pendant des années n'avait rien à voir (même si ça n'a pas dû aioder).
Ensuite, que l'on juge que c'est normal, scandaleux ou inique, c'est une affaire personnelle. Mais chaque communauté, qu'elle soit religieuse, politique, ethnique, etc... a ses propres lois ou règles. A mon sens, la moindre des choses , quand on veut faire partie de cette communauté, est d'en respecter les dites lois.
certes, et je respecte votre point de vue ! mais parfois il est nécessaire pour ceux qui font partie d'une communauté, de la faire évoluer. La hiérarchie est souvent enfermée dans son dogme et dans ce cas c'est au peuple de faire entendre sa voix. Et si hélas cela n'est pas possible, alors on s'en détourne...c'est ce qui arrive aux obédiences figées dans leurs certitudes (comme le communisme par exemple !)A part ça, "aime ton prochain comme toi-même" ça me convient parfaitement.
RépondreSupprimerCela dit vous ne prenez toujours pas position sur le la restitution à l'Eglise de cette cathédrale. En tant que communiste il aurait pu se cantonner toute sa vie au motto "Ni dieu ni maître" (quoique celui-ci est plus précisément anarchiste), mais il a fait un pas en avant vis à vis d'une institution qui execre, à l'instar du rédacteur de ce blog, le Communisme et tout ce qui s'y rapporte. Cette rétrocession allait-elle tellement de soi? Pourquoi tant d'ingratitude aujourd'hui?
RépondreSupprimerJe me félicite que la Présidente ait publiquement pris acte de cette décision épiscopale, vu son influence elle ne devrait pas aider les églises à se remplir de nouveau...
J'attire par ailleurs votre attention sur cet article : http://www.delfi.lt/news/daily/lithuania/vilniuje--masine-romos-kataliku-baznycios-tikejimo-atsisakymo-akcija-atnaujinta.d?id=34010495
Pourquoi devrais-je prendre position sur la restitution des églises ? La religion ayant cessé d'être l'opium du peuple, il était normal que les propriétaires spoliés retrouvent leur bien, non ? Surtout dans un Etat comme la Lituanie qui, malgré 50 ans de persécutions, est resté catholique à 80 %. C'eut été peu porteur de garder une galerie de peinture à la place de la Cathédrale ou le musée de l'athéisme à St Casimir.
RépondreSupprimerLe rédacteur de ce blog, comme vous dites, assume totalement son anti-communisme. Il y a eu au XXe siécle deux totalitarismes mortifères. L'un a eu son procès de Nüremberg, l'autre pas et continue à tuer. Malheureusement, si le nazisme est à juste titre banni, le communisme et ses avatars trotskystes ont encore pignon sur rue.
Alors faut-il tondre les femmes qui ont eu des rapports sexuels avec des apparatchiks à chaque 16 février et 11 mars?
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