Profitons du prétexte de l’anniversaire
de la naissance de celui qui n’était encore qu’Henry Beyle, le 23 Janvier 1783 à Grenoble, pour
évoquer le passage en Lituanie d’un des plus célèbres participants, à défaut d’être
parmi les plus glorieux, de la campagne de Russie de 1812, Stendhal.
Monté à Paris à l’âge de
16 ans, plus préoccupé d’ « être un séducteur de femmes » que de
préparer le concours de Polytechnique, il se retrouve finalement secrétaire de
son cousin Pierre Daru au Ministère
de la Guerre, lequel l’emmène, le 7 Mai 1800, faire la campagne d’Italie. Ce
sera pour lui la révélation de l’Italie, qui sous-tendra toute sa vie. Le 23
Septembre 1800, il est nommé Sous-lieutenant au 6e Régiment de
Dragons.
Pierre Daru |
Rentré à Paris en 1802, il
repart en campagne en Allemagne le 16 Octobre 1806. Grâce à Pierre Daru, devenu
Commissaire général de la Grande Armée, puis Intendant général des pays
conquis, Henry Beyle est nommé Commissaire de guerre adjoint, en poste à
Brunswick. Après l’occupation de Königsberg (Kaliningrad actuelle), il pense
que la campagne va se prolonger vers Saint-Pétersbourg, via la Courlande. Mais
les Traités de Tilsit (7 Juillet avec la Russie, 9 Juillet avec la Prusse) l’empêcheront
de voir la Lituanie et il devra attendre 5 ans avant d’y revenir.
Son ascension sociale ne
commencera que le 1er Août 1810, quand il sera nommé Auditeur au
Conseil d’Etat, puis, le 22 Août, Inspecteur de la comptabilité des Bâtiments
et du Mobilier de la Couronne.
Le 23 Juillet 1812, Henry
Beyle quitte Paris, chargé de courriers et de paquets pour l’Empereur qui vient
de quitter Vilnius le 16 Juillet en direction de Moscou. Beyle/Stendhal atteint
Marijampolė dans les premiers jours d’Août et franchit la Bérézina le 12 Août
vers Bojarinkov, où se trouve l’état-major impérial. « Capitaine de
Dragons grassouillet et vaniteux » (Paul Britten Austin), il se trouve à
Moscou le 15 Octobre, quatre jours avant son évacuation.
La Maison Frank / Stendhal |
Chargé de convoyer 1 500
blessés vers Smolensk le 7 Novembre, Henry Beyle en profitera pour anticiper la
retraite, quittant Smolensk le 11 Novembre et atteignant Vilnius dans la soirée
du 6 Décembre. Il en repart le 7 ou le 8 Décembre vers Kaunas, puis Königsberg,
après avoir a priori rendu visite aux états-majors du Commissaire en chef et du
Chef trésorier, installés dans l’actuel Institut Français de Vilnius, au 1 rue Didžioji. Ce qui vaut
à ce bâtiment, connu des Lituaniens comme la Maison Frank, d’être appelé Maison
Stendhal par les Français, alors que le futur écrivain n’y a apparemment pas
séjourné.
Henry Beyle ne rejoindra
Paris que le 31 Janvier 1813. Il participera à nouveau, mais sans conviction, à
la Campagne d’Allemagne au printemps 1813 et finalement se réjouira de la chute
de Napoléon 1er. Il n’écrira
ses premiers essais qu’en 1817, l‘«Histoire de la peinture en Italie »
sous son vrai nom, et « Rome, Naples et Florence » sous le pseudonyme
de M. de Stendhal, Officier de cavalerie !
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