Délégués polonais (à gauche) et lituaniens à la conférence de Suvalkai |
Ça commence à se savoir :
au XVème siècle, le Grand-duché de
Lituanie était le plus grand Etat européen, s’étendant de la Mer Baltique à
la Mer Noire. Amputé d’une partie de son territoire au profit du Royaume de
Pologne au traité de Lublin (1er Juillet 1569), il disparaîtra en
tant qu’Etat souverain lors du troisième partage de la Pologne – Lituanie (1795).
A l’issue de la Première Guerre Mondiale, la Lituanie retrouvera son
indépendance, mais elle partage le territoire de l’ancien Grand-duché avec la
République de Pologne et une éphémère République Démocratique de la Ruthénie
Blanche (appelée aussi République Nationale Bélarusse). En outre, les frontières
sont seulement vaguement définies par le Traité de Versailles (28 Juin 1919).
Le Chef d’Etat polonais, le Maréchal Józef Piłsudski, estima alors que c’était le bon moment pour étendre les frontières de la
Pologne et imagina de créer une fédération d’Etats centre et est européens, la Międzymorze (entre les mers), dirigée par la Pologne, fédération qui ferait
tampon entre les impérialismes allemand et russe.
Le Maréchal Józef Piłsudski en 1920 |
Il s’ensuivit à partir de 1919 une série de conflits frontaliers qui
dégénérèrent, d’une part à partir de Février 1919, en une véritable guerre
entre la Pologne et la Russie soviétique, et d’autre part à partir d’août
1920, en une guerre entre la Pologne et la Lituanie.
La guerre entre la Pologne et la Lituanie éclata
lorsque les deux Etats s’affrontèrent à propos des régions de Suvalkai et
de Vilnius, à partir du 26 août 1920. Les
premiers combats eurent lieu le 22 Septembre 1920. La Société des Nations (SDN)
s’impliqua pour qu’il y ait des négociations et un cessez-le-feu, appelé Traité de
Suvalkai (Suvalkų sutartis),
fut signé le 7 octobre 1920 à minuit. Il devait prendre effet le 10 Octobre à
midi. Le cas de Vilnius n’était pas explicitement abordé dans le Traité, mais
la capitale lituanienne était derrière les lignes lituaniennes et abritait une
garnison lituanienne. Ce n’était donc pas censé poser problème.
Le général Lucjan Żeligowski |
Mais, dès le 8 octobre 1920, le général polonais Lucjan Żeligowski, à la tête de la 1ère Division Lituano-biélorusse, lança une attaque contre
les unités lituaniennes de la région. La Pologne déclara qu’elle n’y était pour
rien et que le général Żeligowski s’était rebellé. Cette version fut contredite
ultérieurement par Piłsudski lui-même, quand il déclara, en août 1923, au
théâtre de Vilnius, qu’il avait donné personnellement les ordres pour
l’attaque.
Le 12 octobre 1920, le général Żeligowski proclama la République de Lituanie Centrale et annonça la formation d’un
gouvernement et la tenue d’élections le 9 janvier 1921, mais qui furent finalement
reportées d’un an, au 8 janvier 1922. Les Lituaniens, la plupart des
Juifs et de nombreux Biélorusses boycottèrent le scrutin.
En vert, la "République de Lituanie centrale" |
Les factions polonaises qui avaient gagné les
élections (il faut dire qu’elles étaient seules en lice) demandèrent le 20 février
1922 que la « République de Lituanie centrale » soit incorporé à la
Pologne, ce qui fut accordé par le Parlement Polonais (le Sejm) le 22 mars 1922.
(NB : Toute ressemblance avec des événements
récents en Ukraine, notamment en Crimée, ne serait pas fortuite)
Le contentieux
entre la Lituanie et la Pologne perdura pendant toute la période entre les deux
guerres mondiales et cette occupation est encore bien présente dans les
mémoires – notamment lituaniennes - aujourd’hui. La Lituanie ne récupérera sa
capitale Vilnius que le 10 octobre 1939, après que l’Union soviétique et l’Allemagne nazie, eurent
envahi et occupé la Pologne.
Bonjour.
RépondreSupprimerJe fais des recherches actuellement sur le rôle de mon grand-oncle Paul Mantoux à la SDN. Je viens de découvrir votre blog.
Ce matin j'ai pu photocopier un document qui peut vous intéresser. Je vous l'adresse.
Cordiales salutations.
Ariel Conte
ariel.conte@orange.fr