Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne |
Originaires de Flavignac
(Haute-Vienne), les Loménie de Brienne se sont détachés de la branche
principale des Loménie en 1623 par le mariage d’Henri-Auguste de Loménie avec
Louise de Béon, comtesse héritière du comté de Brienne (Aube). Henri-Auguste de
Loménie (1594 – 1666) est Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangère sous
Mazarin, pendant la minorité de Louis XIV.
Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne (1635 – 1698), est le fils
d’Henri-Auguste de Loménie, et est destiné, comme son père, aux Affaires
étrangères. Il accède d’ailleurs à la majorité du Roi Louis XIV, le 7 septembre
1651, à la charge de Secrétaire d’Etat ; il a 16 ans. En 1652, son père
l’envoie visiter l’Europe septentrionale pour qu’il s’instruise.
Le voyage dura de 1652 à 1655. C’est l’exemple de ces voyages que les jeunes gens
de l’époque, appartenant à des familles aisées, entreprenaient pour
s’instruire, avec à leur suite un précepteur (en l’occurrence l’architecte
François Blondel), un maître d’hôtel, un valet de chambre et deux laquais. Ils
visitent la Hollande, les Etats allemands, le Danemark, la Suède et la Laponie,
la Finlande, la Pologne, l’Autriche et l’Italie. Le jeune Louis-Henri consigne
soigneusement (en latin) les péripéties du voyage et les endroits visités. Ce
qui lui vaut à son retour une certaine considération mondaine et une indéniable
curiosité.
Riga en 1650 |
Dans ce récit, il dit avec
précision qu’après être passé « à Viborg, ville frontière de la
Moscovie », il avait traversé les glaces jusqu’à Narva, « ville de
l’Ingrie, province de Moscovie, que les Suédois possèdent maintenant, ensuite
dans la province d’Esthonie ». Puis il avait vu « Revel {Tallinn},
ville fort jolie et beau port de mer » et Pernau {Pärnu} . Suivant le golfe de Livonie,
il arrive à Riga, « capitale de Livonie et dernier lieu de la domination
suédoise », qu’il décrit comme une « place considérable pour sa
situation, que les Suédois ont très bien fortifiée. {…} Il y a dans Riga toujours
5.000 hommes de garnison, comme étant la plus importante place qu’ait la Suède
sans contredit. ». Il voit à l’arsenal de « monstrueuses
couleuvrines » que l’on conserve « comme un monument éternel de la
conquête de Livonie sur les Moscovites ». Il a sur ces derniers un
jugement très peu flatteur.
Riga en 1650 |
C’est le connétable de Suède qui lui donna des traîneaux pour qu’il se
rende sur les terres du « prince de Courlande ». (Il s’agit du Duc Jacob
Kettler (Jēkabs Ketlers) qui régna
de 1642 à 1682 et porta le Duché de Courlande à son apogée). En Courlande, Louis-Henri se sent de retour en
Occident : « Il n’y a point dans toute l’Europe de cour plus
polie : je croyais être en France ». Il note au passage un détail qui
contraste avec les mœurs des cours allemandes : « On ne vous force
point à boire » ! Une seule ombre au tableau : le Duc est luthérien !
En 1658, à l’âge de 23 ans,
Louis-Henri de Loménie est nommé Conseiller d’Etat pour remplacer
occasionnellement son père : le jeune diplomate est alors au sommet de sa
gloire. Mais cette considération va être de courte durée. Il est présent quand,
en mars 1661, Louis XIV décide de gouverner seul. Sa disgrâce se fait
progressivement ; il la doit probablement à son attitude frivole et
fanfaronne, alors que Louis XIV réclamait dévouement total et discrétion à ses
ministres. Sa charge est rachetée en avril 1663.
Privé d’avenir à la cour et sa
femme décédant brusquement en janvier 1664, le comte de Brienne s’abandonna aux
plaisirs de la chair, du jeu et de la boisson, et sa famille inquiète le fit
interner, par lettre de cachet du Roi, à la maison Saint-Lazare où il resta de
1674 à 1692. Libéré en 1692, il ne réussit pas à reprendre son rang et se
retira finalement à l’abbaye de Château-Landon (Seine-et-Marne) où il expira le 17 avril 1698.
L'abbaye royale St-Séverin de Château Landon |
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