La
famine et le génocide ukrainiens de 1932 – 1933, connus sous le nom d’Holodomor,
occupent une tragique place à part dans l’histoire de l’Ukraine, mais
aussi de l’Europe. Contrairement à ce que certains voudraient encore faire
croire aujourd’hui, l’extermination de millions de paysans ukrainiens par une
faim artificielle, a été un acte conscient et
délibérément déclenché par le régime soviétique de Joseph Staline en vue
d’anéantir systématiquement les aspirations du peuple ukrainien à la liberté et
à l’indépendance.
Pendant
les décennies qui ont suivi cette tragédie, ses raisons et son ampleur ont été
passées sous silence, voire déformées, par le pouvoir soviétique. Ce n’est
qu’après l’accession de l’Ukraine à l’indépendance que la vérité a été révélée.
Le nombre exact de victimes reste inconnu et restera sans doute même impossible
à déterminer. Suivant les historiens (sachant que les sources
soviétiques étaient souvent falsifiées), l’Holodomor aurait fait entre 2,8 (sources russes) et 7 à 10
millions de morts (sources
ukrainiennes).
Le 26 Novembre 1998,
le Président ukrainien Leonid Koutchma a
pris un décret présidentiel désignant le quatrième samedi de Novembre comme
Jour national du souvenir en mémoire des victimes de cette grande famine.
Le 28 Novembre 2006,
de Parlement ukrainien a voté pour la reconnaissance de l’Holodomor comme un génocide contre le peuple ukrainien. Il semblerait en effet que, contrairement aux autres famines qui ont
précédé en URSS (1921-23, 1924-26, 1927-28), et à celle qui a suivi (1946-47),
celle de 1932-33 se soit distinguée par la volonté d’éradiquer le nationalisme
ukrainien et de punir les paysans ayant un certain niveau d’aisance, les Koulaks. A ce titre, il s’agirait bel et bien d’un génocide.
A
ce jour, 24 pays (dont les 3 Etats baltes), ont reconnu l’Holodomor comme
génocide. Pas la France.
Le quatrième
samedi de Novembre a été reconnu par les communautés ukrainiennes dans le
monde comme le jour choisi pour se souvenir des victimes de l’Holodomor et pour
promouvoir les libertés fondamentales d’une société démocratique. C’est ainsi
que des cérémonies ont eu lieu hier 23 novembre à Paris, avec dépôt de gerbe
sur la tombe du soldat inconnu à l’Arc de Triomphe et liturgie et requiem à la
cathédrale Notre-Dame de Paris.
Ces cérémonies prennent un
relief particulier dans le contexte actuel, après que la Russie ait annexé en
toute illégalité la Crimée ukrainienne et fasse régner la terreur et la guerre
dans le Donbass. Il est important
que de tels crimes soient révélés, que la mémoire des victimes soit conservée
et que la souffrance des Ukrainiens soit reconnue, afin que de telles
tragédies, décidées au nom d’une idéologie mortifère, ne se reproduisent plus
ou, dans le cas présent, s’arrêtent.
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