Le 26 avril 1986, à 01H23 du matin, le
réacteur n° 4 de la centrale nucléaire Lénine de Tchernobyl, en République Socialiste
Soviétique d’Ukraine, explosait. En ce trentième anniversaire, chacun y va de
son article et je n’y ferai pas exception.
Pour me distinguer, je
mettrais toutefois l’accent sur les responsabilités de l’accident, sur la
gestion « à la soviétique » de l’accident, et sur les « liquidateurs ».
Tout d’abord, le réacteur,
de type RMBK 1000, qui présentait déjà plusieurs points faibles dans sa
conception, avait été construit sans respecter les normes en vigueur selon le Président
du KGB à l’époque de la construction, un certain Youri Andropov.
Le 25 avril 1986, un test
d’îlotage est prévu sur le réacteur n° 4. Ce test consiste à isoler le réacteur
du réseau électrique externe, tout en le maintenant en puissance. Le réacteur
ne produit plus alors que l’énergie électrique nécessaire à son fonctionnement.
Il permet de tester l’alimentation électrique de secours permettant au réacteur
de fonctionner en sécurité pendant une panne de courant.
L’accident s’est produit à
la suite d’une série d’erreurs commises par les techniciens de la centrale qui,
sous les ordres d’Anatoli Stepanovitch
Diatlov,
vice-ingénieur en chef, ont supprimé plusieurs sécurités, violant de ce fait
les procédures garantissant la sécurité du réacteur. On notera en outre au
passage que le directeur de la centrale, Viktor Petrovitch Brioukhanov, n’est pas un spécialiste du nucléaire mais un
ingénieur en thermodynamique. Cette méconnaissance ne lui permettra pas de
prendre les bonnes décisions dans la journée du 26 avril.
Le 26 avril, la population locale, et
notamment les habitants de la ville de Pripyat, à 3 km de la centrale, ne sont
pas prévenus de l’accident et continuent leurs activités habituelles. 900
élèves, âgés de 10 à 17 ans, participent même ce jour-là à un marathon de la
paix qui fait le tour de la centrale !
Ce n’est que le 27 avril à 14H que l’évacuation
des 49 000 habitants de Pripyat commence. On leur a dit de prendre le
strict minimum, leur promettant qu’ils pourraient revenir 2 à 3 jours plus
tard. Ce n’est d’ailleurs que le même jour, 27 avril, que Mikhaïl Gorbatchev est officiellement
informé. Encore ce rapport est-il sérieusement édulcoré.
Le 28 avril, la centrale nucléaire suédoise de
Forsmark constate un niveau de radioactivité anormal venant de l’est.
Contrainte par les médias occidentaux, l’Agence de tresse TASS parle le 29
avril d’un accident « de gravité moyenne survenu à la centrale nucléaire
de Tchernoby » !
Il faudra attendre le 14
mai pour que Gorbatchev prononce une allocution télévisée au cours de laquelle
il reconnaît l’ampleur de la catastrophe et admet des dysfonctionnements profonds.
Cette catastrophe a
entraîné un bilan en pertes humaines qui est encore contesté 30 ans plus tard. On
rendra un hommage particulier aux pompiers dont 15 d’entre eux, sans aucune
protection, étaient à pied d’œuvre le 26 avril dès 01H28 du matin. Et aux 500 à
800 000 « liquidateurs », civils et militaires, qui participèrent au
travail titanesque et funeste de consolidation et d’assainissement du site. Le
nombre de morts dans leurs rangs varie de 20 000 à 100 000 !
La catastrophe de
Tchernobyl a montré au grand jour les faiblesses scientifiques, techniques et
de sécurité de l’URSS du « bon » M. Gorbatchev. Mais aussi l’opacité
de la communication qui a certainement eu de terribles conséquences sanitaires.
A contrario, ce n’est pas parce qu’il y a eu cette catastrophe, conséquence d’une
mauvaise conception et d’une succession d’erreurs humaines, qu’il faut
condamner l’énergie nucléaire dans son ensemble.
En plein dans l’actualité, on lira avec
intérêt "Traverser Tchernobyl" de
Galia Ackerman
bonjour
RépondreSupprimeril se trouve que je suis allé à Kiev, Tchernobyl et Pripiat en avril 2016.
j'ai discuté (en allemand) avec un Letton : Janis Ivars Kasparsons, qui travaillait sur le site.
je regrette beaucoup de n'avoir pas fait le nécessaire pour aller de là à Rawa-Ruska où mon grand-père a été prisonnier.
bien cordialement,
YP