Rawa-Ruska est une localité située en Galicie,
aujourd’hui en Ukraine. La région avait été annexée à la Pologne par le traité
de Riga de 1921 et récupérée par l’URSS, alliée de l’Allemagne nazie, lors de l’invasion
soviétique de la Pologne, le 17 septembre 1939.
Suite à l’attaque de l’Allemagne se retournant
contre son allié soviétique, le 22 juin 1941, les Allemands établirent, sur
tous les territoires conquis, des camps de prisonniers de guerre pour les
Russes, camps numérotés dans la série 300.
Au front Stalag 325 de Rawa-Ruska, créé courant
juillet 1941, 18 à 20 000 prisonniers russes périrent durant les 5
premiers mois, par la famine, le manque d’hygiène et les mauvais traitements.
Un second contingent de 4 000 précéda les Français de 4 mois ; seuls
400 survivaient encore à l’arrivée des Français.
A partir d’avril 1942, le camp de Rawa-Ruska
(Stalag 325) recevra des prisonniers français et belges qui avaient déjà tenté
de s’évader de leur Stalag. Le premier convoi, qui arrive au camp le 13 avril
1942, est constitué de 2 000 prisonniers de guerre qui proviennent de
Limburg et du Stalag VI H de Düren. De même le deuxième, qui arrive le 5 mai
1942, a la même provenance. Les Français et les Belges prendront la
« succession » des Russes, dans les mêmes conditions.
C’est en effet le 21 mars 1942 que l’OKW (Oberkomando des Wehrmacht) avait signé
l’ordre de transfert à Rawa Ruska de « tous les prisonniers de guerre
français et belges évadés récidivistes et coupables de sabotages ou de refus de
travail réitérés ». 24 à 25 000 de ces prisonniers y seront dirigés
entre le mois d’avril 1942 et le début de l’année 1943.
Les prisonniers arrivaient dans le plus complet
dénuement. Ils devaient subir des brimades quotidiennes, des rassemblements
étaient ordonnés à n’importe quelle heure, les quantités d’aliments distribuées
étaient nettement insuffisantes et d’une qualité déplorable. En raison de leur
affaiblissement, les détenus étaient des proies toutes désignées pour les
diverses maladies endémiques dans la région. Ils perdirent tous de 15 à 20 kg
au cours des premiers mois de leur détention.
Le camp sera fermé le 28 janvier 1943 et les
prisonniers restant seront transférés à la citadelle de Lemberg (Lviv), gardant
la dénomination de Stalag 325. Il est de nouveau et transféré cette fois à Stryj, toujours sous le nom de Stalag 325.
Il restera à Stryj jusqu’à sa dissolution définitive devant l’avance de l’Armée
rouge, le 13 janvier 1944. A cette date, il ne restait plus au Stalag 325 que
177 Français ou Belges. Sur plus de 1 500 000 prisonniers français
internés en Allemagne, ce sont 24 à
25 000 qui furent dirigés sur Rawa-Ruska et ses sous-camps.
Feu
mon père, le Dragon Louis Dutertre (31e régiment de Dragons de Lunéville), avait été fait prisonnier le 17 mai 1940 à
Jeumont (Nord), donc a priori au cours de la bataille de la Sambre (16-23 mai
1940). Son registre matricule indique qu’il a été interné au Stalag VI H
(Stalag pour Stammlager = camp ordinaire)
qui se trouvait, de mars 1940 à octobre 1941, à Arnoldsweiler, dans les
faubourgs nord de Düren, land de Nordrhein-Westfalen (entre
Aachen/Aix-la-Chapelle et Köln/Cologne). Il a tenté de s’évader au moins deux
fois et a été expédié à Rawa-Ruska. Je n’ai pas encore de détail sur cet
internement, mais j’ai adhéré récemment à l’association « Ceux de
Rawa-Ruska et leurs descendants » http://www.rawa-ruska.net/
et reconstituer le parcours de mon père dans ce camp de représailles sera une
façon pour moi de lui rendre hommage.
Le Dragon Louis Dutertre, en 1937. |
Bonjour, Même chose pour mon père MORET Georges, stalag VI H évadé 2 ou 3 fois puis séjour à RAWA-RUSKA. J'ai publié un récit sous le nom de "Mon voyage à RAWA-RUSKA. Merci pour votre témoignage. P.MORET
RépondreSupprimerVotre récit ""Mon voyage à RAWA-RUSKA" est-il un livre ? Je ne l'ai pas trouvé via google. Comment peut-on se le procurer ? Ca m'intéresse particulièrement car votre père était au départ dans le même Stalag que le mien. Au besoin : gilles.dutertre@gmail.com
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