Bougies du souvenir à Tallinn |
Le 8 mai 1945 n’a pas
signifié la fin de la guerre pour une grande partie de l’Europe, occupée par l’Union
soviétique. Des mouvements de résistance, principalement les Frères
de la Forêt, menèrent des actions armées dans les trois Etats baltes,
et principalement en Lituanie où ils étaient le mieux organisés.
C’est Alexsandr Mishutin,
procureur de la RSS de Lettonie, qui alerta Moscou dans un rapport secret, le 21
septembre 1948, indiquant que des groupes clandestins de résistance,
incluant des Koulaks (« riches » paysans), et des éléments contre-révolutionnaires,
« pourrissaient la société soviétique lettone.
Stura Maja (la maison du coin), immeuble du KGB à Riga |
Le Conseil des Ministres
de l’URSS (dont le président est Joseph Staline) prit, le 29 janvier 1949 la décision n° 390-1388ss approuvant la déportation
des « Koulaks », des nationalistes (sic) et des bandits (re-sic),
mais aussi de leurs soutiens et de leurs familles, depuis l’Estonie, la Lettonie
et la Lituanie. L’objectif était double :
forcer à la collectivisation des propriétés et éliminer les soutiens des
insurgés.
Le 28 février 1949, Viktor Abakumov, le Ministre de la Sécurité d’Etat
(MGB) signa l’ordre n° 0068 du MGB pour la préparation et l’exécution de la
déportation par les Forces de l’Intérieur, aux ordres du Lieutenant-Général Burmak.
Compte tenu de l’objectif de 30 000 familles à déporter, des troupes
additionnelles sont venues en renfort de l’intérieur de l’URSS, 4 350 en Estonie,
4 500 en Lettonie. C’est au total 76 212 personnels, articulés en
équipe de 9-10, y compris des activistes du parti communiste armés pour l’occasion,
qui ont été impliqués dans la déportation.
Selon les chiffres
officiels, mais qui parfois divergent, 19 827 personnes oint été déportées
d’Estonie, 41 811 de Lettonie et 25 951 de Lituanie. Ils se répartissaient
en 27 % d’hommes, 44 % de femmes et 29 % d’enfants de moins de 16 ans. Leur
destination était la Sibérie, principalement les oblats d’Irkoutsk (27 %), d’Omsk
(23 %) et de Tomsk (16 %).
Wagon de déportation |
Compte tenu du fort taux
de mortalité enregistré chez les déportés lors de leurs premières années en
Sibérie, en raison de l’incapacité – que ce soit par négligence ou par
préméditation – de fournir un hébergement et de l’habillement adapté, certaines
sources considèrent ces déportations comme un génocide (intention d’éliminer systématiquement
un groupe culturel, ethnique, linguistique, national, racial ou religieux). Se
fondant sur la clause dite de Martens (1899) et sur les principes de la Charte
de Nuremberg (1945), la Cour Européenne des Droits de l’Homme a statué que les
déportations de mars 1949 constituaient un
crime contre l’humanité.
et http://www.estonie-tallinn.com/2013/03/operation-priboi-deportations-de-masse.html
centré sur l’Estonie
Je ne changerai pas une
ligne à ma conclusion de 2011 sur le même sujet : « Les crimes nazis et les crimes
soviétiques sont une réalité. En aucun cas les crimes des uns ne peuvent
excuser les crimes des autres. En aucun cas le commanditaire du crime, qu'il
soit vainqueur ou vaincu d'une guerre mondiale, n'est absout et ne doit
échapper à la justice, pas plus que l'exécutant. »
En 1949, le commanditaire du crime (mais pas
seulement de celui-là) est Staline, ce même Staline aujourd’hui réhabilité par
le pouvoir russe.
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