Dans mon article
précédent du 9 mars (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2016/03/mort-et-resurrection-de-staline-2eme.html),
je soulignais que Nikita Khrouchtchev, dans sa déclaration au XXe Congrès du
PCUS le 9 février 1956, tout en condamnant Staline, mettait en avant la figure de Lénine, qualifié de « pur communiste », afin de dédouaner le Politburo, dont la
plupart des membres avaient été des lieutenants zélés de Staline.
La tribune du XXe Congrès |
En 1956, la direction
soviétique, bientôt suivie par les dirigeants des « partis frères »
communistes, désigna donc Staline comme bouc émissaire afin d’exorciser quatre
décennies de crimes de masse, mais surtout afin de pouvoir continuer à profiter
en toute tranquillité de leurs privilèges.
Cependant, ces accusations
contre le camarade Staline, considéré jusque là comme infaillible, jetèrent un
trouble profond dans le monde communiste. Les « démocraties populaires »
furent parcourues de mouvements de révoltes contre leurs dirigeants installés
par Staline depuis 1945, et ce furent notamment les émeutes de Poznan (Pologne)
de juin 1956, l’insurrection de Budapest (Hongrie) de l’automne 1956 et le
printemps de Prague (Tchécoslovaquie) de 1968.
Budapest, 1956 |
Aujourd’hui, Vladimir Poutine
renvoie le balancier dans l’autre sens. En effet, il accuse Lénine d’avoir « placé une bombe atomique sous la Russie ».
En décembre 1922, en amont de
la création de l’URSS, deux conceptions se sont opposées : celle de
Staline, qui voudrait faire adopter par le Comité central du Parti l’absorption
par la République Fédérative de Russie (RSFSR) de toutes les autres
Républiques, et celle de Lénine qui y oppose une fédération de Républiques possédant
des droits égaux, y compris de sécession. Le 30 décembre 1922, le 1er
Congrès des soviets proclame la création de l’URSS sur la base des propositions
de Lénine.
Lénine |
Le 2e Congrès
adoptera la Constitution de l’URSS le 31 janvier 1924. Or, c’est sur cette
Constitution que s’appuieront les Républiques constituant l’URSS, à commencer
par la Lituanie le 11 mars 1990, pour proclamer leur indépendance en 1990 et
1991. C’est donc cette disposition, initiée par Lénine qu’aujourd’hui Poutine
regrette. Ce qui entraîne que, de facto, il réhabilite Staline, le « grand
manager », qui avait rétabli et maintenu l’unité de la Russie impériale,
Pays baltes, Caucase et Ukraine compris.
5 mars 2016 |
Il est enfin intéressant de constater que, 60 ans après le XXe Congrès du 9 février 1956, les mânes de Lénine et Staline, fondateurs du premier régime totalitaire du XXe siècle, continuent de hanter les couloirs du Kremlin et, au-delà, les cercles poutinolâtres en Europe et notamment en France.
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