L’article précédent, du 8
mars (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2016/03/mort-et-resurrection-de-staline-1ere.html) évoquait in fine le
rapport secret de Khrouchtchev du 25 février 1956. Que s’est-il passé ?
Le premier cercle : Mikoïan, Khrouchtchev, Staline, Malenkov, Beria et Molotov |
Le 25 février 1956 matin, XXe congrès du Parti Communiste d’Union
soviétique (PCUS), le premier qui se soit tenu depuis la mort de Staline,
touchait à sa fin, après dix jours de séances. Une ultime séance, d’où avaient
été écartées les délégations étrangères, fut convoquée de manière inopinée.
Nikita Khrouchtchev se
livra alors à une démolition en règle de l’idole jusque là intouchable,
Staline, devant 1 436 délégués quelque peu ….surpris !
Nikita Khrouchtchev |
Khrouchtchev accusa
Staline d’avoir été un mauvais communiste depuis 1935, à savoir :
# d’avoir été un chef désastreux pendant
« la Grande Guerre patriotique » ;
# d’avoir été le promoteur du « culte de la personnalité » ;
# d’avoir été le responsable « de perversions graves et sans cesse plus
sérieuses des principes du parti, de la démocratie du parti, de la légalité
socialiste » ;
#
d’avoir été responsable de la persécution de « communistes honnêtes »
# d’avoir déporté plusieurs peuples.
Il faut dire que
Khrouchtchev avait fait établir le bilan des condamnations prononcées par les
juridictions d’exception de 1921 à 1953. Il était édifiant : 3,7 millions
de condamnations, dont 742 980 à la peine de mort, la plupart entre 1935
et 1950.
Lavrenti Beria, chef du NKVD entre 1938 et 1953 |
Mais, réuni le 9 février
1956, le Politburo, dont la plupart des membres avaient été des lieutenants
zélés de Staline, décida de masquer la plus grande partie des crimes du
régime, afin d’exonérer la nomenklatura,
voire l’ensemble du PCUS, des exactions de 30 années de pouvoir stalinien.
Furent donc laissés dans l’ombre les millions de crimes commis sous Lénine
durant la guerre civile, puis pendant la collectivisation des campagnes
(1929-1933), avec la création du Goulag en 1930, les fusillades de dizaines de
milliers de koulaks (fermier
possédant de la terre, du bétail, des outils, ….) et la déportation de millions d’autres, et
surtout la famine organisée en Ukraine, l’Holodomor (1932-1933), qui fit entre
4 et 5 millions de morts (la fourchette de 7 à 10 millions de morts a été
retenue par l’Ukraine).
En guise de contre-feu,
Khrouchtchev décida de relégitimer le système en mettant en avant la figure de
Lénine, qualifié de « pur communiste ».
Marx - Engels - Lénine - Staline |
Il est donc intéressant de
voir aujourd’hui Vladimir Poutine prendre une posture contraire, accusant
Lénine d’avoir « placé une bombe
atomique sous la Russie » en autorisant, du moins sur le papier, toute
république de l’URSS à quitter celle-ci.
Cette réhabilitation,
cette résurrection de Staline, fera l’objet d’une troisième partie.
(Le présent article a été
établi à partir d’un article de Stéphane Courtois du 9 mars 2016 « Communisme :
enjeu du rapport Khrouchtchev »)
(A suivre)
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