Martin Luther |
Même en l’absence de témoignage direct sur l’événement, l’affichage sur les portes de la chapelle du château de Wittenberg (ville de Saxe-Anhalt située au bord de l’Elbe), le 31 Octobre 1517, de ses « 95 thèses » par le moine et théologien allemand Martin Luther (1483 – 1546) est logique avec les usages du temps. Cet affichage est en outre rapporté par un philosophe professeur à Wittenberg du nom de Mélanchthon.
Les 95 thèses condamnaient violemment la vente d’indulgences que pratiquait l’Eglise Catholique Romaine, et plus durement encore les pratiques du Haut clergé et notamment de la Papauté. On peut consulter ces 95 thèses, dont le nom officiel est Martini Lutheri disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum, par exemple dans leur intégralité sur http://fr.wikipedia.org/wiki/95_th%C3%A8ses.
Ce faisant, Martin Luther ne se doutait sans doute pas qu’il allait créer une nouvelle religion et bouleverser, moins d'un demi-siècle plus tard, l’équilibre géopolitique de la région balte.
Sur le territoire de ce qui est aujourd’hui – grosso modo – la Lettonie et l’Estonie, la Confédération livonienne exista de 1228 à 1560. Elle regroupait cinq petits Etats : l’Ordre Livonien, l’archevêché de Riga et les évêchés de Dorpat (aujourd’hui Tartu), d’Ősel-Wiek et de Courlande. Créée par le Légat du Pape en 1228, afin de minimiser les conflits, la Confédération était en fait contrôlée par les Chevaliers Porte-Glaive, devenus eux-mêmes en 1237 la branche livonienne de l'Ordre teutonique.
La Livonie en 1560 - 1585 |
Mais, en 1558, Ivan IV, premier tsar de Russie, déclencha la Guerre de Livonie car il voulait accéder, et au-delà dominer, la Mer Baltique. La Russie remporta des succès initiaux, et envahit la Confédération livonienne. Affaibli, le Maître de l’Ordre livonien, Gotthard Kettler, dut se résoudre, en 1559, à demander l’aide de Sigismond II Auguste, Roi de Pologne Grand-duc de Lituanie, moyennant des concessions. Parallèlement, Gothard Kettler, conscient des progrès du luthéranisme parmi ses sujets, se convertit et sécularisa à son profit les terres de l'Ordre (attitude qui ressemble à celle d'Albert de Brandebourg, dernier Grand-maître de l’Ordre Teutonique en Prusse, en 1525).
Gotthard Kettler |
Le Traité de Vilnius fut signé le 28 Novembre 1561. Par ce Traité, la Confédération livonienne résiduelle reconnaissait la suzeraineté du Roi de Pologne – Grand-duc de Lituanie (Pacta subiectionis). Gothard Kettler, dernier Maître de l’Ordre livonien, devenait Duc héréditaire de Courlande et de Sémigalle, vassal de Sigismond II Auguste ; le reste du pays était placé sous administration lituanienne. La capitale du Duché passa de Riga, restée polonaise, à Mitau (aujourd’hui Jelgava).
Le 5 Mars 1562, Gothard Kettler déposa solennellement à Rīga le manteau des Chevaliers Porte-Glaive, en faisant allégeance au Roi de Pologne, représenté par Nicolas IV Radziwiłł, Palatin de Vilnius et Gouverneur de la Livonie. Il épousa en 1566 la princesse Anne von Mecklembourg-Schwerin et il s’ensuivit une dynastie Kettler jusqu’en 1737. Le 25 Juin 1570, il publia les « Privilegium Gotthardium », la première Constitution de Courlande.
Martin Luther clouant ses 95 thèses |
très intéressant.
RépondreSupprimerJe m'intéresse beaucoup à la princesse Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, nièce de Talleyrand. Quel rôle a joué cette famille dans l'histoire de Courlande ?
RépondreSupprimerDorothée de Courlande est la quatrième fille de Pierre von Biron, duc souverain de Courlande. Difficile en un commentaire de refaire l'histoire du Duché de Courlande, État autonome sous la suzeraineté de la République des Deux Nations de 1561 à 1795 ! Je vous recommande le livre le plus récent et le plus épais de Laurent Theis et Anne Theis, "Souvenirs et chronique de la duchesse de Dino", Robert Laffont, Bouquins, 2016, 1184 pages.
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