Le 7 Mai 1945 à 02H41, le Generaloberst allemand Alfred Jodl et non pas Gustav comme indiqué ci-dessous), en
tant que mandataire du nouveau chef de l’Etat, le Großadmiral Karl Dönitz, signe à Reims la reddition sans condition
de l’armée allemande en Europe.
Le 7 Mai ? Oui, car
Staline exigeant que la capitulation allemande se fasse à Berlin, une nouvelle
signature a lieu le 8 Mai dans la capitale du Reich occupée par les
soviétiques. Le document entre en vigueur le 8 Mai à 23H01, heure de Berlin.
Mais comme il est alors 01H01 le lendemain à l’heure de Moscou, cela explique
que les soviétiques et aujourd’hui les Russes, célèbrent le 9 Mai la victoire dans
la « Grande guerre patriotique ».
On notera au passage que,
pour les Russes, la deuxième guerre mondiale n’a commencé que le 22 Juin 1941,
au déclenchement de l’opération Barbarossa par les Allemands. Car, auparavant,
depuis le pacte Molotov – Ribbentrop du 23 Août 1939, les soviétiques et les
nazis étaient alliés. L’attaque de la Pologne le 17 Septembre 1939, le massacre
de Katyn au printemps 1940 et l’occupation des Pays baltes à partir du 17 Juin
1940 ne sont donc apparemment que des « points de détail de l’histoire ».
Contrainte de signer un « traité
d’assistance mutuelle » avec l’URSS le 31 Octobre 1939, traité qui impose
l’installation de bases soviétiques sur son territoire, la Lettonie est
finalement occupée dans la nuit du 16 au
17 Juin 1940 quand 200 000 soldats soviétiques prennent possession des
principaux points stratégiques. Des « élections » sont organisées les
14 et 15 Juillet auxquelles seul le parti communiste letton est autorisé à
présenter une liste. Le demande d’adhésion de la Lettonie à l’Union soviétique,
présentée par l’ « assemblée » ainsi élue est acceptée le 5 Août
1940.Ce fut le prélude d’une soviétisation qui se basait sur les déportations
de masse et les liquidations, la plus importante des déportations étant celle
du 14 Juin 1941 (plus de 14 000 personnes déportées)
Après l’attaque allemande du
22 Juin 1941, Riga fut occupée par
les nazis le 1er Juillet 1941. On estime que, pendant la période d’occupation
allemande, et particulièrement pendant les 6 premiers mois 90 000 personnes
ont été liquidées, dont 60 000 Juifs, plus trois catégories
particulièrement visées : les Tsiganes, les communistes et les aliénés. On
notera que si des Lettons ont fait partie de la Légion lettone des « volontaires »
SS (créée le 10 Février 1943), on notera qu’en fait 90 à 95 % avaient été mobilisés
illégalement à partir du 27 Février 1943 (La convention de La Haye de 1907
interdit la mobilisation des habitants de territoires occupés et leur
incorporation dans les forces armées de l’occupant).
Durant l’été 1944, l’Armée
rouge repousse progressivement la Wehrmacht vers l’ouest. Le front traverse la Lettonie entre Juillet 1944 et Mai
1945. Riga est occupée le 13 Octobre
1944. Le terme d’ « occupation » est bien celui qu’il
convient d’employer, dans la mesure où, avant la guerre, la Lettonie comme les
deux autres Etats baltes, était un Etat souverain qui avait signé un traité de
paix avec la Russie soviétique le 11 Août 1920, et s’était déclarée neutre lors
de la déclaration de guerre.
Après la chute de Riga,
200 000 soldats se retrouvent encerclés dans la péninsule de Courlande,
dont la 19e Division SS lettone, où ils se battront jusqu’à la fin
de la guerre, étant même opposés au 130e Corps d’Armée de
tirailleurs lettons de l’Armée rouge, composé en grande partie de Lettons d’Union
soviétique. 250 000 civils lettons ont également trouvé refuge dans le
réduit de Courlande. 130 000 parviendront à fuir en Suède par bateau, mais
les autres passent après l’armistice dans les camps de filtration soviétiques,
dont le résultat fut le plus souvent la déportation en Sibérie.
Le 8 Mai 1945 représente donc pour les Lettons une nouvelle occupation qui ne cessera qu’en
Août 1991. Comme en Lituanie, mais à un degré moindre, se constituera un
mouvement de résistance, les Frères de la Forêt. Mais, non coordonné, sans aide
extérieure, le mouvement disparaîtra au début des années 1950. Le 25 Mars 1949,
les autorités d’occupation déporteront 13 000 familles de paysans
réfractaires à la collectivisation. En 1959, le « bon » M. Nikita Khrouchtchev entreprend
une politique de russification et le Letton perd son statut officiel.
Après 50 années d’occupation,
dont 47 ans par les Russes, on doit donc comprendre que les Lettons puissent
voir d’un œil réprobateur le rassemblement annuel le 9 Mai de milliers de
russophones dans le Parc de la Victoire.
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