Le samedi 7 octobre 2006 à 17H10, c’est une voisine qui découvrit le corps sans vie de la journaliste Anna Politkovskaïa devant l’ascenseur de son immeuble à Moscou. Dans l’ascenseur, les policiers retrouvèrent un pistolet Makarov de 9 mm et quatre douilles. L'émotion avait été très forte en Occident où elle jouissait d'une plus grande notoriété qu'en Russie.
Depuis Juin 1999, Anna Politkovskaïa collaborait au journal en ligne Novaïa Gazeta (Новая газета - Le Nouveau Journal ), média indépendant obligé de suspendre sa publication en mars 2022, mais dont une édition, Novaïa Gazeta Europe, paraît aujourd'hui depuis Riga (Lettonie). Anna Politkovskaïa s'était rendue à de nombreuses reprises dans les zones de combats en Tchétchénie et dans des camps de réfugiés au Daghestan, puis en Ingouchie. En octobre 2002, au péril de sa vie, elle avait accepté de servir de négociatrice lors de la prise d'otages dans le théâtre Doubrovka de Moscou, qui s'est terminée de manière dramatique. Régulièrement menacée, elle avait subit une tentative d'empoisonnement en 2004, alors qu'elle se rendait en avion dans le Caucase.
En 2004 justement, Anna Politkovskaïa avait écrit un livre intitulé « La Russie de Poutine » . Elle y peignait un portrait exhaustif de Vladimir Poutine. C’était un avertissement au monde entier, mais il n’a pas été entendu. On n’a pas voulu l’entendre.
Elle écrivait notamment : « Le KGB ne respecte que les forts, il dévore les faibles. N’est-ce pas à nous de le savoir ? Et pourtant, pour la plupart, nous nous sommes montrés faibles et avons été écrasés. Pour le tchékiste soviétique, notre peur, c’est du miel. Il n’y a pas de meilleur cadeau pour lui que de voir trembler les foules, qu’il doit soumettre à sa volonté. » Ou encore « Pourquoi ai-je pris Poutine en grippe ? Pour tout cela. Pour sa nature criminelle. Pour son cynisme. Son racisme. Pour la guerre éternelle. Pour le mensonge. Pour le gaz répandu dans la salle du Théâtre Doubrovka. {……} Je ne l’aime pas parce qu’il n’aime pas les êtres humains. Il ne nous supporte pas. Il nous méprise. Il nous considère comme un simple moyen pour lui, et rien de plus. Le moyen d’atteindre ses objectifs personnels de pouvoir. C’est pourquoi il peut faire de nous tout ce qu’il veut, jouer à sa guise. Nous exterminer selon son caprice. Nous ne sommes rien. »
Anna Politkovskaïa nous avait prévenus, nous n'avons pas voulu l'entendre ! Souvenez-vous, il y a encore quelques semaines, on disait qu'il ne fallait pas humilier la Russie, cette Russie dont on savait déjà qu'elle tuait des civils, violait des enfants, bombardait des hôpitaux, pillait ……. Souvenez-vous de ces Français, y compris des Officiers, pour qui il est toujours une idole …… Paix à l'âme d'Anna, un jour le monde dira « Elle avait raison ! ».