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mardi 26 mai 2015

Qu’attendre du nouveau Président élu polonais, Andrzej Duda ?



Andrzej Duda

La Commission Centrale Electorale polonaise a confirmé hier la victoire à l’élection présidentielle d’Andrzej Duda, candidat du Parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość - PiS), face au Président sortant, Bronisław Komorowski, soutenu par le Parti Plateforme Civique (Platforma Obywatelska – PO). Duda a obtenu 8 630 627 voix (soit 51,55 %) contre 8 112 311 (48,45 %) à Komorowski, soit avec une marge plus réduite que celle annoncée par les sondages sortie des urnes.  

La participation a été de 55,34 %.

Andrzej Duda, élu pour 5 ans, sera intronisé en août sixième Président de la Troisième République de Pologne depuis la chute du communisme (1989), succédant au général  Wojciech Jaruzelski, à Lech Wałęsa, à Aleksander Kwaśniewski, à Lech Kaczyński et à son rival malheureux, Bronisław Komorowski.

Andrzej Duda, qui a fêté son 43ème anniversaire le 19 mai, est un juriste originaire de Cracovie, dans le sud de la Pologne. Il a commencé sa carrière politique au début des années 2000, d’abord à l’Union Libérale Démocratique (Unia Wolności) avant de passer au PiS après les élections législatives de 2005. En 2006, il devint Vice-ministre de la Justice dans le gouvernement du Premier Ministre Jarosław Kaczyński, frère jumeau du Président de la République, Lech Kaczyński.

Andrzej Duda dans l'ombre de Jaroslaw Kaczynski ? 

Après la catastrophe de Smolensk (10 avril 2010), dans laquelle périrent le Président Lech Kaczyński et 95 hauts dignitaires polonais, et l’échec de Jarosław Kaczyński à l’élection présidentielle qui suivit, Andrzej Duda redevient simple député de Cracovie, puis, en 2014, Député européen. 

Dans l’immédiat, jusqu’à l’intronisation officielle d’Andrzej Duda en août, rien ne changera. On a toutefois noté hier une baisse de 0,5 % du złoty face à l’euro, ce qui portait à 2 % la chute de la monnaie polonaise depuis le premier tour de l’élection présidentielle. En tout état de cause, le Président polonais ayant des pouvoirs réduits, il faudra attendre l’automne et les élections générales pour voir un éventuel changement (On rappellera qu’aujourd’hui le gouvernement de Mme Ewa Kopacz et le Parlement présidé par Radosław Sikorski sont dominés par la Plateforme Civique – PO).

Le Président sortant, Bronislaw Komorowki

On soulignera toutefois qu’Andrzej Duda avait fait campagne pour la présence permanente de troupes U.S. sur le territoire polonais et pour le ralentissement du processus d’entrée dans la zone euro. Mesures qui devraient hérisser d’un côté Moscou et de l’autre Bruxelles. La Lituanie, de son côté, espère que la Pologne s’intéressera plus à son rôle de leader régional qu’à son ambition de rejoindre l’élite de l’Union européenne.


mardi 19 mai 2015

123Baltic.travel - organisateur de voyages en Estonie, Lettonie et Lituanie




Depuis le temps que vous lisez ce blog, vous avez envie de visiter les Etats baltes, surtout que maintenant vous savez distinguer Lituanie et Lettonie. Mais il y a un hic : vous détestez les voyages organisés. Par contre, vous hésitez, à tort ou à raison, à partir à l’aventure dans des pays dont les langues sont quelque peu …… exotiques (« Ma ei räägi eesti keelt » = je ne parle pas Estonien !).

123Baltic.travel est fait pour vous !

123Baltric.travel est une marque appartenant tour opérateur réceptif francophone bien connu, Taïga Euro Baltika, sis à Vilnius depuis 1992. L’idée est d’offrir au voyageur individuel indépendant un large choix d’options qui lui permettront de planifier ses activités dans l’un ou dans les trois Etats baltes.

Tallinn (Estonie)
Mais la formule peut également s’adresser à des groupes. Il suffit de faire connaître ses besoins et son budget approximatif. C’est ainsi que j’avais monté avec 123Bltic.travel, en juin 2012, un voyage centré sur la reconstitution du franchissement du Niémen par la Grande Armée de Napoléon, mais qui avait été un prétexte pour faire découvrir la Lettonie et la Lituanie. Le programme avait intégré nos propres contingences comme un accueil VIP par le Maire de Kaunas, une cérémonie au cimetière d’Antakalnis et une réception à la résidence de Madame l’Ambassadeur.

Riga (Lettonie)

En fait, toute une gamme de possibilités existent, incluant des circuits à date fixe, des auto tours « voiture + hôtel », des formules « guide – chauffeur – escorte » ou encore des circuits à thème (notamment opéra et golf). Sans oublier des suppléments comme les « City Tours » dans les capitales, les liaisons en transport en commun ou en véhicules privés avec chauffeur, voire le ferry entre Tallinn et Helsinki.

Vilnius (Lituanie)

N’oubliez pas en outre que nous sommes dans les Etats baltes et que les prix resteront raisonnables. A titre d’exemple, j’organise fin juin un voyage de 6 jours dans les trois Etats baltes pour 10 personnes pour moins de 1 000 € tout compris de Paris CDG à Paris CDG (sur base chambre double).

Alors, sautez le pas. Allez consulter le site (en Français) http://123baltic.travel/fr/. Le seul risque, si vous allez dans les Pays baltes, c’est que vous aurez envie d’y retourner ! Moi, ça fait 17 ans que ça dure !

(NB : pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, je précise que je ne suis pas du tout payé pour écrire ce qui précède, et que je ne l’aurais pas écrit si je n’avais pas été satisfait des prestations de 123Baltic.travel / Taïga Euro Baltika)


123Baltic.travel a reçu le prix de l'Hospitalité de la ville de Vilnius en 2014, remis par le Maire de l’époque, Arturas Zuokas  à la directrice (en rouge) Skaidra Kulauskiene 

vendredi 15 mai 2015

15 mai 1972 : mort de Romas Kalanta




Le 14 Mai 1972, à midi, le jeune étudiant de 19 ans (né le 22 Février 1953 à Alytus), Romas Kalanta, s’arrose de 3 litres d’essence et met le feu à ses vêtements. L’événement se déroule à Kaunas, près de Laisvės alėja (allée de la Liberté), sur la place devant le Théâtre de musique. Le geste de Romas Kalanta avait pour but de protester contre l’occupation de la Lituanie par les soviétiques. A côté de lui, il avait déposé un carnet dont le contenu n’a été révélé qu’au retour de la Lituanie à l’indépendance en 1990, après l’ouverture des archives du KGB. Il y était inscrit « Dėl mano mirties kaltinkite tik santvarką » (Seul le régime est responsable de ma mort). Il meurt le lendemain 15 mai, à 4 heures du matin.



L’endroit n’avait pas été choisi par hasard. C’est en effet dans ce théâtre que, le 21 Juillet 1940, le Seimas du peuple, parlement fantoche issu d’élection truquées pour légitimer l’occupation et l’annexion de la Lituanie par l’URSS, décida par acclamation de la création de la République Socialiste Soviétique de la Lituanie et demanda son admission dans l’Union Soviétique.

Le régime soviétique tenta d’étouffer l’incident, mais la nouvelle se diffusa de bouche à oreille. Le 18 Mai, les obsèques de Romas Kalanta furent avancées de plusieurs heures afin d’éviter de leur donner une trop grande publicité, mais cette initiative eut l’effet inverse. Le lendemain, 3 000 personnes défilèrent sur Laisvės alėja et 402 d’entre elles furent arrêtées, dont la moitié avaient moins de 20 ans. Ces jeunes furent accusés de hooliganisme, terme encore en vigueur dans la Russie poutinienne, et parmi eux 8 furent condamnés à 1 ou 2 ans de prison.



La tension resta très vive à Kaunas et le KGB enregistra 3 à 4 fois plus d’incidents antisoviétiques dans les années 1972 – 1973. Pendant cette période, 13 autres Lituaniens se suicidèrent par le feu à travers toute la Lituanie.

Ces événements ne furent pas connus en Occident, tant l’URSS était un Etat-prison, et n’eurent pas le retentissement que le même geste de Jan Palach, le 16 Janvier 1969 à Prague, eut à l’ouest. Mais, même à rebours, ils font réfléchir sur le désespoir de ces jeunes gens qui ont eu le courage de ces actes désespérés pour attirer l’attention du monde sur l’asservissement de leur pays par la Russie soviétique.

Et dire qu’aujourd’hui certains justifient le pacte Molotov – Ribbentrop et glorifient Staline !

Monument du sculpteur Robertas Antinis sur Laisves aleja, inauguré en 2002





vendredi 8 mai 2015

8 mai 1945 – 8 mai 2015



Dans l’inconscient populaire, le 8 mai 1945 marque la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est judicieux d’ajouter « en Europe » dans la mesure où le Japon n’a capitulé que le 15 août 1945. Et, dans le détail, il s’avère qu’il y a eu plusieurs capitulations allemandes.

La première capitulation eut lieu à Reims, au collège technique et moderne,  le 7 mai 1945 à 02H41 du matin. La délégation allemande était dirigée par le Generaloberst Alfred Jodl. Le Général (US) Walter Bedell Smith, chef d’état-major du Général Eisenhower, signe pour les Alliés occidentaux, ainsi que le Général Ivan Sousloparov, chef de la mission militaire soviétique auprès de l’EM allié. Le Général français François Sevez, chef d’état-major du Général de Gaulle, est convoqué in extremis et signe comme témoin !  
Le texte de la reddition sans condition allemande donne ordre à toutes les unités allemandes de « cesser de prendre part aux opérations actives à 23 heures 01 heure d'Europe centrale le 8 mai et de rester sur les positions qu'elles occuperont à ce moment ».

Le "collège technique et moderne" de Reimns est devenu le Lycée Roosevelt 


Mais Staline, que Sousloparov n’avait pas pu contacter immédiatement, est furieux de s’être fait voler la vedette. Il exige que la cérémonie de Reims ne soit considérée que comme un préliminaire et que la capitulation allemande ne soit acceptée qu’en présence du Maréchal Joukov à Berlin.

Le Maréchal Keitel

La seconde capitulation est donc signée dans une villa de la banlieue de Berlin, le 8 mai 1945 à 23H16 » et prenait toujours effet à …… 23H01 heure d’Europe centrale. Le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel signa pour l’Allemagne, le Général d’aviation britannique Arthur WilliamTedder pour la force expéditionnaire alliée, le Maréchal Gueorgui Joukov pour les soviétiques et le Général Jean de Lattre de Tassigny, commandant la 1ère Armée française pour la France.

Le Général, futur Maréchal, de Lattre de Tassigny

Avec le décalage horaire, la capitulation prenait effet le 8 mai à 23H01 à Berlin, ce qui correspondait au 9 mai à 01H01, heure de Moscou. C’est la raison pour laquelle les Russes célèbrent la deuxième capitulation de l’Allemagne le 9 mai.

La fin de la guerre avait été préparée à la Conférence de Yalta (4 – 11 février 1945). Ses buts étaient d’adopter une stratégie commune pour accélérer la fin de la guerre, de régler le sort de l’Europe après la chute du IIIe Reich et de garantir la stabilité du nouvel ordre mondial. Staline signe sans sourciller que, dans chacun des pays libérés, des élections libres auront lieu et que seront constitués des gouvernements ayant la forme et la politique souhaitées par les Etats.

Presque immédiatement, Staline viole les accords de Yalta. En Roumanie, les communistes noyautent les institutions et imposent au Roi de nommer un gouvernement communiste. Le processus est le même en Bulgarie et en Pologne. Mais Roosevelt cherchait d’abord l’apaisement avec Staline……



Après la capitulation allemande, la Conférence de Postdam (17 juillet – 2 août 1945) organise le sort de l’Allemagne et de l’Europe : réparations en nature, établissement de la frontière orientale sur l’Oder-Neisse, sort de l’Autriche, confirmation de l’annexion par l’URSS des Etats baltes (Etats souverains occupés en juin 1940), de la Prusse orientale et de la Pologne orientale ! La Conférence de Postdam consacre le triomphe de Staline dont on a « oublié » (et dont on oublie toujours) qu’il a été l’allié d’Hitler du 23 août 1939 (Pacte Molotov – Ribbentrop) au 22 juin 1941 (déclenchement de l’opération Barbarossa, attaque de l’Allemagne contre l’URSS). Mais ce que les Baltes n’ont pas oublié, eux qui ont attendu 50 ans avant d’être libérés.  

Demain, 9 mai 2015, la Russie célébrera en grande pompe et à grand renfort de portraits de Staline, « la victoire du peuple soviétique sur l’Allemagne nazie ».


lundi 4 mai 2015

Lettonie : en complément à l’émission « Thalassa »

Le Duché de Courlande et la Livonie à l'époque de la domination suédoise (1595 - 1710)

Vous avez été nombreux, du moins dans mon entourage, à regarder vendredi soir 1er mai l’émission « Thalassa » consacrée à Riga et au Golfe de Riga. Généralement, vous avez beaucoup aimé et je ne voudrais donc pas jouer au trouble fête ! Mais « Thalassa » étant une émission consacrée à la mer, il me semble qu’il aurait été opportun de parler de la puissance maritime européenne qu’a été le Duché de Courlande au XVIIe siècle.

Le duché de Courlande a été formellement une dépendance du Royaume de Pologne – Grand duché de Lituanie de 1561 à 1795. Mais, de facto, il avait tous les attributs d’un Etat souverain et il atteint son apogée sous le règne du Duc Jekabs fon Ketlers, Jacques Kettler en Français (1610 – 1682).

Le Duc de Courlande Jekabs fon Ketlers

Jekabs avait été nommé Régent du Duché en 1638 et devint Duc de Courlande et Sémigalle au décès de son oncle sans postérité, le Duc Frédéric (1569 – 1642), le 16 août 1642.

Dès la période de sa régence, Jekabs avait commencé à créer des chantiers navals à Windau (Ventspils) et à Libau (Liepāja). Des bateaux, aussi bien de guerre que de commerce, y sont construits en série à partir de 1643. Pendant le règne de Jekabs, ce sont au total 135 navires qui vont sortir des chantiers courlandais, principalement entre 1643 et 1658.  

Or, avant sa mort en 1642, le Cardinal de Richelieu, principal Ministre de Louis XIII, avait laissé en consignes à son successeur, le Cardinal Mazarin, qu’à son avis « une marine française aurait sa place en Baltique ». Un traité d’amitié entre la France et la Courlande est d’ailleurs signé le 30 décembre 1643. Mazarin envoie le Lieutenant général des Armées navales visiter Windau et Libau, mais aucune décision n’est prise car Mazarin « n’est pas intéressé par les choses de la mer ». Les relations sont en tout état de cause interrompues en raison de la Première guerre du Nord (1655 – 1660), opposant la Suède à – notamment – la Pologne-Lituanie.

Jean-Baptiste Colbert

Il faudra attendre Jean-Baptiste Colbert qui, en le 16 février 1669, devient Secrétaire d’Etat de la Maison du Roi Luis XIV et Secrétaire d’Etat à la Marine, pour que l’idée d’une flotte française en Baltique refasse surface. Dès le 7 mars, il passe commande de 276 navires de guerre et crée la Compagnie du Nord, sur le modèle de la Compagnies des Indes. 24 navires proviendront des chantiers navals de Courlande, mais le Duc Jekabs vend également à la France de la poudre, des canons et d’autres armes. En 1670, on signale qu’une commande de 300 mâts est passée par la France à Riga !  

Colbert se rend toutefois compte que la flotte française naissante en Baltique gène les armateurs anglais, hollandais, danois, suédois, etc.…… et que ceux-ci se liguent pour l’évincer. La Compagnie du Nord arrête ses activités en 1673 ; les échanges entre la France et les Pays baltes continueront toutefois sur les bateaux étrangers.

Drapeau des navires courlandais

On se souvient par ailleurs que, la Courlande ayant des bateaux (jusqu’à 60 gros navires employant 2 à 3 000 marins), le duc Jekabs se lança dans le trafic des esclaves à grande échelle entre l’Afrique et les Caraïbes. Pour aider à ce trafic, il se dota de colonies en Afrique et dans les Caraïbes. Tobago (baptisée alors Nouvelle-Courlande) fut colonisée en 1642 et sa capitale, aujourd’hui Jamestown, s’appela alors Jekaba Pilseta. En 1651, trois forts furent construits sur l’île James, dans l’embouchure du fleuve Gambie, où les Courlandais furent les premiers Européens à s’installer. La Courlande perdra toutes ses colonies en 1659 au profit des Hollandais.


On voit donc que ce qui précède aurait eu toute sa place dans un magasine consacré à la mer. 

Carte historique du Duché de Courlande