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dimanche 25 avril 2021

Il y a 35 ans : les « liquidateurs » de Tchernobyl

 


Le 26 avril 1986, à 1h23 du matin, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, une installation de conception soviétique des années 1960, fond et explose. La réaction en chaîne soulève et fait voler en éclats la dalle en béton d’un poids de 2000 tonnes. La puissance de l'explosion représente l’équivalent de 400 bombes d’Hiroshima !


Une série d'erreurs humaines, un matériel et une construction du réacteur RMBK défaillants, sont a priori à l’origine de l’accident. La minimisation de l’accident par les autorités soviétiques de l’époque, n’arrange pas les choses : les habitants de Prypiat ne seront évacués que 30 heures après l'accident , Gorbatchev ne reçoit que le lendemain 27 avril un rapport très édulcoré, c'est la Suède qui donnera l'alerte le 28 avril et l'agence Tass ne parlera le 29 avril que d'un accident « de gravité moyenne » !



Afin d'éteindre l'incendie, le directeur de la centrale, Brioukhanov appelle simplement les pompiers. Ceux-ci, venus de Prypiat à 3 km, interviennent sur les lieux sans équipement particulier ;  gravement irradiés, ils seront évacués et mourront pour la plupart.

L'incendie éteint, il faudra larguer un mélange qui permettra de stopper la réaction nucléaire. Un ballet d'hélicoptères militaires Mi-8 utilisés pour larguer des sacs de sable et d'argile implique un millier de pilotes qui reçoivent un débit de dose augmentant significativement la probabilité qu'ils développent un cancer.



Enfin, sur le toit et aux alentours immédiats de la centrale, une cinquantaine d'opérateurs sont chargés dans les premiers jours suivant la catastrophe de collecter les débris très radioactifs. Chaque opérateur ne dispose que de 90 secondes pour effectuer sa tâche. Il est exposé à cette occasion à des niveaux de radiations extrêmement élevés dont ne le protègent guère des équipements de protection dérisoires.

Tous les personnels qui sont intervenus immédiatement après l'accident, mais aussi les équipes impliquées dans la consolidation et l'assainissement du site à plus long terme, jusque dans les années 1990, ont été surnommés les liquidateurs. Le nombre total d'individus en provenance de toute l'URSS (opérateurs de la centrale, sapeurs-pompiers, pilotes d'hélicoptères, mineurs, terrassiers, ouvriers, militaires ou civils) qui se sont relayés sur le site entre 1986 et 1992 est estimé entre 500 000 et 800 000.

Selon Viatcheslav Grichine, président de l'Union Tchernobyl, principale association de liquidateurs, sur 600 000 liquidateurs il y aurait eu, en Russie, en Ukraine et au Bélarus, un total de 60 000 morts (10 %) et 165 000 handicapés.



lundi 5 avril 2021

5 avril 1242 : Alexandre Nevski et la bataille des glaces

 



L'objectif de l'Ordre militaire des Chevaliers Porte-Glaive, fondé en 1202 à Riga, était de christianiser les populations baltes païennes de Livonie, au besoin au fil de l'épée. Après des succès initiaux, les chevaliers Porte-Glaive furent battus sévèrement par les Samogitiens le 22 septembre 1236 à la bataille de Saulė, leur grand maître Volquin de Naumbourg trouvant la mort sur le champ de bataille. Hermann von Salza, grand maître de l'Ordre Teutonique en Prusse, prit alors l'initiative de négocier avec le pape Grégoire IX le rattachement des Chevaliers Porte-Glaive à son Ordre. L'année suivante, les restes des Porte-Glaives furent incorporés dans celui des Chevaliers Teutoniques sous le nom d'Ordre de Livonie.

À partir de 1237, l'Ordre-uni conquit toutes les régions baltes de Courlande, de Zemgale et de Livonie, alors que le nord de l'Estonie autour de Tallin (Reval) restait sous le contrôle du roi Valdemar II de Danemark. Néanmoins, les tentatives de l'Ordre d'envahir la République de Novgorod à l'est et d'occuper la ville de Pskov furent infructueuses.



Pourtant, espérant exploiter la faiblesse de la Russie dans le sillage des invasions mongoles et suédoises, les chevaliers occupèrent notamment Pskov à l'automne 1240. Sentant le danger, les habitants de Novgorod rappelèrent le jeune Alexandre Nevski, ce surnom (« de le Néva ») lui ayant été donné après sa victoire contre les Suédois le 15 juillet 1240 sur les rives de la Néva.

Dans l'espoir de surprendre l'armée de Novgorod, les Chevaliers teutoniques, menés par le grand maître de l'Ordre Hermann de Dorpat, empruntèrent un itinéraire très audacieux et mais qui allait se révéler très dangereux: il fit traverser à son armée l'étendue gelée du lac Peïpous en direction de Pskov. Or, les Russes les attendaient sur la rive est et avaient prévu de les maintenir sur le lac coûte que coûte.

In fine, les Teutoniques furent battus, perdant 400 chevaliers, dont une vingtaine de l’Ordre teutonique. Seul le grand maître, quelques évêques et une poignée de chevaliers réussirent à retourner à Dorpat (Tartu), après la bataille. Mais, contrairement à la théorie la plus connue, la glace du lac ne se serait jamais rompue parce qu'elle ne soutenait plus le poids des armures et des destriers teutons. La légende serait due au film Alexandre Nevski de 1938, de Sergueï Eisenstein.



(Pour voir le film réalisé par Sergeï Eisenstein (né à Riga) en 1938 dans son intégralité :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:1938._%D0%90%D0%BB%D0%B5%D0%BA%D1%81%D0%B0%D0%BD%D0%B4%D1%80_%D0%9D%D0%B5%D0%B2%D1%81%D0%BA%D0%B8%D0%B9.webm Ce film de propagande anti-allemande résulte d'une commande de Staline qui voulait raviver le nationalisme grand-russe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. )

En tout état de cause, cette bataille mit définitivement fin à l'expansion des croisés des principautés russes. Héros national, Alexandre Nevski a été canonisé après sa mort par l'Église orthodoxe. En 1712, pour honorer son souvenir, le tsar Pierre le Grand fait édifier le somptueux monastère Alexandre-Nevski sur l'emplacement de la bataille de la Neva.