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vendredi 30 décembre 2011

Vœux, projets et perspectives


La période et aux bilans et aux résolutions en tous genres. Contrairement à mon habitude de ne pas (trop) me mettre en scène, ce post aura un caractère personnel car je sais que certains amis, qui ne se manifestent pas toujours, suivent mon actualité à travers ce blog.

2012 devrait être pour moi dominée par deux projets :

      # L’organisation du voyage de ma Promotion de Saint-Cyr autour du bicentenaire du début de la Campagne de Russie (voyage du 20 au 26 Juin). J’irai en reconnaissance dans les pays concernes (Lettonie, Lituanie et Belarus) du 28 Mars au 4 Avril.
      # Ça reste à confirmer, mais je devrais en principe participer, en tant qu’observateur bien sûr, aux élections législatives en Ukraine, le 28 Octobre.

Le franchissement du Niemen - Kaunas 23-24 Juin 1812

Contrairement aux années passées, je ne vous ferai pas le coup de la pause du blog en debut d’annee pour réfléchir à son devenir. Pour la nième fois, je vais toutefois essayer de ralentir le rythme de publication. Je voudrais en effet arrêter de trop me disperser. J’ai promis mon prochain livre (« Les Français dans l’histoire de la Lettonie ») pour l’été prochain, mais je doute d’être dans les temps.

Néanmoins, et pour autant qu’on me le demande, je continuerai à faire des conférences, de préférence sur des points d’histoire de la Lettonie ou surtout de la Lituanie. Suresnes (10 Janvier), Tours (20 Janvier) et Kaunas (2 Avril) sont déjà au programme. Mais, au nom de « toute peine mérite salaire », et sauf exception, elles devront être désormais rémunérées ou, au moins, défrayées. J’ai trop vu, notamment en Lituanie, de pseudo conférenciers que l’on faisait venir aux frais de la République française pour débiter des banalités voire des erreurs, pour ne pas me dire "Pourquoi pas moi ?!" 
   
Par contre, après plusieurs échecs, je ne postulerai plus pour écrire des articles, lesquels demandent beaucoup de travail, alors qu’ils sont le plus souvent bénévoles, pour parfois se faire rejeter ! Il y aura bien sûr des exceptions pour des publications amies.

A tous mes (rares) lecteurs, je continuerai à reconnaître le droit de ne pas aimer mon blog. Je continuerai pour ceux qui y trouvent un soupçon d’intérêt et tant que certains journalistes (mais pas qu’eux) en seront encore à confondre Lituanie et Lettonie.

Meilleurs vœux de bonne année à tous !


mercredi 28 décembre 2011

28 Décembre 1973 : Première parution de “L’archipel du Goulag”


Le 28 Décembre 1973 paraissait à Paris, en russe, la première édition de « L’archipel du Goulag » d’Alexandre Soljenitsyne (Александр Исаевич Солженицын - 1918 – 2008).


Officier dans l’Armée rouge pendant la « Grande guerre patriotique », Alexandre Soljenitsyne est condamne à 8 ans de camp de travail en 1945 pour « activité contre-révolutionnaire » (dans sa correspondance privée, il avait mis en doute les compétences militaires de Staline). Libéré en 1953, réhabilité en 1956, il s’installe à Riazan où il enseigne les sciences physiques.

Grâce à l’autorisation personnelle de Nikita Khrouchtchev, il publie en 1962 « Une journée d'Ivan Denissovitch » qui décrit les conditions de vie dans un camp du goulag dans les années 50, à travers la journée du prisonnier (= du zek) Ivan Denissovitch Choukhov. (Rappel : Goulag est l’acronyme de Главное управление лагерей = Direction principale des camps de travail, créée en Juillet 1934).


La publication en 1973 de « L’archipel du Goulag » marque un tournant. Soljenitsyne avait commencé à écrire son ouvrage dès sa sortie du Goulag, entre 1958 et 1967. Il écrivait sur de minuscules feuilles de papier enterrées dans des jardins d’amis. Il y décrit par le détail le système concentrationnaire soviétique et la nature totalitaire du régime. C’est, comme les autres avant lui, un témoignage, mais l’originalité vient du fait qu’il est extrêmement précis, référencé, citant les lois et décrets qui ont décidé de la politique carcérale. De ce fait, il est plus difficile aux négationnistes du Goulag de nier les faits décrits.

Le livre eut un grand succès à l’étranger (il fut interdit en Russie jusqu’en 1989), ce qui valut à son auteur d’être déchu de la citoyenneté soviétique, d’être arrêté et d’être expulsé d’URSS en 1974. En Russie, «L’archipel du Goulag» circula sous la forme de samizdats, système clandestin de circulation d’écrits clandestins, par opposition au Gosizdat, les « Editions d’Etat ». Soljenitsyne s’installa d’abord à Zürich (Suisse) puis aux Etats-Unis. Il pourra recevoir en 1974 le Prix Nobel de Littérature qui lui avait été attribué en 1970.

Rentré en Russie en 1994, il résidera près de Moscou jusqu'à sa mort le 3 Août 2008. Mais certains seront déçus de voir l’ancien Zek sympathiser avec l’ « ancien » Officier du KGB Poutine. Ils avaient en effet en commun d’être partisans d’un pouvoir présidentiel fort, d’une forme de « national-étatisme » et d’être attachés à la religion orthodoxe « pure et dure ».

Alexandre Soljenitsyne a eu toutefois le mérite de montrer à l’Ouest la véritable nature du régime soviétique et de son système carcéral. Reste que tout le monde n’était peut-être pas prêt à recevoir une telle affirmation…… Car, quand on voit le nombre de personnes qui encore aujourd’hui défendent les idées communistes ou se montrent complaisantes à leur égard, on ne peut que les inviter à lire « L’archipel du Goulag » (ou “Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre” de Rūta Šepetys, dont j’ai parlé récemment).

  
 
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mardi 27 décembre 2011

Bohdan Khmelnytsky, Prosper Mérimée, Raymond Schmittlein et la Lituanie

L’anniversaire de la naissance de Bohdan Khmelnytskyï (27 Décembre 1595) me donne le prétexte d’une digression comme je les aime !

Bohdan Zynoviy Mykhailovych Khmelnytsky  (Богдан Зиновій Михайлович Хмельницький – 1595 - 1657) a été Hetman des Cosaques Zaporogues (гетьман), c’est-à-dire chef suprême ukrainien, au milieu du XVIIe siècle. Bohdan Khmelnytsky fut l’homme qui conduisit, à partir de 1648, la plus grande révolte des Cosaques d’Ukraine contre la domination polonaise (Par l’Union de Lublin, en 1569, la région de l’actuelle Ukraine était passée de la domination lituanienne à la domination polonaise). 
Bohdan Khmelnytsky 

C’est un euphémisme de dire que Prosper Mérimée (1803 – 1870), lui, est un personnage à multiples facettes. Esprit libéral, connu comme nouvelliste brillant, la Monarchie de Juillet (1830) lancera sa carrière, et il deviendra parallèlement en 1834 inspecteur général des monuments historiques. En 1845, il publie « Carmen », qui aura un succès modeste mais qui sera popularisée par l’opéra éponyme de Bizet en 1875. Ayant appris le Russe à partir de 1848, il est l’un des premiers à s’intéresser à la littérature russe et traduira Pouchkine, puis Tourgueniev. A partir de 1851, il alterne traductions et études historiques sur la Russie.

C’est en Juin 1854 que paraît, dans le Moniteur Universel, « Les Cosaques de l’Ukraine et leurs derniers atamans ». La seconde étude de Mérimée sur les Cosaques d’Ukraine est consacrée à Bohdan Khmelnytsky mais est titrée à la polonaise « Bogdan Chmielnicki ». Il s’agit en fait d’une adaptation d’un texte d’un historien ukrainien, Nicolas Kostomarov, publié en 1857 à Saint-Pétersbourg. Le texte de Mérimée sera publié dans le Journal des Savants de Janvier à Juillet 1863, puis publié sous forme de livre, avec l’ajout d’un article sur Stenka Razine, chef des Cosaques du Don, en 1865. (« Bogdan Chmielnicki », de Prosper Mérimée, fac-similé de l’édition originale (1865), éditions L’Harmattan, 2007).

Prosper Mérimée 

En 1868, Mérimée publie « Lokis » qui sera sa dernière nouvelle. Elle s’inspire d’une légende lituanienne, centrée sur le héros fruit du viol de sa mère par un ours (lokys en Lituanien). L’idée de cette nouvelle serait venue à Mérimée parce qu’il aurait eu en main une grammaire lituanienne. Mais, contrairement à ce qu’ont écrit certains (à commencer par Wikipedia), Mérimée n’est jamais venu en Lituanie.

Enfin, en 1949, Raymond Schmittlein (1904 – 1974) publie « Lokis, la dernière nouvelle de Prosper Mérimée », précédé d’une étude de la genèse du livre et des ses sources, abondé en troisième partie d’éclaircissements sur le texte.
Raymond Schmittlein

Premier lecteur Français à l’Université de Kaunas à partir de 1934, Raymond Schmittlein, agrégé d’Allemand, devint un des principaux médiateurs culturels entre la France et la Lituanie à la fin des années 1930. Il organisa une série d’événements à l’occasion du 125e anniversaire du passage de Napoléon en Lituanie (1937), notamment une exposition placée directement sous le patronage du Président de la République française. (Le bicentenaire sera-t-il à la hauteur ?). Il sera par la suite, de l’été 1938 à Décembre 1939, Directeur de l’Institut français et du Lycée français de Riga. (Pour plus de détails, voir http://www.cahiers-lituaniens.org/Schmittlein.htm).

lundi 26 décembre 2011

Peut-il y avoir un hiver russe ?


Le 25 Décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev démissionnait de son poste de Président de l’URSS. Le lendemain, 26 Décembre 1991, le soviet suprême dissolvait l’URSS et s’auto-dissolvait. La République socialiste fédérative soviétique de Russie devenait la Fédération de Russie.

Exactement 20 ans après, la Fédération de Russie a-t-elle connu un tournant ce 24 Décembre 2011 ?


Certains voient le début de la fin de Poutine dans la manifestation monstre de samedi dernier sur l’avenue Akademika Sakharova (29 000 manifestants selon la police, 120 000 selon les organisateurs, vraisemblablement autour de 80 000 selon des comptages indépendants). Rien n’est moins sûr.

Certes, la situation est nouvelle dans la Russie postsoviétique (mais toujours autoritaire). Le mécontentement semble prendre de l’ampleur et les manifestants demandent, au-delà de l’annulation des élections législatives du 4 Décembre, ni plus ni moins que le départ de Poutine. Il faut dire que la propagande a été un peu trop omniprésente, les fraudes électorales un peu trop visibles et que le traitement par la dérision, voire le mépris, de la précédente manifestation (par exemple Poutine comparant les rubans blancs des manifestants à des préservatifs) a eu l’effet contraire.


Le problème est que le seul point commun entre tous les manifestants, nationalistes, communistes, libéraux, est « La Russie sans Poutine », slogan qui, où que ce soit, n’a jamais constitué un programme de gouvernement. Et les diverses composantes restent opposées entre elles. Même le leader emblématique, l’avocat-bloggeur Alexeï Navalnyï, ne fait pas l’unanimité en raison de prises de positions ultranationalistes.

En outre, on a vu parmi les leaders de l’opposition quelques individualités bien étranges. Ainsi l’ancien Ministre des finances, Alexeï Koudrine, notoirement proche de Poutine, qui a certes démissionné en raison de désaccords avec le président Dmitri Medvedev, mais qui a été un bureaucrate servile pendant 10 ans. Mais surtout le milliardaire candidat néolibéral à la Présidence de la République, Mikkhail Prokhorov, qui ne pourrait être qu’un sous-marin du Kremlin pour diluer et diviser le nouvel électorat protestataire.
  
Par ailleurs, le mouvement reste quasiment limité à Moscou, les manifestations dans les autres grandes villes rassemblant des effectifs beaucoup plus modestes. Il faut dire qu’on y voit surtout les classes moyennes et la génération Facebook, moins représentées dans les provinces.

Enfin, le pouvoir peut jouer sur la léthargie qui va s’emparer de la Russie avec Noël et le Nouvel An orthodoxes pour laisser pourrir la situation. .

Il n’en reste pas moins que quelque chose a changé en Russie. Il y a encore peu, les rares manifestants sur la Place du Manège des 31 du mois se faisaient systématiquement matraquer. Aujourd’hui, compte tenu de leur nombre, les protestataires n’ont plus peur, et c’est donc un important changement de mentalité.
Poutine sera vraisemblablement réélu Président de la Fédération de Russie le 4 Mars. Mais il n’est plus possible qu’il continue à mener la politique coercitive qui est la sienne depuis 2000 avec son régime "d'escrocs et de voleurs". Sinon, sa chute est-elle possible ? Pourquoi pas. Qui aurait parié un kopeck fin 2010 sur le fait que, un an plus tard, ben Ali, Moubarak et Kadhafi ne seraient plus au pouvoir ? 
          


dimanche 25 décembre 2011

Linksmų ir Džiaugsmingų Šv. Kalėdų visiems

A tous mes amis, qu’ils soient en France, en Lituanie, en Lettonie, en Ukraine, en Belgique, en Allemagne, aux Etats-Unis ou ailleurs (car je dois en oublier), et même à ceux qui ne sont pas mes amis, je souhaite un très joyeux Noël.  


vendredi 23 décembre 2011

Les personnes les plus influentes de Lituanie



Pour la sixième année consécutive, le magasine « Veidas » a procédé à un sondage pour déterminer les personnes qui ont le plus d’influence en Lituanie (http://www.veidas.lt/sesiasdesimt-lietuvos-itakingiausiuju). L’originalité est que ce sondage s’adresse à deux panels différents : un panel de députés et de ministres et un panel de Lituaniens moyens.

Le point commun est que le Président de la République, Dalia Grybauskaitė est considérée par les deux panels comme la personne ayant le plus d’influence en Lituanie.

Les premiers des classements s’établissent comme suit :

Panel des ministres et députés :

      1 – Dalia Grybauskaitė, Président de la République
      2 – Irena Degutienė, Président du Seimas (Parlement)
      3 – Andrius Kubilius, Premier Ministre
      4 – Darius Mockus, Président de MG Baltic et de la chaîne de télévision TV3
      5 – Cardinal Audrys Juozas Bačkis

Panel du public

      1 - Dalia Grybauskaitė, Président de la République
      2 - Cardinal Audrys Juozas Bačkis
      3 - Andrius Kubilius, Premier Ministre
      4 – Nerijus Numavičius, actionnaire principal de l’UAB VP grupė (Maxima, Senukai)
      5 – Ingrida Šimonytė, Ministre des Finances

Je n’ai pas trouvé de classement équivalent pour la France. J’évoquerai à peine le classement des « personnalités » préférées des Français où l’on trouve dans l’ordre (Août 2011) Yannick Noah, devant Zinedine Zidane et Mimie Mathy. On a les décideurs qu’on peut !
Dalia Grybauskaitė



mercredi 21 décembre 2011

Lettonie: vers un nouveau référendum (2)

La Commission Centrale Electorale lettone a vérifié les signatures qui avaient été récoltées du 1er au 30 Novembre 2011 dans le cadre de la procédure visant à faire du Russe la deuxième langue officielle de la Lettonie.

187 378 signatures ont été validées ce 19 Décembre, ce qui est donc plus que les 154 379 (10 % des inscrits aux dernières législatives) qui étaient nécessaires pour que l’initiative devienne un projet de loi soumis au Parlement.

Conformément à la loi, la Commission Centrale Electorale a transmis le projet d’amendements de la Constitution (concernant les articles 4, 18, 21, 101 et 104) au Président de la République, Andris Bērziņš. Celui-ci l’a soumis à son tour à la Saeima (Parlement) le 20 Décembre, précisant toutefois que l’adoption du projet de loi nuirait à l’unité de la société lettone.
Le Président Andris Bērziņš
Quelle que soit la décision de la Saeima (qui sera très vraisemblablement négative), le projet de loi devra être soumis à référendum dans la mesure où l’article 4 de la Constitution (« La langue lettone est la langue officielle de la République de Lettonie ») est concerné. Ce référendum aura très vraisemblablement lieu le 18 Février 2012.      

(Pour mémoire, texte en Français de la Constitution lettone de 1922, avec toutes les révisions jusqu'à 2009 : http://mjp.univ-perp.fr/constit/lv1922.htm#1)

Pour que le Russe ait le statut de seconde langue officielle, il faudrait que 50 % des Lettons ayant le droit de vote lors des dernières législatives (1 543 786, donc 50 % = 771 893 votes pour) se prononcent pour les amendements à la Constitution.  Quand on sait qu’il y a eu en tout 908 214 votants aux dernières législatives, autant dire que c’est mission impossible.

L’organisation du référendum coûtera 1,7 millions de Lats (2,4 millions d’€) à l’Etat letton, qui, en cette période de crise économique, auraient pu être indubitablement mieux utilisés ailleurs.

Au-delà des aspirations que l’on peut considérer comme légitimes du tiers de la population lettone de langue maternelle russe, on peut voir dans cette initiative la main de la Russie qui voudrait voir se réaliser le rêve du Russe devenant langue officielle de l’Union Européenne. Mais surtout, c’est le signe de l’influence grandissante de l’influence de la dite-Russie en Lettonie, déjà omniprésente dans la sphère économique, influence destinée à empêcher l’unité balte et à contrecarrer tout ce qui irait à l’encontre des intérêts russes. Enfin, on peut y voir une vengeance du Saskaņas Centrs (gauche russophone) qui, bien qu’étant le premier parti de la Saeima (31 députés sur 100), ne participe pas au gouvernement actuel.

Alors que les communautés vivaient en relative harmonie, le Russe pouvant être de facto utilisé quasiment en tous lieux et toutes circonstances, cette initiative risque de radicaliser les positions.



Ce 22 Décembre matin, les députés ont rejeté la proposition de loi par 60 voix contre, aucune pour. Les députés du Saskaņas Centrs n’ont pas pris part au vote.  




  

lundi 19 décembre 2011

Coïncidences

Les médias ont bruissé ce week-end d’événements d’importance.  

Ce fut d’abord l’annonce, dimanche matin, du décès de Vaclav Havel. Des hommages, je mettrai paradoxalement en exergue celui de David Cameron : « Pendant des années, le communisme a tenté de l'écraser, et d'éteindre sa voix. Mais Havel, le dramaturge et le dissident, ne pouvait être réduit au silence. (Il) a tiré le peuple tchèque de la tyrannie et aidé à instaurer la liberté et la démocratie sur l'ensemble de notre continent ». Personnellement, j’aurai un regret : que Vaclav Havel n’ait pas reçu le Prix Nobel de la Paix en 1990, à la place de Mikhaïl Gorbatchev, qui fera encore tuer en Janvier 1991 à Riga et à Vilnius, et en Juillet 1991 à Medininkai.


Ce lundi matin, Vaclav Havel fut chassé des unes par la mort du dictateur nord-coréen Kim Jong-il. Il faut dire que, si le pays du « cher leader » reste empli de mystères, il est en outre doté de l’arme nucléaire, ce qui incite à se méfier. Fils et petit-fils de dictateur, que fera son fils cadet et successeur, Kim Jong-un, dont on ne connaît même pas l’âge !? Là aussi, mystère !  


Dans tout ça, un anniversaire est passé inaperçu : celui de la ré- « élection » présidentielle frauduleuse au Bélarus d’Aliaksandr Loukachenka, le 19 Décembre 2010. Il faut dire que, là-bas, tout est nominal : les leaders de l’opposition sont en prison (normal : ce sont des « ennemis du peuple à la solde de l’occident »), l’économie et le rouble bélarusse sont en chute libre, l’unification (au moins économique) avec la Russie est en marche, la peine de mort est toujours en vigueur, donc tout va bien !   


dimanche 18 décembre 2011

Drapeaux et autres symboles – (4) Bélarus


La redondance étant un moyen pédagogique reconnu, je rappellerai tout d’abord que le nom de République de Bélarus a officiellement remplacé celui de Biélorussie depuis le 19 Septembre 1991.

Le drapeau officiel actuel du Belarus a été adopté le 7 Juin 1995. Il reprend à quelques détails près (notamment la faucille et le marteau) le drapeau de la République Socialiste Soviétique de Biélorussie de 1951.
Drapeau officiel du Belarus

Il existe un deuxième drapeau bélarusse, blanc traverse d’une bande blanche, qui était la représentation stylisée du cavalier blanc sur fond rouge des armoiries (voir plus loin). Ce drapeau a été officialisé à la proclamation de la République populaire biélorusse (Белару́ская Наро́дная Рэспу́бліка ou BNR), le 25 Mars 1918. Son conseil de gouvernement aura une existence éphémère puisqu’il doit s’installer en Décembre 1918 à (Hrodna (= Grodno), alors en Lituanie, puis à Prague, lorsque les troupes allemandes quittent le territoire et laissent la place aux bolcheviques.


Ce drapeau est repris lors de l’indépendance de la Biélorussie vis-à-vis de l’Union soviétique, mais il est abandonné pour le drapeau actuel en 1995 et désormais interdit. Il est, de ce fait, devenu le symbole de la lutte pour la démocratie au Bélarus, mais l’arborer signifie au bas mot 15 jours de prison. 
  
On retrouve la même dualité dans les blasons. Le blason officiel actuel, approuvé en 1995, reprend la symbolique soviétique ; même l’étoile rouge y apparaît encore.

Il existe un blason historique, appelé Pahonie et décrit comme suit : De gueules au chevalier d'argent à l'armure et la monture de même, cabrée à sénestre, le chevalier tendant vers dextre une épée aussi d'argent dans sa main dextre et, dans sa main sénestre, tenant un écu de même frappé d'une croix d'Anjou d'or. Pour les connaisseurs de la région, il ressemble à s’y méprendre au Vytis lituanien. Ce n’est pas étonnant puisque le territoire de ce qui était alors appelé la Ruthénie blanche, héritier de la Principauté de Polotsk, a été une partie du Grand-duché de Lituanie pendant près de 500 ans (1307 – 1795).  

L’hymne national « Nous, les Biélorusses » (Мы, беларусы) a été initialement adopté le 24 Février 1955 en tant qu’hymne de la République Socialiste Soviétique de Biélorussie. La musique a été écrite en 1944 par Niescier Sakałoŭski, mais il fallut 11 ans pour se mettre d’accord sur les paroles de Mikhas Klimkovich ! Ce n’est que par un décret du 18 Juillet 2002 que le Belarus se dota d’un « nouvel » hymne national, reprenant en fait la musique de Sakałoŭski, et Uladzimir Karyzny modifiant à la marge les paroles de Klimkovich. 


vendredi 16 décembre 2011

16 Décembre 1920: la Lettonie n’est pas admise à la Société des Nations

La Lettonie (alors appelée en Français Latvie) avait déclaré son indépendance le 18 Novembre 1918. Mais elle dut combattre pendant plus d’un an pour qu’enfin son territoire fût libéré de toute ingérence étrangère, début 1920. 

Des élections eurent lieu les 17 et 18 Avril 1920 afin de désigner une Assemblée constituante, qui se réunit pour la première fois le 1er Mai 1920.

Le 18 septembre 1920, faisant suite à un mémoire présentant la Latvie/Lettonie, l’Assemblée Constituante prend la résolution suivante pour demander son admission à la Société des Nations :

La Latvie, ayant par de grands sacrifices conquis sa liberté et son indépendance, désire participer avec les autres Etats au travail mutuel de fondation d'une paix universelle et au développement des relations basées sur des principes de justice et de droit entre les Etats et les nations.
A cet effet l'Assemblée Constituante charge le Gouvernement de faire tout son possible pour que la Latvie soit admise comme membre de la Société des Nations.
Se basant sur cette résolution, la délégation latvienne a l'honneur, au nom du Gouvernement de Latvie, de prier la Haute Assemblée d'admettre la Latvie dans la Société des Nations.

Carte commémorative des 14 points du Président Wilson

Pour mémoire, la Société des Nations est créée suite au 14e point du Président américain  Woodrow Wilson (8 Janvier 1918) et au Traité de Versailles (signé le 28 Juin 1919). Les objectifs de la SDN comportaient le désarmement, la prévention des guerres au travers du principe de sécurité collective, la résolution des conflits par la négociation et l’amélioration globale de la qualité de la vie. En 1919, Genève est choisie comme siège de l’organisation.
Le Palais Wilson, premier siège de la SDN à Genève 

Le 16 Décembre 1920, l’Assemblée Générale de la Société des Nations se prononce contre l’admission de la Lettonie. Seuls l’Italie, le Portugal, la Perse, la Colombie et le Paraguay votent pour.

Il faudra attendre le 26 Janvier 1921 que le Conseil suprême des Puissances alliées reconnaisse de jure la Lettonie pour que la situation se débloque et que les Etats les plus importants reconnaissent la Lettonie. Celle-ci, comme l’Estonie et la Lituanie, sera finalement admise à la SDN le 22 Septembre 1921.

La SDN enregistra quelques succès, mais aussi des échecs notables, comme l’annexion de Memel/Klaipėda par la Lituanie (1923) ou celle de la région de Vilnius par la Pologne. En effet, elle ne disposait pas de forces capables de faire appliquer ses résolutions et devait le plus souvent entériner le fait accompli.  Le déclenchement de la seconde guerre mondiale démontra que la SDN avait échoué dans son objectif premier d’éviter toute nouvelle guerre mondiale.


jeudi 15 décembre 2011

L’organisation administrative de la Lituanie “française” en 1812


Le 15 Décembre 1840, les cendres de l’Empereur Napoléon 1er, rapatriées de l’île de Sainte-Hélène par le Prince de Joinville, font leur entrée à Paris par le pont de Neuilly et sont inhumées aux Invalides. Une occasion pour moi de publier un petit texte ayant un lointain rapport : l’organisation administrative de la Lituanie pendant la présence française de Juin à Décembre 1812.

Rappelons que la Grande Armée, et avec elle Napoléon, avait commencé à franchir le Niémen dans la nuit du 23 au 24 Juin 1812, sans rencontrer de résistance. L’Empereur arrive devant Vilnius le 28 Juin 1812 à midi et pénètre dans la ville par la porte de l’aurore (Aušros vartai).
La colline de Gediminas que Napoléon a escaladée à cheval le jour de son entrée à Vilnius

Dès le 1er Juillet est créé le Gouvernement provisoire de Lituanie. Une commission de Gouvernement, composée de 5 membres (nombre porté à 7 le 7 Juillet) et d’un secrétaire général,  est chargée de l’administration du pays, du ravitaillement des troupes françaises et de la formation d’une armée lituanienne. Stanislas Soltan, ancien Maréchal de la Cour de Lituanie est nommé Président de la Commission par ses collègues. La commission de Gouvernement est installée au 8 Bernardinų.

Un Commissaire Impérial est institué auprès de la Commission de gouvernement et représente l’Empereur. C’est le baron Louis Pierre Edouard Bignon, ancien résident de France à Varsovie qui est nommé à ce poste. Il a à côté de lui un Gouverneur général de la Lituanie qui représente le pouvoir militaire. C’est le général comte hollandais Dirk van Hogendorp, ancien Ministre de la guerre de Louis Bonaparte, Roi de Hollande, qui est nommé à ce poste. Il réside au 26 Vokiečių.

La Lituanie est divisée en quatre départements placés sous l’autorité de la Commission de Gouvernement : Vilna (Vilnius), Grodno, Minsk et Bialystok. Chaque département est dirigé par une Commission administrative de 3 membres nommés par l’Empereur. Ces Commissions sont dirigées par un Intendant français, placé, lui, sous les ordres du Commissaire Impérial, le baron Bignon.

Il y a également dans chaque département un gouverneur militaire « français », aux ordres du Gouverneur général de Lituanie, le général van Hogendorp. Par exemple, le gouverneur militaire de Vilna est le général baron suisse Antoine-Henri Jomini, grand tacticien et stratège. Dans chaque département, il y avait encore un directeur de l’artillerie et un autre du génie, un ordonnateur, des commissaires des guerres, ainsi que des fonctionnaires français charges des vivres, des hopitaux, etc.……
  
Les départements furent eux-mêmes subdivisés en districts, administrés par des sous-préfets. A côté de chaque sous-préfet il y avait deux conseillers de districts, des inspecteurs de cantons, des délégués de communes et un commandant de place (dépendant, lui, du gouverneur militaire du département). Les villes reçurent également une administration municipale.
Hugues-Bernard Maret

Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano, Ministre des relations extérieures, resta à Vilna pendant toute la campagne. Il réside au 36 Didžioji. Non seulement il conduisait les affaires diplomatiques, mais il avait la haute main sur toute l’administration lituanienne et les autorités tant lituaniennes que françaises.  Il se concertait avec la Commission de Gouvernement, avec le Commissaire Impérial Bignon et le gouverneur général van Hogendorp. Il est l’intermédiaire entre l’Empereur et le reste de l’Europe, mais il est aussi officieusement chargé de surveiller le pouvoir local.

Napoléon 1er est resté peu de temps à Vilnius (encore qu’on lui ait reproché par la suite d’être resté trop longtemps), du 28 Juin au 16 Juillet 1812. Mais on constate qu’il ne s’est pas contenté d’essayer de faire la guerre contre un ennemi fuyant. Il avait commencé à jeter les bases d’une Lituanie ayant retrouvé son indépendance, se réservant de statuer après la victoire sur son statut définitif. Or, on le sait, de victoire il n’y eut point ! 

D’après « Napoléon et la Lituanie en 1812 », de Bronius Dundulis, 1940 et « Les Français dans l’histoire de la Lituanie », de Gilles Dutertre, 2009