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"La voie balte vers la Liberté !" |
Tous
les 23 août, les Baltes célèbrent un double événement :
l’un, tragique dans ses conséquences, le Pacte Molotov –
Ribbentrop du 23 août 1939, l’autre, synonyme
de révolte et d’espoir, la Voie Balte du 23
août 1989.
Après
leur retour (Lituanie) ou leur accession (Lettonie, Estonie) à
l’indépendance en 1918, les États baltes avaient signé avec la
Russie soviétique des traités de paix et des pactes de
non-agression. Pressentant le conflit européen, ils avaient adopté,
début novembre 1938, des textes de lois destinés à manifester leur
volonté de rester neutres, à l’écart d’un éventuel conflit.
De
son côté l’URSS, inquiète des projets d’expansion à l’est
de l’Allemagne cherchait à conclure des accords d’alliance, y
compris d’entraide militaire, avec la France et la Grande-Bretagne.
Mais ces derniers, faisant preuve d’atermoiements, les soviétiques
vont se détourner des démocraties occidentales pour se rabattre sur
un accord avec l’Allemagne nazie.
Le 23
août 1939, l'Union soviétique, représentée par son
Ministre des Affaires Étrangères, Viatcheslav Molotov,
et l'Allemagne nazie, représentée par son homologue, Joachim
von Ribbentrop, signent à Moscou un Traité de
non-agression entre l'Allemagne et l'Union des républiques
socialistes soviétiques, plus communément appelé Pacte
Molotov-Ribbentrop.
Le
traité proclamait un renoncement au conflit entre les deux pays,
ainsi qu'une position de neutralité dans le cas où l'un des deux
pays signataires serait attaqué par une tierce partie.
Mais
le traité comportait également plusieurs protocoles restés
longtemps secrets qui déterminèrent le destin des États
Baltes pour 50 ans. Dans ces protocoles, les deux puissances
totalitaires s’entendaient pour se partager la Pologne et pour
désigner la frontière nord de la Lituanie comme ligne de partage
entre leurs « sphères d’influence ». Ainsi, la
Finlande, l’Estonie et la Lettonie tombaient dans la sphère
d’influence soviétique, la Lituanie dans celle de l’Allemagne.
Ayant
les mains libres à l’est, Hitler envahit donc
« tranquillement » la Pologne le 1er septembre
1939, ce qui conduisit à la Deuxième Guerre mondiale par
l’intervention, le 3 Septembre, de la France et de la
Grande-Bretagne volant au secours de leur allié polonais. De son
côté, l’URSS envahit la Pologne par l’est le 17
septembre 1939, sans même de déclaration de guerre
préalable. Le 28 septembre 1939, les deux puissances
totalitaires signèrent un nouvel accord de délimitation des
frontières, avec un accord secret complémentaire par lequel la
Lituanie tombait, à présent, dans la sphère des intérêts
soviétiques.
On
n’oubliera pas également que, suite au pacte, l’URSS
approvisionna largement l’Allemagne en matières premières
(notamment pétrole, caoutchouc, céréales), ce qui permit à
celle-ci de constituer des stocks nécessaires à son armée et à
son industrie pour la suite de la guerre. C'est ainsi grâce à de
l'essence russe que l'Allemagne put envahir la France en mai 1940 !
(Ci-dessous, fraternisation de soldats nazis et russes).
Aujourd’hui,
la Fédération de Russie ne fait commencer la seconde Guerre
Mondiale qu’en 1941, revendiquant même le titre de principal
vainqueur. C’est « oublier » un peu rapidement que,
pendant deux ans, elle fut un allié fidèle du régime nazi. Ça en
serait presque cocasse si, dans le même temps, elle n'accusait pas
les États baltes d'encourager la résurgence du nazisme chez eux !
Cinquante
ans après, le 23 août
1989, en signe de protestation contre l’occupation dont
ils étaient victimes, 2 millions de Baltes (soit un quart de la
population totale) se donnèrent la main sur 675 km, entre Vilnius et
Tallinn via Riga. Ce fut la Voie Balte, destinée à
attirer l'attention de l'Occident sur le sort des États baltes. Les
participants demandaient la reconnaissance des protocoles secrets du
pacte Molotov-Ribbentrop, mais surtout le rétablissement de leur
indépendance et de leur liberté.
Depuis
2009, le 23 août est la Journée
européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du
nazisme.
Mais
la
Russie, elle,
n'a jamais fait l'inventaire de
son
passé. Le
régime de Vladimir Poutine s'emploie même
à
le réécrire et à faire de l'histoire un champ de bataille. De la
réhabilitation de Staline (70 %
des Russes estiment qu'il a eu un impact positif!) à
la diabolisation et
à l'occupation des
voisins, ce révisionnisme n'est pas sans risques graves.