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mardi 23 novembre 2021

Šarūnas Bartas filme la résistance lituanienne

 



Ce mercredi 24 novembre 2021 sort en France « Au Crépuscule » (Sutemose“) du réalisateur lituanien Šarūnas Bartas, dont la sortie initiale en Lituanie date du 29 novembre 2019. Le film, sélectionné en compétition officielle à Cannes, a reçu le label du Festival de Cannes 2020, celui-ci ayant dû être annulé à cause de la pandémie de Covid.


Šarūnas Bartas

Ce film, est un drame qui relate l'histoire d'une famille pendant la résistance à l'envahisseur soviétique, résistance menée par les « Frères de la Forêt ». C'est en fait deux films en un. Dans un premier temps, on voit la vie d'un village isolé, passant de la misère de l'après-guerre à l'extrême misère née de l'instauration du régime soviétique. Unte, fils adopté par un de ces paysans qui sont forcés de tout donner alors qu'ils n'ont rien, observe cette évolution avec crainte et tristesse, puis avec rage et colère. Il rejoint alors les Frères de la Forêt. Commence alors le second film dans le film : la vie de ces résistants, isolés, traqués, tentant de repérer infiltré dans leurs rangs. Mais courageux, harcelant le NKVD avec leurs faibles moyens et luttant contre ce nouvel envahisseur et le gouvernement fantoches qu'il a installé à Vilnius.


Marius Povilas Elijas Martynenko

Pour une fois, je serai d'accord avec « Le Figaro Magazine » qui écrit : « Au Crépuscule est une œuvre sombre – au sens propre comme au sens figuré. Antispectaculaire – à l'image de ce combat ignoté. Belle, sobre, sidérante. Comme souvent dans le cinéma de l'Est, les interprètes éblouissent. » . Le personnage principal, Unte, est joué par Marius Povilas Elijas Martynenko, alors acteur débutant, qui a signé là son premier grand rôle dans un film long métrage. Arvydas Dapšys, qui joue le père d'Unte, est paraît-il prodigieux.  


Arvydas Dapšys

J'espère que les spectateurs français iront voir ce film en nombre. Il devrait leur permettre de comprendre pourquoi la Lituanie est toujours aujourd'hui à la pointe du combat pour la Liberté.




jeudi 18 novembre 2021

18 novembre : la Lettonie fête son indépendance

 


En ce 18 Novembre 2018, la Lettonie fête le 103ème anniversaire de sa déclaration d’indépendance, le 18 Novembre 1918.

Au début de la Première Guerre mondiale, les Lettons avaient pris délibérément fait et cause pour l’Empire russe, espérant, grâce à la victoire de celui-ci, se débarrasser des barons baltes et de l’emprise germanique qu’ils enduraient depuis le XIIIe siècle ! Le 23 Juillet 1915, alors que les forces russes étaient en difficulté, les troupes allemandes occupant la Courlande et progressant vers Riga, un oukase du Tsar Nicolas II permettait la création des Régiments de tirailleurs lettons, premières unités autorisées à se battre sous le drapeau de la Lettonie.

Mais la révolution russe d’Octobre (Novembre) 1917 et l’effondrement militaire de la Russie vint changer la donne. L’Allemagne imposa sa domination militaire sur les États baltes. Une partie des unités de tirailleurs lettons devinrent le fer de lance de l’Armée rouge, nouvellement créée. Par l’armistice du 11 Novembre 1918, les troupes allemandes vaincues furent tenues de ne pas quitter leurs positions sur le front oriental, afin de contrer une éventuelle offensive bolchevique. L’armistice ne signifia pas pour autant l’arrêt des combats sur le front de l’est.

Il est en effet nécessaire de souligner la multiplicité des forces en présence sur le territoire letton à cette époque, ce qui explique que la situation y ait été des plus confuses :

# Les bolcheviques, qui prétendaient parler au nom du peuple letton ;

# L’armée nationale lettone, partagée en deux, une partie dans la région de Libau/Liepaja, à côté plus qu’avec les Allemands, et l’autre partie dans le nord de la Lettonie avec les Estoniens ;

# La Baltische Landeswehr, constituée de germano-baltes favorables au Pasteur Needra ;

# Le bataillon de Russes blancs du Prince Anatoly Pavlovitch von Lieven (d’origine livonienne) ;

# L’armée régulière allemande commandée par le Général von der Goltz.

La République de Lettonie proclama donc son indépendance le 18 Novembre 1918 à 16H, au Théâtre National de Riga, mais, en dépit de la présence des troupes allemandes, elle sera presque totalement occupée par l’Armée rouge à la fin Janvier 1919.


Déclaration d'indépendance au Théâtre National de Riga

En dépit d’une politique française relativement floue, accordant la priorité de son soutien à la Pologne et traînant quelque peu les pieds pour reconnaître l’indépendance des États baltes, des Officiers français vont toutefois avoir une action réellement déterminante lors de la guerre d’indépendance lettone.

Il s’agit du Lieutenant-colonel du Parquet, chef de la Mission Militaire Française en Lettonie (Mai 1919 – Juillet 1920), du Capitaine de Vaisseau Brisson, commandant la flotte alliée devant Riga en Octobre 1919, du Général Niessel, Président de la Commission interalliée des Pays Baltiques, grâce à qui les Allemands évacueront les Pays baltes (Novembre – Décembre 1919), sans oublier le Général Janin qui, depuis la Sibérie, organisera le retour dans leur pays des tirailleurs lettons « blancs » (Juin 1920).


Le Lieutenant-colonel du Parquet

Après bien des réticences, liées au désir de voir renaître une Russie forte et aux doutes quant à la viabilité d’un État letton, les puissances alliées ne reconnaîtront de jure l’indépendance de la Lettonie que le 26 Janvier 1921. La candidature de la Lettonie à la Société des Nations sera rejetée une première fois le 16 décembre 1920 et il faudra attendre le 22 Septembre 1921 pour qu’elle puisse y adhérer, en même temps que l’Estonie et la Lituanie.








mardi 9 novembre 2021

9 novembre 1989 : chute du mur de Berlin …. et de nos défenses !

 


Au cours de la Conférence de Postdam (17 juillet – 2 août 1945), les alliés vainqueurs (États-Unis, Grande-Bretagne et URSS) avaient fixé le sort des vaincus, l’Allemagne, l’Italie et le Japon, et plus généralement de l’Europe. L’Allemagne fut amputée de ses territoires de l’est et fut partagée en quatre zones d’occupation. Staline, dont on avait oublié le pacte avec Hitler du 23 août 1939, triomphait et annexait les États baltes, la Prusse orientale (Königsberg) et la Pologne orientale.

Mais, très vite, émergea une rivalité entre l’Union soviétique et les Occidentaux. Ce fut le début de la guerre froide (dont on parle beaucoup du retour ces temps-ci) et un rideau de fer (expression employée pour la première fois par Winston Churchill le 5 mars 1946) sépara l’Europe en deux. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, les soviétiques firent le blocus terrestre de Berlin-ouest qui ne pu être contourné par les Alliés que grâce à 30 000 vols pour ravitailler la ville.

La crise du blocus accéléra la division de l’Allemagne. Le 23 mai 1949, la Loi Fondamentale (= Constitution) de la République Fédérale d’Allemagne (RFA), capitale Bonn, fut adoptée. Le premier chancelier de la RFA fut Konrad Adenauer. En retour, la République Démocratique Allemande (RDA), capitale Berlin-Est, est créée le 5 octobre 1949.



Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, à Berlin, la RDA commença l’installation de barbelés puis, le 15 août, l’érection d’un mur afin de constituer « un rempart contre le fascisme » ! En fait, il s’agissait de stopper l’exode des Allemands de l’est vers l’ouest qui, début août, avait atteint 2 000 passages par jour. Le 27 octobre 1961, on est à deux doigts de l’affrontement direct, blindés américains et russes se faisant face pendant 16 heures de part et d’autre du Checkpoint Charlie(cf. ci-dessous)



Mais, le 18 octobre 1989Erich Honecker, numéro 1 du Parti Socialiste Unifié d’Allemagne (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands – SED) depuis 1971, déstabilisé par les mouvements démocratiques en Hongrie et en Tchécoslovaquie, opposé aux réformes de Gorbatchev, est contraint à la démission. Dès le 31 octobre 1989, à Dresde et à Leipzig, puis le 4 novembre à Berlin-Est (un demi-million de personnes sur l’Alexander Platz), les Allemands de l’est manifestent pour réclamer notamment des élections libres et la liberté de la presse. 



Le 9 novembre 1989 au soir, l’incroyable se produit : Günter Schabowski, porte-parole du SED, déclare à la presse que les voyages privés vers l’étranger sont autorisés sans justificatif, mesure qui entre en vigueur immédiatement, ce qui provoque un afflux des Allemands de l’Est pour franchir le mur. Le 3 octobre 1990, l’Allemagne est réunifiée.



Depuis cette « chute » du mur de Berlin, beaucoup ont cru que l’Europe était définitivement entrée dans une ère de paix éternelle. Ainsi, dès 1990, Laurent Fabius, Premier Ministre français, voulait « engranger les dividendes de la paix », considérant l’absence de menace visible. C’était oublier qu’au sein de l’URSS des Nations étaient encore assujetties, à commencer par les trois États baltes, où l’URSS tua encore en janvier et juillet 1991.

A l'Ouest, les budgets de la défense furent longtemps et clairement considérés comme des variables d’ajustement. Or, pendant le même temps, la Russie modernisait son outil de défense, et augmentait considérablement la part réelle des dépenses consacrées, au sein du budget fédéral, à la défense nationale. Mais surtout, nos dirigeants occidentaux sont sur la retenue alors que la Russie, mais aussi le Bélarus, se livrent à des exactions aussi bien à l'intérieur qu'à l’extérieur de leurs frontières.

Le 9 novembre 1989, ce n’est pas seulement le mur de Berlin qui est tombé. Ce sont aussi nos défenses. 




lundi 1 novembre 2021

31 Octobre 1517: les 95 thèses de Luther et leurs conséquences sur la Livonie

 

Martin Luther

Même en l’absence de témoignage direct sur l’événement, l’affichage sur les portes de la chapelle du château de Wittenberg (ville de Saxe-Anhalt située au bord de l’Elbe), le 31 Octobre 1517, de ses « 95 thèses » par le moine et théologien allemand Martin Luther (1483 – 1546) est logique avec les usages du temps. Cet affichage est en outre rapporté par un philosophe professeur à Wittenberg du nom de Mélanchthon.

Les 95 thèses condamnaient violemment la vente d’indulgences que pratiquait l’Eglise Catholique Romaine, et plus durement encore les pratiques du Haut clergé et notamment de la Papauté. On peut consulter ces 95 thèses, dont le nom officiel est Martini Lutheri disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarumpar exemple dans leur intégralité sur http://fr.wikipedia.org/wiki/95_th%C3%A8ses.



Ce faisant, Martin Luther ne se doutait sans doute pas qu’il allait créer une nouvelle religion et bouleverser, moins d'un demi-siècle plus tard, l’équilibre géopolitique de la région balte.

Sur le territoire de ce qui est aujourd’hui – grosso modo – la Lettonie et l’Estonie, la Confédération livonienne exista de 1228 à 1560. Elle regroupait cinq petits Etats : l’Ordre Livonien, l’archevêché de Riga et les évêchés de Dorpat (aujourd’hui Tartu), d’Ősel-Wiek et de Courlande. Créée par le Légat du Pape en 1228, afin de minimiser les conflits, la Confédération était en fait contrôlée par les Chevaliers Porte-Glaive, devenus eux-mêmes en 1237 la branche livonienne de l'Ordre teutonique.


La Livonie en 1560 - 1585

Mais, en 1558, Ivan IV, premier tsar de Russie, déclencha la Guerre de Livonie car il voulait accéder, et au-delà dominer, la Mer Baltique. La Russie remporta des succès initiaux, et envahit la Confédération livonienne. Affaibli, le Maître de l’Ordre livonien, Gotthard Kettler, dut se résoudre, en 1559, à demander l’aide de Sigismond II Auguste, Roi de Pologne Grand-duc de Lituanie, moyennant des concessions. Parallèlement, Gothard Kettler, conscient des progrès du luthéranisme parmi ses sujets, se convertit et sécularisa à son profit les terres de l'Ordre (attitude qui ressemble à celle d'Albert de Brandebourg, dernier Grand-maître de l’Ordre Teutonique en Prusse, en 1525).


Gotthard Kettler

Le Traité de Vilnius fut signé le 28 Novembre 1561Par ce Traité, la Confédération livonienne résiduelle reconnaissait la suzeraineté du Roi de Pologne – Grand-duc de Lituanie (Pacta subiectionis). Gothard Kettler, dernier Maître de l’Ordre livonien, devenait Duc héréditaire de Courlande et de Sémigalle, vassal de Sigismond II Auguste ; le reste du pays était placé sous administration lituanienne. La capitale du Duché passa de Riga, restée polonaise, à Mitau (aujourd’hui Jelgava).  

Le 5 Mars 1562, Gothard Kettler déposa solennellement à Rīga le manteau des Chevaliers Porte-Glaive, en faisant allégeance au Roi de Pologne, représenté par Nicolas IV Radziwiłł, Palatin de Vilnius et Gouverneur de la Livonie. Il épousa en 1566 la princesse Anne von Mecklembourg-Schwerin et il s’ensuivit une dynastie Kettler jusqu’en 1737. Le 25 Juin 1570, il publia les « Privilegium Gotthardium », la première Constitution de Courlande.


Martin Luther clouant ses 95 thèses





jeudi 21 octobre 2021

La bataille des Eaux Bleues

 


La bataille des Eaux Bleues s'est déroulée à l'automne 1362 ou 1363 entre les armées du Grand-duché de Lituanie, aux ordres du Grand-duc Algirdas, et celles de la Horde d'Or, en l'occurrence de trois frères beys de Podolie. Cette bataille est relativement peu connue et pourtant elle fut décisive pour les Lituaniens qui achevèrent ainsi la conquête de la Principauté de Kyiv. 

A la mort de son chef Berdi Beg Khan en 1359 (assassiné par son frère Kulna, lui-même assassiné six mois plus tard par un autre frère, Nuruzbeg, lequel mourra peu de temps après dans des conditions mystérieuses, etc …….), la Horde d'Or connut une série de guerres de succession qui durèrent deux décades (1359 – 1381). Profitant de ce désordre interne, le Grand-duc de Lituanie Algirdas, un des sept fils de Gediminas, monta une campagne contre les terres tatares. Bloqué à l'ouest par les Chevaliers Teutoniques qui tenaient les rivages de la Baltique, son intention était d'étendre ses territoires au sud, notamment au détriment de la Principauté de Kiev.

En 1362 ou 1363, Algirdas ses armées entre le Bug et le Dniepr en direction du sud, conquérant principauté sur principauté. Puis, à l'automne, il obliqua vers l'ouest en direction de la Podolie. Les trois beys locaux (Kutlug Bey, Haci Bey et Demetrius) levèrent une armée pour résister à l'invasion.

Le Grand-duc Algirdas

On pense que les deux armées se sont rencontrées à ce qui s'appelle aujourd'hui Torhovytsia, qui s'appelait alors en russe Sinie Vody, les Eaux Bleues. Selon une brève description de la bataille, relatée en 1582, les Tatars engagèrent la bataille en envoyant des flèches sur les flancs des forces lituaniennes et ruthènes. Mais cela eut peu d'effet. En réaction, les Lituaniens, armés de lances et d'épées rompirent rapidement les lignes tatares. De leur côté, les fils de Karijotas, un des frères d'Algirdas, attaquèrent les flancs tatars. Ce fut alors une retraite désorganisée et Algirdas avait remporté une victoire décisive.

 Car, par cette victoire, le Grand-duché de Lituanie s'emparait de Kyiv et de la majeure partie de l'Ukraine actuelle. Il accédait ainsi à la mer Noire et devenait un voisin direct de la Grande Principauté de Moscou qui, elle, allait rester vassale de la Horde d'Or jusqu'en 1480. Algirdas mit son fils Vladimir sur le trône de la Principauté de Kyiv. 

Les historiens slaves, eux, ont eu tendance à minimiser l’importance de la bataille. Les Russes ont choisi de mettre en exergue la victoire de Dimitri Donskoï sur les Tatars à Koulikovo (1380). Quant aux Polonais, ils ne voulaient pas donner des arguments aux Lituaniens dans leur revendication de la Podolie.

Les diverses phases de l'extension du Grand-duché de Lituanie


 

 





jeudi 7 octobre 2021

Il y a quinze ans, Anna Politkovskaïa était assassinée

 


Le samedi 7 octobre à 17H10, c’est une voisine qui découvrit le corps sans vie de la journaliste Anna Politkovskaïa devant l’ascenseur de son immeuble à Moscou. Dans l’ascenseur, les policiers retrouvèrent un pistolet Makarov de 9 mm et quatre douilles. L'émotion avait été très forte en Occident où elle jouissait d'une plus grande notoriété qu'en Russie.

Depuis Juin 1999, Anna Politkovskaïa collaborait au journal en ligne Novaïa Gazeta (Новая газета - Le Nouveau Journal - http://en.novayagazeta.ru/), un des rares médias indépendants qui subsistent encore aujourd’hui en Russie. Elle s'était rendue à de nombreuses reprises dans les zones de combats en Tchétchénie et dans des camps de réfugiés au Daghestan, puis en Ingouchie. En octobre 2002, au péril de sa vie, elle avait accepté de servir de négociatrice lors de la prise d'otages dans un théâtre de Moscou, qui s'est terminée de manière dramatique. Régulièrement menacée, elle avait subit une tentative d'empoisonnement en 2004, alors qu'elle se rendait en avion dans le Caucase. 

Après bien des rebondissements, l'enquête sur l'assassinat a été close en juin 2014 par le procès de cinq hommes, dont quatre originaires de Tchétchénie, condamnés à de lourdes peines. Mais aucun commanditaire n'a été retrouvé ni a fortiori inculpé. Il faut dire que l'enquête semble mener en direction de l'élite (sic) tchétchène et qu'apparemment le pouvoir russe la freine ……

Depuis 2000, six journalistes de Novaïa Gazeta ont été assassinés, dont Anastasia Babourova en Février 2009. Au-delà de Novaïa Gazeta, ce sont 21 journalistes qui ont été assassinés depuis 2000, mais aussi des avocats (comme Stanislav Markelov) et des représentants d’ONG (comme Natalia Estemirova, de l’ONG « Memorial »).   Ils avaient pour point commun de dénoncer la corruption et  les atteintes aux droits de l'homme en Russie, et la guerre en Tchétchénie. Aucun de ces meurtres n’est à ce jour élucidé.

L'assassinat de Boris Nemtsov, le 27 février 2015, a présenté bien des similarités avec celui d'Anna Politkovskaïa : des exécutants tchétchènes qu'on trouve très vite et qui avouent très rapidement sous les caméras des médias, des commanditaires par contre introuvables et, coïncidence touchante, l'assassinat d'Anna Politkovskaïa a eu lieu le jour de l'anniversaire de Vladimir Poutine et celui de Boris Nemtsov sous les fenêtres du même Poutine au Kremlin . En 2018, Novaïa Gazeta a reçu un colis inhabituel: une couronne mortuaire avec une tête coupée de bélier, ainsi qu'une note adressée à Denis Korotkov, qui écrit notamment sur les activités de l'opaque groupe de mercenaires Wagner. Ses enquêtes ont mis en lumière les opérations de Wagner à l'étranger et ses liens présumés avec l'homme d'affaire Evguéni Prigojine, réputé proche de Vladimir Poutine.

 Malgré les menaces de mort et tentatives d'agression, Anna Politkovskaïa refusa le silence et s'illustra dans son combat en faveur des victimes de guerre en Tchétchénie et dans ses prises de position contre le régime de Vladimir Poutine. Lequel de nos dirigeants relèvera le flambeau ?

mercredi 1 septembre 2021

1er septembre 1939 : le « false flag » de Gleiwitz qui déclencha la deuxième guerre mondiale

 

L'émetteur de Gleiwitz


Wikipedia Les opérations sous fausse bannière (ou « sous faux pavillon », parfois désignées sous l'anglicisme false flag) sont des actions menées avec utilisation des marques de reconnaissance de l'ennemi.

Sans refaire la genèse des événements qui ont conduit au déclenchement de la deuxième guerre mondiale, il faut néanmoins souligner les accords de Munich (30 septembre 1938). Par ces accords, la France et la Grande-Bretagne, qui ne désirent pas la guerre, autorisent l'Allemagne à annexer les régions de la Tchécoslovaquie majoritairement peuplées par des Allemands. L'épilogue a lieu le 15 mars 1939 au matin, quand les troupes allemandes envahissent sans coup férir le reste de la Tchécoslovaquie (Bohème et Moravie) pour y établir un protectorat.

Grisé par ce succès, Hitler déclare, le 23 mai 1939 : « Il n'est pas question d'épargner la Pologne » !

Auparavant, l'Allemagne nazie s'assure de la neutralité de la Russie soviétique en signant le pacte Molotov-Ribbentrop (23 août 1939), dont on ne soulignera jamais assez l'importance majeure dans le processus de déclenchement de la guerre. (cf. http://gillesenlettonie.blogspot.com/2021/08/23-aout-1939-1989-2021-la-voie-balte.html)

Reinhard Heydrich

Ainsi tranquille à l'est, Hitler va confier au Reichsführer-SS Heinrich Himmler le soin d'organiser une opération de provocation baptisée (en toute modestie) « Opération Himmler ». La mise en scène du plan est l’œuvre du bras droit d'Himmler, Reinhard Heydrich, qui monte deux prétendues attaques, une sur la station radio allemande de Gleiwitz et l'autre sur le poste de douane de Hochlinden. L'exécution (dans tous les sens du terme …...) est confiée à la Gestapo, notamment à Alfred Naujocks à Gleiwitz, qui est considéré comme l'homme ayant déclenché la deuxième guerre mondiale.

Alfred Naujocks


Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1939, six soldats allemands membres du Sicherheitsdienst de Heydrich, accompagnés de douze criminels à qui on avait promis la liberté, tous revêtus d'uniformes polonais, s'emparent de l'émetteur radio de Gleiwitz (aujourd'hui en Pologne, à la frontière tchèque). Puis ils lancent sur les ondes un message appelant la minorité polonaise de Silésie à prendre les armes pour renverser le chancelier Hitler.


Plaque commémorative à Gleiwitz

A la vérité, le technicien qui accompagnait le commando fut incapable de mettre en œuvre l'antenne longue portée et le message ne put être diffusé que localement. Mais cela n'empêcha nullement la mise en place de la suite du plan, notamment l'exécution des criminels (drogués) représentant les cadavres des pseudo-attaquants polonais. Des journalistes furent convoqués pour constater de visu et témoigner de l' « attaque polonaise ».

En tout état de cause parallèlement, l'armée allemande attaqua la Pologne le 1er septembre 1939 à 04H45 du matin, sur toute l'étendue du front. Ainsi débuta la deuxième guerre mondiale, l’attaque allemande entraînant l'entrée en guerre de la France le 3 septembre et de la Grande-Bretagne le 4 septembre. Le 17 septembre, la Russie soviétique lança à son tour son attaque à partir de l'est de la Pologne, conformément aux protocoles secrets du pacte Molotov-Ribbentrop.