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jeudi 23 janvier 2020

22 janvier 1898 : naissance de Sergueï Eisenstein

Sergueï Eisenstein


Dans la famille Eisenstein, on connaît surtout, et notamment les cinéphiles, le fils, Sergueï Eisenstein (1898 – 1948), cinéaste réalisateur entre autres du « Cuirassé Potemkine », d’ « Alexandre Nevski » et d’ « Ivan le Terrible ». C'est lui dont on célèbre aujourd'hui l'anniversaire de la naissance, à Riga.  

Car les amateurs d’art et ceux de la Lettonie connaissent, eux, surtout le père, Mikhaïl Eisenstein, célèbre pour ses réalisations d’immeubles Art Nouveau, notamment à Riga. C'est de lui dont je veux parler aujourd'hui.

Né le 5 Septembre 1867 à Saint-Pétersbourg (sous réserve qu’il n’y ait pas eu confusion entre calendriers julien et grégorien, certaines sources citant le 17 Septembre), Mikhaïl Eisenstein est d’origine germanique juive du côté paternel et suédoise côté maternel, assimilé dans la société russe.

Mikhaïl Eisenstein, son épouse et le petit Sergueï

Il sort parmi les premiers de l’Institut des ingénieurs civils de Saint-Pétersbourg en 1893 et s’installe à Riga, a priori en 1895, alors dans l‘Empire russe, gouvernement de Livonie. Il devient architecte des édifices publics de Riga puis de toute la Livonie. Il se marie en 1897 et s’installe alors au 6 avenue Nikolayev, aujourd’hui Krišjāņa Voldemāra, où il habitera jusqu’au 10 Août 1917.

Parallèlement à son emploi de chef du département du trafic routier de la province de Vidzeme, il maintiendra une activité architecturale soutenue, et c’est pour cela qu’il est connu à Riga. Car, pendant les deux décades 1897 – 1917, il construira à Riga 19 bâtiments dans le style à la mode du moment : l’Art Nouveau.



Il construit trois immeubles entre 1897 et 1901, le premier au 19 Strēlnieku ielā, mais dans le style neo-classique. Même s’il n’est pas certain qu’il ait voyagé à Paris pour voir l’Exposition Universelle de 1900, celle-ci a eu une importance essentielle, ne serait-ce qu’à travers les catalogues, sur la découverte de l’Art Nouveau par Mikhaïl Eisenstein. On se souviendra par exemple des entrées de station de métro (la ligne Vincennes – Maillot a été inaugurée le 19 Juillet 1900) dessinées par Guimard. Cette influence se ressentira dès 1901 avec le bâtiment du 33 Elizabetes ielā.

Elizabetes iela 10b, Riga

Six des immeubles construits par Mikhaïl Eisenstein sont situés dans l’Alberta ielā, devenue la concentration la plus dense de bâtiments de ce style en Europe. On notera les deux sphinx qui flanquent l’entrée du 2a Alberta ielā, le dernier bâtiment Art Nouveau construit par Mikhaïl Eisenstein en 1906. Son fils Sergueï, qui était aussi un dessinateur prolifique dès l’âge de 10 ans, aimait ces deux sphinx et les avait croqués. On les retrouve paraît-il dans « Le Cuirassé Potemkine » (réalisé en 1925), je vous laisse vérifier. 
 

Sphinx Alberta iela 2a 

Mikhaïl Eisenstein construira d’autres immeubles, jusqu’en 1911 (Lomonosova ielā 3), mais dans un style géométrique plus rigide, l’Art Nouveau étant brusquement passé de mode.   

Séparé de son épouse, à qui il reproche son infidélité, en 1909, la famille va finir d’éclater avec la révolution d’octobre 1917. Sergueï s’engage comme volontaire dans l’armée rouge, alors que son père rejoint l’armée blanche comme ingénieur. Avec la prise du pouvoir par les bolcheviques, Mikhaïl s’enfuie à Berlin où il mourra le 2 Juillet 1920 (Sergueï n’apprendra sa mort que 3 ans plus tard). Il est enterré au cimetière orthodoxe russe de Berlin/Tegel.

Pour en savoir plus : « Mikhail Eisenstein, Themes and symbols in art nouveau architecture of Riga (1901 – 1906) » de Solvega Raša, Neptuns Riga, 2003 (en letton et anglais). 

NB : cet article est une adaptation d'un de mes articles de mai 2013 qui avait été repris par l'agence de voyages Ideoz



samedi 11 janvier 2020

13 Janvier 1991 : quand les Lituaniens ont fait reculer l’armée soviétique



Le 13 janvier 1991, c'était 3 jours avant le déclenchement de l’opération « Tempête du désert » en Irak. Mais, pour les Lituaniens, le 13 janvier 1991 a une autre signification. Retour sur les faits.


Le 11 mars 1990, la Lituanie, occupée depuis juin 1940 par l'Union soviétique, avait proclamé la restauration de son indépendance. D'avril à juillet 1990, l'Union soviétique avait imposé un blocus économique, sans entamer la détermination des Lituaniens.



Du 1er au 9 janvier 1991, les forces soviétiques s'étaient livrées à des provocations et à des pressions, déployant des troupes supplémentaires.. Le 10 janvier 1991, Mikhail Gorbachev, Président désigné (non élu) de l’URSS, adressait un ultimatum, demandant à ce que l'acte de restauration de l'indépendance lituanienne soit révoqué.

Les 11 et 12 janvier, l'armée soviétique se saisit des bâtiments des institutions nationales . C'est alors que des Lituaniens, venus de toute la Lituanie, se rassemblèrent autour du Parlement pour le protéger.



Le 13 janvier 1991, les troupes soviétiques ouvrirent le feu sur des civils non armés, en en tuant 14 et en en blessant officiellement 702. Le « bon » M. Gorbatchev, chouchou des Occidentaux, prétendit qu'il n'était pas au courant …... D’autant que, du 17 au 20 Janvier, les mêmes exactions se répétèrent à Riga (Lettonie). Le choix même de la date de l’attaque, alors que le monde entier avait les yeux tournés vers l’Irak, ne pouvait pas être un hasard.



Et pourtant, les Lituaniens ont gagné face au totalitarisme. Les soviétiques n’osèrent pas donner l’assaut au Parlement, protégé par des milliers de citoyens qui faisaient de leur corps un rempart. Dès le 13 Janvier, Boris Eltsine, Président élu de Russie, condamna l’attaque et reconnut la souveraineté des États baltes. A Moscou, 100 000 personnes descendirent dans la rue pour condamner la répression dans les Républiques baltes. On peut dire que, quelque tragique qu’il fut pour les Baltes, ce 13 Janvier 1991 marqua le début de la fin de l’URSS, et on ne peut que s’en réjouir.

Finalement le 9 Février, les Lituaniens, toujours occupés par les soviétiques, votèrent à 90,4 % pour leur indépendance. Mais les soviétiques continueront à tuer, jusqu’au 31 Juillet 1991 lorsque 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens, sans armes, seront assassinés à Medininkai.

Aujourd’hui, la Fédération de Russie refuse toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des États baltes. Aujourd’hui, la Fédération de Russie refuse que Gorbatchev aille témoigner au procès des assassins de Janvier 1991. Aujourd’hui, certains comme Jirinovski réclament même le retour des États baltes dans le giron de la Russie. Aujourd’hui, certains propagandistes zélés, face à des milliers de témoins, proclament que ce ne sont pas les OMON qui ont tiré à la tour de télévision de Vilnius, mais des « provocateurs ».  

La liberté a un prix. 14 Lituaniens, et quelques jours plus tard 5 Lettons, ont payé ce prix de leur vie. Soyons vigilants afin que de telles exactions ne se reproduisent pas. 

"Je me souviens pourquoi nous sommes libres"


vendredi 3 janvier 2020

Des Français dans la bataille de Daugavpils (3 janvier 1920) – 4ème partie




« Opération Hiver »

L’ « Operacji Zima » (Opération Hiver) était prévue d’être déclenchée au 15 Décembre 1919. Mais des problèmes subsistent entre les Polonais et les Lettons : pas de communication directe entre Lettons et Polonais (à cause des soviétiques et Lituaniens hostiles) ; pas de plan de coopération présenté par le gouvernement letton ; peur des Lettons de voir les Polonais s’emparer de la Latgale, mais surtout armée lettone qui ne voulait pas obéir aux Polonais. Un accord sera finalement trouvé au 30 décembre et le début des opérations est fixé au 3 Janvier 1920.
 
Le 3 Janvier 1920, la 3ème Division polonaise traverse la Daugava gelée (il fait – 25° et il y a 1 mètre de neige) et attaque la forteresse. Dans le même temps, la 1ère Division attaque par le nord. Les combats sont difficiles, mais la ville est rapidement conquise. Malheureusement, la glace se brise sous le poids des canons d’artillerie, ce qui entraîne d’importantes pertes polonaises. Les défenseurs bolcheviques (et parmi eux des tirailleurs lettons rouges) se retirent de Dyneburg (Daugavpils) vers l'ouest et se rendent aux troupes lettones qui étaient postées à l’ouest de la ville. Les Polonais auront environ 3 000 tués, blessés et disparus, la principale raison de ces pertes étant une préparation insuffisante pour se battre en hiver. Mais la victoire sur la garnison bolchevique de Daugavpils permettra au moral des « légionnaires » polonais de remonter.
 
D'après certaines sources, le Lieutenant-colonel Maré a personnellement dirigé la manœuvre des chars, les guidant parfois à pied ! La plupart des personnels français vont rentrer en France, quelques Officiers français restant comme conseillers. Le 1er Régiment de Chars ne prendra pas part à d'autres combats avant le printemps 1920.  Il sera dissout le 11 août 1921, trois bataillons indépendants étant créés à sa place.
 
Fin Janvier 1920, les Polonais se retirent au sud de la Daugava et les troupes lettones prennent leur place, à l’exception de la citadelle de Dyneburg / Daugavpils, où la garnison polonaise continuera de stationner jusqu’en Juillet, en raison d’une possible contre-offensive des bolcheviques.
 

La bataille de Daugavpils marque la fin de la libération du territoire letton. Mais ce n'est qu'après bien des réticences, liées au désir de voir renaître une Russie forte et aux doutes quant à la viabilité d’un État letton, que les puissances alliées reconnaîtront de jure l’indépendance de la Lettonie le 26 Janvier 1921. La candidature de la Lettonie à la Société des Nations sera rejetée une première fois le 16 décembre 1920 et il faudra attendre le 22 Septembre 1921 pour qu’elle puisse y adhérer, en même temps que l’Estonie et la Lituanie.





Des Français dans la bataille de Daugavpils (3 Janvier 1920) – 3ème partie



Comment a été constitué le 1er Régiment de Chars, le premier jamais constitué dans l’armée polonaise, qui va intervenir dans la bataille de Daugavpils ?

Le 20 juillet 1918, l’Ordre Général n° 72 crée le 505ème régiment d’Artillerie Spéciale français qui, comme son nom ne l’indique pas, est un Régiment de chars, mais dépendant de l’arme de l’Artillerie. Il est formé de trois bataillons à trois compagnies chacun, équipées de chars légers Renault FT-17. C’est le Chef de Bataillon Jules Maré, qui commandait jusque là le XIIIème Groupement de Chars lourds Saint-Chamond, qui en prend le commandement. A compter du 6 septembre 1918, le 505ème RAS est mis à la disposition de la 1ère Armée des États-Unis. L’armistice du 11 novembre 1918 le trouve au nord de Nancy, prêt à une nouvelle offensive en direction de Metz. Les bataillons constitutifs vont être regroupés aux environs de Nancy puis dirigés vers le camp de Martigny-les-Bains (Vosges).

Le 8 mars 1919, le 505ème Régiment d’Artillerie Spéciale est désigné pour former 5 compagnies de chars blindés polonaises, à 24 chars FT-17 chacune. Du 13 au 27 mars, le 505ème RAS fait mouvement par voie ferrée vers le camp de Martigny-les-Bains (Vosges) et toutes les dispositions sont prises pour la formation et l’instruction des unités polonaises. Au 1er mai 1919, les Officiers et hommes de troupe français volontaires pour l’armée polonaise sont rayés des contrôles du corps et affectés au dépôt pour former l’ossature du 1er Régiment de Chars polonais. Équipé par la France de 120 chars FT-17, transporté par train en Pologne entre le 1er et le 16 Juin 1919, le 1er Régiment compte à son arrivée 34 Officiers et 354 Sous-officiers et hommes du rang français, et 11 Officiers et 442 Sous-officiers et hommes du rang polonais. Son chef de corps est le Lieutenant-colonel Jules Maré, l’ancien chef de corps du 505ème RAS. Sur les 120 chars, 72 étaient armés du canon Puteaux de 37 mm SA-18 L/21 et 48 étaient armés de la mitrailleuse Hotchkiss Mle 1914 de 8 mm. 

Chars Renault FT-17 à Daugavpils

 
C’est la 2ème compagnie du 1er bataillon, équipée de 24 chars, qui entrera la première en action, le 19 Août 1919, contre les forces bolcheviques défendant Bobruysk, en appui du 58ème Régiment d’Infanterie polonais (14e Wielkopolska Division). La compagnie de chars entrera le 28 Août à Bobruysk, provoquant la panique parmi les soldats russes et brisant rapidement les deux lignes de défense. La compagnie était commandée par le Capitaine Jean Dufour et tous ses Officiers étaient Français, mais ce fait d’armes est toutefois considéré comme le premier affrontement de chars polonais. Le Capitaine Dufour et le Lieutenant Ferdinand Bracke recevront la Croix des braves à sa création en Août 1920.       
 
Pour en revenir à la bataille de Daugavpils, le groupe opérationnel du Général Rydz-Śmigły, qui doit reprendre la ville aux bolcheviques, comprend les unités suivantes :

Ø  Les 1ère et 3ème Division d’Infanterie « Légionnaires » polonaises (Dywizja Piechoty Legionów), soit 30 000 soldats polonais ;

Ø  Une Division d’Infanterie lettone, soit 10 000 soldats lettons

Ø  La 2ème Compagnie de chars du 1er Régiment de chars, toujours aux ordres du Capitaine Dufour, équipée de 24 chars Renault FT-17, les trois chefs de peloton étant français.
 
Face à ce groupe opérationnel était opposée une partie de la XVème armée soviétique.

Daugavpils en 1920


Les 27 et 28 septembre 1919, c’est de nouveau la Compagnie de chars du Capitaine Dufour qui intervient, au sud de la Daugava, dans la région du village de Ławkiesy. Mais elle connaît des difficultés de mise en place et surtout de ravitaillement en carburant (les chars ont dans leurs réservoirs entre 30 et 40 litres d’essence, ce qui leur permet de se déplacer sur 8 à 9 km). A l’issue des deux jours, les forces polonaises ont conquis les faubourgs de Daugavpils au sud de la Daugava, mais les sapeurs soviétiques font sauter le pont de chemin de fer le 28 septembre vers 21H00. Au cours des combats, la 2ème Compagnie de Chars a perdu un tué (Caporal Polonais Breszczyk), quatre blessés et deux chars, en raison des tirs d’artillerie soviétiques. Le Lieutenant français Galtier, chef du 3ème peloton, ayant été blessé, c’est le Lieutenant polonais Jasinski qui a pris le commandement du peloton et ce sera la première action de chars commandée par un Officier polonais. 
 
Le lendemain, 29 septembre 1919, les chars ont été chargés sur des wagons et retirés de l’avant.

A suivre : « L'opération Hiver »

jeudi 2 janvier 2020

Des Français dans la bataille de Daugavpils (3 Janvier 1920) – 2ème partie



A ce point, il est nécessaire de faire un état des lieux de l’armée polonaise. Elle fut en effet créée à partir d’unités et d’individuels polonais servant en Russie, en France, en Autriche-Hongrie et en Allemagne, avec des équipements différents et des méthodes différentes.

Le Général Haller


 Par décret du 4 Juin 1917 (publié au Journal Officiel du 5 Juin 1917) est créée une armée polonaise autonome, placée sous les ordres du haut commandement français et combattant sous le drapeau polonais. La majorité des recrues sont des Polonais servant dans l’armée française et des Polonais de l’armée austro-hongroise et de l’armée allemande faits prisonniers. Mais des volontaires sont venus du monde entier et notablement des États-Unis. L’organisation et le recrutement sont confiés à la Mission militaire franco-polonaise, créée le 20 Mai 1917, dirigée par le Général de division français Louis Archinard, assisté du Colonel polonais Adam Mokiejewski. La Mission ouvre son premier camp militaire le 27 Juin 1917 à Sillé-le-Guillaume (Sarthe). D’autres suivront à Laval, Mayenne, Alençon, Le Mans et Angers. 
C'est le 1er Régiment de Chasseurs qui est créé le premier et qui, après une instruction poussée, part pour le front, près de Saint-Hillaire en Champagne, au printemps 1918. Avec l'afflux de volontaires, il est créé à l'été 1918 deux divisions d'infanterie, au total quelques 17 000 soldats.  Le 22 juin 1918, à Brienne-le-Château, le Président de la République française, Raymond Poincaré, remet solennellement aux unités de la 1ère Division d'infanterie polonaise les drapeaux offerts par les villes de Paris, Verdun, Belfort et Nancy. Sont également présents Roman Dmowski, président du Comité National Polonais créé le 10 août 1971, Stephen Pichon, Ministre des Affaires étrangères français et le Général Gouraud, commandant la 4ème Armée française à laquelle la 1ère Division polonaise est rattachée.  
A partir du 4 Octobre 1918, ces unités sont commandées par le Général polonais Józef Haller de Hallenburg, d’où son nom d’Armée Haller ou encore d’Armée Bleue, en référence à son uniforme bleu horizon. Car l’équipement et une partie de l’encadrement étaient fournis par la France.

Le Maréchal Pilsudski

Le 11 Novembre 1918, jour de signature de l’Armistice et jour de la déclaration d’indépendance de la Pologne, le Maréchal Józef Piłsudski est nommé Commandant en chef des forces polonaises. Il adresse une dépêche au Maréchal Foch afin de lui demander le rapatriement de l’armée Haller en Pologne.  Les premiers contingents ne quitteront toutefois la France que le 16 Avril 1919. A cette époque, les effectifs de l'armée polonaise s'élèvent à environ 70 000 soldats, 10 000 chevaux, 18 avions et 120 chars.
C’est justement le 1er Régiment de Chars, le premier jamais constitué dans l’armée polonaise, qui nous intéresse dans le cadre de la bataille de Daugavpils.


A suivre …...

Des Français dans la bataille de Daugavpils (3 Janvier 1920) – 1ère partie

L'Europe en 1914



A la fin de la Première Guerre mondiale, les Alliés s’étaient accordés sur la reconstitution d’un État polonais indépendant, formé à partir de territoires appartenant, depuis les trois partages de 1772, 1793 et 1795, aux Empires russe, austro-hongrois et allemand. La nécessité de créer un État polonais indépendant apparaît notamment dans les « quatorze points » du Président des Etats-Unis, Woodrow Wilson (8 janvier 1918) : « Un État polonais indépendant devrait être créé, qui inclurait les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devrait assurer un libre accès à la mer, et dont l'indépendance politique et économique ainsi que l'intégrité territoriale devraient être garanties par un accord international. »  

Woodrow Wilson


Le Traité de Versailles (signé le 28 Juin 1919) ne déterminait toutefois pas avec précision le tracé de la frontière orientale de la Pologne. Il y avait en outre une contradiction entre la proclamation solennelle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le refus de l’Entente de faire droit aux revendications de certaines Nations, comme notamment la Nation ukrainienne

La jeune République polonaise va rapidement être confrontée à la volonté d’expansion de la Russie bolchevique qui cherche à exporter par la force la révolution prolétarienne vers l’ouest, en direction de la Hongrie soviétique et des révolutionnaires allemands, en instaurant au passage une Pologne communiste. « À l’Ouest ! Sur le cadavre de la Pologne blanche se trouve la route à la révolution mondiale. Marchons sur Vilno, Minsk, Varsovie ! » disait le Maréchal Mikhaïl Toukhatchevski !

Même si les historiens ne s’accordent pas sur la date exacte du début du conflit entre la Russie bolchevique et la Pologne, il semble qu’on puisse le faire remonter aux premiers mois de 1919 (février-mars), lorsque des unités polonaises commencent à rencontrer des éléments avancés de l’Armée rouge et qu’une ligne de front va petit à petit se constituer à travers la Lituanie, la Biélorussie et l’Ukraine.

Les premiers succès seront polonais car la guerre civile russe fait rage et les blancs de Denikine marchent sur Moscou. Le 19 Avril 1919, les Polonais prennent Vilnius, le 2 Octobre ils atteignent la Daugava après plusieurs mois de combat contre la 15e Armée soviétique.

Le Général Edward Rydz-Śmigły 

 
En Décembre 1919, la Pologne conclut une alliance militaire avec la Lettonie, seul État de la région avec lequel elle ne soit pas en conflit. La Lettonie avait, elle aussi, toute la partie est de son territoire occupée par les bolcheviques. La diplomatie polonaise promettait son soutien militaire en échange de la suspension par la Lettonie de sa coopération avec l'Allemagne. Le Général Rydz-Śmigły reçut alors le commandement d’un groupe opérationnel pour s’emparer de Daugavpils (en Polonais Dyneburg, en Allemand Düneburg) et, au-delà, pour expulser les troupes bolcheviques de l'est de la Lettonie.


A suivre : la constitution de l'Armée polonaise