Pages vues le mois dernier

jeudi 29 septembre 2011

Réunion du “Partenariat oriental” en Pologne

Suite à l’élargissement de 2004, l’Union Européenne avait mis en place une Politique Européenne de Voisinage (PEV), visant à appuyer les réformes économiques et politiques dans les pays voisins immédiatement à l’est : Russie, Belarus, Ukraine, Moldavie. Elle a été progressivement étendue au Etats du Caucase méridional (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) et aux Etats du Partenariat euro-méditerranéen (Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Syrie).

En Mai 2009, à l’initiative du Ministre polonais des Affaires Etrangères, Radosław Sikorski, et avec l’aide de la Suède, a été conclu à Prague le Partenariat oriental, accord d’association avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Belarus, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, dans le cadre de la PEV. Cette initiative des Etats d’Europe centrale, et notamment de ceux du Groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie), reprenant les objectifs de la PEV, visait surtout à différencier la périphérie est de l’UE face à l’Union pour la Méditerranée (UPM) formée en Juillet 2008 à l’initiative de la France.  


Les objectifs sont ceux de la PEV : stabilité, sécurité, prospérité. Le sens stratégique ne change pas non plus: ne pas proposer d’élargissement (ce qu’on peut regretter), mais intégrer progressivement les Etats concernés à l’espace géoéconomique de l’UE, et par la même (objectif non avoué) les soustraire à l’influence de la Russie.  

Ce jeudi 29 Septembre 2011 se tient à Varsovie le deuxième sommet du Partenariat oriental qui réunit les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’UE et des pays du Partenariat oriental. Le sommet visera à évaluer la politique présente de l’UE et à renforcer l’engagement de l’UE dans ses relations avec ses partenaires orientaux. Le sommet donnera une impulsion pour continuer à renforcer les relations mutuelles et le processus d’intégration à l’UE. Le sommet prévoit un déjeuner commun, deux sessions plénières, une conférence de presse et la signature d’une déclaration commune.

La France est représentée par le Premier Ministre, M. François Fillon, qui continuera son périple en se rendant (enfin !) demain vendredi en Lituanie. M. Fillon rencontrera le Président lituanien Dalia Grybauskaitė et le Premier Ministre Andrius Kubilius, et visitera Vilniaus Energija, filiale du groupe français Dalkia. Dans une partie non-officielle, M. Fillon se rendra au Prieuré Saint-Benoît de Palendriai, monastère bénédictin situé près de Kelmė (ci-dessous) et dépendant de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. http://www.palendriai.lt/#1  
  

mercredi 28 septembre 2011

28 Septembre 1919: fondation de l’Université de Lettonie


La fondation tardive d’une Université en Lettonie est due aux circonstances historiques puisque la nation lettone n’a pu avoir son propre Etat qu’à partir du 18 Novembre 1918. Un congrès des Professeurs et des Travailleurs de l’Education avait toutefois eu lieu du 7 au 13 Juin 1917, à Tartu (Estonie), congrès qui avait défini les principes de base d’une Université de Lettonie.
Le 28 Septembre 1919 est solennellement ouverte une Latvijas Augstskola (Ecole supérieure de Lettonie) dans le bâtiment de l’ancien Institut Polytechnique de Riga (Rīgas Politehniskā institūta) au 19 Boulevard Raiņa (ci-dessous). Cette Ecole supérieure ne prendra le nom d’Université de Lettonie (Latvijas Universitāte) qu’après l’adoption de la nouvelle Constitution, entrée en vigueur le 7 Novembre 1922. Elle était la première au monde à permettre un enseignement supérieur en langue lettone. Elle comportait 12 facultés qui, par exemple pendant l’année académique 1937/1938, accueillaient un total de 6 780 étudiants dont 86 % étaient lettons.
Pendant les deux occupations, nazie et soviétique, l’Université ne fut pas fermée, mais ses programmes furent « adaptés » aux exigences idéologiques de l’époque. Après que la Lettonie eut regagné son indépendance, le Conseil Suprême de la République de Lettonie (Latvijas Republikas Augstākā Padome) confirma, le 18 Septembre 1991, les statuts de l’Université de Lettonie, réintroduisant ses attributs et ses traditions.   
En 2009, l’Université de Lettonie comptait 13 facultés et 21 instituts. Elle enseignait à 20 048 étudiants dont 78 % en premier cycle et 4 % (746) de Doctorants. Il y avait 2 276 personnels d’encadrement, dont 45 % (1 429) de personnel enseignant.
Sa devise est Scientiae et patriae (Pour la Science et la Patrie)
Pour en savoir plus (en anglais) : http://www.lu.lv/eng/


mardi 27 septembre 2011

Basket: la Lituanie toujours 5e mondial


Avec la fin des championnats continentaux le week-end dernier, la FIBA (acronyme de Fédération Internationale de BAsket-ball), a pu mettre à jour ses classements.

Chez les hommes, compte tenu du fort coefficient attribué aux championnats du monde de 2010, le classement des dix premiers reste inchangé :

  1 - USA
2.       2 - Espagne
3.       3 - Argentine
4.       4 - Grèce
5.     5 - Lituanie
6.       6 - Turquie
7.       7 - Italie
8.       8 - Serbie
9.       9 - Australie
10.     10 - Chine

La France, grâce à sa médaille d’argent aux championnats d’Europe a progressé de deux places et est maintenant 12e. La plus grosse progression est à mettre à l’actif de la Macédoine, 4e de l’Euro et bourreau de la Lituanie, + 14 places, mais qui n’est pour l’instant que 33e.

La Lettonie, dont la première participation à un championnat d’Europe n'a été guère brillante, a chuté de 4 places, pointant à la 38e. L’Estonie n’apparaît pas dans les 84 classés.

En fonction des résultats continentaux, sont déjà qualifiés pour les Jeux Olympiques de Londres (entre parenthèses, la place au classement mondial) : Grande-Bretagne (pays organisateur – 43e), USA (1er), Tunisie (32e), Argentine (3e), Brésil (13e), Australie (9e), Espagne (2e), France (12e) et Chine (10e).

Restent à qualifier 3 équipes au cours d’un tournoi préolympique qui aura lieu du 2 au 8 Juillet. Participeront à ce tournoi : Grèce (4e), Lituanie (5e), Macédoine (33e), Russie (11e), Porto Rico (16e), République Dominicaine (25e), Venezuela (22e), Angola (15e), Nigeria (21e), Jordanie (28e), Corée du Sud (31e) et Nouvelle Zélande (18e). Sur le papier, la Lituanie devrait donc pouvoir se qualifier …… si elle évite de rééditer une mésaventure du style Macédoine.

Parmi les grands absents des J.O., on notera pour l’Europe l’Italie (7e), la Serbie (8e), l’Allemagne (14e) et la Croatie (19e), auxquels on ajoutera la Turquie (6e) qui joue dans le championnat européen. Mais, on l’aura compris : les places sont chères et il faut faire participer tous les continents !

(On notera que, chez les moins de 17 ans, le classement mondial est mené par les USA devant la Lituanie !)


dimanche 25 septembre 2011

Poutine / Medvedev: l’alternance à la russe


Après Medvedev-Poutine, ce sera Poutine-Medvedev. Le show, hier 24 Septembre 2011, à l’occasion du congrès de « Russie Unie », le parti au pouvoir en Russie, était bien huilé. Voici la succession des événements à travers les dépêches de RIA-Novosti publiées sur ce sujet :

13H25 : « Le président russe Dmitri Medvedev a accepté samedi la proposition de devenir tête de liste du parti "Russie unie" lors des législatives du 4 décembre prochain, qui a été faite par le leader du parti et premier ministre russe Vladimir Poutine lors du congrès préélectoral du parti. »

13H39 : «  "J'invite les délégués au congrès à appuyer la candidature du président de Russie unie Vladimir Poutine au poste de chef de l'Etat, compte tenu de la proposition que j'ai reçue de devenir tête de liste électorale du parti {pour les élections parlementaires du 4 décembre} et de m'occuper du parti en cas de succès aux législatives. Je suis également prêt à travailler au sein du futur gouvernement russe", a déclaré M.Medvedev. »

14H29 : « "Je voudrais vous remercier pour votre réaction positive à la proposition {faite par le président sortant russe Dmitri Medvedev-ndlr} d'avancer ma candidature à la prochaine présidence russe. C'est un grand honneur pour moi", a déclaré M.Poutine »

14H49 : « "Je suis certain que le parti Russie unie gagnera les élections et que Dmitri Medvedev pourra créer une équipe efficace, jeune et énergique et se placer en tête du gouvernement grâce au soutien du peuple. Il poursuivra ainsi la modernisation dans notre pays", a indiqué M.Poutine. »

"Je vais te le ventiler façon puzlle " (Les tontons flingueurs)
Ces annonces sont tout sauf une surprise. Même en n’étant qu’un observateur tout juste éclairé, j’avais acquis la certitude que Poutine reprendrait des rênes …… qu’il n’avait en fait jamais lâchées. Il faut dire que le tandem marche bien. Poutine fait le « sale boulot », montrant ses muscles au propre comme au figuré, imposant un système politique autoritaire au nom de la stabilité, mais aux dépens des libertés individuelles. Medvedev, lui, joue le rôle du démocrate policé, plus présentable aux yeux de l’Occident. Mais personne n’aura oublié qu’il doit son poste à son mentor Poutine. 
"Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson" !
Les élections législatives auront lieu le 4 Décembre 2011, les élections présidentielles le 4 Mars 2012. Il conviendrait d’ailleurs de mettre des guillemets à « élections », tant on peut avoir le sentiment que seule compte l’annonce faite hier. Si les Russes avaient quelques velléités de « mal voter », nul doute que les « ressources administratives » prendraient le relais. Par exemple, alors que l’OSCE a déjà réduit le nombre de ses observateurs par rapport à 2003 (260 contre 460), le Président de la commission électorale russe, Vladimir Churov, trouve que c’est encore trop ! 260 observateurs pour 17 075 000 km2, c’est un observateur pour 65 673 km2. A titre de comparaison, la superficie de la Lituanie est de 65 200 km2 ……

Un des premiers actes de Medvedev une fois Président en 2008 avait été de porter le mandat présidentiel de 4 à 6 ans. Donc, conformément à la Constitution de 1993, Poutine, qui aura 59 ans le 7 Octobre, pourra rester Président jusqu’en 2024. Le tout est de savoir si les Russes vont tenir douze ans de plus, douze ans de corruption endémique, d’infrastructures délabrées, d’attentats et de restrictions de liberté.
Ça, c’est fait ! 

samedi 24 septembre 2011

Tarass Boulba, Nicolas Gogol et les Cosaques zaporogues


Lorsque j’étais en Lituanie, je me plaisais souvent à rappeler mes interlocuteurs que nombre de « Polonais célèbres » étaient en fait Lituaniens (au sens Grand-duché de Lituanie). C’était ainsi le cas d’Adam Mickiewicz et de Juliusz Słowacki, deux des plus grands poètes « polonais », ou de Tadeusz Kościuszko. Le même problème se rencontre avec ces Ukrainiens que l’on croit russes.

Prenez le personnage de Tarass Boulba. Outre que les gens de ma génération ne le connaissent guère que sous les traits de Yul Brynner (le film est sorti en 1962), il fallait être à l’époque (celle de l’U.R.S.S.) vigilant pour comprendre que les Cosaques dont il était question dans le film étaient zaporogues, c'est-à-dire ukrainiens. Ce qui était logique puisque l’auteur du roman, Nicolas Gogol (en Ukrainien Mykola Vassyliovytch Hohol) était lui-même ukrainien !  
Nicolas Gogol

Nicolas Gogol est en effet né le 1er Avril 1809 (calendrier grégorien) dans l’oblast de Poltava, au cœur de l’Ukraine, au sein d’une famille de petite noblesse campagnarde. Son père, décédé alors que Nicolas avait 16 ans, lui donna le goût pour l’écriture. Sa mère lui donna, elle, une éducation religieuse traditionnelle qui évoluera vers un mysticisme maladif. D’abord modeste employé dans un ministère à Saint-Pétersbourg, la première publication du jeune Nicolas date de 1829, un poème médiocre. 

En 1831, il quitte l’administration pour devenir professeur à l’Institut patriotique pour filles d’officiers nobles. Encouragé par Pouchkine, il publiera à nouveau, dont Les Soirées du hameau près de Didanka, un recueil de nouvelles inspirées de la vie des paysans ukrainiens. Une première version de Tarass Boulba sortira en 1835, la seconde en 1843. Sa pièce Le Revizor lui apportera la notoriété, mais sera également source de scandale. Il quittera alors la Russie et connaîtra un exil volontaire de 12 ans en Europe de l’Ouest (Allemagne, Suisse, Paris, Rome).

A partir de 1843, Gogol devient de plus en plus mystique, visitant les Lieux Saints en 1848, et s’oriente vers un conservatisme politique extrême. Rentré en Russie, il se partage entre Moscou et Odessa. Mais déprimé, hypocondriaque, il se laissera mourir, refusant nourriture et soins. Il décède le 4 Mars 1852 à Moscou.
Tarass Boulba est l’histoire d’un Cosaque zaporogue et de ses deux fils, qui vont d’Ukraine en Pologne, pays contre lequel les Cosaques sont en guerre, ce qui correspond à une réalité historique.

La cosaquerie des Zaporogues (Zaporizka Sich) est une organisation politique, sociale et militaire de Cosaques, qui s’est établie entre Bug et Dniepr au XVe siècle, sous l’autorité formelle du Grand-duc de Lituanie. Ces Cosaques zaporogues (En ukrainien : Kozak = Козак) étaient surtout des paysans corvéables, fuyant leurs obligations envers leurs seigneurs, mais aussi des citadins pauvres, des aventuriers de toutes sortes, parfois issus de la noblesse, et des criminels de droit commun. Le terme cosaque renvoie plus à une fonction, à une catégorie d’individus plutôt qu’à une ethnie ou à un peuple.  Organisés en démocratie directe, ils élisent leur chef, l’otaman.

Alors que les Lituaniens avaient encouragé le développement des groupes de Cosaques, le gouvernement polonais, sous l’autorité duquel les Zaporogues sont passés après l’Union de Lublin (1er Juillet 1569), essaye de les enregistrer, mais c’est un échec. Pire, ceux-ci se révoltent car les cosaques zaporogues non enregistrés étaient censés devenir serfs sur les terres des nobles polonais. En 1648, c’est même toute l’Ukraine qui se révolte au nom des libertés cosaques sous le commandement de l’otaman Bohdan Khmelnytsky (1595 - 1657), lequel deviendra après sa mort une véritable légende, symbole de la résistance cosaque et héros ukrainien, père de la nation. 
Bohdan Khmelnytsky 
Pour l’anecdote, quand j’étais à Kyiv avec un ami letton russophone, j’ai cherché vainement un restaurant dénommé Kozak Mamay (Козак Мамай), du nom d’un héros légendaire folklorique, devenu personnification de l’Ukraine et des Ukrainiens. Bien que nous en avions l’adresse et qu’on avait même la réception au bout du téléphone, on n’a jamais trouvé !! Si quelqu’un sait où il est ……
Пам'ятник козаку Мамаю на Майдані незалежності

vendredi 23 septembre 2011

22 Septembre: naissance de deux géants de la culture balte

Hasard de l’Histoire, deux figures majeures de la culture balte sont nées le même jour, à quelques annees d’intervalle. Il s’agit du compositeur et peintre lituanien Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (22 Septembre 1875 – 10 Avril 1911) et du poète letton, auteur du poème épique Lāčplēsis, Andrejs Pumpurs (22 Septembre 1841 – 6 Juillet 1902).

Né en Dzūkija (sud de la Lituanie), l’intérêt initial de Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (ci-dessus) est pour la musique puisqu’on le trouve dès 1889 à Plungė (Žemaitija, nord-ouest de la Lituanie), où il est élève de l’école de musique du Prince Oginskis. Grace au Prince, il poursuit sa formation au conservatoire de Varsovie puis, à partir de 1901, au conservatoire de Leipzig. Revenu à Varsovie en 1904, il entre à l’Ecole des Beaux-arts car il veut également s’intéresser à la peinture, une des autres faces de sa culture universelle. Mais il mènera avec un égal bonheur une double carrière de compositeur et de peintre, en Pologne, en Allemagne et en Autriche.

En 1907, il s’installe à Vilnius et il devient un des chantres de l’identité nationale lituanienne. Il meurt d’une pneumonie en 1911 prés de Varsovie.

Auteur, en musique, de quelques 300 compositions variées, et, en peinture, d’environ 300 tableaux dans la mouvance du symbolisme et de l’art nouveau, M.K. Čiurlionis est devenu un des symboles de la Lituanie et un des plus grands artistes européens. Il est malheureusement méconnu en France, en dépit d’une exposition au Musée d’Orsay en 2000-2001. 

Né en Courlande, près de la rivière Daugava, Andrejs Pumpurs (ci-dessus) était d’une famille pauvre et dut très vite travailler avec son père. C’est là qu’il fut initié très tôt aux légendes orales qui, par la suite, furent le fond de son œuvre. En effet, il commence à écrire des poèmes à partir de 1867. Volontaire pour servir dans l’armée impériale russe à partir de 1876, il devient paradoxalement un fervent nationaliste letton, et il écrit son œuvre majeure, « Lāčplēsis », pendant cette période (1872 – 1887).

Le héros, Lāčplēsis, a été choisi par les dieux pour devenir le héro de son peuple. Son nom signifie pourfendeur d’ours car, jeune homme adopté par le seigneur de Lielvārde, il a déchiqueté un ours de ses mains ! Après maintes aventures, où la lutte de Lāčplēsis contre les germaniques est omniprésente (les croisés y sont présentés sous les traits de serviteurs du démon), le héros disparaît finalement dans la Daugava avec son dernier adversaire, le Chevalier noir, qui avait découvert que la force de Lāčplēsis résidait dans ses oreilles (car sa mère était une ourse). Mais la légende dit que Lāčplēsis reviendra pour libérer son pays en rejetant le monstre (comprendre alors les Germaniques) à la mer.

Ecrit à l’époque de la Renaissance nationale du peuple letton, illustrée par le mouvement de Jaunlatvieši ("Nouveaux-Lettons"), dont Andrejs Pumpurs était une figure marquante, «Lāčplēsis» est l’épopée nationale lettone, au même titre que la Chanson de Roland en France, que le Roi Arthur en Angleterre ou que le Kalevipoeg en Estonie, dont il semble d’ailleurs en partie inspiré. Mais c’est aussi devenu une Fête Nationale, le jour de Lāčplēsis, qui commémore le souvenir des défenseurs lettons de la liberté, instituée en mémoire du 11 Novembre 1919, quand les Lettons ont chassé hors de Riga les corps-francs russo-allemands de l’aventurier Pavel Bermondt-Avalov. C’est surtout, pour une partie de la population lettone, le symbole de la lutte contre une domination étrangère injuste.


jeudi 22 septembre 2011

22 Septembre 1236: la bataille de Saulė a-t-elle eu lieu là où on le dit ?


La bataille de Saulė eut lieu le 22 Septembre 1236 et opposa les Chevaliers Porte Glaive (Fratres militiæ Christi Livoniae) aux Samogitiens et Semigalliens. L’ordre des Chevalier Porte Glaive avait été créé à Riga en 1202 par l’archevêque Albert afin de protéger d’une façon permanente les colons germaniques, mais aussi pour convertir les tribus païennes au Christianisme.

Le 19 Février 1236, le Pape Grégoire IX avait publié une bulle appelant à la croisade contre la Lituanie païenne. Son objectif était de conquérir le littoral de la Baltique afin d’assurer une continuité entre le territoire des Chevaliers Teutoniques et celui des Porte Glaives. Par contre, l’objectif des Porte Glaive était de s’agrandir le long de la rivière Daugava et c’est la raison pour laquelle ils se dirigèrent vers la Samogitie.    
Le Maître des Porte Glaive, Volkwin, réunit environ 3 000 hommes, parmi lesquels des troupes de la République de Pskov, des Livoniens, des Latgalliens et des Estoniens. Ils firent un raid en Samogitie, pillant le pays, mais sans l’occuper selon les habitudes de l’époque. C’est en se retirant qu’ils tombèrent sur un groupe déterminé de Samogitiens qui les empêcha de traverser la rivière Mūša. Le lendemain matin, alors que les Chevaliers lourdement armés pataugeaient dans les marais, le Duc samogitien Vykintas, qui avait eu le temps de ramener des renforts (en tout 4 à 5 000 hommes), fit un véritable massacre, les troupes samogitiennes, plus légèrement armées, étant plus mobiles. En outre, les alliés locaux des Porte Glaives se débandèrent, notamment quand le Maître Volkwin fut tué. Enfin, les chevaliers qui s’enfuyaient en direction de Riga furent tués par les Semigalliens. 
   
Cette défaite est importante dans la mesure où elle obligea l’Ordre des Porte Glaives à fusionner en 1237 avec l’Ordre Teutonique, bien que demeurant une branche autonome sous le nom de Chevaliers Livoniens. Mais surtout, cette victoire des Samogitiens (Lituaniens) et Semigalliens (Lettons) donna des idées aux autres  peuples « Lettons » (Curoniens, Seloniens, Oeseliens) qui se révoltèrent à leur tour contre l’Ordre Livonien.

Le problème, est qu’on ne sait pas où s’est déroulée la bataille de Saulė (en Lituanien Saulės mūšis, ou Saules kauja en Letton, ce qui, comme chacun sait, veut dire dans les deux cas « Bataille du soleil »). Le recueil Chronicon Livoniae, écrit par le chroniqueur westphalien Hermanni de Wartberge, mentionne que la bataille fit rage en terram Sauleorum.

Traditionnellement, le lieu est identifié comme étant Šiauliai en Lituanie (Šiaulē en samogitien, Saule en live, Schaulen en allemand des Chevaliers Teutonique), sans que le lien formel avec la ville actuelle ne soit prouvé. Car Vecsaule, près de Bauska (Lettonie) lui dispute cet honneur, ainsi qu’un des Pamūšis sur la rivière Mūša.

En l’absence de quelque trace que ce soit, est-ce bien important de savoir où s’est réellement déroulée cette bataille ? Peut-être pas, sinon pour les historiens, toujours pointilleux. Ce qui est à mon sens important, c’est que cette date du 22 Septembre soit devenue le Jour de l’unité des Baltes. Mais elle semble être aujourd’hui célébrée avec beaucoup de discrétion.    

   

Elections législatives lettones: à suivre……


Encore les élections législatives lettones, me direz-vous ! C’est que, pour la Lettonie, ce moment post-élections est plus important que ne le laissent paraître les titres fast-food de la presse francophone, du genre « Un parti pro-russe gagne les élections ». Pour comprendre les enjeux, il convient de revenir en arrière, sur la raison de ces élections anticipées.

Au début était la demande de levée de l’immunité parlementaire d’Ainārs Šlesers, (Président du Premier Parti/La Voie Lettone - LPP/LC, mais surtout un oligarque des plus corrompus), afin que le KNAB (Korupcijas novēršanas un apkarošanas birojs = Bureau de Prévention et de Combat contre la Corruption) puisse fouiller son appartement. La Saeima refusa la levée de cette immunité. Ont voté contre : sans surprise le LLP/LC, le ZZS (Verts et Paysans, auquel un autre oligarque notoire, Aivars Lembergs, est affilié) et …… le Saskaņas Centrs (SC), parti de gauche soutenu majoritairement par la population de langue maternelle russe.

Suite à ce refus, le Président de la République d’alors, Valdis Zatlers, usa de ses prérogatives pour demander, le 28 Mai 2011, la dissolution de la Saeima. Cette dissolution fut approuvée par référendum par 94 % de la population lettone. Mais, entre temps, Valdis Zatlers n’avait pas été réélu par une Saeima qui voyait tout le risque d’une moralisation de la vie politique lettone. Son successeur, Andris Bērziņš,  apparut d’ailleurs, à tort ou à raison, comme un tenant de l’ « ordre ancien ». Le 23 Juillet fut fondé le Zatlera reformu partija (ZRP), Parti Réformateur de Zatlers.

J’ai été quelque peu irrité de voir  les médias francophones titrer, quasiment comme un seul homme, sur la « victoire d’un parti pro-russe », « large comme jamais » disait même l’un d’entre eux. Car si le Saskaņas Centrs (SC) est bien arrivé en tête, il a peu progressé, ne bénéficiant pour gagner deux sièges, comme l’explique Antoine Jacob (http://jacobnordiques.blogspot.com/2011/09/lettonie-pourquoi-le-parti-des.html), que d’une légère baisse de la participation (60,5 % contre 63 %) et de la quasi disparition des néo-communistes du PCTVL de Tatjana Ždanoka.

Par contre, la sensibilité de centre-droit (ZRP + Vienotība) passe de 30,7 % à 39,6 %, et de 33 sièges à 42. On fait pire comme « défaite »…… Ces deux partis sont d’ailleurs le pivot incontournable d’une future coalition gouvernementale. En outre l’alliance nationale de „Visu Latvijai!” un Apvienības “Tēvzemei un Brīvībai”/LNNK (VL!-TB/LNNK) passe 7,5 % à 13,8 % des voix, et de 8 à 14 sièges.

Comme je ne cesse de l’écrire, c’est la coalition qui se forme après les élections qui doit retenir notre attention.
Hier, ZRP et Vienotība étaient en consultation avec d’une part le Saskaņas Centrs et d’autre part avec VL!-TB/LNNK. L’enjeu est, à mon sens, d’importance, bien au-delà d’une coalition de partis.

Car on a dans la balance, d’une part un parti soutenant de facto les corrompus, formellement lié avec « Russie Unie » de Poutine et ayant des propositions discutables, voire démagogiques, sur l’économie. D’autre part, on a le risque de voir perdurer une coupure entre les Lettons de souche et la minorité de langue maternelle russe. Je me souviens, par exemple, d’affiches électorales, en amont des élections européennes de 2009, sur lesquelles VL!-TB/LNNK suggérait de mettre les russophones dans un train avec un billet aller simple pour Moscou. Mais ne serait-il pas temps aussi que les russophones raisonnent suivant des critères politiques et non plus ethniques ?

Le Président Andris Bērziņš (ci-dessous) participe actuellement à New York à l’Assemblée générale des Nations-Unis. C’est lui qui, formellement, doit désigner le Premier Ministre. D’ici son retour, à ZRP et Vienotība de trouver la quadrature du cercle……


mardi 20 septembre 2011

Les meilleurs amis de la Lituanie


Dans son numéro d’hier 19 Septembre 2011, le magazine lituanien « Veidas » a publié un sondage effectué par l’institut « Prime consulting » auprès d’un panel de 500 personnes habitant en zone urbaine. http://www.veidas.lt/kritikos-streles-lietuvos-lenku-rinkimu-akcijai

Le sondage portait principalement sur la responsabilité de la tension actuelle entre la Lituanie et la Pologne. Mais, parmi les questions, j’ai relevé celle-ci : « A votre avis, avec qui l’Etat lituanien a aujourd’hui les meilleures relations ? ». Les réponses sont intéressantes.

Géorgie            45,6 %
Lettonie           12,2 %
Estonie            9,8 %
Norvège           6,2 %
Grande-Bretagne         5,6 %
Suède              4 %
Etats-Unis       3,2 %
Finlande           2,6 %
Ukraine            2,2 %
Pologne                        1,8 %
Allemagne        1,2 %
Belarus            1 %
Russie              0,2 %
Autres             0,8 %
Drapeau de la Georgie

Si l’on pouvait s’attendre à trouver les Etats-Unis et l’Allemagne plus haut et la Pologne encore plus bas, que penser de l’absence de la France dans ce classement ? Résultat de divergences, de maladresses ou simplement d’ignorance ?