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dimanche 26 juin 2011

Napoléon et l’ile d’Aix

La Révolution et le Premier Empire ont radicalisé l’affrontement séculaire de la France avec l’Angleterre. Cette rivalité a été le pivot de la politique extérieure de Napoléon 1er pour laquelle il a mobilisé les ressources humaines, financières et matérielles de son empire. Car l’Empereur ne supporte pas de ne pas pouvoir surpasser la perfide Albion sur les mers.

Quel rapport avec la Lituanie et la Lettonie ? Pour une fois, aucun ! Je viens juste de passer quelques jours à Fouras, à une encablure de l’ile d’Aix (ci-dessus), laquelle aura un rôle déterminant dans le destin de l’Empereur.

La défaite de Waterloo (18 Juin 1815), met fin aux Cent-Jours. Le 22 Juin, l’Empereur abdique une seconde fois, cette fois au Palais de l’Elysée. La Commission de gouvernement qui assure l’intérim du pouvoir, sous les ordres de Fouché, éloigne l’ex-Empereur à La Malmaison, car, à Paris, on estimait qu’il risquait encore d’ameuter le peuple. C’est là que germe dans l’esprit de Napoléon l’idée de se faire savant, explorateur et trappeur … aux Etats-Unis. Le 29 Juin 1815 au soir, un convoi quitte La Malmaison sur deux itinéraires pour rejoindre la rade d’Aix où l’attendent les frégates la Salle et la Méduse.

L’ile d’Aix est le verrou du pertuis d’Antioche, boulevard menant au port et à l’arsenal de Rochefort, sur la Charente, élevés à partir de 1666 par Colbert pour renforcer Brest dans l’expansion de la flotte du Ponant. Napoléon 1er, à partir de 1806, mais surtout après l’affaire des Brûlots (11 Avril 1809), a décidé d’accélérer la défense de Rochefort, avec notamment les travaux du fameux Fort Boyard, du Fort Enet et des retranchements de l’Ile d’Aix. Il ne se doutait pas à l’époque que celle-ci serait le lieu de son ultime séjour en France.

Car il s’agit en fait d’un piège de Fouché, en liaison avec les Anglais. Le 8 Juillet en fin d’après-midi, « M. Bonaparte » quitte la Préfecture maritime de Rochefort pour se rendre à Fouras (ci-dessus, l’obélisque qui marque l’événement), d’où un canot l’emmène sur la Saale. Le 9 Juillet, à la pointe du jour, il débarque sur l’Ile d’Aix pour se rendre compte de l’attitude de la population et de la garnison (attitude excellente à son égard) et où il s’installera finalement le 12, dans le Pavillon 28 (ci-dessous), que le général commandant la place a déserté. Car le problème est que les Anglais font le blocus de toutes les rades de Charente et que toute tentative de fuite est vouée à l’échec.

Dans un sursaut d'orgueil, Napoléon décide alors de se rendre à ses ennemis. Il écrit, le 13 Juillet 1815, cette lettre célèbre, destinée au Prince-Régent:

« Altesse royale, en butte aux factions qui divisent mon pays et à l'inimitié des plus grandes puissances de l'Europe, j'ai consommé une carrière politique, et je viens, comme Thémistocle, m'asseoir au foyer du peuple Britannique. Je me mets sous la protection de ses lois que je réclame de votre altesse royale comme du plus puissant, du plus constant et du plus généreux de mes ennemis ».

Le 15 juillet à 6 heures du matin, lorsqu'il monte sur le pont du vaisseau de ligne HMS Bellérophon (ci-dessous), Napoléon n'imaginait pas que les Anglais vont l’envoyer en exil à Sainte-Hélène... Il ne reverra plus jamais la France.


lundi 20 juin 2011

Courlande : une (grosse) bourde pour la route

Le site internet d’Arte présente une série de très belles vidéos sur les côtes de la Baltique. Mais patatras, tout est gâché par la présentation : "De Tallinn, la capitale estonienne, à l'isthme de Courlande, en Lettonie, en passant par les îles de Saaremaa et Kihnu, Riga et la côte lettone" (http://www.arte.tv/fr/Les-cotes-de-la-Baltique/3961582.html )

C’est une magnifique bourde !

Il y a confusion entre l'isthme de Courlande ou Kuršių nerija, en Lituanie et dans l'oblast russe de Kaliningrad (carte 1), et la région de Courlande (Kurzeme, une des quatre régions administratives de la Lettonie actuelle) dans l'ouest de la Lettonie (carte 2) qui, avec la Sémigalle (Zemgale), a formé un Duché quasi indépendant de 1561 à 1795 (Kurzemes un Zemgales hercogiste). Les deux zones ne sont même pas contigües et sont séparées par la Žemaitija lituanienne.

Si même Arte se plante, à qui peut-on se fier ?

Ça ne doit toutefois pas vous empêcher de regarder l’émission le jeudi, 23 juin 2011 à 14H00.
Carte 1 - L'isthme de Courlande, partagé entre Lituanie et Russie

Carte 2 - La région de Courlande, en Lettonie

dimanche 19 juin 2011

Courtes vacances

Je pars demain, lundi 20 Juin, pour quelques jours de vacances au bord de la mer, pas loin de ça :


Dans la région, il y a également un nombre respectable de souvenirs napoléoniens (cf. ci-dessous). Peu de chances donc pour que je reste inactif.




Ou vais-je, où suis-je, dans que état j'erre ? Ne vous sauvez pas, je reviens bientôt !

samedi 18 juin 2011

Les « idiots utiles »

Historiquement, l’expression « idiot utile », accommodée aujourd’hui à toutes les sauces, s’appliquait aux occidentaux, bien souvent intellectuels de gauche, qui défendaient avec enthousiasme et de bonne foi le régime soviétique. Elle se rapporte surtout aux personnes qui sont allées en Union Soviétique et n’y ont vu que ce qu’ils avaient envie d’y voir ou qui, contre toutes les évidences, ont répandu les mensonges officiels du régime.

L’expression, attribuée à Lénine, est vraisemblablement apocryphe. Elle serait apparue dans le New York Times en 1948 (« useful idiot ») et aurait été attribuée a posteriori au leader bolchevique. En effet, si Lénine a parlé des sympathies gauchistes de l’Ouest en termes très péjoratifs, le terme « idiot utile » n’apparait pas formellement dans ses écrits.

L’idiot utile a particulièrement proliféré durant la famine artificielle provoquée par Staline dans les années 1930, particulièrement en Ukraine (Holodomor). Le plus célèbre fut le correspondant à Moscou du New York Times, Walter Duranty, qui affirmait à ses lecteurs "qu'il n'y a pas de famine ou de disette véritable, et qu'il n'est pas vraisemblable qu'il y en ait".

En 1933, Edouard Herriot, Maire de Lyon et président du parti radical socialiste, ancien président du conseil, déclarait de son côté, après en voyage en Union soviétique au cours duquel il avait traversé l’Ukraine affamée : « Lorsque l’on soutient que l’Ukraine est dévastée par la famine, permettez-moi de hausser les épaules ». Dans son récit de voyage publié l'année suivante, "Orient", il déclare n'avoir vu que « des jardins potagers de kolkhozes admirablement irrigués et cultivés ». Il est vrai qu’à cette occasion, les soviétiques avaient remis à l’honneur les villages Potemkine.

Mais, même aujourd’hui, alors que cette famine est historiquement reconnue, ne voit-on pas quelqu’un comme Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine à Paris VII, écrire (pour synthétiser) que la gigantesque campagne de presse et autre propagande (sic) de 1933 sur la grande famine d’Ukraine était un bobard lancé via un complot de l’Allemagne, de la Pologne et du Vatican ?! (http://www.historiographie.info/ukr33maj2008.pdf )

Moins célèbres, mais tout aussi dithyrambiques, ces bloggeurs qui essayent de nous faire croire que tout va bien dans la Russie de Monsieur Poutine (allant même parfois à l’encontre des analyses du Président Medvedev), et qui nous expliquent que ce que nous racontent les journalistes occidentaux (qui d’ailleurs ne parlent pas russe, comment pourraient-ils comprendre ?) ne sont que des fantasmes ! Mais si ces bloggeurs sont indubitablement enthousiastes, sont-ils encore vraiment de bonne foi ?

vendredi 17 juin 2011

17 Juin 1940 : début de l’occupation des Pays Baltes par l’URSS. Exemple de la Lettonie.

17 Juin 1940 : début de l’occupation des Pays Baltes par l’URSS. Exemple de la Lettonie.

Les protocoles secrets du Traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union des Républiques Soviétiques Socialistes, dit Pacte Molotov Ribbentrop, du 23 Aout 1939 et le Traité Germano-Soviétique de délimitation et d'amitié du 28 septembre 1939 définissaient le partage de l’Europe Centrale entre les deux régimes totalitaires et mortifères européens (http://www.letton.ch/lvribent.htm ). La Russie soviétique devait ainsi recevoir 465 000 km2 et 22 millions d’habitants.

Par le Pacte d’assistance mutuelle du 5 Octobre 1939, imposé par Moscou à Riga, la Lettonie doit concéder à l'Union Soviétique des bases pour la flotte de guerre dans les ports de Liepaja et de Ventspils, quelques aérodromes et surtout la présence de 25 000 soldats soviétiques (http://www.letton.ch/lvassist.htm ). Les effectifs des troupes soviétiques imposées correspondaient à l’effectif total de l’armée lettone, mais celle-ci disposait d’un armement inférieur. Cette contrainte contrevenait à la déclaration de neutralité de la Lettonie du 1er septembre 1939 (http://www.letton.ch/lvneutre.htm ).

Le 16 Juin 1940, l’URSS adresse un ultimatum à la Lettonie, reprochant à celle-ci de transgresser le Pacte d’assistance mutuelle en élaborant une alliance militaire avec l’Estonie et la Lituanie (http://www.letton.ch/lvultima.htm#ultimatum ). L’ultimatum soviétique exigeait la formation d’un gouvernement appliquant le pacte d’assistance mutuelle et l’entrée libre d’autres unités soviétiques. (NB : Le Traité d'Entente Baltique de 1934 ne comportait en fait aucun accord militaire).

Les chars soviétiques entrèrent en Lettonie le lendemain, 17 Juin 1940 et un gouvernement prosoviétique sera mis en place dès le 20 Juin. Par cette agression l’Union soviétique viole 5 traités en vigueur entre l’URSS et la Lettonie ! Le 15 Juillet 1940 ont lieu des pseudos élections à liste unique, par un processus qui perdurera longtemps …… Le 21 Juillet 1940, le Parlement fantoche ainsi « élu » votera l’incorporation de la Lettonie dans l’URSS. L'occupation militaire soviétique mit fin à la souveraineté de la Lettonie et fut le prélude d'une soviétisation qui se basait sur les déportations de masse et les liquidations.

On se souviendra que ce même 17 Juin 1940, le Maréchal Pétain adressait, via l’Espagne, une demande d’armistice à l’Allemagne. Il n’est sans doute pas innocent que l’URSS ait attaqué les Etats Baltes le même jour, le sort de la France préoccupant plus les chancelleries que celui de trois petits Etats lointains. C’est d’ailleurs une coïncidence que l’on retrouvera en Janvier 1991 (attaque des Lituanie et Lettonie néo indépendantes au moment du déclenchement de la première guerre du golfe) et en Août 2008 (conflit entre la Russie et la Géorgie au moment de l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin).
Drapeau de la RSS de Lettonie







mercredi 15 juin 2011

Lituanie : fêtes à Plungė du 17 au 19 Juin

La ville de Plungė est une petite ville lituanienne de 23 000 habitants au beau milieu de la Žemaitija (Samogitie). Petite mais dynamique. J‘en veux pour preuve qu‘elle organise le week-end prochain sa fête locale, couplée avec un festival international de fanfares (Plungės miesto šventė ir XII-asis tarptautinis pučiamųjų orkestrų festivalis).

Le programme de ce week-end (en lituanien) peut être consulté sur:

Sur un plan historique, Plungė a appartenu à partir de 1806 à la richissime famille russe Zubov, puis surtout, à partir de 1873, à la famille Oginski (en Lituanien les Oginskiai) qui y construisit un château en 1879 (ci-dessous 1). Une école de musique y fut installée et prit le nom du Prince Mykolas Kleopas Oginskis (1765–1833 – ci-dessous 2), diplomate, politicien et surtout compositeur.


Le plus célèbre compositeur lituanien, Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (1875–1911 - ci-dessous), vécut à Plungė de 1889 à 1893, suivant les cours de l’école de musique du Prince Oginskis et apprenant à jouer de plusieurs instruments, notamment de la flute. C’est grâce au soutien du Prince Oginski du moment qu’il pu partir à Varsovie étudier le piano et la composition.

J’ai personnellement des liens privilégiés et amicaux avec Plungė. J’y ai fait plusieurs fois des conférences auprès du club francophone, dont la Présidente me téléphone encore régulièrement. J’y ai toujours reçu un accueil remarquable, accueil toujours marqué d’un petit côté original samogitien. Si vous êtes dans la région ce week-end, ne manquez pas d’y aller !



mardi 14 juin 2011

14 Juin 1941 : déportations soviétiques dans les Pays Baltes

Le 23 Août 1939, l’Allemagne nazie et la Russie soviétique signaient un pacte de non-agression, dit pacte Molotov – Ribbentrop. Dans les protocoles secrets, les deux Etats totalitaires se partageaient les Etats souverains qui se trouvaient entre eux, dont la Pologne et les Etats Baltes, en zones d’influences. Mutuellement sécurisés, l’Allemagne attaque la Pologne le 1er Septembre 1939 et, le 17 septembre, c’est au tour de la Russie d’attaquer cette même pauvre Pologne par l’est, avec deux groupes d’armées. Une parade militaire commune entre les nazis et les soviétiques a lieu le 23 Septembre à Brest-Litovsk pour sans doute fêter la « victoire ».

Un an plus tard, les troupes soviétiques entraient dans les Etats Baltes sous des prétextes totalement fantaisistes. Mais qui se souciait à l’époque de ces « nations trop petites, trop seules pour tenir tête, trop lointaines pour que leur appel au secours fût entendu » ? Il faut dire qu’en ce 15 Juin 1940, les panzers allemands déboulaient en France…… Après l’annexion forcée des Etats Baltes en Aout 1940, l’Union soviétique va rapidement instaurer un régime d’occupation (voir notamment sur ce sujet :

La répression commença dès juillet 1940, juste avant de pseudo élections, par des emprisonnements et des exécutions. Le Livre noir du communisme cite 1 480 exécutions. Il s'agit principalement des membres de l'exécutif, de politiques considérés dangereux, d'anciens combattants "blancs", d'exilés politiques, d'auteurs de répressions contre les communistes, de cadres de l'armée d'active ou de réserve et de personnes occupant des postes stratégiques.

La répression culmine dans la nuit du 13 au 14 Juin 1941. Ce jour-là, 10 000 Estoniens, plus de 15 000 Lettons et près de 23 000 Lituaniens sont déportés. En Lituanie, on compte parmi les déportés: 5 536 personnes ayant des activités dans les partis dits bourgeois et les organisations nationalistes et antisoviétiques, 3 165 anciens grands propriétaires, industriels, commerçants et hauts fonctionnaires du gouvernement bourgeois, 1 582 hauts fonctionnaires de la police et du système pénitentiaire, 1 430 anciens officiers de l’armée lituanienne. En Lettonie, sur les 15 425 personnes déportées le 14 Juin, 3 751 ont moins de 16 ans, 1 614 ont moins de 7 ans.

L’écrasante majorité de ces déportés meurent durant les transferts ou durant les premiers mois de captivité. Par exemple, sur 2 500 lettons déportés en 1940-41 dans des camps de concentration de la région de Perm, seuls 17 étaient encore vivants en 1952. C’est un arrêté strictement secret No.1299-526 du Comité Central du Parti Communiste de l'URSS du 14 mai 1941 "sur la déportation des éléments socialement étrangers des Républiques baltes, de l'Ukraine occidentale, de la Biélorussie occidentale et de la Moldavie" qui fixe les modalités de ces déportations.

Le 22 Juin 1941, l’Allemagne nazie se retourne contre son ancien allié soviétique et se lance à la conquête de la Russie en déclenchant l’opération « Barbarossa ». Dans les Etats Baltes, les soldats allemands sont parfois accueillis en libérateurs, compte tenu des exactions soviétiques qui ont précédés, les populations espérant retrouver leur indépendance. Mais leur enthousiasme sera rapidement refroidi, les Etats étant intégrés dans l’ « Ostland », une organisation administrative qui prépare la colonisation. Mais on dit généralement qu’il n’y aurait pas eu cet accueil s’il n’y avait eu auparavant les crimes soviétiques contre les populations civiles.

Pour les Russes d’aujourd’hui, la « Grande Guerre patriotique » ne commence que le 22 Juin 1941 et on ne parle pas de ce qui s’est passé avant. Dans l’historiographie officielle russe, il n’y a d’ailleurs pas eu d’occupation des Etats Baltes. En outre, pour les vainqueurs, il ne peut pas y avoir de crimes de guerre. En Lituanie (mais c’est aussi sans doute le cas en Lettonie et en Estonie), il n’existe pas de famille qui n’ait eu de déportés, que ce soit en 1941 ou en 1949. Comment appeler alors ces exactions Monsieur Poutine, vous pour qui la chute de l’URSS a été la plus grande catastrophe du XXe siècle ?

lundi 13 juin 2011

Madame de Staël, ennemie de Napoléon, 10 ans d'exil

Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, plus connue sous le nom de Madame de Staël (1766 – 1817 – ci-dessous), femme de lettre et écrivain, était la fille du banquier genevois Jacques Necker, un ancien Ministre des finances de Louis XVI. Très tôt, elle étonne les hôtes du salon de sa mère par son érudition, sa culture et la vivacité de son intelligence. Marquée par les idées des Lumières, elle accueille favorablement la Révolution. Mais la Terreur l’incite à s’exiler en Angleterre en 1793. Ce sera le premier d’une longue succession d’exils.
Napoléon, qui la considère comme une intrigante en raison de ses écrits populaire dans toute l’Europe, en fera une ennemie personnelle, et l’obligera à s’exiler dans le château familial de Coppet (canton de Vaud – ci-dessous) à partir de 1803. « De l’Allemagne », violent pamphlet contre l’Empereur, imprimé en 1810, sera saisi sur ordre de Napoléon qui fait espionner sans trêve l’écrivain, lui interdisant toute publication.

Madame de Staël s'enfuit donc de Coppet avec ses deux enfants encore en vie et son mari du moment, Albert de Rocca. Elle cherche à gagner l’Angleterre mais, comme la plus grande partie de l’Europe est aux mains de Napoléon, elle passe par Vienne, la Moravie (Brünn, aujourd’hui Brno), la Galicie polonaise (Lviv, appelée alors en Français Léopol), quittant l’Autriche, alors alliée de la France et entrant en Russie le 14 juillet 1812. A Gitomir (Jytomyr), chef-lieu de la Volhynie russe, elle apprend que la Grande Armée est déjà à Vilnius. Elle continue donc vers Kiew (Kyiv), d’où 900 verstes (Environ 960 km - 1 verste = 1,066 km) la séparent encore de Moscou, toujours sous la menace de l’armée napoléonienne. Elle arrive enfin à Moscou « vers les premiers jours d’août » et y est invitée à diner par le gouverneur, le comte Fiodor Rostopchine, qui aura son « heure de gloire » peu de temps après en mettant le feu à la ville, à l’arrivée des Français.

Elle quitte Moscou, toujours sous la pression de la Grande Armée (qui entrera dans la ville le 14 septembre 1812) et, via Novgorod, arrive à Saint-Pétersbourg, « l’une des plus belles villes du monde » où elle voit « flotter sur la Néva le pavillon anglais, signal de la liberté » ! Elle loue la munificence souvent démesurée des grand seigneurs russes, comme le comte Orloff, ou encore les Strogonoff, les Narychkine, etc.…. Elle est même présentée au Tsar Alexandre 1er et ne tarit pas d’éloges sur lui. Elle rencontre également le maréchal Koutouzov avant que celui-ci n’aille prendre le commandement de l’armée russe, quelques jours avant la bataille de Borodino / la Moskova (ci-dessous).

Autant Madame de Staël s’étend largement sur sa vie mondaine à Saint-Pétersbourg, autant elle passe rapidement sur son voyage vers l’Angleterre, embarquant en Finlande (alors Duché russe) à Abo (aujourd’hui Turku) via Stockholm. Ses mémoires s’arrêtent même au moment où elle arrive à Stockholm consacrant les 8 mois qu’elle y passe à la rédaction des mémoires ci-dessous référencées.

Référence : Mémoires de madame de Staël : dix années d'exil par Anne Louise Germaine Necker De Staël-Holstein (baronne), à partir du chapitre VIII.

Epilogue : Pourquoi donc parler de Madame de Staël, qui n’a jamais mis les pieds dans les Pays baltes et juste un peu au nord-ouest de l’actuelle Ukraine ? Sur la foi d’un site internet, où il était indiqué qu’elle avait quitté la Russie pour l’Angleterre par le port de Riga. Ce n’est qu’à la dernière page de ses Mémoires que je me suis aperçu qu’il n’en était rien. Mais je n’allais tout de même pas laisser perdre mes notes sans vous en faire profiter !

Les images du week-end : après le beau temps, la pluie !

Après plusieurs journées où il a fait trop beau et trop chaud (les températures officielles atteignant les 30 – 31°), ce qui devait arriver arriva : des pluies d’orage se sont déclenchées dimanche après-midi et cette nuit, transformant (selon les dires et les photos de 15min.lt) les rues de Panevėžys, Šiauliai et Vilnius (et certainement d’autres) en canaux vénitiens.

A Vilnius, il y a même eu un moment panique lors d’un concert qui avait lieu au rez-de-chaussée d’un bâtiment de la télévision nationale LTV et qu’il a fallu évacuer, l’eau dégoulinant du premier étage. On notera à cette occasion que certains hommes lituaniens ont fait preuve d’une galanterie surannée et certainement machiste (à prendre au second degré).

Quelques photos d’une folle nuit ……


"Forcément, elle va moins bien marcher maintenant" (Vilnius)

Autobus à Siauliai

La solitude du conducteur planté




Evacuation de l'immeuble de LTV à Vilnius

samedi 11 juin 2011

Abbé Edgeworth de Firmont (1745 – 1807)

Je vois d’ici mes (rares) lecteurs se dire : mais de quoi va-t-il encore nous parler ?! Les plus érudits sauront qu’il a été le confesseur de Louis XVI sur l’échafaud. Mais quel rapport avec la Lituanie, la Lettonie, etc. … ? Eh bien si, il y a un rapport, vous allez le constater.

Né en 1745 à … Edgeworthtown en Irlande, Henry Essex Edgeworth (ci-dessus) était le fils d’un pasteur converti au catholicisme et réfugié en France. Devenu prêtre, il fut vicaire général du diocèse de Paris et devint ainsi en 1791 le confesseur de Madame Elisabeth (sœur des Rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, guillotinée le 10 Mai 1794). C’est d’ailleurs Madame Elisabeth qui recommanda l’abbé Edgeworth à son frère Louis XVI pour l’assister lors de son procès. Après la condamnation à mort du Roi, il put obtenir la permission de célébrer la messe pour lui et l’accompagner à l’échafaud. L’abbé Edgeworth est resté célèbre pour une phrase apocryphe lors de l’exécution de Louis XVI (21 Janvier 1793) : « Fils de Saint Louis, montez au ciel ! »

Après l’exécution du Roi, il resta en France, malgré le danger, pour assister Madame Elisabeth. Mais, après l’exécution de celle-ci, il jugea prudent de quitter la France et il alla rejoindre le Comte d’Artois, futur Charles X, à Edimbourg en Août 1796. Le Comte de Provence, celui qui s’était proclamé Roi Louis XVIII à la mort du Dauphin en Juin 1795, était alors à Blankenburg, dans le Harz, chez le Duc de Brunswick, et manifesta le désir que l'abbé passât le carême auprès de lui et lui fit faire ses Pâques. Il le nomma alors son aumônier ordinaire.

L’abbé Edgeworth partagea alors l’exil du Roi. Après la paix de Campoformio (17 Octobre 1797), les princes allemands demandent au Duc de Brunswick de chasser Louis, et c’est le Tsar Paul 1er, qui haïssait la Révolution française, qui lui accorde l’asile à Mitau, l’actuelle Jelgava, dans le château qui appartenait jadis aux ducs de Courlande (ci-dessous).

Le 10 Juin 1799 est célébré dans une des salons du château, transformé en chapelle, le mariage du Duc d’Angoulême, fils ainé du Comte d’Artois, avec Marie-Thérèse, la fille orpheline de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Le Cardinal de Montmorency, Grand-aumônier de France, assisté de l’abbé Edgeworth, officie.

Paul 1er, commençant à s’enthousiasmer pour les victoires de Bonaparte face aux Autrichiens, prend un prétexte pour chasser Louis XVIII, lequel trouve refuge à Varsovie, à cette époque territoire prussien, de Mars 1801 à Juillet 1804. Le voyage eut lieu au plus froid de l’hiver et se transforma en un épuisant périple, notamment pour Louis qui était déjà atteint d’un embonpoint considérable.

Après que le Sénat français ait conféré à Napoléon le titre d’Empereur héréditaire, Louis XVIII et son frère d’Artois se rencontrent en Suède. Mais, après une nouvelle intempérance de langage, le Roi de Prusse fait savoir que Louis XVIII était désormais persona non grata. Après un séjour dans un manoir de campagne à Blankenfeld (actuelle frontière entre la Lettonie et la Lituanie), Louis XVIII et sa Cour retrouve Mitau, mais qui a été pillé entre temps, en Janvier 1805.

Quant à l’abbé Edgeworth, on le retrouve, en compagnie de la Duchesse d’Angoulême, à soigner des prisonniers français blessés, vraisemblablement après la bataille d’Eylau (8 février 1807). Il y contracte le typhus et meurt à Mitau le 22 Mai 1807, à l’âge de 62 ans. Toute la Cour en fut, parait-il réellement affecté et Louis XVIII rédigea lui-même l’épitaphe en latin de son aumônier.

L’abbé Edgeworth fut enterré au cimetière catholique de la ville et les Français qui se sont rendus entre les deux guerres mondiales dans la Lettonie nouvellement indépendante, parlent encore de sa tombe (cf. ci-dessous). La conservatrice du petit musée dans le château de Mitau / Jelgava (aujourd’hui Ecole Nationale d’Agriculture) m’avait toutefois précisé que le cimetière catholique avait été rasé à l’époque soviétique et que tout souvenir de l’abbé Edgeworth a donc disparu.

Louis XVIII, quant à lui, ne se sentant plus en sécurité après la victoire de Napoléon à Friedland (14 Juin 1807) et surtout après le traité de Tilsit entre Napoléon 1er et Alexandre 1er, décide de partir pour l’Angleterre. Il s’embarque le 3 septembre 1807 à Liebau (Liepaja) et résidera au château d’Hartwell jusqu’en Avril 1814.

mardi 7 juin 2011

7 Juin 1920 : "Dievs, svētī Latviju!" devient l’hymne national letton

Dans les années 1870, un professeur, dramaturge et publicite, membre du mouvement « Jeunes Lettons » (Jaunlatvieši), Kārlis Baumanis (1835–1905 – ci-dessous), écrivit les paroles et la musique d’un chant qui magnifiait le sentiment national face aux Russes, Dievs, svētī Latviju! (Dieu bénisse la Lettonie !). Comme les Russes interdisaient l’utilisation du mot "Lettonie", il fut remplacé par le mot "Balte". Le chant fut interprété pour la première fois en 1873, à l’occasion du premier festival de chant de Riga.

Il fut interprété pour la première fois comme hymne national le 18 Novembre 1918 (jour de déclaration de l’indépendance de la République de Lettonie), hymne confirmé en 1920, puis – bien sûr – interdit de 1940 à 1990. L'hymne letton se distingue de nombreux autres hymnes nationaux en ce qu'il ne mentionne pas ni la guerre, ni la lutte nationale, mais décrit plutôt une terre où les jeunes filles sont en fleur, où les jeunes gens chantent, et où les deux aspirent à danser ensemble dans la joie.


Traduction :

Dieu, bénis la Lettonie,
Notre chère patrie
Bénis donc la Lettonie
Oh, bénis-la donc !

Là où fleurissent les filles de Lettonie
Là où chantent les fils de Lettonie
Permets nous de danser là-bas heureux
Dans notre Lettonie !

Référence : Latvijas Institūts :
http://www.li.lv/index.php?option=com_content&task=view&id=64&Itemid=1064

Deux interprétations remarquables :
http://youtu.be/SCfX2gGohjU 
http://www.youtube.com/watch?v=fWaLL9Gyees&feature=related


Le monument à Karlis Baumanis et à l'Hymne National dans le Viesturdarza

dimanche 5 juin 2011

Les drapeaux baltes : leur histoire et leur signification

Hier 4 Juin, ça faisait 127 ans qu’avait été consacré le drapeau estonien, le 4 Juin 1884 donc, dans la paroisse d’Otepää (entre Tartu et Valga). Héritier du drapeau de l’association des étudiants de la nation estonienne (Vironia), ce drapeau devint rapidement le symbole du nationalisme estonien, il est officiellement adopté comme drapeau national le 21 Novembre 1918. Interdit pendant la période soviétique, il sera de nouveau hissé le 24 Février 1989 sur la tour Pikk Hermann et adopté officiellement comme drapeau national le 7 Aout 1990, peu après le rétablissement de l'indépendance.
C'est dans la nature que les couleurs nationales trouvent leur signification : le bleu fait référence à la mer, au ciel et aux lacs, le noir désigne la terre tandis que le blanc symbolise la neige. Des références culturelles et historiques associent également au bleu la dévotion et la fidélité, au noir le douloureux passé du peuple estonien et la couleur des vestes portées par les ancêtres paysans, et au blanc la foi en l'avenir et le désir de liberté.

En 2001, l'homme politique Kaarel Tarand a suggéré que le drapeau soit changé pour une croix scandinave de même couleur (cf. ci-dessous). Comme le drapeau tricolore est considéré comme un symbole national important, c’est un euphémisme de dire que la proposition n'a pas atteint un large degré de popularité.

Pour ce qui concerne le drapeau lituanien, il faut remonter en 1410, lors de la bataille de Žalgiris, où deux drapeaux distincts étaient présents. La majeure partie des 40 régiments brandissaient une bannière rouge portant un chevalier blanc monté (le Vytis – cf ci-dessous – ou Pahonie en Biélorussie). Ce drapeau devint par la suite l'enseigne de guerre de la Lituanie, puis, en 2004, le drapeau d'État. Les autres régiments employaient une bannière rouge portant les colonnes de Gediminas.

L'idée du drapeau tricolore est généralement attribuée à des Lituaniens exilés en Europe ou aux États-Unis au XIXe siècle. Lors du Grand Seimas de Vilnius, en 1905, ce drapeau fut préféré au Vytis comme drapeau de la nation lituanienne. La question du drapeau fut à nouveau abordée lors de la Conférence de Vilnius, en 1917. La proposition d’un drapeau tricolore, avec le jaune en haut, le vert au milieu et le rouge en bas, et le Vytis apparaissant dans le coin supérieur gauche ou bien au centre, fut adoptée par le Conseil de Lituanie, mais la Constitution de 1922 ne fit aucune référence aux armoiries.

Interdit pendant la période soviétique, le Soviet suprême de la RSS de Lituanie reconnut à nouveau le drapeau tricolore comme drapeau national en 1988. Le jaune du drapeau symbolise les champs dorés du pays, le vert, sa campagne verdoyante, et le rouge, tout le sang versé pour le pays.

Le drapeau letton serait, lui, un des plus anciens. En effet, à partir de 1279, le grenat-blanc-grenat (grenat devenu depuis le « rouge letton ») devint le drapeau de la Latvie, une région qui deviendra le foyer national letton. Ce symbole sera repris, des siècles plus tard, par les associations étudiantes lettonnes (qui se réunissaient en nation lettone à l’Université de Tartu) et lors d'un festival de musique à Riga en 1873. C’est un étudiant letton du nom de Jēkabs Lautenbahs-Jūsmiņš, qui découvrit des références à l’utilisation du drapeau rouge-blanc-rouge dans la Chronique en vers de l’Ordre Livonien (Livlandische Reimchronik).

Ce drapeau fut adopté lors de l'indépendance en 1918. Interdit, lui aussi, par les Soviétiques à partir de 1940, il redevient autorisé dès 1988 et est officiellement rétabli le 27 Février 1990 avec l'indépendance recouvrée.

La légende fait remonter le drapeau à une bataille qui se déroula au XIIIe siècle, près de Cesis. Il trouverait son origine dans le drap blanc utilisé pour transporter hors du champ de bataille un chef de tribu mortellement blessé. Les soldats utilisèrent ce drap trempé du sang de leur chef comme bannière et cette dernière les mena à la victoire.





vendredi 3 juin 2011

Juin 1988 : Le mouvement Sąjūdis en Lituanie

Dans la seconde moitié des années 80, encouragés par la rhétorique de Mikhaïl Gorbatchev, remarquant que la position du syndicat Solidarność se renforçait en Pologne, soutenus par le Pape et les Etats-Unis, les mouvements indépendantistes commencèrent à organiser des manifestations publiques dans les trois capitales baltes.

Le 3 Juin 1988, des intellectuels lituaniens, communistes et non communistes, formèrent le Groupe d’Initiatives Sąjūdis (Unité - en lituanien : Sąjūdžio Iniciatyvinė Grupė), lors d’une réunion à l’Académie des Sciences. Le but était de soutenir le programme glasnost (transparence), démocratisation et perestroïka (reconstruction) de Gorbachev. Le groupe était constitué de 35 membres, principalement des artistes, dont 17 étaient membres du parti communiste.

Le 24 Juin 1988, la première manifestation de masse de Sąjūdis réunit 100 000 personnes au Parc Vingis à Vilnius. Le 23 Aout 1988, ils furent 250 000 à protester contre le pacte Molotov-Ribbentrop et ses protocoles secrets.

En Octobre 1988, Sąjūdis tint son congrès fondateur à Vilnius et élit un conseil de 35 membres. Vytautas Landsbergis (ci-dessous), un professeur de musicologie, non membre du parti communiste, en fut élu Président.

En Février 1989, Sąjūdis déclara que la Lituanie avec été annexée de force par l’Union soviétique et que le but ultime du mouvement était le retour à l’indépendance.

Le 23 Aout 1989, une chaine humaine de 2 millions de personnes réunit Vilnius et Tallinn via Riga, afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur les aspirations des Pays Baltes.

En Décembre 1989, le parti communiste de Lituanie fit sécession du parti communiste d’Union soviétique et accepta d’abandonner le monopole du pouvoir. Aux premières élections libres de Février 1990, Sąjūdis put ainsi obtenir la majorité absolue (101 sièges sur 141) au Conseil suprême de la République Soviétique de Lituanie. Vytautas Landsbergis fut élu Président du Conseil suprême. Cela conduisit à la déclaration d’indépendance du 11 Mars 1990.

Aujourd’hui, Sąjūdis est un mouvement toujours vivant. Mais, comme les opinions publiques sont versatiles, les élections législatives de 1992 ont été remportées par le Parti Démocratique du Travail, qui n’était autre que l’ancien parti communiste.

Pour en savoir plus, lire « Un peuple sort de prison », de Vytautas Landsbergis (en français aux éditions UAB Baltijos Kopija avec le soutien de la Fondation Robert Schuman).

jeudi 2 juin 2011

Andris Bērziņš, élu Président de Lettonie


Ce jeudi 2 Juin après-midi, Andris Bērziņš a été élu Président de la République de Lettonie par la Saeima (Parlement monocaméral). Au deuxième tour de scrutin, il a obtenu 53 voix contre 41 au Président sortant, Valdis Zatlers.

Andris Bērziņš est né en 1944. Il a fait une carrière principalement dans le secteur bancaire (Latvijas Unibankas) et à Latvenergo AS, la société nationale d’énergie. En Octobre 2010, il avait été élu député sur les listes de Zaļo un Zemnieku savienība (Union des Verts et des Paysans).

Il prendra son poste de Président le 8 Juillet 2011 et aura donc la cahrge d'organiser le référendum du 23 Juillet sur l'éventuelle dissolution de la Saeima.

Il ne faut pas le confondre avec un autre Andris Bērziņš, né en 1951, Maire de Riga de 1997 à 2000 et Premier Ministre de 2000 à 2002.

Mes villes de l’Europe médiane (5) : Dubrovnik


J’ai déjà eu l’occasion d’écrire que, lorsque j’étais à Sarajevo, je m’échappais régulièrement à Budapest (http://gillesenlettonie.blogspot.com/2011/04/mes-villes-de-leurope-mediane-3.html ). Mais une de mes destinations préférées était également Dubrovnik.
Armoiries de Dubrovnik
Dubrovnik est une ville touristique d’environ 30 000 habitants, à l’extrême pointe sud-est de la Croatie, à proximité de la frontière avec le Monténégro et adossée à la Bosnie-Herzégovine (pour l’anecdote, quand on descend la côte croate par le magistrale adriatique, en venant de Ploče, on traverse le territoire bosnien sur une dizaine de kilomètres à hauteur de Neum, seul accès à la mer de Bosnie-Herzégovine)

La ville fut créée au VIIe siècle sous la protection de Byzance, et devint par le traité de Zadar (27 Juin 1358) la capitale de la République de Raguse (ci-dessous), rivale de la République de Venise, dont elle avait été dépendante de 1205 à 1358. A partir de 1458, Raguse dut payer un tribut au sultan ottoman qui avait conquis la Bosnie, l’Albanie et la Serbie.

Raguse resta indépendante jusqu’en 1808, lorsque le Maréchal Marmont abolit la République de Raguse et l'intégra dans les Provinces Illyriennes françaises, territoire correspondant alors à une large partie de la Slovénie et du littoral de la Croatie actuelles. A la chute de l’Empire français, en 1815, Raguse fut rattachée au Royaume de Dalmatie, alors sous l'autorité de l'empire d'Autriche-Hongrie, et en fera partie jusqu'en 1918. En 1918, Raguse change son nom en Dubrovnik et est incorporée dans le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, plus tard Royaume de Yougoslavie.

De sa très riche histoire, Dubrovnik a gardé une splendide ville-forte (dont on peut faire le tour à pied sur les remparts), aux ruelles pavées et étroites, dont la principale d'entre elles, la Placa (ou Stradun – ci-dessous), est perpétuellement envahie de touristes, très souvent français. Cible des tirs de l’armée serbe en 1992-1993 (68 % des bâtiments de la vieille ville auraient été touchés), je peux témoigner que, 10 ans plus tard, il n’y avait plus aucune trace, la reconstruction s'étant déroulée, autant que possible, dans le respect des techniques traditionnelles.

En dehors de la vieille ville règne également une atmosphère très vacances, sans parler des innombrables possibilités d’excursions en bateau (j’avais personnellement fait une fois toute la descente de la côte croate en ferry, de Rijeka à Dubrovnik). L’excursion la plus rapide et la moins chère peut consister à aller sur l’ile de Lokrum, en 15 mn de bateau au large de Dubrovnik, une réserve naturelle où Richard Cœur de Lion se serait échoué à son retour de la IIIe croisade et où, entre autres vestiges historiques, on peut y voir le Fort Royal construit par l’armée française à partir de 1806.

Bref on comprend que, compte tenu de l’agitation des pays du sud de la Méditerranée, l’on y trouve beaucoup de touristes français attirés par la mer et le soleil. Mais aussi, pour beaucoup, par les vieilles pierres. J’y retournerai certainement.