Il
est vraisemblable que l'anniversaire passera inaperçu en France. Il
n'est donc pas inutile
de rappeler brièvement qui était Tadeusz Kościuszko, héros
dans plusieurs pays (y compris aux États-Unis) et
ses rapports particuliers avec la France, dont il avait été
fait citoyen d'honneur en 1792. C'est d'autant plus justifié qu'il y
a exactement trois
ans, avec
un groupe d'amis, j'avais
visité sa maison natale près de Kossova au Bélarus (ci-dessous).
Tadeusz
Kościuszko est donc né le 4 février 1746 dans une famille
aristocratique du Grand-duché de Lituanie. Fils d'Officier, il
intègre en 1765 une académie, fondée à Varsovie par le Roi
Stanislas Poniatowski, destinée à former les Officiers et les
haut-fonctionnaires. Dès 1768, il est déjà Capitaine. Quittant la
Pologne-Lituanie au moment où la Confédération de Bar essaye de
renverser le Roi Stanislas, il s’installe à Paris le 5
octobre 1769. Il y restera 5
ans, fréquentant principalement l'Académie Royale de
peinture et de sculpture.
De
retour en Pologne-Lituanie en 1774, donc après le premier partage de
1772 au profit de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie,
Kościuszko s'aperçoit que son frère a dilapidé une grande partie
de la maigre fortune familiale et qu'il ne peut donc obtenir un
« office » dans l'armée. Il décide donc de repartir à
Paris à l'automne 1775. C'est là qu'il apprend la révolte des
Treize colonies américaines contre la domination britannique.
Il
s'engagea
alors
comme volontaire dans la guerre
d'Indépendance des États-Unis. Il s'y illustra par son héroïsme
et fit montre de talent militaire, surtout dans les travaux de
fortification (Philadelphie, West Point, Rhode Island, Yorktown, New
York). George Washington
le promut au grade de colonel du génie, puis,
à la fin de la guerre, général de
brigade. La nation américaine lui exprima sa reconnaissance en le
faisant citoyen d'honneur et en lui octroyant des terres et une
pension annuelle.
Le 15
juillet 1784, Kościuszko embarque pour l'Europe. Le 26
août, il est de nouveau à
Paris, puis s'installe à Siechnowicze aujourd'hui au
Bélarus. Ce n'est qu'en 1790, grâce à l'augmentation des effectifs
militaires pour défendre les frontières de la Pologne contre ses
voisins agressifs, que le roi lui
accorde un office de général, assorti
d'un important salaire annuel de 12 000 zlotys.
On
passera sur la guerre russo-polonaise (au cours de
laquelle Kościuszko reçoit le commandement d'une division près
de Kyiv) et
sur l'insurrection dite de Kościuszko pour laquelle il se rend à
Paris pour essayer d'obtenir le soutien de la France lors du
soulèvement à venir. Il y reste jusqu'à l'été 1792. Mais les
Français refusent de s'engager. Il est d’ailleurs globalement déçu
par la Révolution française.
Le 10
octobre 1794, Kościuszko est blessé et capturé par les Russes à
la bataille de Maciejowice . Il est emprisonné à Saint-Pétersbourg
dans la forteresse Pierre-et-Paul. L'insurrection prend fin peu après
avec la bataille de Praga, le 4 novembre 1794, et le
massacre de près de 20 000 habitants de Varsovie par les
troupes russes.
Gracié
le 28 novembre 1796 par le nouveau Tsar Paul 1er, il
part pour les États-Unis où il est considéré avec méfiance par
le nouveau gouvernement fédéraliste. Il décide donc de retourner
en France. Il arrive à Bayonne le 28 juin 1798 et rejoint les
groupes d'immigrés polonais. Il refuse néanmoins le commandement
des légions polonaises au sein de l'armée française. Il
rencontre le Premier Consul Napoléon Bonaparte le 17
octobre et le 6 novembre 1799 mais ne parvient
pas à un accord avec lui. Il faut dire que Kościuszko déteste les
ambitions dictatoriales de Napoléon qu'il qualifie de « fossoyeur
de la république [française] ». En 1801, il s'installe à La
Genevraye près de Paris dans la résidence de l'ambassadeur
suisse et se tient à l'écart des questions politiques.
Après
la chute de l'Empire en 1814 et 1815, Kościuszko rencontre le tsar
Alexandre 1er une
première fois à Paris puis à Braunau en Suisse. Apprenant
que le Royaume de Pologne, créé par le Congrès de Vienne, sera
encore plus petit que le Duché de Varsovie, il qualifie cette entité
de « plaisanterie ». Il s'installe en Suisse à Soleure.
Il y succombe suite à un accident vasculaire cérébral le 15
octobre 1817, quelques jours après une chute de cheval.
Un monument
à Tadeusz Kościuszko est
érigé à Montigny-sur-Loing (France), à côté de La
Genevraye où il a vécu une quinzaine d'années (ci-dessus).
A noter
pour terminer, comme je le faisais remarquer en 2012, que Tadeusz
Kościuszko fait partie de ces Lituaniens biélorusses que
l’on croit polonais :
http://gillesenlettonie.blogspot.com/2012/04/ces-lituaniens-bielorusses-que-lon.html