Pages vues le mois dernier

lundi 27 février 2012

Greimas, Krēmers et Hazanavičius

Trois personnalités à particulièrement honorer aujourd’hui.

Il y a vingt ans, le 27 Février 1992 à Paris, nous quittait Algirdas Julien Greimas. Né de parents lituaniens le 9 Mars 1917 à Toula en Russie, il étudie le droit à Kaunas puis réussit une licence de lettre à Grenoble de 1936 à 1939. Reparti en Lituanie pendant la guerre, il soutient en 1948 sa thèse de doctorat d’Etat à l’Université de Paris.

Fondateur de l’Ecole sémiotique de Paris et du Groupe de recherche sémio-linguistique, A.J. Greimas a rassemblé autour de lui des chercheurs qui vont développer la sémiotique dans tous les domaines du monde de l’humain : littérature orale, mythologie, pratiques rituelles littérature écrite, etc.……On notera dans ses œuvres « Des dieux et des hommes. Etudes de la mythologie lituanienne ». Son rayonnement fut international et ses principaux ouvrages ont été traduits dans un nombre considérable de langues.

L’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales organise ce jour une journée d’hommage à Algirdas Julien Greimas à l’amphithéâtre de l’EHESS, 105 boulevard Raspail, Paris 6e.

Gidons Krēmers (ou Gidon Kremer) est lui né le 27 Février 1947 à Riga, mais quitetra l’URSS en 1980 pour s’installer en Allemagne. C’est un des plus grands violonistes de notre époque, formé à Riga puis au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou où son maître est David Oïstrakh. Au cours de sa carrière, il jouera sous la direction des chefs les plus prestigieux. Il est également un chef d’orchestre qui a fondé en 1996 l'orchestre de chambre Kremerata Baltica, composé de jeunes musiciens originaires des Etats Baltes.


 Plutôt que de longs discours, il vaut mieux l’écouter, par exemple dans la vidéo ci-dessous, jouant, avec l’altiste russe Iouri Bashmet, sous la direction du chef italien Riccardo Muti, la Symphonie concertante K364 de Mozart.

Enfin, à moins d’être reclus dans un ermitage depuis plusieurs heures, on ne peut ignorer que le film « The Artist » a gagné cette nuit 5 Oscars et que son réalisateur (Oscar du meilleur réalisateur) s’appelle Michel Hazanavičius. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est que, même si pour les connaisseurs c’est transparent, il est d’origine lituanienne, plus exactement litwake. Ses grands-parents sont venus s’installer en France, venant de Lituanie, dans les années 20.

Une que la folie The Artist sera un peu passée, l’Ambassade de Lituanie à Paris doit rencontrer Michel Hazanavičius. Gageons que nous en saurons alors plus sur ses racines lituaniennes.   

  

vendredi 24 février 2012

24 Février 1918 : Déclaration d’indépendance de l’Estonie


L’histoire de l’Estonie, nation finno-ougrienne, a été le plus souvent liée à celle de la Lettonie (ou plutôt de la Livonie), nation balte, au sein de la Confédération livonienne (1227 – 1558), puis sous occupation suédoise (1595 – 1710), après la guerre de Livonie, puis sous occupation russe (1710 – 1917).

La révolution de Février 1917 permet un redécoupage administratif, l’Estonie recevant ses frontières actuelles, et une estonisation de l’enseignement et de l’administration étant autorisée. 
  
Mais, le 21 Février 1918, alors qu’il y a un statu quo sur le front de l’est en prévision du Traité de Brest-Litovsk (3 Mars 1918), les troupes allemandes reprennent l’offensive. La délégation bolchevique russe, espérant une révolution en Allemagne, refusait en effet les conditions allemandes du traité, les trouvant trop humiliantes, et faisait traîner les pourparlers en longueur.
  
Durant la brève vacance du pouvoir qui sépare le départ des bolcheviks de l'arrivée des Allemands, le Comité de salut public qui a été désigné le 19 février par le Comité des Anciens pour diriger le pays, proclame symboliquement le 24 février 1918 l'indépendance de l'Estonie dans ses frontières historiques et ethnographiques.

Le 3 Mars, l’armée allemande achève l’occupation de l’Estonie, le jour même de la signature du Traité de Brest-Litovsk. Lorsqu’en Août les Russes renoncent à leur souveraineté sur les « provinces baltes », les germano-baltes reprennent les commandes sous la tutelle des autorités militaires allemandes.
Konstantin Päts

Lorsque les Allemands déposent les armes le 11 Novembre 1918, les autorités d’occupation remettent officiellement le pouvoir au Gouvernement provisoire estonien, dont Konstantin Päts prend la tête. Mais les bolcheviques locaux tentent de profiter de la situation et demandent à l’Armée rouge de « libérer le pays ». Il s’ensuivra une guerre de deux ans, au cours de laquelle s’illustrera le Général Johan Laidoner, et dont les Estoniens sortiront victorieux et qui sera conclue par le Traité de Tartu (2 Février 1920) par lequel la Russie soviétique reconnaîtra l’indépendance de l’Estonie.
 Général Johan Laidoner

Lien avec le texte complet en Anglais de la déclaration d’indépendance, sur le site de la Présidence de la République d’Estonie : 

Affiche de recrutement de l'armée estonienne en 1918

jeudi 23 février 2012

Ernestas Galvanauskas (1882 – 1967)


Je recherche toujours les Lituaniens ou les Lettons qui ont un rapport particulier avec la France. On m’a signalé à juste titre Ernestas Galvanauskas, qui fut deux fois Premier Ministre de Lituanie. Mais pas seulement.
Ernestas Galvanauskas vers 1920

Né le 20 Novembre 1882 près de Biržai dans le nord de la Lituanie, il finit ses études secondaires à Jelgava en Lettonie en 1902, puis il part à Saint-Pétersbourg faire des études d’ingénieur des mines. Il est actif dans la révolution de 1905 en Lituanie et fonde à cette occasion le Parti Agrarien. De 1906 à 1919 il vit d’abord en Finlande puis en Belgique, où il reçoit un diplôme d’ingénieur des mines.

En 1919, il est membre de la délégation lituanienne à la Conférence de la Paix qui commence au Quai d’Orsay à Paris le 18 Janvier 1919 et qui débouchera sur une série de traités, dont celui de Versailles (28 Juin 1919). La Lituanie a bien du mal à faire entendre son point de vue, face à la Pologne soutenue par la France de Clemenceau, qui poursuit une politique d’Union polono-lituanienne, dominée par Varsovie, dont la Lituanie ne veut pas entendre parler (voir à ce sujet : Henry de CHAMBON – « La Lithuanie pendant la Conférence de la Paix (1919) ».

Le 7 Octobre 1919, Ernestas Galvanauskas devient une première fois Premier Ministre, jusqu’au 19 Juin 1920. Il le sera de nouveau du 2 Février 1922 au 18 Juin 1924. 
Ernestas Galvanauskas signant la Convention de Klaipeda
  
Le 24 Mars 1923, à la fois Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères, il dirige à Paris la délégation lituanienne à la Convention de Klaipėda, signée le 8 Mai 1924, et qui arrêta le statut du territoire après que les Lituaniens l’aient conquis militairement en Janvier 1923 face aux …..Français.

A partir de 1924, Ernestas Galvanauskas est Ambassadeur de Lituanie à Londres. Après le coup d’Etat militaire du 17 Décembre 1926 et l’instauration d’un régime autoritaire par Antanas Smetona, il démissionne et rentre à Klaipėda où il se consacre principalement à l’enseignement.

En 1939 – 1940, il devient néanmoins Ministre des Finances de Lituanie. Arrêté et envoyé en exil par les Allemands, il devient en 1946 chef du Comité suprême pour la libération de la Lituanie en Allemagne (Vyriausiasis Lietuvos išlaisvinimo komitetas - VLIK). En 1947, il émigrera à Madagascar, avant de s’installer en 1963 en France où il résidera jusqu’à son décès le 24 Juillet 1967 à Aix-les-Bains (Eks le Benas - Savoie).  

Une sculpture de l’artiste lituanien Antanas Mončys (1921 – 1993), qui avait lui-même quitté la Lituanie en 1944, réalisa un monument funéraire qui fut inauguré et béni en Novembre 1968, en présence de l’artiste, du Père Petrošius, responsable de la Mission catholique en France et de Petras Klimas, fils du dernier Ambassadeur de Lituanie en France avant 1940.
Inauguration du monument sur la tombe de Galvanauskas à Aix-les-Bains 

Aujourd’hui encore, la presse locale rapporte que les Ambassadeurs de Lituanie en France vont régulièrement honorer la tombe d’Ernestas Galvanauskas. Une suggestion : qu’il y ait une cérémonie d’importance le 20 Novembre 2012 à Aix-les-Bains pour commémorer le 130ème anniversaire de ce grand homme d’Etat lituanien qui était d’autant plus attaché à la France qu’il était marié à une Française. 

(avec l’aide des Cahiers lituaniens et du blog Art et culture de Lituanie)

mardi 21 février 2012

21 Février 2012 : Užgavėnės en Lituanie

Užgavėnės est une tradition lituanienne qui a lieu durant la septième semaine qui précède Pâques, en principe la veille du Mercredi des cendres. Son nom signifie « le temps avant le Carême ». Cette célébration païenne correspond à la tradition catholique de Mardi gras et au Carnaval.


Le thème principal d’Užgavėnės est la victoire en apothéose du printemps (personnifié par Kanapinis (l’homme de chanvre) sur l’hiver (Lašininis = le goret). Des diables, des sorcières, des chèvres, la « grande faucheuse », des bohémiens et d’autres personnages joyeux ou effrayants participent aux célébrations. Les festivités se terminent par la crémation d’une effigie de l’hiver, nommée Morė


  
Les célébrations les plus populaires ont lieu au Musée en plein air de Rumšiškės, près de Kaunas.


Žiema, žiema, bėk iš kiemo !
(Hiver, hiver, va-t-en de la cour !)

NB: En Lituanie, comme ailleurs, en semaine généralement on travaille. Užgavėnės a donc été célébré à Vilnius dimanche dernier et cela explique que la vidéo ci-dessous, compilation de photos, soit déjà en ligne.



dimanche 19 février 2012

Référendum en Lettonie: bien sûr, c’est “non” !


Ce samedi 18 Février, les Lettons avaient à se prononcer par référendum sur la question suivante : « Approuvez-vous l’adoption du projet de loi « Amendement à la Constitution de la République de Lettonie » qui donne à la langue russe le statut de deuxième langue officielle ». (Pour les puristes, étaient concernés les articles 4, 18, 21, 101 et 104 de la Constitution).

Ce référendum avait été rendu nécessaire par une initiative populaire ayant récolté 187 378 signatures, ce qui avait entraîné une proposition de loi, rejetée par la Saeima le 22 Décembre 2011 (60 voix contre, aucune pour !). La question posée par référendum devait obtenir 771 893 voix pour (50 % de l’électorat) afin que l’amendement soit adopté.

Selon les chiffres officiels de la Commission Centrale Electorale à 05H23 (heure française), portant sur 1026 bureaux de vote (sur 1035), l’amendement n’a recueilli que 273 323 voix pour (24,91 %), 820 219 électeurs (74,76 %) votant contre (3 523 bulletins nuls, soit 0,33 %). http://www.tn2012.cvk.lv/report-results.html. On soulignera que les Lettons de souche représentent 62,1 % de la population lettone (recensement de 2011), et qu’ils ont donc rassemblé au-delà de leur communauté. 
  
Il y a eu 1 092 789 votants (70,72 % du corps électoral), ce qui est un chiffre élevé de participation. Elle a été la plus élevée dans la région de Riga (77,11 %) et la plus faible dans la région – russophone – de Latgale (60,03 %). La palme du civisme revient au « comté » de Saulkrasti avec 97,35 % de votants.
Ce résultat était attendu, les sondeurs donnant une fourchette de 250 à 300 000 voix pour. Il est en deçà des espérances de l’initiateur, Vladimirs Lindermans, qui espérait 300 000 voix. En tout état de cause bien loin des 771 893 nécessaires.
   
Alors, pourquoi avoir dépensé 1,7 millions de Lats (2,4 millions d’euros) pour un résultat couru d’avance ? Tout simplement parce que c’est la loi. Ce sont deux groupuscules d’extrême gauche non représentés au Parlement qui sont à l’origine de l’initiative populaire : la section de Riga du Parti National Bolchevique et le Parti Osipov de Liepaja. Comme ils avaient récolté le nombre de signatures nécessaires, et que la proposition de loi avait été rejetée par le Parlement, le référendum devait se tenir.
   
Le Centre de l’Harmonie (Saskaņas Centrs – SC) qui, rappelons-le, a un accord de coopération avec « Russie Unie » de Poutine, ne s’était raccroché à l’initiative que par la suite, vexé de ne pas avoir pu participer au gouvernement alors qu’il avait terminé en tête des législatives du 17 Septembre 2011. Mais il avait également a priori peur de se faire déborder par sa gauche par l’extrême gauche à l’origine de l’initiative. Les 24,91 % de votes récoltés pour l’initiative sont en deçà des 28,43 % de voix obtenues aux législatives par le SC, et même des 26,9 % de Lettons qui déclarent le Russe comme leur langue maternelle, sans parler des 7 % supplémentaires de Belarusses et d’Ukrainiens. Les leaders du SC (relayés par RIA-Novosti) comptaient sur une faible participation, de l’ordre de celle enregistrée au référendum pour la dissolution de la Saeima en 2011 (44,7 %). C’est donc pour eux un échec. 

Car ce résultat est manifestement une victoire des Lettons de souche, grâce à leur mobilisation. Il est d’ailleurs symptomatique que la participation la plus basse ait été enregistrée en Latgale, région très majoritairement russophone. Les Lettons ont réussi à montrer qu’ils défendaient leur identité nationale, ce qui, en Lettonie, n’est pas un gros mot. 
    
Au royaume des Bisounours, on argumentera que ça ne résout pas le problème, même si c’est un faux problème (j’ai pu personnellement constater, tout au moins à Riga mais pas seulement, qu’on pouvait parler Russe partout, y compris dans les administrations). Ça a au moins le mérite de remettre démocratiquement les choses en place. Le Letton restera donc la seule langue officielle de Lettonie.  


  

samedi 18 février 2012

Quoi de neuf ? Napoléon !


2012 va voir célébrer le bicentenaire de la Campagne de Russie, autrement appelée “Guerre patriotique » par les Russes (à ne pas confondre avec la « Grande Guerre patriotique » qui a duré de 1941 à 1945). Quelques premières indications.

Le 24 Février prochain paraîtra dans les kiosques un numéro spécial du magazine « L’Histoire », intitulé « 1812, pourquoi les Russes ont battu Napoléon ». Bien que je n’aie pas vu son nom au sommaire, j’espère qu’on y parle du Feld-maréchal Michel Barclay de Tolly !

Les 4 et 5 Avril aura lieu, au Centre de Conférences Ministérielles du Ministère des Affaires Etrangères (27 rue de la Convention – Paris XVe), un Colloque international ayant pour thème « Regards croisés sur une guerre européenne ». NB : le nombre de places étant limité, ceux qui souhaiteraient assister à ce colloque doivent s’inscrire le plus tôt possible.

Plus généralement, on citera l’exposition qui se tient dans l’aile nord du Château de Versailles depuis le 14 Février (et jusqu’au 15 Mai) : « Les guerres de Napoléon. Louis-François Lejeune, général et peintre (1775 – 1848) » . En 150 tableaux, dessins et instruments scientifiques, c’est une étude précise de l’œuvre de Louis-François Lejeune.  

Enfin, la Municipalité de Kaunas organisera in situ, du 22 ou 24 Juin, une commémoration du franchissement du Niémen, dont les éléments constitutifs commencent à se mettre en place. J’y serai (mais je ne serai pas le seul, puisque j’y emmène un important groupe de ma Promotion de Saint-Cyr) et on aura l’occasion d’en reparler. (NB : si des associations françaises de reconstitution souhaitent participer, qu’elles me contactent, et je les mettrai en relation avec le Président du « 10e Escadron de Chasseurs à Cheval de la Garde Impériale » qui s’est proposé pour les introduire auprès des organisateurs lituaniens.) 
  
Par ailleurs, une reconstitution de la bataille de la Moskova (en Russie – Bataille de Borodino pour les Russes) devrait avoir lieu le week-end des 24 – 26 Août (à confirmer – Les russophones peuvent consulter le site http://www.sovet1812.ru/). Enfin, il y aura également une reconstitution du passage de la Bérézina (Bélarus) fin Novembre ; là aussi, j’aurai l’occasion d’en reparler puisque le Centre d’Etudes Napoléoniennes (dont je suis membre) y organisera un voyage.
Passage de la Berezina

Il est maintenant à espérer que, contrairement à ce qui était advenu à l’occasion du bicentenaire d’Austerlitz,  quelque association ou groupuscule politiquement correct, jugeant les événements de 1812 avec une grille de lecture de 2012, ne vienne perturber ces commémorations.  


jeudi 16 février 2012

16 Février 1918: déclaration d’indépendance de la Lituanie


Le 16 Février 1918, sous occupation allemande, le Conseil de Lituanie proclamait la restauration d’un Etat indépendant de Lituanie, régi par des principes démocratiques, ayant Vilnius pour capitale. La déclaration d’indépendance de la Lituanie (Lietuvos Nepriklausomybės Aktas - ci-dessous) fut signée ce jour-là par vingt représentants, présidés par Jonas Basanavičius


Il s’agissait bien d’une restauration de l’Etat lituanien, dans la mesure où celui-ci avait déjà existé depuis 1253 (couronnement du roi Mindaugas) jusqu'à son occupation, principalement par la Russie tsariste, suite aux trois partages de la Pologne – Lituanie (1772, 1793, 1795).

Pour voir son indépendance réellement reconnue, la Lituanie devra mener trois guerres :
      # Une guerre contre les armées bolcheviques de Décembre 1918 à Août 1919 ;
      # Une guerre contre les « bermontininkai » (volontaires germano-russo-baltes du pseudo prince russe Pavel Bermondt-Avalov, en étroite collaboration avec le Général allemand Rüdiger von der Goltz) de Juin à Décembre 1919 ;
      # Une guerre contre la Pologne d’Août à Novembre 1920, celle-ci occupant militairement la partie est de la Lituanie, y compris la capitale Vilnius, jusqu’en 1939.

On pourrait également ajouter de brefs conflits armés contre la Lettonie (été 1919 – Octobre 1920) et la France (Janvier 1923), cette dernière administrant le territoire de Memel/Klaipėda au nom de la Société Des Nations.
Jonas Basanavičius

Du fait de ces conflits, et notamment celui contre la Pologne, il fallut attendre le 14 Décembre 1922 pour que l’indépendance de la Lituanie fut juridiquement reconnue au niveau international, alors que celle de l’Estonie et de la Lettonie l’avait été des le 26 Janvier 1921.

Excellente Fête Nationale aux Lituaniens et à leurs amis !


mercredi 15 février 2012

15 Février 1724: naissance de Peter von Biron, duc de Courlande

Armoiries de Peter von Biron


Dans la famille Biron, on connaît généralement (tout au moins pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu au sujet) Ernst Johann (1690 – 1772), qui dut de devenir duc de Courlande (1737 – 1740 et 1763 – 1769) et régent de l’Empire russe (1740) grâce à ses relations, disons, étroites avec l’impératrice Anna Ivanovna.
Peter von Biron, duc de Courlande

On connaît moins son fils, Peter von Biron, né le 15 Février 1724 à Mitau, alors capitale du duché de Courlande (aujourd’hui Jelgava en Lettonie), décédé le 13 Janvier 1800. A l’âge de 16 ans, il fut forcé de suivre son père, exilé en Sibérie. Il ne reviendra en Courlande qu’en 1763, grâce au pardon de Catherine II envers son père, pardon surtout dicté par le désir de la tsarine de réduire l’influence de la Pologne – Lituanie sur le duché. 
Le duché   de Courlande et Sémigalle en 1740

Son père étant rentré fatigué de son exil sibérien, Pierre reçut le duché de Courlande et Sémigalle en 1769. Mais la confusion perdura, certains propriétaire terriens étant partisans de la Pologne – Lituanie, d’autres de la Russie. Le destin de la Courlande fut scellé le 28 Mars 1795, lors du troisième partage de la Pologne – Lituanie, et le duché devint une province russe, le Tsar ajoutant à ses titres celui de duc de Courlande.

En échange de sa « bonne volonté », le duc Peter von Biron reçut un important apanage ce qui lui permit de compléter sa collection de palais à Berlin, dont le Palais Courlande sur Unter den Linden acheté en 1782. Mais surtout il s’achète le duché de Sagan (Żagań dans l’actuel ouest de la Pologne) en 1786. Le fief de Sagan passera à sa fille Dorothée (dont le père est en fait un homme d’Etat polonais, Aleksander Batowski), épouse d’Edmond de Talleyrand-Périgord, lui-même neveu du diplomate Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent.
Dorothée de Coulande à 17 ans

Une des œuvres les plus remarquables de Peter von Biron fut l’Academia Petrina (l’Académie de Pierre) établie en 1775 à Mitau / Jelgava, ce qui en fait l’établissement d’éducation supérieure le plus ancien de Lettonie. Pendant la période russe, bien que n’ayant pas été reconnue comme université, l’Academia Petrina devint un centre culturel majeur non seulement pour les Lettons mais aussi pour les Lituaniens. Pendant la Première Guerre mondiale, le bâtiment fut endommagé et les 42 000 volumes de sa bibliothèque furent brûlés par les troupes de Bermondt-Avalov. Le bâtiment historique, détruit pendant la Deuxième Guerre mondiale a été reconstruit et abrite aujourd’hui le Musée d’art et d’histoire Gederts Eliass. L’école, installée dans de nouveaux bâtiments, subsiste en tant que Lycée n° 1 de Jelgava (Jelgavas 1. Gimnāzija).  

Academia Petrina

lundi 13 février 2012

De retour!

Plusieurs événements m’ont amené à séjourner récemment à Paris, ce qui explique que le présent Blog soit resté muet. 

Tout d’abord, le jeudi 9 Février au soir, j’ai assisté, dans les salons du Ministère de la Culture, au lancement du cycle de manifestations « Voyage en Lituanie » qui va permettre aux Français de mieux connaître les richesses culturelles de la Lituanie. Les Ministres de la Culture lituanien et français, respectivement MM Arūnas Gelūnas et Fréderic Mitterrand, co-présidaient cette soirée qui fut clôturée par un remarquable buffet lituanien.
M.  Arūnas Gelūnas, Ministre de la Culture de Lituanie (Photo de Gilles Dutertre)    

Je parlerai dans ce blog, au fur et à mesure de leur ouverture, des diverses manifestations de ce cycle. Une est déjà en cours ; il s’agit d’une exposition d’art contemporain « Affinités, déchirures & attractions », présentant des œuvres de Deimantas Narkevicius, qui se tient depuis le 7 Février et jusqu’au 13 Mai 2012 au FRAC (Fond Régional d’Art Contemporain) Alsace, à Sélestat :

M.  Fréderic Mitterrand (photo de Gilles Dutertre)     

Vendredi, je suis allé à la Bibliothèque Polonaise de Paris (http://www.bibliotheque-polonaise-paris-shlp.fr/) à la recherche d’informations sur le Général lituanien  Ludwikas Pacas (Ludwik Michał Pac), né à Strasbourg, et qui a servi Napoléon 1er de 1808 à 1814. J’ai été remarquablement accueilli bien que j’aie lourdement insisté pour rappeler que ce général était lituanien et non pas polonais ……

Le Général Ludwikas Pacas 

Samedi soir avait lieu le Conseil d’Administration et dimanche matin l’Assemblée Générale de la Coordination des Associations France – Lituanie, traditionnellement tenue, en liaison avec la Communauté Lituanienne en France, le dimanche le plus proche de la Fête Nationale lituanienne du 16 Février. Madame l’Ambassadeur de Lituanie (qui, au passage, a rappelé qu’elle était bien Ambassadeur et non pas Ambassadrice……), Madame Jolanta Balčiūnienė, a honoré de sa présence une partie de l’Assemblée Générale. 
  
Mme Jolanta Balčiūnienė, Ambassadeur de Lituanie en France (photo de Gilles Dutertre) 



jeudi 2 février 2012

Russie: bientôt l’élection présidentielle

Dans à peine plus d’un mois, le 4 Mars 2012, aura lieu en Russie l’élection présidentielle. A moins de résider dans un ermitage au milieu de la Papouasie, vous savez que Vladimir Poutine sera (re)élu. Le 24 septembre 2011, le Président actuel, Dmitri Medvedev, avait « proposé » la candidature de Poutine. C’est un euphémisme de dire que le sketch n’avait pas plu à tout le monde.

La Commission Centrale Electorale a retenu 5 candidats (les chiffres sont ceux du centre d’opinion publique VTsIOM):
Vladimir Poutine
Vladimir Poutine, 60 ans, à la tête du parti Russie Unie sans en être membre, déjà Président de la Fédération de Russie de 2000 à 2004 et de 2004 à 2008, Premier Ministre depuis 2008, peut légalement se représenter pour deux nouveaux mandats. La seule inconnue actuellement est de savoir s’il va être élu au premier ou au deuxième tour. Le deuxième cas serait une surprise, même si l’opposition à sa réélection connaît une embellie. D’après le sondage ci-dessus évoqué, il recueillerait 49 % des votes. Rappelons qu’il avait été élu en 2000 avec 52,52 % des voix et en 2004 avec 71,22 %. Medvedev avait obtenu 70,28 % en 2008.

Guennadi Ziouganov, 68 ans, leader du Parti communiste (KPRF), recueillerait 11 % des voix. Déjà candidat en 2008 contre Medvedev, il avait rassemblé sur son nom 17,72 % des votes.
Guennadi Ziouganov
Vladimir Jirinovski
Vladimir Jirinovski (né Eidelstein à Alma Ata), 66 ans, passé du parti communiste à l’extrême-droite, dirige le Parti libéral-démocrate de Russie  (LDPR) depuis la création de celui-ci en 1990. Les sondages indépendants le donnent actuellement à la 3e place, avec 9 % des voix. Déjà candidat en 2008, il avait obtenu alors 9,8 %.

Sergueï Mironov, 59 ans, ancien Président du Conseil de la Fédération (la chambre haute du Parlement),  préside Russie juste, parti qui soutient le tandem Poutine / Medvedev et qui n’a de parti d’opposition que le nom. Il est crédité pour la présidentielle à venir de 6 % des voix.
Sergueï Mironov

Seuls les partis représentés à la Douma, à savoir Russie Unie (Единая Россия  - 238 sièges sur 450 et 49,32 % des voix), le Parti communiste (Коммунистическая Партия Российской Федерации / КПРФ - 19,19 % - 92 sièges), Russie juste (Справедливая Россия: Родина / Пенсионеры / Жизнь  - 13,24% - 64 sièges) et le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR -  Либерально-демократическая партия России - 11,67% - 56 sièges) ont pu présenter directement un candidat. Les autres candidats, considérés comme des indépendants, doivent réunir deux millions de signatures de supporters dont 95 %, vérifiées sur un échantillon de 200 000, doivent être authentifiées.

Le milliardaire Mikkhail Prokhorov, 47 ans, a passé cet obstacle des 2 millions de signatures. Après avoir été un éphémère Président du parti Juste Cause l’été dernier, son jeu exact intrigue. D’un côté il affirme vouloir libérer l’oligarque emprisonné Mikhaïl Khodorkovski et en faire son premier ministre. De l’autre, il indique qu’il serait lui-même volontiers chef du gouvernement sous la présidence de Poutine. On estime généralement qu’il pourrait être un sous-marin de Poutine pour attirer le monde des affaires et de la jeunesse. Il ne recueillerait que 4 % des voix. D’après Forbes, il était en 2008 la 24e fortune mondiale.
 Mikkhail Prokhorov
Grigori Iavlinski, leader du parti d’opposition Iabloko n’a par contre pas été autorisé à participer à la course. 25,66 % des plus de 2 millions de signatures qu’il a fournies ont été invalidées. Iavlinski a dénoncé une décision politique directement dictée par Vladimir Poutine.

 Prochaine date intéressante : ce samedi 4 Février, juste un mois avant l’élection présidentielle, où l’opposition espère mobiliser au moins autant qu’en Décembre. L’opposition qui, apparemment, ne baisse pas les bras si j’en crois cette banderole arborée hier face au Kremlin sur laquelle était inscrit : « Poutine va-t-en » !