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mardi 25 août 2015

Lettonie et Lituanie : augmentation du nombre de touristes

Palanga

Les chiffres des nuitées passées dans des établissements d’hébergement touristique en Lettonie et en Lituanie, au 2ème trimestre 2015, montrent une augmentation du nombre de touristes.

Au 2ème semestre 2015, la Lituanie a reçu 663 400 touristes, soit une augmentation de 4,8 % par rapport au trimestre équivalent de 2014. La Lettonie, elle, a reçu 411 700 touristes, soit une augmentation de 4,7 %.  

En Lituanie, la majorité des touristes étrangers proviennent d’Allemagne (54 500), puis de Pologne (38 900), du Bélarus (37 600), de Russie (37 000) et de Lettonie (30 900). Les Français n’apparaissent pas dans les 9 premières nations représentées. A noter que, par rapport au 2ème semestre 2014, il y a eu en 2015 20 600 touristes russes en moins. 58,9 % des touristes séjournent à Vilnius, 23,9 % vont dans des stations balnéaires ou thermales (dans l’ordre Druskininkai, Palanga, Neringa, Birštonas).

Trakai

Cette augmentation du nombre de touristes est méritioire, compte tenu de la baisse drastique du nombre de touristes russes, pour des raisons géopolitiques. On notera en outre que la Lituanie a peut-être pâti de l’arrêt des opérations de la compagnie Air Lituanica  le 22 mai 2015.

En Lettonie, les touristes étrangers proviennent dans l’ordre d’Allemagne, de Russie, d’Estonie, de Lituanie et de Finlande. Les Français apparaissent à la 10ème place. Les visiteurs étrangers vont principalement à Riga (81,1 %), puis à Jūrmala (7,6 %), dans la région de Sigulda (1,7 %), à Liepāja (1,3 %) et à Daugavpils et Ventspils (0,9 % chaque). Là aussi, il y a eu une baisse de 40 % du nombre de touristes russes.  

Château de Tureida (Sigulda)

Pour ceux qui auraient l’intention de venir, ils peuvent faire le choix d’un voyage organisé. Mais les tours opérateurs français n’ont pas encore pris en compte que les Etats baltes, c’était grand (rappel : des pays comme la Lituanie et la Lettonie sont deux fois plus grands en surface que la Belgique) et qu’il y a de quoi s’occuper pendant au moins une semaine dans chacun des pays.

Les Etats baltes sont des pays européens, modernes, qui ont tous l’Euro et, désormais, tout le monde parle anglais dans les lieux touristiques. Aussi, n’hésitez pas à y venir en individuels et faites remonter le nombre de Français venus découvrir cette magnifique région. Pour vous aider à organiser votre séjour : 123Baltic.travel vous bâtit votre voyage selon vos désirs http://123baltic.travel/fr.html

Euros lettons




lundi 24 août 2015

24 août 1991 : indépendance de l’Ukraine


Il y avait eu la Rus’, principauté médiévale qui avait perduré du IXe au XIIIe siècle, ancêtre de l’Ukraine moderne.

Il y avait eu la République Populaire Ukrainienne, reconnue par la France et la Grande Bretagne, qui, de mars 1917 à octobre 1920, était née, à l’image des Etats baltes, sur les ruines de l’empire russe tsariste post-traité de Brest-Litovsk.

Mais, à partir de 1919, victime d’une guerre du style chacun contre tous les autres, remportée par les bolcheviks, l’Ukraine allait devenir une république constitutive de l’Union soviétique, tout en subissant la répression stalinienne, notamment lors de l’Holodomor (génocide par la faim).



L’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl’ (26 avril 1986) marqua un tournant et ouvrit la voie à une critique virulente du régime soviétique. En 1987-88 intervinrent les premières créations d’associations politico-culturelles indépendantes du pouvoir. En 1989 fut créé le « Roukh » (« mouvement » pour « Mouvement populaire ukrainien pour la reconstruction »), mouvement patriotique qui joua un rôle essentiel dans la marche de l’Ukraine vers l’indépendance, à l’image de, par exemple, Sajūdis en Lituanie.

Le 28 octobre 1989, l’Ukrainien est déclaré langue officielle de la RSS d’Ukraine. De grandes grèves ouvrières ont lieu en 1989 et 1990 dans le Donbass avec des revendications aussi bien socio-économiques que politiques.

Le 16 juillet 1990, à l’instar d’autres républiques de l’URSS, comme la Russie quelques jours auparavant, l’Ukraine adopte une « Déclaration de souveraineté étatique », affirmant la suprématie de la Constitution et des lois de la République d’Ukraine sur celles de l’URSS. Le « Conseil suprême » adopte cette déclaration par 225 voix contre 4 !

Le 19 août 1991 a lieu le putsch de Moscou (voir http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2015/08/21-aout-1991-fin-du-putsch-de-moscou.html) qui va conduire, le 24 août 1991, à la pleine indépendance de l’Ukraine (l’appellation République Socialiste Soviétique passe à la trappe !). Dès le lendemain, le Parlement vote la confiscation des biens du Parti Communiste. Le 27 août, le Parlement déclare l’Ukraine puissance non nucléaire et s’engage à remettre les armes nucléaires tactiques à la Russie avant juillet 1992.  

Le 1er décembre 1991, un référendum donne une majorité écrasante de 90,35 % pour l’indépendance de l’Ukraine (80 % de participation). Toutes les régions, y compris les régions orientales et la Crimée, les plus russifiées, se prononcent pour l’indépendance.

Le 5 décembre 1991, le Conseil suprême de l’Ukraine constate la nullité du traité fondateur de l’Union soviétique (1922) et Leonid Kravchuk, dernier dirigeant ukrainien de l’époque soviétique, est élu Président de la République avec 60 % des voix (il ne sera installé que le 22 août 1992). Le 8 décembre 1991, les présidents ukrainien, russe et bélarusse prononcent le décès de l’URSS.  

Signature à Minsk de l'acte de décès de l'URSS

Le 24 août est devenu Fête Nationale « Jour de l’indépendance de l’Ukraine », en 1992. En cette année 2015, il est célébré sous la menace de la Russie qui, 24 ans après, conteste toujours à l’Ukraine le droit d’être indépendante et le droit de choisi son futur..



(Article largement inspiré du livre « Ukraine, une histoire en questions » de Iaroslav Lebedynsky, aux éditions de L’Harmattan)


dimanche 23 août 2015

23 août : Le pacte Molotov – Ribbentrop et la Voie Balte



Tous les 23 août, les Baltes célèbrent un double événement : l’un, tragique dans ses conséquences, le Pacte Molotov – Ribbentrop en 1939, l’autre, synonyme de révolte et d’espoir, la Voie Balte en 1989

On a vu précédemment qu’après leur retour (Lituanie) ou leur accession (Lettonie, Estonie) à l’indépendance en 1918, les Etats baltes avaient signé avec la Russie soviétique des traités de paix et des pactes de non-agression. Pressentant le conflit européen, ils avaient adopté, début novembre 1938, des textes de lois destinés à manifester leur volonté de rester neutres, à l’écart d’un éventuel conflit.

De son côté l’URSS, inquiète des projets d’expansion à l’est de l’Allemagne cherche à conclure des accords d’alliance, y compris d’entraide militaire, avec la France et la Grande-Bretagne. Mais ces derniers, faisant preuve d’atermoiements, les soviétiques vont se détourner des démocraties occidentales pour se rabattre sur un accord avec l’Allemagne nazie.


Le 23 août 1939, l'Union soviétique, représentée par Viatcheslav Molotov, et l'Allemagne nazie, représentée par Joachim von Ribbentrop, signent donc à Moscou un Traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union des républiques socialistes soviétiques, plus communément appelé Pacte Molotov-Ribbentrop.

Le traité proclamait un renoncement au conflit entre les deux pays, ainsi qu'une position de neutralité dans le cas où l'un des deux pays signataires serait attaqué par une tierce partie.

Mais le traité comportait également plusieurs protocoles restés longtemps secrets qui déterminèrent le destin des Etats Baltes pour 50 ans. Dans ces protocoles, les deux puissances totalitaires s’entendaient pour se partager la Pologne et pour désigner la frontière nord de la Lituanie comme ligne de partage entre leurs « sphères d’influence ». Ainsi, la Finlande, l’Estonie et la Lettonie tombaient dans la sphère d’influence soviétique, la Lituanie dans celle de l’Allemagne.



Ayant les mains libres à l’est, Hitler envahit donc « tranquillement » la Pologne le 1er septembre 1939, ce qui conduisit à la Deuxième Guerre mondiale par l’intervention, le 3 Septembre, de la France et de la Grande-Bretagne volant au secours de leur allié polonais. De son côté, l’URSS envahit la Pologne par l’est le 17 septembre 1939, sans même de déclaration de guerre préalable. Le 28 septembre 1939, les deux puissances totalitaires signèrent un nouvel accord de délimitation des frontières, avec un accord secret complémentaire par lequel la Lituanie tombait, à présent, dans la sphère des intérêts soviétiques.

On n’oubliera pas également que, suite au pacte, l’URSS approvisionna largement l’Allemagne en matières premières (notamment pétrole, caoutchouc, céréales), ce qui permit à celle-ci de constituer des stocks nécessaires à son armée et à son industrie pour la suite de la guerre.

Aujourd’hui, la Fédération de Russie ne fait commencer la seconde Guerre Mondiale qu’en 1941, revendiquant même le titre de principal vainqueur. C’est « oublier » un peu rapidement que, pendant deux ans, elle fut un allié fidèle du régime nazi. 



Cinquante ans après, en signe de protestation contre l’occupation dont ils étaient victimes, 2 millions de Baltes (donc un quart de la population totale) de donnèrent la main sur 675 km, entre Vilnius et Tallinn via Riga. Ce fut la Voie Balte. Les participants demandaient la reconnaissance des protocoles secrets du pacte Molotov-Ribbentrop, mais surtout le rétablissement de leur indépendance.

Le logisticien que je fus ne peut qu’être admiratif devant l’organisation d’un tel événement, au nez et à la barbe de l’occupant ! Le parcours exact fut : LT: Vilnius – Širvintos – Ukmergė – Panevėžys – Pasvalys – LV: Bauska – Iecava – Ķekava – Rīga – Vangaži – Sigulda – Līgatne – Drabeši – Cēsis – Lode – Valmiera – Jēči – Lizdēni – Rencēni – Oleri – Zasi – Rūjiena – Koniņi – EE:  Nuija  Karksi – Viljandi – Türi – Rapla – Tallin.



Cette vidéo, dont une partie a été tournée à partir d’un avion AN-2, montre la chaîne humaine du côté de Kaunas (Lituanie) : https://www.youtube.com/watch?v=Cr57HECOFpA 

Le site de la Voie Balte : http://balticway.net/


Depuis 2009, le 23 août est la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme.

"La voie balte vers la Liberté"

vendredi 21 août 2015

21 août 1991 : fin du « putsch » de Moscou



Le 19 Août 1991 au matin, les soviétiques, qui avaient appris à lire entre les lignes, se doutèrent qu’il se passait quelque chose car la télévision passait en boucle le « Lac des cygnes » ! En effet, ce 19 Août à 6H du matin, un « Comité d’Etat pour l’état d’urgence » s’était approprié le pouvoir au Kremlin. Parmi les comploteurs, il y a du beau monde. A commencer par Guennadi Ianaïev, le vice-président, Vladimir Krioutchkov, le responsable du KGB, Boris Pougo, le ministre (letton) des Affaires étrangères et Dmitri Iazov, le ministre de la Défense.

Les putschistes du "Comité d’Etat pour l’état d’urgence"

C'est la publication, le 15 août, du projet de traité de l'Union qui a officiellement précipité l'instauration de cet état d'urgence, car il devait être signé le 20 août. Alors que six des quinze républiques soviétiques (les trois républiques baltes, la Moldavie, la Géorgie et l'Arménie) restaient à l'écart d'une négociation qui leur paraissait incompatible avec leur aspiration à l'indépendance, les neuf autres, qui avaient accepté de participer à l'élaboration des nouvelles règles du jeu de l’URSS, trouvaient les dispositions floues, ambiguës, voire contradictoires.

Mikhaïl Gorbatchev, Secrétaire général du parti communiste et Président de l’Union soviétique,  est depuis le 4 août en vacances en Crimée dans sa somptueuse datcha de Foros. Le 18 août, une délégation des conjurés arrive là-bas, le relevant de ses fonctions et le séquestrant.  Ils justifient le « départ » du Président par une incapacité d'exercer ses fonctions pour des raisons de santé, argument déjà invoqué pour destituer Khrouchtchev en 1964…….  Ils proclament l'état d'urgence, rétablissent la censure et font entrer les chars à Moscou.

Mais, dès le 21 août 1991, tout était terminé, l'armée – y compris le KGB - ayant fraternisé avec la foule. Boris Eltsine, le plus farouche opposant de Gorbatchev, monté sur un char, avait même appelé à défendre le pouvoir légitime de celui-ci. Mikhaïl Gorbatchev put donc regagner Moscou et les putschistes furent arrêtés.

Retour de Gorbatchev le 22 août

Au passage, on notera que le Président français, François Mitterrand, commettra une grave erreur politique en déclarant vouloir attendre les intentions des « nouveaux dirigeants» soviétiques, reconnaissant de facto le « gouvernement » issu du coup d'Etat. Après ne pas avoir vu venir la réunification de l’Allemagne et s’être opposé à l’indépendance des Baltes, ce manque de vision commençait à faire désordre et préfigurait une longue incompréhension de ce qui se passe à l’est de la Porte de Bagnolet……

Les incohérences du putsch

Ceci dit, ce fut sans doute un des coups d’Etat les plus mal préparés de l’histoire. En effet, la vraie surprise viendra du degré d’impréparation des putschistes qui n’arrivent pas à empêcher les manifestations. Pire encore, une grande partie des troupes envoyées à Moscou se rangent du côté des insurgés ou font défection. Parmi les incongruités, on relèvera :



# S’il est destitué comme Président, Gorbatchev conserve le Secrétariat général du parti communiste. A ce titre, il contrôle toujours l’armée et le KGB.
# Le « Comité pour l’état d’urgence » censure la télévision, mais laisse diffuser des images de Boris Eltsine fraternisant avec les tankistes.
# De même, le Comité laisse diffuser des appels de Chevardnadze et de Iakovlev, tous deux artisans de la perestroïka, appelant à constituer des comités de soutien à Gorbatchev.
# Plus généralement, Eltsine bénéficie d’une totale liberté de déplacement et d’expression, se forgeant ainsi une carrure de héros démocrate.
# Le Comité reste d’ailleurs muet, enfermé au Kremlin, n’osant pas utiliser la force (la Division Taman fera même allégeance à Boris Eltsine), et n’ayant pas non plus recours à la structure du pouvoir : le parti communiste.

Boris Eltsine sur "son" char


A qui profite le "crime" ?

Ce putsch version Pieds Nickelés, dont l’échec a eu une grande influence sur l’Histoire mondiale, a donné lieu à toutes les hypothèses.

La plus couramment admise est celle du premier degré, un putsch des conservateurs qui échoue du fait notamment de l’opposition de la population qui ne veut pas revenir en arrière sur les acquis de la perestroïka.  

Une autre version affirme que Boris Eltsine, Président démocratiquement élu de la Russie, était au courant du putsch et qu’il a laissé faire en vue de le récupérer (ce qui est de facto arrivé). C’est indubitablement lui qui a été le bénéficiaire de ce putsch.

D’autres encore pensent que c’est Gorbatchev qui a tout monté, dans une partie de billard à plusieurs bandes visant à discréditer les « durs ». Auquel cas, il s’est planté puisqu’il a été supplanté par Eltsine, et que l’U.R.S.S. a bel et bien implosé le 21 Décembre 1991. Mais, après avoir réclamé son retour au cours du putsch, les Occidentaux ne purent pas faire autrement que d’augmenter leur aide économique et financière à l’URSS dans les mois qui suivirent.

Gorbatchev et Eltsine

Alors, ce putsch n’a-t-il été qu’une vaste comédie ?
   
(NB : les putschistes ont été arrêtés, condamnés, puis amnistiés en 1994. Ils ont eu une fin de vie paisible, à l’exception de Boris Pougo qui s’est suicidé …… ou qui a été suicidé).



jeudi 20 août 2015

Juin 1940 : vers l’occupation des Etats baltes (2ème partie)


Le 25 mai 1940, le Ministre soviétique des Affaires Etrangères, Viatcheslav Molotov, présentait une note diplomatique accusant la Lituanie de l’enlèvement de trois soldats soviétiques stationnés en Lituanie. C’est sur cet incident totalement inventé que vont être montées l’invasion, l’occupation puis l’annexion de la Lituanie par l’Union soviétique. 


Viatcheslav Molotov

Au cours d’une réunion le 9 juin 1940, Molotov accusa le gouvernement lituanien de conspirer avec la Lettonie et l’Estonie et d’établir une union militaire secrète (ah, déjà la bonne vieille théorie du complot !). Lors d’une troisième réunion, le 11 juin 1940, les soviétiques continuèrent d’apporter de prétendues charges et les Lituaniens concédèrent que le Ministre de l’Intérieur, Kazys Skučas et le Directeur de la Sécurité d’Etat, Augustinas Povilaitis, démissionneraient.

Mais en fait, dès le 5 juin, les forces soviétiques dans la région de la Baltique furent placées aux ordres du Commissaire du Peuple à la Défense, Semion Timochenko. Le 7 juin, les troupes reçurent l’ordre de préparer une attaque contre la Lituanie. Dans la nuit du 14 juin 1940, les soldats soviétiques débutèrent leurs opérations, tirant sur un poste frontière près d’Alytus et tuant un policier, Aleksas Barauskas.  

Le 14 juin, juste avant minuit, à Moscou, Molotov présenta au Ministre lituanien des Affaires Etrangères, Juozas Urbšys, un ultimatum qui expirait 12 heures plus tard. Le Président Antanas Smetona souhaitait une résistance militaire. Le gouvernement d’Antanas Merkys étant partisan d’accepter toutes les demandes russes, le Président Smetona décida de quitter la Lituanie pour l’Allemagne et, conformément à la Constitution, Merkys devint Président par intérim.

Le Président lituanien, Antanas smetona

En tout état de cause, ce même 15 juin 1940, en début d’après-midi, les soviétiques pénétrèrent sur le territoire lituanien. L’armée lituanienne reçut l’ordre de ne pas résister.

Le processus sera le même en Lettonie et en Estonie. Le 16 Juin 1940, l’URSS adresse un ultimatum à la Lettonie, reprochant à celle-ci de transgresser le Pacte d’assistance mutuelle en élaborant une alliance militaire avec l’Estonie et la Lituanie (http://www.letton.ch/lvultima.htm#ultimatum ). L’ultimatum soviétique, expirant au bout de 8 heures, exigeait la formation d’un gouvernement appliquant le pacte d’assistance mutuelle et l’entrée libre d’autres unités soviétiques. (NB : Le Traité d'Entente Baltique de 1934 ne comportait en fait aucun accord militaire). Toute résistance, du fait de l’occupation déjà réalisée de la Lituanie, aurait été futile.

Les chars soviétiques entrèrent en Lettonie le lendemain, 17 Juin 1940 et un gouvernement prosoviétique sera mis en place dès le 20 Juin. Par cette agression l’Union soviétique violait 5 traités en vigueur entre l’URSS et la Lettonie ! Le 15 Juillet 1940 ont lieu des pseudos élections à liste unique, par un processus qui perdure toujours (cf. l’occupation de la Crimée et le pseudo référendum du 16 mars 2014)…… Le 21 Juillet 1940, le Parlement fantoche ainsi « élu » votera l’incorporation de la Lettonie dans l’URSS. L'occupation militaire soviétique mit fin à la souveraineté de la Lettonie et fut le prélude d'une soviétisation qui se basait sur les déportations de masse et les liquidations.

Chars soviétiques à Riga

On notera qu’aujourd’hui, la Russie dénie le fait qu’il y eut occupation. Elle trouve même des bienfaits (sic) à l’invasion de l’armée rouge. Par exemple : « Grâce à l’entrée dans son territoire de l’Armée rouge Vilnius et le port de Klaipėda ont été restitués à la Lituanie » (Sputnik, 26 août 2014). Les dizaines de milliers de personnes , y compris femmes, enfants, nourrissons, arrêtées au milieu de la nuit et déportés vers une destination inconnue, soumises à la violence et à la cruauté, torturées, fusillées apprécieront !

Déportation



mardi 18 août 2015

Juin 1940 : vers l’occupation des Etats baltes (1ère partie)


Après la période trouble des guerres d’indépendance qui ont suivi la première Guerre mondiale, après que les bolcheviks eurent essayé d’établir des républiques soviétiques dans la région de la Baltique, les trois Etats baltes, qui avaient déclaré leur indépendance en 1918, signèrent des traités de paix avec la Russie soviétique :

      # L’Estonie, le traité de Tartu du 2 février 1920 ;
      # La Lituanie, le traité de Moscou du 12 juillet 1920 ;
      # La Lettonie, le traité de Riga du 11 août 1920.

Après une période de stabilité (1926 – 1933), au cours de laquelle l’Union soviétique (créée le 30 décembre 1922) signe des traités de non agression avec ses voisins, la prise de pouvoir par Hitler le 30 janvier 1933 va faire que les Etats baltes vont se retrouver coincés entre deux géants totalitaires. Ces menaces externes vont conduire à la conclusion de l’Entente Baltique le 12 septembre 1934. Les Républiques baltes y décidaient d’une politique extérieure commune, mais, n’étant dirigée contre personne, elle ne prévoyait aucune assistance militaire.

Le 12 mars 1938, l’Allemagne annexe l’Autriche (« Anschluβ »). Les 29 et 30 septembre 1938, ce sont les accords de Munich, première étape du démantèlement de la Tchécoslovaquie, consommé en mars 1939. Mais surtout, le 22 mars 1939, suite à un ultimatum allemand, la Lituanie est forcée de restituer Klaipėda à l’Allemagne, qui redevient Memel.  

Signature du pacte Molotov-Ribbentrop

Finalement, le 23 août 1939, est signé le « Traité de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique », plus connu sous le nom de Pacte Molotov-Ribbentrop (j’y reviendrai en détail prochainement).



En vertu des protocoles secrets du pacte, qui délimitaient les sphères d’influence de l’Allemagne nazie et de l’URSS dans les pays situés entre eux, L’Allemagne envahit la Pologne par l’ouest le 1er septembre 1939 et l’URSS par l’est le 17 septembre 1939. Le 30 novembre 1939, l’URSS lance la « guerre d’hiver » contre la Finlande, mais sans apparemment une grande préparation.  



Suivant un processus qui est toujours d’actualité, les soviétiques exercèrent fin septembre 1939 des pressions sur les Etats baltes : concentrations de troupes à leurs frontières, navires de guerre au large de leurs ports, incursion de bombardiers dans leur espace aérien. Les Etats baltes n’eurent donc d’autre ressource que de signer des « traités d’assistance mutuelle » : l’Estonie le 28 septembre, 1939 la Lettonie le 5 octobre 1939 et la Lituanie le 10 octobre 1939. Dans un geste d’une grande magnanimité (sic), ce dernier traité transférait Vilnius et sa région (occupées par les Polonais depuis 1920) à la Lituanie. Par ces traités, les Etats baltes, officiellement neutres durent accepter la présence de bases terrestres, navales et aériennes soviétiques sur leurs territoires.

Ayant la garantie de la neutralité de l’URSS, l’Allemagne nazie attaque les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg le 10 mai 1940 et sont, grâce à la « Blitzkrieg », dès le 11 mai sur la frontière française. L’armistice est signé le 22 juin 1940.

Parallèlement, les soviétiques organisent de leur côté une campagne de presse contre les prétendues sympathies alliées des gouvernements baltes. Le prétexte qui allait conduire à l’occupation de la Lituanie est emblématique.

Staline et Molotov

Le 25 mai 1940 (la veille de l’évacuation de Dunkerque), le Ministre soviétique des Affaires Etrangères, Viatcheslav Molotov, présentait une note diplomatique accusant la Lituanie de l’enlèvement de trois soldats soviétiques stationnés en Lituanie. Deux soldats auraient été torturés pour obtenir des secrets militaires, mais auraient réussi à s’échapper, alors que le troisième, un dénommé Butayev, aurait été assassiné. A la vérité, Butayev avait déserté son unité plusieurs jours auparavant, avait été retrouvé par la police lituanienne, mais s’était suicidé. C’est toutefois sur cet incident totalement inventé que vont être montées l’invasion, l’occupation puis l’annexion de la Lituanie par l’Union soviétique.    

(à suivre)

 
Blindés soviétiques occupant Riga