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mardi 30 avril 2013

Souvenirs historiques lituaniens à Paris



(Merci à la page Facebook de la Communauté lituanienne en France (Prancūzijos LietuviųBendruomenė) qui m’a donné l’idée de départ de ce post)

Voici, quelques souvenirs qui, à Paris et en proche banlieue, pour peu que l’on soit observateur et connaisseur de l’histoire de la Lituanie, soulignent celle-ci a parfois croisé l’histoire de France
La restauration de la Tour de l’Horloge, construite entre 1350 et 1353 sur ordre du Roi Jean II le Bon, servant initialement de tour de guet au coin de la Conciergerie, à l’angle du boulevard du Palais et du quai de l’Horloge, a été terminée en Novembre 2012. Elle a permis de remettre en valeur la dite horloge qui fut, en 1370, la première horloge publique à Paris. En 1585, le Roi de France Henri III fit mettre en place un nouveau cadran dont l’encadrement fut réalisé par le sculpteur Germain Pilon. Henri de Valois ayant été un éphémère Roi de Pologne Grand-duc de Lituanie avant d’être Roi de France, c’est la raison pour laquelle on trouve côte à côte les armoiries de la France (fleurs de lys) et celles de la République des Deux Nations, incluant le Vytis, le chevalier blanc emblème du Grand-duché de Lituanie. 

  
L’autre monument, peut-être moins connu car moins visible, se trouve à l’intérieur de l’église Saint-Germain-des-Prés qui faisait jadis partie d’une abbaye éponyme. Il s’agit du tombeau du Roi de Pologne – Grand-duc de Lituanie Jean II Casimir Vasa qui, aujourd’hui, renferme toujours a priori son cœur. Rappelons que Jean II était Cardinal de Jésuites (du moins sur le papier) et qu’à la mort de son frère le Roi Ladislas IV Vasa il est élu Roi de Pologne (1648). Il obtient également une dispense pour épouser la veuve de son défunt frère, la princesse française Louise-Marie de Gonzague-Nevers. Son règne est une succession de guerres et de presque autant de défaites. Après avoir perdu son épouse en 1667, il abdique le 16 Septembre 1668 et se retire en France, où il devient abbé commendataire (c’est-à-dire qu’il en perçoit les revenus) des abbayes de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Martin de Nevers. Jean II Casimir décède à Nevers le 16 Décembre 1672 et est inhumé dans le cénotaphe ci-dessous, dans l’église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés. En 1676, son corps est transféré dans la cathédrale du Wawel à Cracovie.



Si l’on quitte Paris et que l’on se rend à Montmorency (13 km au nord de Paris), on ne manquera pas d’aller visiter la collégiale Saint-Martin.  Dans les années qui suivirent l’échec de l’insurrection de 1830 – 1831 contre l’occupation russe, de nombreux Polonais et Lituaniens vinrent se réfugier à Paris, mais aussi à Montmorency. Bien qu’il soit décédé à Montfermeil, près de Meaux, on trouve dans la collégiale Saint-Martin un monument funéraire dédié au prince Adam Jerzy Czartoryski (1770 – 1861), qui fut curateur de l’Université de Vilnius (1803), mais aussi Ministre des Affaires Etrangères de l’Empire russe (1804 – 1805), avant d’être un éphémère Président du gouvernement provisoire de Pologne en 1830. Sous le buste du prince se trouve un blason avec le Vytis lituanien. A noter que le poète lituanien d’expression polonaise, Adam Mickiewicz, décédé à Istanbul le 26 Novembre 1865, a été enterré au cimetière de Montmorency le 21 Janvier 1861, avant d’être transporté en Pologne (cathédrale du Wawel à Cracovie) en 1890.



On citera également l’hôtel particulier qui abrita, de 1925 à 1940, la Légation de Lituanie à Paris (= Ambassade). La Lituanie avait acheté en Juillet 1925 l’hôtel Fournier, au 14 place Malesherbes, devenue depuis place du Général Catroux (XVIIe arrondissement). Le contrat d’acquisition avait été dûment inscrit à la conservation des hypothèques de Paris et la Lituanie avait payé l’intégralité du prix (1,5 millions de francs de l’époque) en quatre versements. En Août 1940, après que les soviétiques aient occupé les Etats baltes, conformément au pacte Molotov – Ribbentrop, les clés de la Légation, qui avaient été remises à la Préfecture de Police, sont données à l’URSS. Le problème a été réglé en 2001, les Etats baltes ayant cédé leurs immeubles à la France contre contrepartie financière (3 506 327 euros pour celui de la Légation de Lituanie), charge pour la France de se faire rembourser d’une façon ou d’une autre par la Russie. Aujourd’hui, l’hôtel Fournier abrite les bureaux de RIA-Novosti ! (voir aussi http://www.colisee.org/article.php?id_article=536)   


Il y a sans doute d’autres souvenirs historiques de la Lituanie à Paris et en France. Ce post n’ayant pas la prétention d’être exhaustif, j’accueillerai volontiers toutes les informations sur ce sujet. 

dimanche 28 avril 2013

Riga, capitale européenne de la culture 2014, et le « Château de lumière »





Tout au long de l’année 2014, Rīga sera la capitale européenne de la culture, conjointement avec Umeå, une ville du nord de la Suède. Le concept de « Capitale européenne de la culture) a pour but de mettre en valeur la richesse et la diversité des cultures européennes et de célébrer les liens culturels qui unissent les Européens.

Bien évidemment, depuis la sélection de Rīga le 15 Septembre 2009, un programme a été mis sur pied, dont on peut avoir un aperçu sur http://www.riga2014.org/files/R14-AVIZE-PROG-VIEW.pdf . Il n’est plus qu’à espérer que Rīga ne connaîtra pas les réductions de financement, donc de programme,  que Vilnius avait connues en 2009, en raison de la crise économique.

Le présent blog annoncera en leur temps les manifestations majeures qui animeront Rīga en 2014. D’ores et déjà, je voudrais mettre en exergue une opération qui aura lieu dès l’ouverture de l’année, le 18 Janvier 2014. Ce jour-là, une chaîne humaine devrait transférer de main en main les livres des anciens sites de la bibliothèque nationale (14 sites en tout dans le centre de Rīga) vers le nouveau site au sud-ouest de la Daugava, dit « Château de Lumière » (Gaismas pils).


J’ai un attrait particulier pour les vieux livres, que jamais une version électronique ne pourra remplacer. Que d’émotion de voir, même au travers d’une vitrine de la Bibliothèque de l’Université de Vilnius, l’unique exemplaire en Lituanie du premier livre en lituanien, le « Catéchisme de Martynas Mazvydas (1547). Comme il est impressionnant d’être invité, à la Bibliothèque Polonaise de Paris, à mettre des gants blancs pour manipuler un livre contemporain d’Henri de Valois. Quelle ambiance particulière que la salle de lecture du département Letonica, 6/8 Jekaba iela, dans la vieille ville de Rīga, où je me rendais régulièrement, dans une atmosphère de meubles sentant bon l’encaustique et de livres tout aussi vénérables.

Mais il faut bien parfois évoluer.      

Le vendredi 18 Juin 2010, à 15H, le plancher de la salle de stockage principale du bâtiment principal de la Bibliothèque Nationale Lettone, au 14 Krišjāņa Barona iela, s’est brusquement effondré, précipitant 1 200 livres de littérature étrangère dans la cave, menaçant 77 000 autres de suivre le même chemin (cf. ci-dessous). Grâce aux volontaires, aux pompiers et à l’Armée, tous les livres purent être déménagés et sauvés en 4 jours.

Je doute (euphémisme) que les livres des 14 sites soient déménagés en un jour. Le nouveau bâtiment étant en mesure d’abriter 8 millions de pièces, on estime qu’il faudra un an pour tout réinstaller. Mais ce mouvement du 18 Janvier 2014 sera un acte symbolique, car les chaînes humaines, les Lettons (mais aussi les Lituaniens et les Estoniens), ils connaissent !   


NB : En 2013, ce sont Marseille et Košice (Slovaquie) qui sont capitales européennes de la culture. Après Rīga et Umeå en 2014, ce sera au tour de Mons (Belgique) et de Plzeň (République Tchèque) en 2015.  

samedi 27 avril 2013

Le coût du travail dans l’Union européenne



Sans avoir besoin d’aller jusqu’au bout du monde, on ne peut constater des disparités dans le rapport de 1 à 10 dans le coût du travail dans l’Union Européenne. Par coût du travail, il faut entendre les salaires et traitements et les autres coûts, notamment charges sociales.

En 2012, le coût horaire moyen du travail dans l’UE-27 pour les entreprises de 10 salariés et plus (hors  agriculture et les administrations publiques) était de 23,4 €. Celui de la zone Euro de 28,0 €.

Les coûts horaires les plus bas étaient relevés en :

    # Bulgarie : 3,7 €
    # Roumanie : 4,4 €
    # Lituanie : 5,8 €
    # Lettonie : 6,0 €
    # Pologne : 7,4 €
    # Hongrie : 7,5 €

Les coûts horaires les plus élevés étaient constatés en :

    # Norvège (hors UE) : 48,3 €
    # Suède : 39,0 €
    # Danemark : 38,1 €
    # Belgique : 37,2 €
    # Luxembourg : 34,6 €
    # France : 34,2 €

En clair, un même travail coûtera 5,9 fois moins cher en Lituanie qu’en France.

La part des coûts non salariaux (charges sociales) représentait en moyenne de 23,7 % dans l’UE-27 et 26,1 % dans la zone Euro. Elle variait de 8,2 % à Malte à 33,6 % en France.

Les augmentations des coûts horaires de la main d’œuvre les plus importantes, entre 2008 et 2012,  ont été enregistrées en Bulgarie (+ 42,6 %), en Roumanie (+ 26,7 %), et en Autriche (+ 15,5 %). Ils ont baissé en Grèce (- 11,2 %), en Hongrie (- 4,6 %), en Pologne (- 2,6 %) et en Lituanie (- 1,4 %).

Le communiqué de presse complet d’Eurostat peut être consulté sur :



vendredi 26 avril 2013

Dalia Grybauskaitė, prochain Président de l’UE ?



Tout d’abord, mettons-nous d’accord sur le vocabulaire. L’Union Européenne a trois Présidents :

      # Le Président de la Commission Européenne, nommé par le Conseil européen pour 5 ans. Le poste est tenu depuis le 22 Novembre 2004 et jusqu’en 2014 par l’ancien Premier Ministre portugais José Manuel Barroso.

José Manuel Barroso

      # Le Président du Conseil de l’Union Européenne est en fait une abstraction. Car, si le Conseil de l’Union Européenne  est un organe institutionnel exécutif qui décide des actes législatifs et budgétaires au sein de l’Union, sa présidence tournante est exercée pour six mois  par un Etat (ce sera la Lituanie à partir du 1er Juillet 2013), en l’occurrence par le Ministre responsable dans sa spécialité.

      # Le Président du Conseil européen, lequel désigne le sommet des Chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 (bientôt 28 avec l’admission de la Croatie au 1er Juillet 2013) Etats membres de l’UE. Le Président actuel est, depuis le 1er Décembre 2009 et ce jusqu’au 1er Décembre 2014, le Belge Herman van Rompuy.

Herman van Rompuy 


On notera au passage qu’il existe un serpent de mer, la fusion des postes de Président de la Commission et Président du Conseil européen. Il risque de ressurgir en 2014. Mais certains Etats membres risquent de s’opposer à la création d’un poste si important.

Ceci dit, le présent post traite du Président du Conseil européen, et plus précisément du remplacement d’Herman van Rompuy.

A-t-il vendu trop tôt la mèche ? Est-ce un lapsus, voire une bourde ? Il n’en reste pas moins que le tweet (ci-dessous) que le Président du Comité Economique et Social Européen (CESE), le Français Henri Malosse, a adressé après sa rencontre avec le Président Dalia Grybauskaite, a agité le net lituanien ! Ce tweet dit en substance « La rencontre avec le futur Président de l’UE est très prometteuse » ! Membre du CESE depuis 17 ans, on dit d’Henri Malosse qu’il a une parfaite connaissance des arcanes bruxellois, avec leurs rapports de force et le poids de ses lobbies.


"Le" tweet


Apparemment, les spécialistes politiques lituaniens ne sont pas d’accord sur les éventuelles chances de Ms Grybauskaitė d’accéder au poste de Président du Conseil européen.

Certains, donnant l’exemple des Présidents actuellement en place, un Belge et un Portugais, soulignent que ces postes sont traditionnellement donnés à des représentants de petits pays. C’est oublier les Français Xavier Ortoli et Jacques Delors, le Britannique Roy Jenkins et l’Italien Romano Prodi, Présidents de la Commission. D’autres soulignent qu’il y a désormais beaucoup de petits pays dans l’UE. Herman van Rompuy avait en outre été choisi pour ne pas faire d’ombre au couple franco – allemand. Qu’en sera-t-il en 2014 ? On sait qu’en 2009 la Lettone Mme Vaira Vīķe-Freiberga n’avait pas été retenue car faisant trop « Dame de fer » !

Ms Grybauskaitė a pour elle d’avoir été Commissaire européen au Budget de 2004 à 2009. On notera aussi qu’elle n’a pas encore dit si elle se présenterait à l’élection présidentielle lituanienne, qui devrait avoir lieu en Mai 2014. Car il se pose un dilemme. Doit-elle se présenter à l’élection lituanienne, au risque de devoir démissionner 6 mois plus tard ? Ou doit-elle faire l’impasse sur les élections lituaniennes, au risque de ne pas être choisie en Novembre comme Président du Conseil européen ?

Herman van Rompuy et Dalia Grybauskaite

En tous cas, les Lituaniens ont l’air de croire dur comme fer que l’Union européenne sera bientôt dirigée par une Lituanienne !     

lundi 22 avril 2013

La popularité des politiques lituaniens



Ce samedi 20 Avril 1993, le quotidien lituanien Lietuvos Rytas a publié plusieurs sondages, conduits par la société Vilmorus, sur la popularité des hommes et des partis politiques lituaniens en ce mois d’Avril. Il est résulte une stabilité certaine de l’opinion publique lituanienne.

A la question « Quel est le politicien qui défend le mieux vos intérêts ? », les Lituaniens ont répondu :

      # Dalia Grybauskaitė, Président de la République : 21,5 %
      # Algirdas Butkevičius, Premier Ministre : 18 %
      # Viktor Uspaskich, leader du Parti du Travail : 5 %
      # Rolandas Paksas, leader du parti Ordre et Justice : 2,7 %
      # Valentinas Mazuronis (parti Ordre et Justice) : 2,6 %
      # Eligijus Masiulis, leader du Mouvement Libéral : 2,4 %

Dalia Grybauskaitė : elle n'est pas prête de prendre la porte ! 

Dans un autre sondage, avec une formulation différente (« Appréciez-vous ou non … ? »), le Premier Ministre Algirdas Butkevičius, avec 66,4 % d’opinions favorables, devance le Président de la République Dalia Grybauskaitė, 64,4 %. Des chiffres de popularité à faire rêver d’autres exécutifs…… Mme Dalia Grybauskaitė est en poste depuis le 12 Juillet 2009 et M. Algirdas Butkevičius depuis le 26 Novembre 2012.

A noter que les plus impopulaires sont l’ancien Premier Ministre Andrius Kubilius (Tėvynės sąjunga - Lietuvos krikščionys demokratai) et le leader de l’Action Electorale des Polonais, Valdemar Tomaševski (Lietuvos lenkų rinkimų akcija). Andrius Kubilius pâtit de la politique d’austérité qu’il avait menée, mais qui avait permis à la Lituanie d’éviter un scénario à la grecque.

Un autre sondage demandait « Pour quel parti voteriez-vous si des élections législatives avaient lieu dimanche prochain ? », les réponses ont été les suivantes (NB : Les partis de l’actuelle coalition de gouvernement sont surlignés en jaune. Les partis dont la popularité est en baisse sont écrits en rouge) :

      # Parti Social Démocrate : 30,1 %
      # Parti du Travail : 12,7 %
      # Tėvynės sąjunga : 9,3 %
      # Ordre et Justice : 7 %
      # Mouvement libéral : 5,8 %

Algirdas Butkevičius, Premier Ministre social-démocrate

Les autres partis ne dépasseraient pas la barre fatidique des 5 % nécessaires pour avoir des députés. 11,9 % des sondés ont déclaré qu’ils n’iraient pas voter, et 13,7 % qu’ils sont encore indécis dans leur choix.

Les prochaines élections présidentielles devraient avoir lieu en Mai 2014. Dalia Grybauskaitė, élue dès le premier tour en 2009 avec 68,21 % des voix (son second étant Algirdas Butkevičius, 11,68 %) devrait être candidate à sa succession, avec de grande chance de l’emporter pour un second mandat.

Les prochaines élections législatives devraient avoir lieu en 2016.  






vendredi 19 avril 2013

19 Avril 1389 : le Pape reconnaît que la Lituanie est catholique

Le Pape Urbain VI


En 1385, le Grand-duc de Lituanie Jogaila devait se prémunir contre deux oppositions : une, extérieure, contre les Chevaliers Teutoniques, l’autre, intérieure, contre son neveu Vytautas, dont il avait déjà fait étrangler le père (donc son propre frère), le Grand-duc Kęstutis.

Pour renforcer sa position, Jogaila – qui rappelons-le était païen - avait deux possibilités : soit épouser la fille du Grand-duc de Moscovie, Dimitri Donskoï, mais pour cela il devait se convertir à l’orthodoxie ; soit épouser le « Roi » de Pologne, Edwige d’Anjou, mais il devait alors se convertir au catholicisme.  Choisissant la deuxième option, Jogaila signe le 14 Août 1385 l’Union de Kreva.

L’Union de Kreva indique entre autres que Jogaila, les nobles lituaniens et tous les Lituaniens païens se convertiront au catholicisme romain. L’acte précise également que Jogaila s’engage à rattacher (en latin : applicare) les terres du Grand-duché au Royaume de Pologne ce qui, depuis 628 ans, empoisonne les relations entre la Lituanie et la Pologne, pour des raisons de traduction différente !

Le 12 Février 1386, Jogaila et sa suite arrivent à Cracovie (alors capitale du Royaume de Pologne). Le 15 Février 1386 il est baptisé dans la cathédrale du Wawel et, le mariage de Jogaila et Edwige est célébré 18 Février 1386. On notera que, en raison de l’action de propagande de Guillaume d’Autriche (l’ancien promis d’Edwige) et des Chevaliers Teutoniques, le mariage ne sera pas confirmé par le Pape Urbain VI (1378 – 1389), et il faudra attendre la papauté de Boniface IX (1389 – 1404) pour qu’il soit déclaré légitime.

Statue d'Edwige et Jogaila à Cracovie

A la fin de 1386, Jogaila, ramenant avec lui quelques prêtres, retourna en Lituanie pour mettre à exécution son autre promesse : convertir le Grand-duché au catholicisme. Sept paroisses furent créées. Les habitants furent baptisés en masse après une formation minimum, mais recevant pour cela une chemise en laine ! Le 17 Février 1387, il est décidé de construire une cathédrale à Vilnius, et il est demandé au Pape d’y établir un diocèse.

Elu en Avril 1378, le Pape Urbain VI (Bartolemeo Prignano) s’avère être très autoritaire, voire particulièrement odieux. Les cardinaux français, alors majoritaires dans le collège cardinalice, se réfugient dans le Royaume de Naples et élisent Pape un des leurs, Robert de Genève, qui devient Clément VII. Celui-ci s’installe en Avignon et entreprend de lutter contre Urbain VI. Ce dernier, devenant un tyran paranoïaque, décédera le 15 Octobre 1389, soit après être tombé de sa mule, soit après avoir été plus vraisemblablement empoisonné. C’est le début du Grand Schisme d’Occident, qui verra simultanément deux, voire trois, Papes en même temps.

Avant son décès, Urbain VI avait reconnu officiellement, le 19 Avril 1389, le caractère catholique de la Lituanie. A la vérité, les traditions païennes perdureront dans les campagnes, et notamment en Žemaitija, jusqu’au XVIIe siècle.

Néanmoins, les Chevaliers Teutoniques, sans tenir compte du Pape, continuèrent d’attaquer ce qui constituait désormais les Etats chrétiens de Pologne et de Lituanie. Il faudra attendre le 15 Juillet 1410 et la bataille de Žalgiris pour que soit donné un coup d’arrêt à leur expansion, les Teutoniques défaits n’arrivant jamais à retrouver leur influence.  

"Le baptême de la Lituanie", peinture de Jan Matejko


mercredi 17 avril 2013

Inquiétant Bélarus ?




En ce 17 Avril, c’est un hasard si trois informations concernant le Bélarus me sont arrivées concomitamment. Mais elles sont l’indication que cet Etat, que certains considèrent comme la dernière dictature en Europe, est pour le moins …… original et peut paraître inquiétant.

Le Comité de mise en application de la Convention d’Espoo (Convention sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement dans un contexte transfrontière), après plus de deux ans d’enquête, a rendu son rapport le 15 Avril. Il avait été saisi en Juin 2011 par la Lituanie, inquiète de savoir si le Bélarus satisfaisait aux obligations dans son projet de construction de centrale nucléaire à proximité de la frontière lituanienne.
La conclusion du Comité est que le Bélarus n’a pas satisfait aux règles de la Convention. Il n’a pas informé dans les délais voulus l’opinion publique et les experts lituaniens sur la construction de la centrale nucléaire à proximité de la frontière lituanienne. Le Comité souligne d’ailleurs que le Bélarus a d’abord choisi le site et a informé la Lituanie après.

La deuxième information émane du rapport d’Amnesty International sur la peine de mort (« Death sentences and executions 2012 » - Avril 2013). Le Belarus est le seul Etat d’Europe et d’Asie centrale à encore appliquer la peine de mort. En 2012, il a procédé à au moins 3 exécutions capitales. Cette imprécision vient du fait que les exécutions sont un secret d’Etat. Les prisonniers, pas plus que leurs familles et leurs avocats, ne sont informés de la date de leur exécution. Les corps des prisonniers exécutés ne sont pas rendus à leur famille et celle-ci ne savent pas où leur proche est enterré.

Uladzslau Kavalyou et Dzmitry Kanavalau (ci-dessous) ont été exécutés en Mars 2012 pour leur participation supposée à l’attendant à la bombe dans le métro de Minsk qui avait fait 15 morts le 11 Avril 2011. De l’avis général, le procès avait été entaché d’irrégularités, les droits des accusés n’étant pas respectés. Uladzslau Kavalyou  s’était rétracté, invoquant que ses aveux avaient été obtenus sous la pression.  


Le rapport d’Amnesty (en Anglais et en entier) :

La troisième inquiétude vient du futur exercice militaire russo-bélarusse Zapad-2013, qui se déroulera en Septembre en Russie et au Bélarus. Le thème officiel de l’exercice est simple et classique : défendre le Bélarus contre une attaque de la Pologne ! L’inconnu est de savoir si, comme lors de Zapad-2009, une frappe nucléaire préventive (fictive) sera appliquée à la Pologne, ce qui, à l’époque, avait fait beaucoup de remous. Cette année, l’exercice concernera le groupe de forces régional de l’Union du Bélarus et de la Russie, mais aussi les forces de réaction rapide de l’OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective : Russie, Bélarus, Arménie, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan). 9 000 hommes devraient participer, dont des unités d’assaut amphibie.

Zapad-2013 sera une réponse préventive à l’exercice OTAN « Steadfast Jazz 2013 », prévu en Novembre, et qui est perçu comme « anti-Russie » et « anti-Bélarus » du fait de son thème : une grande offensive stratégique vers l’est qui bloquerai au passage Kaliningrad, isolant la flotte de la Baltique.

Soldtas bélarusse près d'un missile S-300

  




mardi 16 avril 2013

Ukraine : point de situation politique




Les médias français ne s’intéressent à l’Ukraine apparemment que lorsque des députés font le coup de poing à la Verkhovna Rada, le Parlement monocaméral ukrainien. Si la situation politique est effectivement tendue, elle n’est toutefois pas si basique.

Le Président Viktor Ianoukovych

Rappelons que, suite aux élections législatives du 28 Octobre 2012, la majorité au Parlement est détenue par le Parti des Régions du Président Viktor Ianoukovych, allié avec le Parti communiste ukrainien (KPU). L’opposition est constituée de Batkivschyna de Ioulia Tymochenko (emprisonnée), d’UDAR de Vitali Klitschko et de Svoboda (nationaliste et anti-communiste).

Mais actuellement la Rada est bloquée depuis début Février par l’opposition, qui demande que quatre questions soient inscrite à l’agenda des débats : l’élection du Maire de Kyiv, l’abolition de la réforme des pensions, la démission du gouvernement et l’exclusion du code de criminalité des articles qui avaient permis d’emprisonner Ioulia Tymochenko. Ces demandes ayant été désormais satisfaites, les travaux en commun pourraient reprendre.

Le Premier Ministre, Mykola Azarov

Mais les députés appartenant au Parti des régions et au Parti communiste s’étant réunis le 4 Avril dans une salle annexe de la Rada, l’opposition les accuse d’avoir approuvé illégalement des lois, le quorum n’étant pas atteint (les observateurs de l’opposition n’ont pas été admis dans la salle pour compter les présents). Le Président de la rada, Volodymyr Rybak, a déjà envoyé à la signature du Président les articles adoptés le 4 Avril, la Haute Cour administrative ayant jugé le 12 Avril que les votes du 4 Avril étaient légaux. .  
Mais le 19 Avril, la Rada devra se prononcer sur une motion de défiance contre le gouvernement de Mykola Azarov, déposée par l’opposition.

Mais le Président n’exclut pas, si la crise parlementaire l’exigeait, de dissoudre la Rada, à titre de mesure extrême. Dans ces conditions, il n’est toutefois pas sûr qu’il retrouve une majorité. 

Ioulia Tymochenko

Mais aussi, le régime manœuvre pour que les élections présidentielles de 2015 se déroulent sur un seul tour. Cela mettrait en difficulté l’opposition qui, pour l’emporter face à Viktor Ianoukovych, devrait s’entendre sur un candidat unique. Un référendum devrait être tenu sur le sujet …… quand tout le monde est en vacances.   

On le voit, la vie politique ukrainienne est actuellement très agitée. De plus, toute cette agitation se déroule sur fond d’hésitations entre l’adhésion à l’Union Européenne ou à l’Union douanière (Russie, Bélarus, Kazakhstan), et de dispute entre la Russie et l’Ukraine sur la révision des contrats gaziers.

Vitali Klitschko


dimanche 14 avril 2013

L’affaire Magnitski pour les nuls !

Sergueï Magnitski


Régulièrement, nous entendons parler d’une « affaire Magnitski » qui empoisonne les relations entre les Etats-Unis et la Russie. Je reconnais que, « comme tout le monde », j’ignorais de quoi il s’agissait. Pour vous (et pour moi ……), j’ai eu la curiosité d’essayer d’en savoir plus, avec le plus d’objectivité possible.

Au début était William "Bill" Browder, co-fondateur (avec Edmond Safra) du fond d’investissement "Hermitage Capital Management" en 1996 (siège à Guernesey et bureaux à Moscou et dans les îles Caïman) et accessoirement petit-fils d’un ancien leader du parti communiste des Etats-Unis (!). Le but d’"Hermitage Capital Management" était d’investir en Russie, profitant de la vague de privatisations d’alors, et il devint rapidement l’investisseur étranger en Russie le plus important, détenant des parts dans, notamment, Gazprom, Inter RAO, Rosneft et Sberbank.

William Browder

Approuvant initialement la politique de Vladimir Poutine, Bill Browder en vint toutefois à critiquer celui-ci, les oligarques russes et le système de kleptocratie (système politique où une ou des personnes à la tête d’un pays pratiquent la corruption à grande échelle). Jusqu’à ce jour du 13 Novembre 2005 où Browder est refoulé à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo parce que « représentant une menace pour la sécurité nationale russe ».

Le 4 Juin 2007, la police investit les bureaux moscovites d’Hermitage, saisissant documents et ordinateurs de la firme et de trois de ses filiales, lesquels vont devenir les instruments d’une gigantesque malversation. C’est suite à ce raid que Bill Browder confie au juriste Sergueï Magnitski, un avocat fiscaliste russe né le 8 Avril 1972, la mission de  découvrir la raison de cette saisie.

Sergueï Magnitski découvre alors une fraude fiscale à grande échelle impliquant des policiers, des juges et des fonctionnaires des impôts. La saisie des filiales d’Hermitage leur aurait ainsi frauduleusement rapporté, en un temps record, 135 millions d’€. Bill Browder décide de porter plainte pour récupérer ses sociétés, mais les six avocats internationaux travaillant sur cette affaire, intimidés, préfèrent quitter la Russie. Seul Magnitski porte la plainte, en Juin 2008.  

Fin Novembre 2008, Magnitski est arrêté sous l’accusation de fraude fiscale au profit de Browder et emprisonné à la prison de Boutyrskaïa (là même où avait été jadis emprisonné Jonas Žemaitis-Vytautas). Il y décède le 16 Novembre 2009 dans des circonstances non élucidées (mais ce pourrait être par manque de soins pour une pancréatite), quelques jours avant la limite légale de pré-détention sans procès d’un an. L’ancien médecin-chef adjoint de la prison, mis en examen pour négligence, a été relaxé le 28 Décembre 2012.   

La prison de Boutyrskaïa

Dès le 14 Décembre 2012, le Président Barack Obama avait signé un projet de loi qui abrogeait l’amendement Jackson-Vanik, qui datait de 1974 et qui imposait de sévère restrictions aux échanges commerciaux avec l’Union soviétique, puis avec la Russie. Mais, en même temps, il instaurait des sanctions consulaires et financières contre les fonctionnaires russes impliqués, selon Washington, dans la mort de Sergueï Magnitski. En représailles, la Douma russe votait le 19 décembre 2012 la loi dite Dmitri Yakovlev interdisant l’adoption d’enfants russes par des citoyens américains.

Ce vendredi 12 Avril 2013, l’administration américaine publiait la liste des 18 personnes visées par les sanctions économiques de la loi Magnitski. Dès le lendemain, samedi 13 Avril 2013, la Russie publiait sa propre liste, dite liste Guantanamo, de 18 responsables américains « impliqués dans les violations des droits de l’homme », qui seront interdits d’entrée sur le territoire russe.

Aujourd’hui, 14 Avril 2013, on en est donc là d’une escalade qui empoisonne de plus en plus les relations russo-américaines.

Vladimir Poutine et Barack Obama


samedi 13 avril 2013

13 Avril 1871 : naissance de Jurgis Matulaitis, Evêque et Bienheureux

Mgr Jurgis Matulaitis


Jurgis Matulaitis naît le 13 Avril 1871 dans le petit village de Lūginė près de Marijampolė, alors dans la Lituanie annexée par l’empire russe, 8e et dernier enfant d’une famille de paysans pauvres. Il est orphelin de père et de mère à l’âge de 10 ans, ce qui le rendra sensible plus tard à la condition des orphelins. Il contracte une tuberculeuse osseuse à la jambe qui ne sera diagnostiquée que plus tard et qui l’oblige à marcher avec des béquilles.

La ferme familiale

Grâce à un de ses parents, il entre en 1891 au séminaire de Kielce en Pologne, ce qui était son désir secret, puis continuera ses études théologiques à Saint-Pétersbourg, est ordonné prêtre le 20 Novembre 1898, puis fait un doctorat à Fribourg, en Suisse (1902). Sa thèse, qui dénote des préoccupations œcuméniques, porte sur la théologie orthodoxe. Mais c’est aussi à Fribourg, hors de la surveillance russe, que Jurgis Matulaitis anime, avec d’autres étudiants lituaniens, des réflexions sur la renaissance culturelle de la Lituanie. 
   
D’abord vicaire en paroisse, il est ensuite professeur au Grand Séminaire de Kielce. Parallèlement, persuadé que le renouveau culturel de la Lituanie passe par les ordres religieux, il est autorisé par le Pape Pie X en 1909 à redonner vie à la Congrégation des Marianites (Congregatio Clericorum Marianorum) en la rénovant. Lui-même devient religieux marianite, fait profession de foi à 38 ans le 14 Juillet 1911 et est nommé par la suite Supérieur Général. Il crée des communautés marianites et des noviciats à Fribourg (Suisse), Chicago (où les émigrés lituaniens le reçoivent triomphalement), Bielany (Pologne) et, après la guerre de 14 -18, à Marijampolė. Il fonde les "Sœurs de l’Immaculée Conception" ( = les petites sœurs des pauvres) en Lituanie le 15 Octobre 1918, puis les "Servantes de Jésus dans la Sainte Eucharistie" en Biélorussie en 1924. 
   
Malgré ses réticences, le Pape Benoît XV le nomme évêque de Vilnius le 23 Octobre 1918 et est installé le 8 décembre de la même année. A l’époque, Vilnius est au centre de toutes les guerres, Lituaniens – bolcheviques, Polonais – bolcheviques, Lituaniens – Polonais. L’évêque s’efforce de ramener la paix et manifeste un grand courage pour défendre les droits de l’Eglise et la liberté des citoyens. Cela lui attire de nombreuses inimitiés de la part des factions, mais il force l’admiration générale par ses vertus. 

Après huit années d’épiscopat, épuisé, il donne sa démission. Celle-ci est acceptée mais, immédiatement, le Pape Pie XI le nomme Visiteur apostolique de Lituanie et lui confie la mission d’élaborer un concordat entre la Lituanie et le Saint-Siège. Mgr Matulaitis fait tout le travail de base, mais il meurt subitement à Kaunas le 27 Janvier 1927, d’une rupture d’appendice non soignée en raison du couvre-feu. Il est d’abord enterré dans la crypte de la cathédrale de Kaunas, puis son corps sera transféré à la basilique de Marijampolė en 1934 (Marijampolės Šv. arkangelo Mykolo bazilika).

Le transfert du corps de Mgr Matulaitis à Marijampole en 1934

Le 28 Juin 1987, le Pape Jean-Paul II béatifiera celui qui est désormais le Bienheureux Jurgis Matulaitis (Une béatification est la déclaration, par décret pontifical, qu'une personne de foi chrétienne a pratiqué les vertus naturelles et chrétiennes de façon exemplaire, ou même héroïque.)

Tombeau à Marijampole